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Kenya: des hélicoptères de l'armée tirent dans l'ouest, meurtre d'un député

Par Par Béatrice DEBUT AFP - Mardi 29 janvier, 12h23

NAIVASHA (AFP) - Des hélicoptères de l'armée kényane ont ouvert le feu à Naivasha, dans la Vallée du Rift, pour la première fois depuis le début fin décembre des violences secouant le Kenya, où le meurtre mardi d'un député de l'opposition fait craindre une escalade des troubles.

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Au moins 13 personnes ont en outre été tuées dans le pays depuis lundi soir, quatre dans le plus grand bidonville de Nairobi, Kibera, et neuf dans la région d'Eldoret (Vallée du Rift, ouest).

Un correspondant de l'AFP a vu les hélicoptères, deux de l'armée et un de la police, en vol stationnaire, ouvrir le feu au dessus de manifestants en différents points de Naivasha, à 90 km au nord-ouest de Nairobi.

Depuis deux jours, des face à face très tendus ont lieu entre membres de l'ethnie kikuyu d'un côté et luo de l'autre à Naivasha, dans la Vallée du Rift devenue l'épicentre d'affrontements interethniques.

"La foule est incontrôlable et nous voulons la disperser, c'est pourquoi nous avons recours à des hélicoptères," a indiqué à l'AFP un responsable policier à Naivasha.

Plus tôt mardi, la police avait tiré à balles réelles pour protéger un groupe de Luos qui quittaient les lieux en bus, avait constaté une journaliste de l'AFP.

Dans plusieurs autres villes du pays (notamment à Nakuru et Kakamega), des partisans de l'opposition kényane avaient manifesté leur colère dès l'aube après le meurtre d'un député de l'opposition à Nairobi.

Melitus Mugabe Were, élu fin décembre député du Mouvement démocratique orange (ODM, opposition) dans une circonscription de Nairobi, a été tué par balles "devant sa maison" à Nairobi vers 00h30 mardi (21h30 GMT lundi), avait indiqué plus tôt un officier de police sous couvert d'anonymat.

"Il semble que cela soit lié aux violences post-électorales, mais l'enquête est en cours", a-t-il ajouté.

M. Were est la première personnalité politique à mourir dans les violences qui ont suivi la réélection du président Mwai Kibaki, contestée par le chef de l'opposition Raila Odinga qui accuse le chef de l'Etat Mwai Kibaki de lui avoir volé la victoire.

Réagissant à ce meurtre, Odinga a affirmé que "ses adversaires" politiques, en référence au camp Kibaki, étaient impliqués "dans l'assassinat brutal" du député.

"Nous soupçonnons la marque infâme de nos adversaires" politiques dans ce meurtre, a affirmé Raila Odinga lors d'un point de presse à Nairobi.

Un peu plus tôt, le porte-parole de l'ODM, Salim Lone, a qualifié la journée de mardi de "jour très sombre" pour le Kenya et appelé les partisans de l'opposition au calme.

Dans la capitale kényane, la situation était très tendue dans le bidonville de Kibera, bastion de l'opposition. Au moins quatre personnes ont été tuées à la machette mardi dans ce bidonville, a indiqué à l'AFP un commandant de la police kényane.

A Kisumu (ouest), fief de l'opposition, la police avait tiré des gaz lacrymogènes et à balles réelles mardi matin pour disperser des manifestants.

Le Kenya, un des pays d'Afrique les plus stables jusqu'à la fin de l'année dernière, traverse une crise majeure née de la contestation par M. Odinga (un Luo) de la réélection de M. Kibaki (un Kikuyu). En un mois, près de 1.000 personnes ont été tuées et environ 250.000 ont été déplacées dans les affrontements.

Depuis plusieurs jours, les conflits ethniques et fonciers, récurrents et jamais mis à plat depuis l'indépendance en 1963 dans la Vallée du Rift, ont pris le pas sur les rancoeurs électorales dans cette province.

Parallèlement, l'équipe de médiation dans la crise a annoncé qu'une nouvelle étape de négociations entre les camps de MM. Kibaki et Odinga allait débuter ce mardi vers 15h00 (12h00 GMT) à Nairobi.

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