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Bhutto espère s'allier aux islamistes contre Musharraf

Par Zeeshan Haider Reuters - Mercredi 14 novembre, 19h09

ISLAMABAD (Reuters) - Benazir Bhutto va s'efforcer de nouer une alliance avec les islamistes et d'autres composantes de l'opposition pakistanaise pour tenter d'obtenir le départ du président Pervez Musharraf.

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Elle a reçu le soutien de Nawaz Sharif, autre ancien Premier ministre, qui s'est dit mercredi prêt à travailler à cet objectif avec son ex-rivale.

"Nous sommes disposés à mettre de côté nos divergences avec le PPP (Parti du peuple pakistanais) et à oeuvrer pour le rétablissement d'un régime démocratique", a confié à Reuters le chef de file de la Ligue musulmane.

Ce dernier, qui vit en exil en Arabie saoudite, avait été renversé en 1999 par Pervez Musharraf.

Le général-président a accentué la crise qui règne au "Pays des purs" en décrétant le 3 novembre l'état d'urgence et en arrêtant des milliers d'opposants.

Benazir Bhutto, qui négociait en coulisses depuis des mois avec lui, est revenue d'exil en octobre pour tenter de parvenir à un accord de partage du pouvoir. Révoltée par la vague d'arrestations consécutives à l'état d'urgence, la chef de file du PPP a mis fin mardi à ces discussions avec le chef de l'Etat dont elle a demandé pour la première fois la démission.

Selon l'une de ses collaboratrices, elle a invité d'anciens rivaux, dont l'islamiste Qazi Hussain Ahmed, ainsi que la Ligue musulmane à réfléchir à un "programme minimum" en deux points: le départ de Musharraf et la formation d'un gouvernement neutre chargé d'organiser des élections libres et démocratiques le 9 janvier.

"J'envoie cette lettre aux dirigeants de plusieurs partis pour les inviter à Karachi le 21 novembre et j'aimerais échanger avec eux sur ce qui pourrait devenir un programme commun", a-t-elle déclaré à Reuters TV, jointe par téléphone.

Bhutto, de nouveau assignée à résidence à Lahore, a fait savoir que le PPP pourrait boycotter les législatives.

"L'ÉTAT D'URGENCE EST NÉCESSAIRE"

Pressé par ses alliés américains de rétablir la démocratie dans un pays doté de l'arme nucléaire, Musharraf a annoncé ce week-end que des élections législatives auraient lieu le 9 janvier, mais s'est gardé d'indiquer la date de la levée de l'état d'urgence et du rétablissement de la Constitution.

Le numéro deux du département d'Etat, John Negroponte, est attendu en fin de semaine au Pakistan, allié stratégique des Etats-Unis dans la "guerre contre le terrorisme".

Le chef de l'Etat a déjà rejeté un appel de la secrétaire d'Etat en vue d'une levée de l'état d'urgence. "Je suis en total désaccord avec Condoleezza Rice", a déclaré mardi le président au New York Times. "L'état d'urgence vise à s'assurer que les élections se déroulent dans l'ordre."

"Une fois l'agitation calmée au Pakistan, je me retirerai", a-t-il déclaré mercredi. "Je ne suis pas un dictateur, je veux la démocratie." Il s'est aussi dit déçu par les Occidentaux et trahi par les médias. "Nous risquons de perdre la guerre contre le terrorisme en raison de la désinformation", assène-t-il.

Sky, dernière chaîne d'information étrangère disponible sur le câble au Pakistan, n'est plus reçue dans ce pays depuis la diffusion de cet entretien.

Dans un entretien accordé au quotidien français Le Monde daté de jeudi, le chef de l'Etat défend sa politique en déclarant: "Dans un environnement marqué par le terrorisme et les attaques suicides, l'état d'urgence est nécessaire à la tenue d'élections pacifiques, libres et honnêtes."

Il accuse aussi Benazir Bhutto d'être revenue au Pakistan dans "une attitude d'affrontement (...)" et "de toujours vouloir manipuler les circonstances à son avantage". Enfin, il exclut le retour d'exil de Nawaz Sharif avant les législatives de janvier, estimant que "la réconciliation se fera après les élections".

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