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Emeute et campagne

La Tribune (Algiers)
ACTUALITÉS
7 Mai 2007
Publié sur le web le 6 Mai 2007

By Saliha Aouès

On croyait le temps des émeutes populaires révolu. Car, depuis quelques années, la situation citoyenne semble être rentrée dans l'ordre. D'autant que, pendant longtemps, les populations investissaient la rue à «bout portant» !

Pour crier haut et fort, au su et au vu de tout le monde. Presque pour un oui ou un non, au point que cela faisait très à la mode, des revendications restées lettre morte sur les bureaux des élus. Des administrés qui n'ont d'autre recours que la voie publique du pays pour faire arriver leur message, jamais entendu, auquel il est répondu par l'indifférence, voire la sourde oreille, ou encore par des promesses sans lendemain. Qui ont fini par exaspérer les plus patients, les moins enclins au chahut urbain. Mais c'est faire sans ces sempiternelles doléances jamais abouties, autour de chaussées garnies de nids-de-poule, de trottoirs jamais revêtus, de routes non entretenues, provoquant ainsi de réels dangers publics. En raison de la crise de logement qui persiste encore. Pour cause de longues coupures de l'eau potable. Pour réclamer aussi du gaz de ville, de l'électricité en somme une multitude d'éléments vitaux, plus que nécessaires au cadre de vie quotidien du citoyen !

Des manifestations aux émeutes, le pas a été franchi allègrement, pour mieux porter la voix populaire et dire les maux sociaux qui ne semblent pas arriver à bon port. Là où les problèmes citoyens sont censés aboutir pour être résolus ou tout au moins être pris en charge.

C'est du moins ce qui est crié aujourd'hui, mais cette fois-ci, de l'autre côté de la barrière. Plus précisément des tribunes officielles depuis le 25 avril dernier et ce, jusqu'au 14 mai prochain autour de la campagne électorale. Qui est aussi l'occasion idoine pour courtiser les administrés qui en ont vu d'autres, tous les cinq ans que les candidats sont interpellés pour écouter, promettre, s'engager et jurer presque. D'être le tremplin, le déversoir des soucis de la population. De se faire l'écoute permanente de leurs préoccupations les plus mineures qui soient. De rester au service de ce citoyen pour toutes les situations qu'il soumet à intervention.

C'est le leitmotiv actuel, pour presque un mois, des meetings, des tournées des candidats aux législatives qui font dans la dentelle pour attirer le plus de monde possible et se faire entendre à défaut de se faire écouter. Eux qui comme leurs prédécesseurs ont joué de l'ouïe, une fois vautrés dans leurs fauteuils pourtant pivotants !

Et en parallèle d'une campagne, qui ne fait pas foule, il est fait écho d'une émeute qui n'a rien à voir avec toutes ces insuffisances de conditions de vie matérielle. Pis ! Une situation qui rend compte d'un malaise social surtout lorsqu'il a trait à une frange de population vulnérable : les jeunes. Et ce sont eux qui sont de plus en plus porteurs d'une violence qui ne connaît plus ses limites. Puisqu'un match de foot devient un motif pour exorciser tout le mal-vivre que subit la société tous les jours. Le prétexte tout trouvé pour dire une violence trop contenue. A Ras El Oued dans Bordj Bou Arréridj, une rencontre qui se voulait amicale entre deux équipes a tourné au vinaigre. Et jusqu'à hier, des affrontements ont débordé dans la ville transformée en espace de casse, de destruction, d'actes de violence extrême Une situation dont les candidats en campagne dans la région ont profité pour exiger la libération des jeunes arrêtés. La cour n'a pas de limite !



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