Venezuela: la tension monte avant le référendum sur la réforme de Chavez

 

AFP - Jeudi 8 novembre, 17h32

CARACAS (AFP) - A moins d'un mois du référendum sur la réforme constitutionnelle du président Hugo Chavez, la tension monte au Venezuela, où une université a été la cible d'une attaque mercredi, après une manifestation d'étudiants opposés au régime.

Quatre étudiants ont été blessés par balles sur le campus de l'Université centrale du Venezuela (UCV), la plus grande du pays, au cours d'un assaut lancé par des inconnus armés.

Selon le doyen de la faculté de droit, Jorge Pabon, des hommes circulant en moto ont pénétré sur le campus et ouvert le feu contre des édifices avant de tirer sur des étudiants de retour d'une marche de protestation.

Après avoir incendié un bus, les auteurs de l'agression, qui n'ont pas été identifiés, s'étaient retranchés dans un bâtiment scolaire, en tirant depuis les fenêtres, a constaté un journaliste de l'AFP.

Le ministre de l'Intérieur Pedro Carreño a assuré que le gouvernement rejetait "catégoriquement ces actes de violence", tout en exhortant "les autorités universitaires à réfléchir".

"Face à cette situation de déstabilisation, les recteurs doivent assumer leur responsabilité pour garantir l'ordre", a-t-il déclaré dans un message télévisé.

Les étudiants incarnent depuis plusieurs jours le mouvement de protestation contre la modification de la Constitution qui vise à renforcer les pouvoirs du président Chavez et imposer un modèle socialiste à la tête de l'Etat.

Lors du rassemblement de mercredi, surveillé par 3.000 policiers, des milliers de personnes avaient dénoncé la réforme et déposé un recours auprès du Tribunal suprême de justice, afin d'obtenir un report du référendum, prévu le 2 décembre.

L'un des leaders étudiants, Yon Goicochea, a justifié cette démarche par le souci d'informer la population sur la nouvelle Constitution. "Le citoyen moyen connaît au plus un ou deux des articles proposés", affirme le jeune homme selon qui cette réforme "partiale va conduire au désastre et à la violence".

D'anciens dignitaires du régime sont aussi montés au créneau comme l'ancien ministre de la Défense, le général à la retraite Raul Baduel, qui a comparé le texte à un "coup d'Etat", avant de se faire traiter de "traître".

"En approuvant la réforme constitutionnelle, on subirait en pratique un coup d'Etat", a affirmé cet ex-proche de M. Chavez, qui fut l'un des artisans de son retour au pouvoir après un putsch avorté à son encontre en 2002.

La nouvelle Constitution offre au chef de l'Etat, réélu en décembre dernier pour six ans, la possibilité de se présenter indéfiniment à l'élection présidentielle. Une disposition permet aussi de décréter un "état d'exception" autorisant la censure pure et simple de la presse.

Sur le plan économique, la réforme met fin à l'autonomie de la banque centrale et proclame la poursuite des nationalisations dans le secteur de l'énergie et du pétrole, dont le Venezuela est le sixième pays exportateur au monde.

De précédents rassemblements organisés par les étudiants avaient été émaillés d'incidents avec la police mais aussi des partisans du régime.

Hugo Chavez avait conseillé le week-end dernier au gouvernement d'avoir "la main dure" avec les étudiants.

"Nous n'allons pas tolérer que ces enfants gâtés, ces gosses de riches nés avec une cuillère d'argent dans la bouche viennent dévaster le centre de Caracas", avait-il déclaré.