Internet et politique de l'enfant unique : censure des forums, révolte sur les blogs
le 25/5/2007 à 16h01
par Marie Stéphane
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Les nombreuses réactions et témoignages postés sur l'internet depuis le début des émeutes qui ont eu lieu dans le district pauvre de Bobai dans la province du Guangxi ont été rapidement effacés par les autorités. Les messages qui subsistent sur les forums dénoncent des pratiques violentes et criminelles des agents du Planning Familial, mais c’est surtout du côté des bloggueurs que l’on peut trouver des réactions plus virulentes.
Des habitants du district de Bobai expliquent que le travail du planning familial a été largement négligé ces dernières années aboutissant à un accroissement incontrôlé de la population.
Les autorités supérieures de la province ont alors enjoint le Secrétaire du Parti de Bobai de rattraper ce retard avant la fin du mois d’août soit stériliser plusieurs milliers de femmes et faire rentrer dans les caisses de l’Etat des millions de yuans d’amende, sous peine de graves sanctions.
Les autorités locales de Bobai auraient alors employé les grands moyens : « Ils ont embauché plus de 800 agents supplémentaires, qu’ils ont équipé chacun de casque, matraque, menottes et lampe de poche ».
Car, tous les témoignages concordent, c’est de nuit qu’ils font régner depuis plus de trois mois, la terreur dans les villages. « Ils procèdent maison après maison, sans distinction, pillant tout ce qui a de la valeur et détruisant le reste, emportant aussi les réserves de céréales ».
De nombreux internautes les comparent aux Japonais pendant la guerre : « Ils envahissent nuitamment les villages à la façon des diables japonais, c’est la face noire de la société harmonieuse ».
La terreur est telle que de nombreux villageois désertent leur maison la nuit : « Nous sommes déjà très pauvres, nous ne rêvons même pas de la « petite prospérité », mais simplement de pouvoir dormir en paix : depuis plusieurs mois, nous vivons dans la terreur, de nombreux villageois n’osent plus dormir chez eux, mais vont passer la nuit cachés dans la montagne ; une bonne partie a également fui la région, et on ne compte plus les champs envahis par les herbes folles. ».
Un autre qui se dit être employé du planning familial de Bobai : « Tout cela est vrai ! les gens se sont révoltés dans toute une série de communes qui dépendent de Bobai ! Parce que depuis plusieurs mois , les autorités emploient des méthodes illégales : si les gens ne sont pas là, on prend l’argent, s’il n’y a pas d’argent on prend les objets de valeur, s’il n’y en a pas , on détruit la maison ! ces méthodes sont peu différentes des mafia, alors c’est normal que le peuple se révolte ! »
Les habitants se sont donc insurgés contre ces pillages systèmatiques, mais aussi contre les arrestations arbitraires, les avortements et les stérilisations forcées.
« Dans un même village, une jeune fille de 16 ans a été embarquée sur le chemin de l’école, et également une femme de 50 ans , toutes deux ont été stérilisées de force par ligatures des trompes » ou encore « Le 21 mars, dans le canton de X, une vingtaine de femmes étaient à leur travail dans un petit atelier privé de tissage : une bande d’individus a surgi et les ont fait monter de force dans la benne d’un camion. L’une d’elle a tenté de s’échapper et a été sévérement battue. Elles ont toutes été stérilisées ».
La population est à bout et certains messages se font virulents et menaçants : « Si le gouvernement central ne vient pas nous débarasser des ordures locales, ce n’est que le début, les gens de Bobai sont traditionnellement des résistants ! », « Les gens se cotisent pour organiser la résistance, Il faut vraiment que Pékin envoie des gens enquêter parce que ça va finir mal ! ».
Un autre habitant affirme que dans les rues de Bobai sont apparus des slogans comme « Il faut faire tomber Su Jianzhong »ou encore « Fusillons Huang Shaoming », respectivement Secrétaire du Parti et gouverneur du district..
Parmi les internautes extérieurs, si certains se moquent des villageois : « Plus ils sont pauvres, plus ils font des enfants ! comment peut on être aussi arriéré ! », d’autres analysent plus finement les causes de l’échec de la politique de limitation des naissances dans les campagnes pauvres : « Les paysans font beaucoup d’enfants pour assurer leurs vieux jours. Pouvoir vivre décemment quand ils ne pourront plus travailler, être soignés et nourris à leur faim. Tant que l’ Etat ne fera rien pour les paysans âgés, le planning familial ne pourra pas être appliqué ». ou encore « Les cadres locaux sont incompétents et corrompus, il n’ya aucune information sur les moyens de contraception, le système de santé est hors de portée des paysans pauvres, ils ne savent que racketter et réprimer ».
La compassion aussi est forte pour les paysans et un avocat de Pékin propose même son aide : « Je suis profondément attristé par le sort de ces populations et en tant qu’avocat, je propose une aide juridique et suis volontaire pour assurer la défense des victimes » suivi de son adresse courriel et de son téléphone.
Certains appellent à plus de démocratie et de justice pour les oubliés de l’enrichissement général : « C’est aberrant de voir de telles pratiques se perpétuer dans une Chine devenue riche et moderne ".
Les commentaires politiques qui remettent en cause le système sont plus rares, sûrement parceque diligemment effacés comme le résume l’un d’eux : « Les autorités locales ne s’en font pas : si la révolte arrive, ils envoient la troupe, bloquent les informations et bouclent la région. Les autorité centrales emploient toujours elles aussi les bonnes vieilles méthodes : silence dans les journaux et télés, et élimination rapide des messages gênants sur internet.... ».
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