NAIROBI (AFP) - Cent soixante deux personnes ont été tuées au Kenya depuis le 27 décembre dans les émeutes qui ont accompagné la réélection du président Mwai Kibaki, annoncée dimanche mais rejetée par son adversaire Raila Odinga, qui appelle à "une marche pacifique" le 3 janvier.
Ces violences urbaines à caractère politique, condamnées par la communauté internationale et qui se poursuivaient lundi, sont les pires dans le pays depuis une tentative de coup d'Etat avortée en 1982.
Dans un communiqué de voeux de fin d'année, le président réélu a affiché lundi sa détermination à enrayer les violences dans le pays: "Mon gouvernement traitera avec fermeté ceux qui fragilisent la paix, en augmentant la sécurité à travers le pays", a déclaré M. Kibaki.
Son rival malheureux, M. Odinga l'avait accusé dimanche soir d'avoir fraudé sur au moins 300.000 voix. L'écart entre les deux candidats est de 231.728 voix, selon les résultats officiels. Le camp de M. Kibaki a démenti toute fraude.
M. Odinga a pour sa part appelé lundi les Kényans à une "action de masse pacifique" le 3 janvier alors que la police a interdit un rassemblement initialement prévu dans l'après-midi à Nairobi, menaçant d'arrestation M. Odinga s'il avait lieu.
Le déroulement de ces élections a suscité de vives critiques internationales.
Faisant écho au critiques européennes, la Maison Blanche qui avait dans un premier temps félicité dimanche M. Kikabi pour sa réélection, s'est déclarée lundi "très inquiète" du déroulement du scrutin présidentiel au Kenya, allant jusqu'à retirer ses félicitations au président Mwai Kibaki.
A Bruxelles, la Commission européenne a condamné lundi les violences au Kenya, appelant les deux camps du président réélu Mwai Kibaki et du dirigeant de l'opposition Raila Odinga à coopérer, au vu du résultat très serré des votes.
Quelques minutes après l'annonce de la victoire de M. Kibaki dimanche, des émeutes meurtrières ont éclaté dans les fiefs du candidat de l'opposition Raila Odinga, à Kibera, plus grand bidonville de Nairobi, et dans plusieurs villes de l'ouest.
La journée de lundi a également été meurtrière: huit personnes tuées lors d'émeutes à Korogocho, un des bidonvilles de Nairobi, cinq autres victimes recensées à Nakuru (centre) et Molo (ouest).
A Mombasa, deuxième ville du pays très touristique épargnée jusque là par les violences électorales, dix-neuf personnes ont été tuées lundi après-midi dont neuf à coups de machette, lors d'affrontements entre groupes rivaux, selon une source policière.
Sept autres morts ont été dénombrés dans la nuit de dimanche à lundi à Nakuru (centre), quatre dans un village de la vallée du Rift (centre), selon des sources policières tandis qu'une source médicale confirmait à l'AFP six morts à l'hôpital de Kakamega, dans la province occidentale.
Au total, 48 personnes ont été tuées dans les bidonvilles de la capitale depuis l'annonce dimanche après-midi des résultats électoraux.
A Kisumu, fief du Odinga, les corps de 46 personnes, avec des blessures par balles, se trouvaient lundi matin à la morgue de l'hôpital provincial, selon un employé de la morgue.
Un couvre-feu a été imposé à Kisumu de 06H00 à 18H00 et la police "a reçu l'ordre d'abattre" ceux qui ne le respecterait pas, a indiqué un haut responsable policier.
Dans la capitale, dont le centre était déserté, de nouvelles émeutes ont éclaté lundi à Kibera. Les forces de l'ordre étaient positionnées pour empêcher des émeutiers de gagner le centre de Nairobi, à sept kilomètres de là.
Les affrontements du week-end - dans un pays d'ordinaire calme mais qui a une tradition de violences électorales - ont causé des difficultés d'approvisionnement en nourriture. A Mombasa, des scènes de pillages de magasins d'alimentation ont été rapportées.
Les autorités ont décrété un jour férié lundi. Depuis le jour de Noël, toute activité économique a quasiment cessé au Kenya, en raison des fêtes, des élections générales et des tensions post-électorales.
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