NAIROBI (AFP) - Le couvre-feu imposé lundi dans la ville de Kisumu (ouest du Kenya), ville la plus touchée par les violences politico-ethniques qui ont suivi les élections générales du 27 décembre, a été levé, a annoncé samedi un haut responsable de la police kényane.
"Le couvre-feu a été levé après l'amélioration de la situation sécuritaire", a déclaré sous couvert d'anonymat ce haut responsable. "Tout est maintenant normal et les gens vaquent à leurs occupations", a indiqué de son côté le commandant de la police provinciale, Grace Kaindi.
La police avait imposé lundi un couvre-feu diurne de 06h00 à 18h00 à Kisumu, bastion du chef de l'opposition kényane Raila Odinga, avec ordre de tirer à vue sur ceux qui le violeraient. Les violences engendrées par la contestation des résultats des élections générales ont fait au moins 360 morts au Kenya depuis le 27 décembre, date du scrutin.
Par ailleurs, la secrétaire d'Etat adjointe américaine chargée des Affaires africaines, Jendayi Frazer, s'entretenait samedi matin à Nairobi avec le chef de l'opposition, Raila Odinga, qui rejette la réélection du président Mwai Kibaki, a-t-on appris auprès du parti de M. Odinga.
"Ils sont actuellement en réunion" à la résidence de l'ambassadeur américain au Kenya, à déclaré le secrétaire général du Mouvement démcoratique orange (ODM, parti de M. Odinga), Anyang Nyongo. Mme Frazer est arrivée jeudi soir à Nairobi pour tenter de trouver un terrain d'entente entre M. Kibaki et M. Odinga qui accuse le camp présidentiel de fraude électorale sur au moins "300.000 voix". La secrétaire d'Etat Condoleezza Rice "a demandé à la secrétaire d'Etat adjointe Jendayi Frazer de se rendre au Kenya et de rencontrer les deux dirigeants politiques ainsi que des représentants de la société civile kenyane pour voir quelles idées ils pourraient trouver pour sortir de cette crise politique", avait annoncé jeudi le porte-parole du département d'Etat, Sean McCormack.
Un calme précaire régnait vendredi dans les villes de l'ouest du Kenya où les affrontements engendrés par la contestation des résultats des élections du 27 décembre avaient été les plus violents. Dans Nairobi quadrillée par les forces paramilitaires pour empêcher une manifestation de l'opposition, la tension est aussi retombée par rapport à jeudi. Des commerces et des banques ont rouvert, la circulation automobile a repris et la vie quotidienne est revenue lentement à la normale.
Vendredi à la mi-journée, le Mouvement démocratique orange (ODM) de M. Odinga a appelé à la tenue, d'ici trois mois, d'"une nouvelle élection du président selon des règles du jeu transparentes et démocratiques". Quelques heures plus tard, les autorités opposaient un refus ferme."Le gouvernement ne cédera jamais au chantage. Les gens devraient cesser d'utiliser la violence comme forme de chantage" pour obtenir de nouvelles élections, a déclaré à la presse le porte-parole du gouvernement, Alfred Mutua.
L'archevêque sud-africain Desmond Tutu, venu au Kenya pour une médiation, a toutefois indiqué que M. Kibaki, s'était déclaré "ouvert" pour une négociation sur un gouvernement de coalition avec l'opposition.
"Le président n'était pas opposé à la formation de coalitions, mais, soyons clairs, cela suppose l'acceptation qu'il existe une autorité qui gouverne dans le pays", a-t-il ajouté. Le prix Nobel de la paix sudafricain avait rencontré dans la matinée M. Kibaki, après s'être entretenu la veille avec M. Odinga. Vendredi, dans l'ouest du pays, la police paramilitaire était déployée en masse à Kisumu, fief de M. Odinga. "C'est calme et j'ai suffisamment de forces pour m'assurer que cela dure", a déclaré le commandant provincial de la police, Grace Kaindi.
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