NAIROBI (Reuters) - Quelle que soit leur confession, les Kényans ont prié dimanche pour la paix, tandis que les organisations humanitaires s'efforçaient de venir en aide aux 250.000 personnes affectées par les violences postélectorales de la semaine écoulée.
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"Nos dirigeants nous ont trompés. Ils sont responsables de cette catastrophe. Alors, maintenant, nous nous tournons vers le Tout-Puissant pour sauver le Kenya", a expliqué Jane Riungu en se rendant à une église des abords de Nairobi, accompagnée de ses cinq enfants endimanchés.
Une semaine après l'annonce de la réélection contestée du président Mwai Kibaki, à l'origine des troubles qui ont fait plus de 300 morts, aucun contact direct en vue d'un règlement du conflit entre le chef de l'Etat et son rival malheureux, Raila Odinga, ne paraît envisageable à court terme.
Plusieurs médiateurs internationaux, comme la diplomate américaine Jendayi Frazer, secrétaire d'Etat adjointe chargée de l'Afrique, et l'archevêque anglican Desmond Tutu, effectuent toutefois des navettes entre les deux états-majors.
Le Ghanéen John Kufuor, président en exercice de l'Union africaine, est en outre attendu sous peu.
Le Premier ministre éthiopien Meles Zenawi, proche de Kibaki, a pour sa part exprimé l'espoir que "la paix et la légalité l'emportent au Kenya".
"La paix et la sécurité du Kenya sont la paix et la sécurité de l'Ethiopie", dit-il dans un message lu à la télévision.
Meles a eu des contacts avec les deux parties et a reçu un message de Kibaki, par l'intermédiaire du ministre kényan de l'Education, George Saitoti.
Dans un communiqué diffusé samedi, Kibaki s'est dit prêt à former un gouvernement d'union nationale mais l'opposition, qui juge frauduleuses les conditions de sa réélection le 27 décembre, continue à nier sa légitimité. Le Mouvement démocratique orange (MDO) d'Odinga réclame sa démission en préalable à toute négociation et la tenue d'un nouveau scrutin dans trois à six mois.
"RIEN À PROPOSER"
Le MDO a, lui aussi, été taxé de fraudes dans ses bastions électoraux.
"La solution de Kibaki à ce problème ne nous intéresse pas (...) Il n'a rien à proposer puisqu'il n'a pas remporté l'élection", a réaffirmé Odinga au siège de son parti, à Nairobi.
Accusant le chef de file de l'opposition de chercher à prendre le pouvoir par un moyen détourné, Alfred Mutua, porte-parole du gouvernement, lui a reproché de refuser le dialogue et la voie judiciaire pour contester le scrutin. Aux yeux du MDO, la justice est aux ordres de Kibaki.
"Ce genre de position n'aide personne dans ce pays. Si l'honorable Raila refuse de parler à Kibaki, croyez-vous que Kibaki va s'agenouiller devant lui?", a ironisé Mutua.
Les Kényans semblent, quant à eux, plus préoccupés par leur quotidien que par la crise politique, dont les acteurs leurs semblent largement disqualifiés.
L'opposition a lancé de nouveaux appels à manifester mais les rassemblements restent interdits et les forces de l'ordre en état d'alerte.
Outre les 300 morts, les troubles politico-ethniques ont provoqué de graves pénuries alimentaires et les Nations unies estiment que 250.000 Kényans vont dépendre de l'aide internationale dans les trois mois qui viennent.
Un convoi de 20 camions du Programme alimentaire mondial (PAM) à destination des déplacés de la vallée du Rift, dans le Nord, a pu quitter le port de Mombasa sous escorte policière.
Version française Jean-Philippe Lefief
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