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Kenya: deux morts dans de nouvelles manifestations réprimées par la police

Par Par Béatrice DEBUT AFP - il y a 1 heure 35 minutes

NAIROBI (AFP) - Deux personnes ont été tuées par la police à Nairobi jeudi, au deuxième jour consécutif de manifestations à l'appel de l'opposition qui dénonce la réélection du président Mwai Kibaki le 27 décembre et la répression des forces de l'ordre.

Les élections au Kenya "n'ont pas été aux normes internationales" dans la phase du comptage des voix, a déclaré jeudi le secrétaire-général du Commonwealth Don McKinnon, lors de la publication du rapport de son organisation sur le processus électoral.

"Le groupe d'observateurs du Commonwealth a conclu que le processus après la fermeture du scrutin n'a pas été aux normes internationales", a déclaré M. McKinnon. Le rapport du Commonwealth sur les élections présidentielle et législatives au Kenya constate que "la commission électorale n'a pas réussi à établir l'intégrité du processus de comptabilisation des votes, mettant ainsi en doute la validité du résultat des élections".

Le président sortant Mwai Kibaki a été réélu le 27 décembre après un scrutin aux résultats contestés par l'opposition. La crise politique qui en a découlé a fait au moins 700 morts et provoqué le déplacement d'environ 200.000 personnes.

Après une matinée tendue mais relativement calme dans le pays, la situation s'est dégradée à la mi-journée. La police a tiré à balles réelles et fait usage de gaz lacrymogène pour disperser des partisans de l'opposition, notamment dans le bidonville de Mathare à Nairobi et dans deux villes de l'ouest, Kisumu et Eldoret.

"Deux personnes ont été tuées (...) par la police", a déclaré une source humanitaire à Mathare, requérant l'anonymat.

Dans ce bidonville de la capitale, des centaines de supporters de Raila Odinga, le chef de l'opposition arrivé officiellement deuxième de la présidentielle, faisaient face à la mi-journée aux forces de l'ordre. Certains lançaient des pierres contre la police militaire et des magasins et criaient "Nous voulons la paix mais seulement avec de la solidarité".

Des groupes de jeunes gens ont érigé des barrages dans le bidonville de Kibera à Nairobi, ainsi qu'Eldoret et dans le bidonville de Manyatta à Kisumu, empêchant les véhicules de se rendre dans le centre de cette ville déserté, ont constaté des correspondants de l'AFP.

"Nous sommes ici pour exprimer notre colère contre la police qui a tiré sur nos collègues innocents qui demandaient le respect de leurs droits", expliquait Walter, un manifestant à Kisumu.

Mercredi, au premier de trois jours de manifestations à l'appel de l'opposition, la police a tué par balles deux personnes à Kisumu.

Le Mouvement démocratique orange (ODM) de M. Odinga a "condamné dans les termes les plus virulents l'exécution sans pitié (par la police) d'un jeune qui manifestait pacifiquement à Kisumu", mercredi. "Nous demandons que l'officier qui a commis ce meurtre soit poursuivi, ainsi que ceux qui ont donné l'ordre de tirer pour tuer", a déclaré à l'AFP le porte-parole de l'ODM, Salim Lone.

En dépit de la répression policière, l'opposition a appelé jeudi matin à poursuivre les manifestations interdites par la police.

"Les manifestations continuent et nous n'allons ni être intimidés ni stoppés jusqu'à ce qu'on atteigne notre but", a affirmé le secrétaire général de l'ODM, Anyang Nyongo.

La mobilisation des partisans de l'opposition mercredi a cependant été moins importante que lors des précédents rassemblements et la confrontation moins meurtrière qu'au moment du dernier appel à manifester: le 3 janvier, neuf personnes avaient été tuées, dont au moins six par la police.

Selon les autorités, "la principale intention de l'opposition est de détruire le mode de vie des Kényans ordinaires. Elle ne prend pas en compte l'intérêt des Kényans", a déclaré à l'AFP le porte-parole du gouvernement, Alfred Mutua.

Les manifestants ne sont pas des gens ordinaires mais "des truands qui ont été payés, transportés en bus et qui ont reçu de l'alcool", a-t-il affirmé.

Pour l'analyste politique Evans Manduku, "les deux camps ont des positions absolument irréconciliables. On se prépare à des moments difficiles (...) car les deux camps durcissent leurs positions".

Le Kenya - jusqu'alors considéré comme un îlot de stabilité dans une Afrique de l'Est rongée par les conflits - est plongé, depuis la réélection contestée du président sortant le 27 décembre, dans une crise qui a fait au moins 700 morts et provoqué le déplacement d'environ 200.000 personnes.

Les victimes ont été tuées dans des affrontements entre d'une part les partisans de l'opposition et ceux du pouvoir et d'autre part entre manifestants et forces de l'ordre.

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