NAIROBI (AFP) - Les pressions internationales pour amener les leaders kényans à sortir d'une crise majeure se sont intensifiées, au lendemain de l'appel de l'opposition à des manifestations interdites par la police la semaine prochaine pour protester contre la réélection controversée du président.
Vendredi, le parti du chef de l'opposition kényane Raila Odinga a appelé à des manifestations nationales les 16, 17 et 18 janvier, immédiatement interdites par la police.
"Les Kényans ont le droit de protester pacifiquement contre la violation flagrante de leurs droits fondamentaux", a fait valoir le secrétaire général du Mouvement démocratique orange (ODM), Anyang Nyongo.
M. Odinga accuse M. Kibaki d'avoir fraudé afin de lui voler la victoire à la présidentielle lors d'un scrutin entaché d'irrégularités.
De son côté, le président Kibaki a "réaffirmé" vendredi soir son "engagement au dialogue pour la recherche d'une solution durable à la situation politique actuelle dans le pays".
Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a de nouveau appelé les leaders kényans "à trouver d'urgence et par le dialogue une solution acceptable pour résoudre la crise politique et pour que le pays retrouve le chemin de la paix et de la démocratie".
Chargé de diriger la médiation pour tenter de résoudre la crise, le prédécesseur de M. Ban, Kofi Annan, a lui aussi appelé "tous les dirigeants kényans, le gouvernement comme l'opposition, à s'abstenir de toute mesure ou action susceptibles de compromettre la recherche d'une solution à l'amiable de la crise dans le pays".
Réagissant à cet appel à manifester pendant trois jours, les Etats-Unis ont exhorté les parties à la retenue. "Nous espérons que les manifestations publiques et les autres événements politiques sont menés de façon pacifique et dans l'intention de promouvoir un accord entre les deux parties", a déclaré un porte-parole du département d'Etat, Tom Casey.
La secrétaire d'Etat adjointe aux Affaires africaines Jendayi Frazer, envoyée dans la région en début de semaine pour tenter de rapprocher les deux parties, a quitté Nairobi vendredi, selon M. Casey.
Ces pressions internationales interviennent après l'échec cette semaine d'une médiation dirigée par le président de l'Union africaine (UA) John Kufuor, qui a passé le relais à M. Annan pour poursuivre la médiation. Aucune date n'a été fixée pour l'arrivée de M. Annan à Nairobi.
Les ex-présidents tanzanien Benjamin Mkapa, mozambicain Joachim Chissano, botswanais Katumile Masire et zambien Kenneth Kaunda étaient toujours présents au Kenya samedi pour participer à la médiation, a précisé à l'AFP leur porte-parole.
Par ailleurs, un membre de la commission électorale kényane (ECK), Kipkemoi Kirui, qui avait dénoncé des manipulations dans les résultats de la présidentielle, a fui en Europe après avoir reçu des menaces de mort, a rapporté une chaîne de télévision du Kenya.
L'opposition a insisté vendredi pour que la communauté internationale impose des sanctions sur le gouvernement de M. Kibaki.
"Nous ne pouvons pas faire confiance à un gouvernement qui vole une élection avec les précieux fonds fournis par la communauté internationale", a lancé M. Nyongo.
Le Kenya, qui faisait jusqu'ici figure d'îlot de stabilité dans une région troublée, est plongé dans une crise majeure depuis deux semaines.
Les violences post-électorales, résultant de la répression des émeutiers par la police et de conflits interethniques, ont fait au moins 600 morts et plus de 255.000 déplacés. Environ 500.000 Kényans auront besoin d'une assistance humanitaire dans les prochaines semaines, selon l'ONU.
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