Journal N° 2480 du 19-10-2007
Directeur de publication: Pius N. NJAWE
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EMEUTES

Cameroun, un volcan en activité

Somme de réactions collectées dans les rues de Douala.

Abong-Mbang, Yaoundé, Bamenda, Douala…Les rues et les quartiers du Cameroun ressemblent désormais à des poudrières, prêtes à exploser à la moindre occasion. La réaction des populations voisine du collège La Maturité à Douala mercredi 17 octobre 2007 est un signe qui ne trompe plus désormais. “ C’est le manque d’emploi. Parce que si les gens étaient occupés, ils ne risqueraient pas de se faire tuer de la sorte. C’est le chômage ”, dit Philippe, conducteur de moto taxi à Douala. Pour Pascal, son collègue, “ c’est la pression, les gens vivent constamment sur les nerfs. Moi par exemple, je suis titulaire d’un Bac D depuis 1998, j’avais vingt-et-un (21) ans à l’époque. Je suis conducteur de moto taxi, vous croyez que c’est un métier que je mérite ? ”, s’interroge-t-il. Pour lui, les gens sont au quartier, oisifs. Ils n’attendent plus que des occasions pour se venger. “ Mon frère, c’est le pays qui va mal, voilà pourquoi la population se fâche tout le temps ”, renchérit Pascal. Omer, un militant politique, pour sa part, pense que “ ces réactions violentes sont des indices que les populations veulent que les choses aillent mieux. Mais comme il n’y a pas de perspectives, ils sont obligés de se prendre en charge de manière désorganisée, et les conséquences sont imprévisibles. ”
D’autres voient en cela la pauvreté, le ressentiment, la frustration. “ On ne permet pas aux gens d’exprimer leur mécontentement, le droit de grève n’est pas accordé, dès que vous manifestez un peu, même pacifiquement, on vous dit que vous êtes en infraction. Les gens retiennent ce ressentiment, à la moindre occasion, ils se défoulent ”, dit René Nyou, technicien.

La faute au gouvernement
“ La responsabilité politique est clairement établie ; ce qui arrive incombe au gouvernement ”, dit Omer. Conducteur de moto taxi, Antoine est lui aussi tranché : “ tout ça parce que le gouvernement gère mal. Quand les populations cassent, c’est pour que les dirigeants comprennent que ça ne va pas, qu’il faut que les choses changent. ” Pour Hilelela, on est dans une situation insurrectionnelle, où la moindre bûchette d’allumette peut tout enflammer, à cause des “ conditions impossibles de vie des Camerounais. ” A l’en croire, “ le gouvernement est entièrement responsable, il a programmé, organisé et créé les conditions de cette insurrection. ”
Le gouvernement semble lui aussi avoir pris la mesure de la situation. Les autorités de la ville de Douala ont géré avec beaucoup de prudence les actes de violence au collège la Maturité. Aucun manifestant n’a été interpellé. On a pourtant constaté que une personne sur dix, parmi les casseurs, était un élève. Les principaux acteurs étaient ceux qui, de prime à bord, n’avaient rien à voir avec les transes dont les élèves étaient victimes. Même le véhicule du Samu, venu au secours des victimes, n’a pas échappé à la furie.
Le préfet du Wouri, Bernard Atébédé, explique cette indifférence dans les colonnes de Cameroon Tribune : “ Malgré les pierres qui étaient lancées et les actes de vandalisme perpétrés par des individus qui, pour beaucoup ne sont pas des élèves, il n’y a pas eu d’interpellations parce que compte tenue de la tension qui régnait, nous avons privilégié un règlement de la situation dans la paix. Cela dit, des enquêtes sont ouvertes et les responsabilités seront dégagées… ” Pour les réactions violentes, il signale un travail de sensibilisation à faire, dans les médias notamment.
Quoi qu’il en soit, la prudence de l’administrateur est justifiée. Une interpellation dans cette zone de Bépanda aurait plutôt empiré la situation, et le préfet semble bien avoir pris la mesure des choses.
Roland TSAPI


