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Kenya : La politique divise les ethnies
Appartenance tribale et politique se recoupent au Kenya. Ce sont donc essentiellement les Kikuyu, partisans du président de Mwai Kibaki, qui ont été victimes des violences perpétrées par les Luo, ethnie de Raila Ondinga qui conteste les résultats de l'élection présidentielle. Reportage dans l'ouest du pays.

(Syfia Kenya) - Les nombreux barrages tendus sur les routes de l’ouest du Kenya ont été enlevés ces derniers jours. Les troncs brûlés et les pneus calcinés attestent de leur nombre. Mais les bandes de jeunes armés de pierres, de bâtons et de machettes qui rançonnaient les véhicules au cri de ‘Pas de Raila, pas de paix !’, sont toujours là et leur discours reste inchangé.

Début janvier, la semaine d'émeutes, qui a suivi l'annonce des résultats de l'élection présidentielle contestés par Raila Odinga et son parti, le Mouvement démocratique orange (Odm), a fait plus de 600 morts et 250 000 déplacés. Depuis la situation s'est calmée, mais la nomination, le 13 janvier, par le président kenyan, Mwai Kibaki, d'un nouveau cabinet presque entièrement composé de ses alliés politiques a remis le feu aux poudres. L'opposition a aussitôt annoncé, pour les 16-17 et 18 janvier, des manifestations dans trente villes du pays vite déclarées illégales par le gouvernement. A nouveau, la tension monte. Ce mardi 15 janvier, Koffi Annan est arrivé à Nairobi pour une nouvelle tentative de médiation. ‘Ce n’est pas une guerre tribale. C’est un combat pour la démocratie. Nous pensons que Kibaki a volé les élections et que Raila est notre vrai président. Ceux qui ont voté pour Kibaki ont eux aussi volé les élections. Ils ne méritent pas de rester au Kenya. