
jeudi 22 nov, 09 h 57
DAKAR (AFP) - De nouvelles échauffourées sporadiques entre vendeurs ambulants en colère et forces de l'ordre ont troublé jeudi la capitale sénégalaise, au lendemain de violentes protestations qui se sont soldées par de nombreuses destructions matérielles et plus de 200 arrestations.
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Environ 200 vendeurs ambulants, qui protestaient contre l'interdiction frappant leur activité à Dakar depuis une semaine, ont continué jeudi à s'en prendre aux forces de l'ordre déployées en nombre dans le centre-ville.
Les policiers ont fait usage de gaz lacrymogène pour disperser leurs agresseurs qui chargeaient par vagues à coups de pierres, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Les troubles étaient concentrés autour du marché "Petersen", dans le Plateau (quartier administratif), qui a été incendié dans la nuit.
Ce marché devait accueillir une partie des commerçants ambulants délogés aux termes d'un accord conclu mercredi avec le gouvernement.
"Il s'agit de petites échauffourées, la situation est maîtrisée", a tenu à préciser à l'AFP un responsable de la police sous couvert de l'anonymat. "Nous avions reçu des renforts de la gendarmerie hier (mercredi), mais nous n'en sommes pas encore là aujourd'hui."
Il a par ailleurs dénoncé le fait que les manifestants étaient, selon lui, "infiltrés par des perturbateurs mal intentionnés".
Depuis la mi-novembre, sur ordre du président Abdoulaye Wade, la police et la gendarmerie mènent des opérations pour expulser des trottoirs de Dakar leurs traditionnels occupants, des commerçants "tabliers" ou ambulants, des mendiants et des cireurs de chaussures.
Cette interdiction a mis le feu aux poudres dans un pays où le secteur informel génère la quasi-totalité des emplois.
Mercredi, les protestations de commerçants en colère, accompagnés de jeunes, avaient déjà dégénéré en accrochages avec les forces de l'ordre, entraînant notamment de nombreuses destructions matérielles.
Dans le quartier populaire de la Médina, près du Plateau, les locaux de la mairie d'arrondissement et de la Sénélec, la compagnie nationale d'électricité, ont été endommagés à coups de pierre et plusieurs véhicules ont été incendiés.
Ces protestations, parmi les plus violentes depuis l'élection en 2000 du président Abdoulaye Wade -réélu dès le premier tour en février 2007 pour un mandat de cinq ans-, se sont soldées par l'arrestation de plus de 200 personnes.
"Hier (mercredi), à l'issue des événements, 209 personnes ont été interpellées", a déclaré à l'AFP le responsable de la police, qui n'a pu préciser immédiatement si des arrestations avaient été effectuées jeudi.
Mercredi soir, le gouvernement et des représentants de marchands ambulants avaient trouvé un accord pour permettre à ces commerçants de travailler en toute légalité sur certains emplacements.
De nouvelles réunions étaient prévues avec les autorités municipales jeudi, alors qu'une partie des commerçants du centre-ville avaient préventivement maintenu leur rideaux fermés.
Jeudi matin, plusieurs journaux privés soulignaient que ces protestations constituaient l'expression d'un ras-le-bol des franges les plus démunies de la population, frappées de plein fouet par de récentes hausses des prix des produits de première nécessité.
Le quotidien Walfadjiri a ainsi estimé que "ces événements, qui dépassent le cadre d'une simple action revendicative", constituent "l'expression d'un ras le bol généralisé tout doit sorti des bas-fonds de la société".
Selon Le Quotidien, "le pouvoir ne peut à la fois +judiciariser+ l'immigration clandestine, traquer les vendeurs à la sauvette (...) et espérer gouverner dans la tranquillité".
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