Bangladesh : arrestations d’universitaires
Au Bangladesh, quatre professeurs d’université ont été arrêtés par l’armée dans la foulée des émeutes qui ont secoué cette semaine plusieurs villes du pays, dont la capitale, Dacca.
Ils sont soupçonnés d’avoir joué un rôle dans les affrontements entre étudiants et soldats qui ont fait un mort et des centaines de blessés entre lundi et mercredi.
Deux d’entre eux travaillent à l’Université de Dacca, où les troubles ont commencé lundi, après qu’étudiants et soldats eurent eu maille à partir lors d’un match de soccer. Les étudiants ont alors réclamé - et finalement obtenu - le départ de soldats stationnés sur le campus. Les deux autres professeurs ont été arrêtés à Rajshahi, dans le nord-ouest.
La principale association de journalistes du pays dénonce pour sa part les attaques contre la liberté de presse survenue depuis le début de la semaine. Elle soutient qu’une trentaine de journalistes ont été violemment battus par des soldats mercredi et jeudi, malgré le fait que le gouvernement ait annoncé, selon eux, que leur travail ne serait pas entravé par le couvre-feu en vigueur.
Couvre-feu temporairement levé
Entre-temps, un calme relatif continue de régner dans les principales villes du pays de 150 millions d’habitants.
Le couvre-feu d’une durée indéterminée imposé par le gouvernement de transition mercredi dans six villes, dont Dacca, a été temporairement levé dès 8 h et jusqu’à 22 h vendredi. Les commerces ont rouvert leurs portes.
Le couvre-feu décrété avait été suspendu pour une durée de trois heures la veille, afin de permettre aux gens de se déplacer et de se procurer des biens essentiels. Les universités et les collèges des six villes touchées par le couvre-feu demeurent fermés.
Jeudi, le chef du gouvernement intérimaire, Fakhruddin Ahemd, a expliqué à la télévision que le gouvernement devait agir pour éviter « l’anarchie » et protéger la population. Le couvre-feu, a-t-il affirmé, est temporaire.
État d’urgence
L’état d’urgence est en vigueur depuis janvier au Bangladesh. Le gouvernement de transition, soutenu par l’armée, affirme avoir l’intention de nettoyer la vie politique de toute corruption avant de déclencher de nouvelles élections à la fin de 2008.
La décision a entraîné la suspension de tout rassemblement politique, la mainmise du gouvernement sur les médias et l’interdiction de tenir des activités politiques pour le parti nationaliste du Bangladesh et la ligue Awami, qui s’échangent le pouvoir depuis de nombreuses années.
Les chefs de ces deux partis, Khaleda Zia et cheik Hasina Wajed, font maintenant face à des accusations criminelles.
Dans l’histoire du Bangladesh, deux régimes militaires ont été renversés à la suite de soulèvements amorcés par des mouvements étudiants.
Radio Canada, 24 août 2007
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