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Pakistan: gouvernement intérimaire en préparation sur fond de violences

Par Munir Ahmad AP - Jeudi 15 novembre, 16h17

ISLAMABAD - L'agitation politique s'amplifie au Pakistan, à l'heure où le général-président Pervez Musharraf et ses proches collaborateurs mettent la touche finale à la composition d'un gouvernement intérimaire. Des protestataires hostiles à l'assignation à résidence de l'opposante Benazir Bhutto ont ouvert le feu jeudi à Chakiwara, un quartier de Karachi, tuant deux enfants, selon la police.

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Les individus ont échangé des tirs avec les forces de l'ordre qui ont eu recours à des gaz lacrymogènes pour les disperser. Deux garçons âgés de 11 et 12 ans ont trouvé la mort dans cette fusillade. Il s'agit des premiers décès rapportés dans le cadre des troubles politiques depuis l'instauration de l'état d'urgence début novembre. Faisant état de la poursuite des tirs, la police et des représentants hospitaliers ont ajouté que huit protestataires et un policier avaient été blessés par balles.

Ces violences ont été commises alors que Benazir Bhutto et Nawaz Sharif, les deux principaux adversaires de Musharraf, ont entamé des discussions sur la création d'une coalition contre le général, dont le mandat présidentiel devait officiellement expirer jeudi -date marquant également la fin des cinq ans de l'actuelle législature. Mme Bhutto a par ailleurs exprimé l'espoir de former un gouvernement d'unité nationale pour remplacer Musharraf avant les élections, souhaitant dans un entretien téléphonique à l'Associated Press que les autres partis d'opposition la rejoignent.

L'administration intérimaire que le président Musharraf entend mettre sur pied aura pour mission de préparer la tenue des législatives le 9 janvier prochain. D'après Sheihk Rashid Ahmad, ministre des Chemins de fer du gouvernement sortant, le président de la chambre haute du Parlement Mohammedmian Soomro semble le candidat le mieux placé pour prendre la place de Premier ministre. Deux autres candidats sont pressentis, selon des médias pakistanais: Iftikhar Hussein Shah, un ancien général ambassadeur en Turquie, et Ishrat Hussain, un ancien gouverneur de la Banque centrale. La télévision d'Etat a précisé que l'annonce de ce gouvernement était attendue dans la journée.

Mardi, l'ancien Premier ministre Benazir Bhutto, rentrée d'exil le mois dernier, avait appelé Musharraf à quitter le pouvoir et s'était jointe à d'autres partis d'opposition en menaçant de boycotter le scrutin. Les autorités l'ont assignée à résidence ce même jour pour la deuxième fois en une semaine pour l'empêcher de prendre la tête de rassemblements hostiles au président.

Malgré son assignation, la cheffe du Parti populaire du Pakistan (PPP) s'est entretenue mercredi par téléphone avec Nawaz Sharif, dont le gouvernement avait été évincé lors du coup d'Etat de Musharraf il y a huit ans. Mme Bhutto et M. Sharif se sont entretenus de la possibilité de créer une coalition d'opposition, a précisé un porte-parole du PPP, Farhatullah Babar. Musharraf refuse de laisser Nawaz Sharif rentrer d'exil en Arabie saoudite avant les élections.

Mme Bhutto a précisé qu'elle avait aussi discuté avec l'ancienne star du cricket Imran Khan, figure de l'opposition arrêtée mercredi. Jeudi, trois des soeurs de l'ex-sportif et quatre de ses cousins ont été appréhendés par la police lors d'un rassemblement contre son interpellation. Quelque 2.000 étudiants s'étaient regroupés sur le campus de Lahore où il a été arrêté.

La police a en outre fait usage de gaz lacrymogène et de matraques pour disperser une manifestation de quelque 200 partisans du PPP dans la ville de Peshawar (nord-ouest). Quatre personnes ont été interpellées, dont deux dirigeants provinciaux.

Dans la journée, Bryan Hunt, consul américain à Lahore (est), a été autorisé à franchir le cordon des forces de police autour de la maison où Benazir Bhutto est confinée. Le diplomate est revenu une heure plus tard, déclarant avoir informé la dirigeante du PPP du souhait de Washington de voir Musharraf lever l'état d'urgence, quitter son poste de chef des armées et libérer opposants et médias.

De son côté, Mme Bhutto a expliqué à l'AP que Washington était préoccupé par une vacance du pouvoir au Pakistan au cas où Musharraf serait contraint de quitter ses fonctions. Mais elle a dit à Bryan Hunt qu'elle ne pouvait pas travailler avec le général-président.

Le secrétaire d'Etat américain adjoint John Negroponte est attendu vendredi à Islamabad.

Musharraf a affirmé mercredi qu'il comptait quitter la tête des armées fin novembre et n'a pas exclu une future coopération avec Benazir Bhutto si elle remportait le scrutin de janvier. Mais il a rejeté toute pression occidentale pour mettre rapidement fin à l'état d'urgence. AP

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