Emeutes des marchands ambulants : Amath Dansokho nie en être l'instigateur Le leader du Pit est-il l’un des commanditaires des émeutes provoquées la semaine dernière à Dakar par les marchands ambulants ? Il n’en est rien, jure la main sur le cœur Amath Dansokho lui-même, mais certaines autorités n’en sont pas convaincues, qui veulent le faire arrêter, d’après le secrétaire général du Pit.
(Correspondance) - Le leader du Parti pour l’indépendance et le travail (Pit) a vivement réagi hier, à Thiès, contre la rumeur faisant état de sa prochaine interpellation. Il lui serait reproché d’être parmi les commanditaires de l’insurrection, la semaine dernière, des marchands ambulants à Dakar. Amath Dansokho qui présidait, à l’occasion, l’assemblée générale de la coordination des femmes de son parti dans la cité du rail, a soutenu avoir eu écho de la volonté de certains dirigeants du Pds et du gouvernement, en l’occurrence Ousmane Ngom, Bacar Dia et Doudou Wade, de le faire arrêter. Aussi leur demandera-t-il de s’exécuter. ‘Ils n’ont qu’à venir m’arrêter et puis, on verra. S’ils ne connaissent pas mon adresse, je la leur donne’, a-t-il précisé. Toutefois, il fera savoir que ces jeunes qui ont manifesté leur ras-le-bol face aux mesures impopulaires de déguerpissement dont ils ont été victimes, ‘n’ont besoin de personne pour les manipuler. Ce ne sont ni des bandits ni des délinquants. Ce sont des jeunes instruits qui ont décidé de dire non’.
Pour le leader du Pit, si Dakar étouffe, c’est en grande partie à cause de la mauvaise politique économique du régime en place qui a fini de ruiner la paysannerie. Ainsi, n’ayant plus aucun espoir, les jeunes de la campagne sont venus s’installer à Dakar alors que d’autres se sont embarqués dans des pirogues pour affronter les océans au risque de leur vie. La vérité, à son avis, c’est que le pays est en crise et le président Wade qu’il appelle le charlatan, a reconnu lui-même la faillite de sa politique. Par conséquent, il estime que la manifestation des marchands ambulants n’est que pour justifier l’adage wolof qui dit bien : ‘Kuy beugue dè wexu’. Sur la même lancée, le leader du Pit dira ne pas comprendre que pour une simple réunion des chefs d’Etat de l’Organisation de la conférence islamique, on ait besoin de faire déguerpir tous ces jeunes, dont le seul tort est de lutter pour sortir de la misère.
S’agissant de ce sommet de l’Oci que le Sénégal doit abriter, Amath Dansokho s’interroge sur le pourquoi de toute l’agitation que cela suscite. ‘Pourquoi tant de dépenses, de milliards pour le sommet de l’Oci si l’on sait que ce n’est pas la première fois que le Sénégal l’abrite ?’ Une autre interrogation de Dansokho est de savoir pourquoi le président demande encore le soutien des Sénégalais et des chefs religieux. En réponse à ces questions, Amath Dansokho ne voit qu’une seule hypothèse : le président veut simplement montrer à ses hôtes qu’il est encore populaire dans son pays et profiter de l’occasion pour mettre en selle son fils et faire de lui son potentiel successeur. Aussi le met-il en garde contre toute tentative de coup d’Etat institutionnel. ‘Les Sénégalais n’accepteront pas un président qui ne sera pas élu au suffrage universel direct’, martèle Amath Dansokho qui assure que son parti a décidé de faire face et qu’aucune vocifération ni aucune menace ne les ébranleront. Et de préciser qu’ils n’ont aucune autre force que le peuple sénégalais.
Sidy DIENG
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