NAIROBI (AFP) - Au moins 14 personnes ont été tuées lors de nouvelles violences politico-ethniques au Kenya où policiers et émeutiers s'affrontaient lundi dans l'ouest du pays, sans que la médiation de Kofi Annan ne parvienne à briser la spirale meurtrière née de la contestation électorale.
Au total, au moins 144 personnes ont été tuées depuis jeudi soir au Kenya.
Dans les villes de Nakuru et Naivasha, situées dans la province de la Vallée du Rift (ouest), épicentre des troubles depuis plusieurs jours, 13 personnes ont été tuées dans la nuit de dimanche à lundi, a indiqué la police.
"Huit personnes ont été tuées à Nakuru et cinq à Naivasha", a déclaré à l'AFP sous couvert d'anonymat un commandant de la police.
"La plupart ont été tuées par la police. C'étaient des incendiaires qui tentaient de mettre le feu à des maisons d'autres personnes", a-t-il ajouté.
A Kisumu (ouest), fief du chef de l'opposition Raila Odinga qui accuse le président sortant Mwai Kibaki de lui avoir volé la victoire à la présidentielle du 27 décembre, une personne a été tuée. Elle a été atteinte par une balle perdue quand les forces de sécurité ont ouvert le feu pour disperser des manifestants dénonçant les tueries dans d'autres régions, a-t-on indiqué de source policière.
A Naivasha (90 km au nord-ouest de Nairobi), la tension était extrême lundi à la mi-journée, a constaté une journaliste de l'AFP. La quasi-totalité des commerces de la ville étaient fermés.
Des tirs étaient entendus dans la ville et des habitants fuyaient, terrorisés par de possibles nouvelles violences. Plus tôt, des barricades, rapidement démantelées par les forces de sécurité, avaient été érigées dans la cité.
Dimanche, 23 personnes ont été tuées à Naivasha, dont 14 brûlées vives dans leur maison.
155 personnes accusées de meurtres et d'incendies volontaires ont été arrêtées dimanche soir à Nakuru et Naivasha, a annoncé lundi le chef de la police kényane, Mohamed Hussein Ali.
Au total, 1.177 personnes vont comparaître dans la Vallée du Rift, principalement pour meurtres, dans les prochaines semaines, a ajouté le policier, selon qui la police "contrôle la situation"
"Nous avons déployé assez de policiers dans le pays pour rétablir la stabilité", a-t-il affirmé.
"Les accrochages semblent être de teneur ethnique. Les différentes communautés se vengent entre elles", a commenté le chef de la police.
La quasi-totalité des victimes ont été enregistrées dans la province de la Vallée du Rift où les violences post-électorales viennent s'ajouter, et largement se confondre, à d'autres plus anciennes, liées à des conflits fonciers et ethniques récurrents.
Le Kenya, un des pays d'Afrique les plus stables jusqu'à la fin de l'année dernière, traverse une crise majeure née de la contestation du résultat de la présidentielle.
En un mois, plus de 900 personnes ont été tuées dans les violences post-électorales et environ 250.000 personnes ont été déplacées.
La persistance des violences depuis un mois a amené le président de la Commission de l'Union africaine (UA), Alpha Oumar Konaré, a faire état dimanche de son inquiétude sur l'avenir du pays.
"Nous avons reçu le message de notre envoyé spécial, (l'ancien secrétaire général de l'ONU) Kofi Annan, qui fait état de graves et systématiques violations des droits de l'Homme, nous sommes interpellés et inquiets de cette situation", a déclaré M. Konaré, avant de s'interroger: "On parle de génocide... à quoi aura servi le Rwanda?"
M. Annan, arrivé au Kenya mardi, a réussi à organiser jeudi une première rencontre publique entre MM. Kibaki et Odinga, sans parvenir jusqu'à présent à obtenir un arrêt des affrontements.
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