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La presse en pointe contre l'état d'urgence au Pakistan

Par Robert Birsel Reuters - Dimanche 25 novembre, 10h16

KARACHI (Reuters) - Dès le 3 novembre, date à laquelle le général-président Pervez Musharraf a décrété l'état d'urgence, la presse pakistanaise s'est engagée dans un bras de fer avec le pouvoir qui va au-delà de la défense de la liberté d'expression.

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"Il s'agit en réalité d'une lutte de pouvoir entre le régime militaire et les nouveaux pôles de la société civile que sont les magnats des médias", affirme Sabihuddin Ghausi, président du Club de la presse de Karachi.

Après l'instauration des lois d'exception, la presse écrite, les chaînes d'information privées et les diffuseurs étrangers ont été largement muselés. A l'exception de Geo, la plus populaire, toutes les chaînes de télévision émettent à nouveau normalement - débats politiques en moins-, mais les reporters n'en sont pas quittes pour autant.

"L'unique objectif de notre combat, c'est la fin de ces lois et cela n'est possible qu'avec la levée de l'état d'urgence", fait valoir Shamin ur Rahman, président du syndicat des journalistes de Karachi.

Grace à la technologie et à la souplesse de la censure, le paysage médiatique pakistanais s'est enrichi ces derniers années d'une multitude d'organes, dont de nombreuses chaines d'information. Le chef de l'Etat considère d'ailleurs la pluralité de la presse comme l'une de ses grandes réussites.

IMPRESSION DE POUVOIR

Les bonnes relations entre le pouvoir et les médias ont tourné à l'aigre lorsque Musharraf a limogé en mars le président de la Cour suprême. L'initiative a soulevé une vague d'indignation qui, du monde juridique, a gagné tous les partisans de l'opposition attachés à la démocratie. Depuis, Islamabad accuse certaines chaînes d'information d'avoir perdu leur objectivité.

"Cette nouvelle technologie leur a donné une impression de pouvoir et il ne sont pas prêts à se laisser faire par un petit fonctionnaire du ministère de l'Information", explique Ghausi.

D'aucuns, pas seulement dans les cercles du pouvoir, déplorent l'inexpérience de certains organes, qui se sont fait les porte-parole de l'opposition.

"Certains ont peut-être dépassé les bornes, mais ça ne justifie pas qu'on coupe l'antenne à une chaîne de télévision", s'indigne Rahman.

Imran Aslam, président de Geo News, affirme quant à lui que sa chaîne n'a fait que refléter une actualité tumultueuse.

"Nous avons forcément donné à certaines occasions l'impression d'appartenir à un bord ou à un autre. Mais certaines sources indépendantes nous ont parfois accusés d'appartenir au camp pro-gouvernemental", souligne-t-il.

"La crainte est qu'un organe débridé - ce qu'ils semblaient penser de Geo - ne gangrène l'ensemble".

Les quatre chaînes du groupe ont cessé d'émettre sur le câble et la diffusion par satellite, qui passe par Doubaï, a également été interrompue.

Bien que Geo perde un demi-million de dollars par jour, la firme refuse le code de conduite que les autorités cherchent à lui imposer.

"Il ne s'agit pas seulement d'une question de liberté d'expression. Ce sont des mesures de représailles qui visent à nous affecter financièrement", ajoute Aslam.

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