NAIROBI - Les violences post-électorales ont fait plus de 300 morts au Kenya depuis la présidentielle du 27 décembre, selon le bilan rapporté mercredi par des associations de défense des droits de l'Homme, la Commission des droits de l'Homme du Kenya et la Fédération internationale des droits de l'Homme.
Ces violences se sont transformées en affrontements ethniques avec la mort d'une cinquantaine de personnes de l'ethnie kikuyu, brûlées vives mardi dans une église d'Eldoret, dans la région du Rift, par une foule en colère. Des scènes rappelant le génocide perpétré en 1994 au Rwanda.
La Croix-Rouge kényane annonce avoir retrouvé 17 corps pour le moment. Des habitations et de "larges parcelles de terres et de cultures ont été brûlées" dans la région d'Eldoret tandis que les principaux axes routiers ont été barrés, ce qui rend difficile l'acheminement de l'aide, selon l'organisation humanitaire. Certaines personnes déplacées du fait des violences n'ont pas mangé depuis trois jours, ajoute la Croix-Rouge.
Les Nations unies, qui citent la police kenyane, estiment que près de 70.000 personnes ont été déplacées. Quelque 5.400 se sont déjà réfugiées en Ouganda, a pour sa part précisé Musa Ecweru, ministre ougandais des Catastrophes.
L'Union africaine avait annoncé la venue mercredi à Nairobi de son président, le Ghanéen John Kufuor, pour aider à entamer une médiation. Mais son service de presse a fait savoir que le président ghanéen avait annulé sa visite, sans fournir d'explication. Le vice-ministre de l'Information a précisé ultérieurement mercredi que M. Kufuor se rendrait jeudi à Nairobi.
Dans le plus ancien quotidien du pays, "The Standard", le président de la Commission électorale Samuel Kivuitu déclare ne pas savoir "si Kibaki a gagné l'élection". Il indique également avoir fait l'objet de pressions pour annoncer rapidement les résultats.
Le président Mwai Kibaki, investi dimanche aussitôt après la proclamation des résultats fortement contestés par l'opposition, a proposé une rencontre à ses opposants, un geste rare chez un homme peu enclin à s'exprimer dans les médias, et qui avait appelé à réprimer les manifestations.
Le candidat de l'opposition Raila Odinga a refusé l'offre du président, précisant qu'il n'accepterait de le rencontrer que "s'il déclarait qu'il n'avait pas été élu". M. Odinga accuse le pouvoir de créer le chaos, jugeant dans un entretien à l'Associated Press que le gouvernement Kibaki "est responsable directement de génocide". Il a précisé qu'il comptait toujours mener une marche de protestation pacifique dans la capitale jeudi, malgré l'interdiction proclamée par le gouvernement. Raila Odinga entend rassembler "un million" de manifestants, pour "communiquer avec notre peuple, leur dire d'où nous venons, où nous en sommes et où nous voulons aller".
Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne avaient salué dans un communiqué commun mercredi l'initiative de médiation de l'UA et appelé "tous les dirigeants kenyans à s'engager dans un esprit de compromis qui place les intérêts du Kenya au premier plan".
"La priorité immédiate doit être un appel durable des dirigeants politiques pour que la violence de leurs partisans cesse, assorti d'un processus politique et légal intenses, qui pourrait mener à un avenir uni et pacifique pour le pays", estiment la secrétaire d'Etat américain Condoleezza Rice et son homologue britannique David Miliband.
Notant que "des informations indépendantes font état d'irrégularités graves dans le processus de décompte", ils ajoutent que la priorité doit être de trouver un compromis entre le président Mwai Kibaki et le candidat de l'opposition. AP
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