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Trois morts dans de nouveaux affrontements au Kenya

Par Tim Cocks et Nick Tattersall Reuters - il y a 1 heure 56 minutes

NAIROBI (Reuters) - Des affrontements entre ethnies rivales ont fait au moins trois morts, dimanche, à Nairobi, capitale du Kenya, où rien n'augure d'un apaisement rapide de la situation.

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Les trois victimes portaient des marques de coups de machette.

"J'ai vu trois personnes mortes, tuées par des pangas (machettes), avec des entailles à la tête, des coupures dans le dos et la main tranchée", a déclaré Samuel Oduor, un cameraman indépendant âgé de 22 ans.

D'autres témoins ont confirmé que des heurts entre des jeunes appartenant aux ethnies Kikuyu et Luo, respectivement celles du chef de l'Etat et de son adversaire lors de l'élection présidentielle, Raila Odinga, avaient fait trois morts.

Ces décès portent à 34 le nombre de victimes depuis le début, mercredi, de la campagne nationale de protestation contre la réélection de Kibaki organisée à l'appel de l'opposition.

"Il a reçu un coup de panga (machette) à la tête. Il y a eu des affrontements tout au long de la nuit", a déclaré Harold Mukigi, un chauffeur, à propos de l'une des victimes.

Les deux autres personnes ont été tuées en représailles, ont dit des témoins.

La police n'était pas joignable dans l'immédiat mais un journaliste de Reuters a vu un corps et une main tranchée sur les lieux des affrontements, dans le bidonville d'Haruna, qui signifie "miséricorde" en swahili.

"Nul besoin de tuer quiconque pour son appartenance tribale, même s'il n'a pas voté pour moi", a lancé dimanche Odinga s'adressant à plusieurs centaines de personnes à la sortie d'une église du bidonville de Kibera.

Une messe à la mémoire des victimes sera célébrée mercredi dans un stade de la capitale, a-t-il poursuivi avant d'inviter à nouveau ses partisans à se mobiliser jeudi, malgré l'interdiction de manifester.

"Vous pouvez frapper nos corps, mais pas vaincre notre esprit de justice", a-t-il ajouté sous les acclamations.

NOUVEAUX HEURTS DANS LA VALLÉE DU RIFT

Les policiers étaient de nouveau déployés en masse dimanche pour tenter d'éviter une répétition des violences qui ont terni l'image de stabilité dont bénéficiait jusque-là le Kenya.

Au total, quelque 650 personnes ont été tuées depuis la réélection contestée du président Mwai Kibaki, le 27 décembre, la plupart dans des violences politico-ethniques qui ont visé les Kikuyus, ou dans des affrontements entre manifestants et forces de l'ordre.

Deux nouveaux corps ont été découverts près de Kipkelion, village de la vallée du Rift situé 180 km au nord-ouest de Nairobi, ce qui porte à huit le bilan de l'attaque d'un camp de déplacés, samedi.

Le calme semblait en revanche revenu dans d'autres parties du pays, après plusieurs journées de violences marquées par des meurtres et des pillages, notamment à Eldoret dans l'Ouest et à Narok dans le Sud.

Le commissaire européen au Développement et à l'aide humanitaire, Louis Michel, qui a rencontré Odinga et Kibaki samedi, a enjoint aux deux parties de se rencontrer et de discuter pour résoudre leur différend et mettre fin aux violences.

Odinga a par ailleurs fait savoir qu'il recevrait mardi l'ancien secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, qu'un rhume a contraint à reporter sa visite, initialement prévue la semaine dernière.

Le président ougandais Yoweri Museveni, l'un des rares chefs d'Etat africains à avoir félicité Kibaki pour sa réélection, est également attendu dans les jours à venir, mais l'opposition doute de son impartialité. "Museveni, laisse les Kényans tranquilles!", clame une banderole vue à Kibera.

Avec la contribution de Bosire Nyairo, version française Gwénaelle Barzic et Jean-Philippe Lefief

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