17 octobre 2007 : une scène d’hystérie collective au collège La Maturité de Douala tourne à l’émeute. Une cinquantaine d’élèves tombe en transe, cela crée la panique. Les populations riveraines entrent dans la danse. La police ne peut contenir la foule déchaînée. L’établissement scolaire est saccagé, son promoteur Pierre Waffo échappe à un lynchage.
16 octobre : à Bamenda, un affrontement a lieu entre les forces de l’ordre et les moto taximen. Bilan : deux morts et de nombreux blessés.
13 octobre 2007 : un gendarme de la brigade Soa abat un jeune homme à bout portant. Les populations courroucées ont bloqué la circulation et la rentrée universitaire renvoyée d’une semaine. Bilonga Ayina Alphonse, la victime et son bourreau le gendarme aux dires de certains sortaient avec la même fille. Le présumé assassin et ses collègues se sont enfuis après le forfait.
5 octobre : suite à une casse nocturne de leurs comptoirs, les commerçants du marché Mokolo à Yaoundé descendent dans la rue. Ils rencontrent les forces de l’ordre. Deux morts sur le carreau, plusieurs blessés.
17 septembre 2007 : à Abong-Mbang et Doumé dans la province de l’Est, les populations descendent dans la rue. Elles protestent contre les coupures du courant électrique. Depuis quatre mois, les deux cités sont privées d’électricité et d’eau potable. Il y a affrontement entre les populations et les forces de l’ordre. Bilan : la préfecture, la résidence du préfet, et son véhicule réduits en cendres. Deux élèves tués et d’importants dégâts matériels.
15 septembre : suite à un arrêté de la communauté urbaine de Yaoundé qui exige la peinture jaune sur les moto taxi et interdit la circulation en zone urbaine. Le refus d’obtempérer des moto taximen, se solde en un affrontement entre les forces de l’ordre et les conducteurs de motos à Yaoundé. Des conducteurs de moto taxi sont interpellés, des agents de la communauté urbaine blessés, des motos saisies, des engins détruits. Policiers et conducteurs de motos brutalisés.
1er septembre 2007 : une voiture bourrée de gendarmes armés tente de contenir la grogne des conducteurs de moto taxis à Nkongsamba. Ces derniers réclament le présumé assassin de leur collègue Tookoh Jean Titan, décédé dans les circonstances troubles. Au cours de l’affrontement avec la police, des panneaux publicitaires, des kiosques, le car du commissariat sont détruits.
27 août 2007 : à Bafoussam, les benskineurs protestent contre les nouvelles réglementations de l’administration, notamment la peinture jaune, le paiement et le port des tenues immatriculées. Les conducteurs de moto taxis affrontent la gendarmerie à coups de matraques et de jets de pierres. Une vingtaine de benskineurs interpellés.
25 juillet 2007 : les lendemains du double scrutin du 22 juillet 2007 sont douloureux dans la ville de Banyo, chef-lieu du département du Mayo Banyo. Des hommes armés de machettes, de fouets, de gourdins et de flèches se sont rendus au domicile d’un certain Mahamadou et l’ont copieusement bastonné, ils ont assommé le nommé Issa et d’autres personnes sont passées à la trappe. Les agresseurs identifiés comme membre de l’ethnie Babouté avaient pour cible les haoussas. Pomme de discorde, le partage des sièges entre l’Undp et le Rdpc au conseil municipal. Le lamido de Banyo est mis à l’index.
23 mars : un affrontement oppose la famille sic Abima David aux employés d’une agro-industrie à Diwom PK 34 dans la localité de Bonepoupa sur l’ancienne route de Douala. Plusieurs blessés graves. Les gendarmes entrent en scène et l’un d’eux est pris en otage avant d’être libéré.
21 décembre 2003 : les éléments des forces de l’ordre ouvrent le feu au domicile de Ndam Njoya à Foumban. La ville s’embrase, on signale au moins un mort.
B. B.


L’actualité est funeste au cours de la semaine qui s’achève. Le bilan est lourd, trois morts et de nombreux dégâts matériels.
Sang à Soa et Bamenda, feu à Douala

