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Kenya: situation toujours tendue dans la Vallée du Rift

Par Elizabeth Kennedy AP - Samedi 26 janvier, 18h37

NAKURU, Kenya - La situation restait tendue samedi au Kenya, où la police a déposé seize corps carbonisés à la morgue de Nakuru, capitale provinciale de la Vallée du Rift, dans l'ouest du pays. La région est le théâtre depuis vendredi de nouvelles violences liées à la contestation des résultats de la présidentielle.

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En deux jours, au moins 25 personnes ont été tuées dans la quatrième ville du pays, selon le dernier bilan. Des habitants chassés de leur maison ont menacé de se venger après de violentes batailles de rue. "Nous prévoyons de nous venger, nous cherchons des armes", a prévenu un jeune homme de 23 ans, qui a trouvé refuge avec des centaines de personnes dans une église catholique.

La situation a dégénéré en affrontements entre groupes ethniques, avec d'un côté des membres de l'ethnie kikuyu du président Mwai Kibaki, et de l'autre les Kalenjin, qui soutiennent le chef de l'opposition Raila Odinga, lui-même luo. Ce dernier conteste la réélection du chef de l'Etat. Selon des observateurs locaux et internationaux, le dépouillement a été marqué par des irrégularités après le scrutin du 27 décembre.

Des hommes ont éclaté en sanglots à la morgue de Nakuru en voyant des policiers décharger les corps carbonisés. Ces derniers jours, des centaines de maisons ont été incendiées. "Je n'ai jamais vécu cela dans mon pays", a raconté un homme, le visage marqué par le chagrin. "Je prie juste pour que nos dirigeants cessent cette chose immédiatement".

Dans le principal hôpital de la ville, des dizaines de patients blessés à coups de machettes et de flèches étaient allongés, deux par lit. Le visage d'un homme était recouvert de points de suture, comme s'il avait été tailladé. Les draps étaient couverts de sang.

Michael Ndegwa, 21 ans, a raconté qu'il avait cru voir un cadavre samedi matin alors qu'il marchait en ville. Mais en s'approchant, le corps tremblait. "Il était allongé sur le bord de la route", a-t-il ajouté à l'hôpital, assis aux côtés de l'homme, Steven Mwangi. "Je l'ai porté ici. Je pensais qu'il était mort". Mwangi, dont le front, l'oreille et le nez étaient bandés, a gardé les yeux fermés pendant les soins, alors que des larmes coulaient sur son visage.

La ville avait jusqu'à présent été épargnée par les violences. Les troubles ont éclaté jeudi à l'issue des premières discussions entre MM. Kibaki et Odinga. Juste après la rencontre, le président avait insisté sur le fait que sa fonction n'était pas négociable.

Des soldats patrouillaient les rues de Nakuru et un couvre-feu nocturne a été imposé. Un barrage gardé par des jeunes armés de bâtons bloquait une route samedi. A Naivasha, également dans la Vallée du Rift, des dizaines de jeunes se sont rendus de maison en maison, et deux personnes ont été battues à mort à la hache, selon des témoins. Selon la police, un homme a été tué et un second gravement blessé.

L'ancien secrétaire général des Nations unies Kofi Annan, qui joue les médiateurs entre les deux parties, s'est rendu samedi dans la Vallée du Rift. Il a survolé Nakuru et d'autres secteurs où des milliers de maisons ont été détruites. Il a demandé l'ouverture d'une enquête pour déterminer les responsabilités dans les violences qui ont touché la région.

"S'il y a des gens qui incitent d'autres à la violence ou encouragent le chaos, ils doivent savoir que ce n'est pas acceptable et que des mesures seront prises", a souligné Kofi Annan, qui s'est rendu en hélicoptère à Molo, où 50.000 personnes ont été chassées de leurs maisons, selon la Croix-Rouge kényane. AP

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