Le procureur général du Kenya demande un nouveau décompte des bulletins de vote
LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 03.01.08 | 07h45  •  Mis à jour le 03.01.08 | 18h08

e procureur général du Kenya, Amos Wako, a proposé jeudi 3 janvier un décompte indépendant des bulletins de vote pour sortir le pays de la crise née de la réélection contestée du président sortant Mwai Kibaki. "Il est nécessaire (...) qu'un décompte juste des bulletins valides soit entrepris immédiatement et de façon prioritaire par une personne ou un organisme indépendant et faisant consensus", a-t-il estimé dans une déclaration lue à la télévision.

La crise dans laquelle s'enfonce le Kenya depuis le scrutin du 27 décembre inquiète de plus en plus la communauté internationale. Washington, Londres, l'ONU et l'UE ont lancé des appels au calme. Mais la visite du président du Ghana et de l'Union africaine (UA), John Kufuor, qui devait mener jeudi à Nairobi une médiation avec le chef de la mission du Commonwealth, a été annulée. Et l'ancien président de la Sierra Leone, Ahmed Tejan Kabbah, à la tête de la mission d'observation du Commonwealth pour les élections générales, a quitté Nairobi jeudi, laissant mal augurer d'une médiation conjointe des deux organisations.

LE RASSEMBLEMENT DE L'ODM REPORTÉ

Un porte-parole du gouvernement avait averti mercredi que "le Kenya n'est pas en guerre et n'a besoin ni de médiateurs ni de forces de maintien de la paix", et que si"le président Kibaki est prêt à parler avec tous et à tout moment", "la discussion ne signifie pas médiation ou cessez-le-feu". Le camp présidentiel n'aurait pas apprécié que l'annonce de cette médiation conjointe UA-Commonwealth soit faite par la Grande-Bretagne, l'ancienne puissance coloniale.

Le Mouvement démocratique orange (ODM) de Raila Odinga, rival malheureux du chef de l'Etat à la présidentielle, a dû renoncer au dernier moment au rassemblement qu'il prévoyait à Nairobi jeudi et que les autorités avaient interdit. La manifestation a été reportée au 8 janvier, devant l'ampleur du dispositif policier empêchant les partisans d'Odinga de se rendre à la manifestation. Les policiers, en tenue anti-émeute, ont notamment bloqué les accès au parc Uhuru, dans le centre-ville, où était prévue la manifestation, et à Kibera, plus grand bidonville de la capitale, et dont M. Odinga est le député. Devant les barricades en feu, ils ont utilisé des canons à eau, tiré en l'air à balles réelles et eu recours aux gaz lacrymogènes.

A Kisumu, ville de l'ouest du pays considérée comme un fief de l'opposition, la police a annoncé l'arrestation de Shabir Shabeer et Olago Aluoch, députés de l'ODM accusés d'avoir incité les partisans de M. Odinga à manifester dans les rues. Les autorités ont également annoncé la mort de quatre personnes, jeudi, portant à 346 le nombre de tués dans les violences politiques et ethniques commencées la semaine dernière, selon un bilan établi par l'AFP à partir de sources policières et hospitalières.



Londres envoie 1 million de livres d'aide aux victimes de la crise au Kenya

Le gouvernement britannique a annoncé jeudi 3 janvier l'octroi d'une aide d'urgence d'un million de livres (1,34 million d'euros) pour les victimes des violences qui secouent le Kenya depuis l'élection présidentielle du 27 décembre.

L'argent, qui sera distribué par l'intermédiaire de la Croix-Rouge, couvrira la fourniture de denrées alimentaires, d'abris, d'eau potable et de soins sanitaires pour venir en aide au demi-million de personnes déplacées (selon une estimation de Londres), a indiqué le ministère du développement international. L'aide britannique est accordée dans le cadre d'un appel lancé par la Croix-Rouge kényane destiné à lever 5,6 millions de dollars. – (Avec AFP.)