Le préfet de la Mefou et Afamba a eu de la peine à ramener le calme parmi les manifestants en furie ce samedi 13 octobre 2007 dans la localité de Ebogo1 à Soa. Elles ont entrepris de barrer la route et de s’en prendre aux attributs de la gendarmerie de la localité. Et pour cause “ Bilounga Ayina Alphonse est tombé raide mort, le crâne ouvert par une balle de fusil tirée par un gendarme de la brigade de Soa ” écrit Le Messager du 15 octobre 2007. Tout porte à croire que c’est un crime passionnel parce que “ Bilounga et le gendarme sortaient avec la même fille ”. Conséquence, “ Les populations courroucées ont bloqué la circulation et la rentrée universitaire a été renvoyée d’une semaine ”, poursuit Mutations du 15 octobre 2007.
A Bamenda, dans le Nord-Ouest, autre lieu, autre émeute, le 16 octobre 2007, un affrontement a lieu entre les éléments du Groupement mobile d’intervention (Gmi) n°1 de Bamenda. “ Nche Patrick Tabong et Simon Ambe sont tombés sous les balles des éléments du Gmi. Une femme enceinte a été atteinte d’une balle au pied ” confie Cameroon Tribune du mercredi 17 octobre 2007.Le bilan est plus lourd, reprend Le Messager du même jour “ Un Pick-up plein de policiers en provenance de Ntarekon arrive à l’entrée du Gmi. Ces policiers sont accueillis par une pluie de cailloux. C’est l’Intifada. Les éléments de la police répliquent en lançant des gaz lacrymogènes dans la foule. Bilan : des coups de feu sont entendus, deux morts et trois personnes grièvement blessées. Fongwa léonard, 20ans, blessé au pied gauche, Fon Albert atteint au bras gauche et dame Esther Shu Swirri, 35 ans ”. Comment en est-on arrivés là ? Le Messager répond “ Le lundi 15 octobre 2007, sur l’axe Bamenda-Bafut, pour ramener le moto taximan Marc Douho Ngouanfong, les éléments du Gmi font passer une herse dans un pneu de la moto à vive allure. Le conducteur perd le contrôle et son engin se renverse. Il s’en tire avec des hématomes aux mains, aux pieds, à la face et à la tête. Il est totalement défiguré ”. venus à sa rescousse, ses camarades vont rencontrer l’opposition des forces de l’ordre. Au finish, qui paiera la note ? “ Emeutes de Bamenda, Fru Ndi en médiateur ” titre La Nouvelle Expression du 18 octobre 2007. Le journal poursuit “ John Fru Ndi a sollicité une rencontre avec le gouverneur du Nord-Ouest, Koumpa Issa, lequel l’a reçu en présence de ses proches collaborateurs…le gouverneur a reconnu les dérives de certains éléments des forces de maintien de l’ordre à l’origine des violences ” avant de conclure : “ Les pouvoirs publics prendront en charge les frais d’inhumation des personnes décédées. Les frais d’hospitalisation des blessés seront supportés par les services du délégué du gouvernement auprès de la commune urbaine de Bamenda ”
A Douala, “ Les vitres volent en éclats, les toits sont demontés, le matériel vendalisé. Ordinateurs, caisses, documents, tout y passe et deux grands incendies sont allumés dans la cour pour consommer la logistique. Deux des trois voitures de l’enceinte sont également brûlées, tandis que la foule autour de l’établissement n’a cessé de grandir et s’évalue désormais en millier de badauds ” raconte Cameroon Tribune du 18 octobre 2007. Mutations du même jour : “ Douala, les populations incendient le collège la maturité ”. Les causes : “ une cinquantaine d’élèves en transe ; leurs camarades paniquent. Soulèvement et vandalisme au collège La Maturité ” confie Le Messager “ Ils sont soutenus par les populations riveraines des quartiers populeux de Bépanda, Makepe, et Bépanda tonnerre ”. La rumeur, selon laquelle quatre des filles tombées seraient mortes, vient mettre le feu aux poudres. Pierre Waffo, le fondateur de l’établissement manque d’être lynché. Les élèves sont transportés dans différents établissements hospitaliers de la ville et surtout à la paroisse saint Jean de Deido. Pour le médecin de la clinique Sainte Marie qui se confie à Cameroon Tribune “Toutes les victimes que nous avons reçues présentent des symptômes de maladies parfaitement connues. Nous avons des cas d’asthme, d’hypoglycémie, de convulsion catomique, ou des épilepsies. La seule chose qui peut paraître un peu irrationnelle, c’est la coïncidence de leur déclenchement au même moment ” révèle Cameroon tribune. Sur place, le préfet du Wouri évitera tout commentaire sur le fond de l’affaire.
Bernard BATANA
 

Par Roland TSAPI et Bernard BATANA
Le 19-10-2007

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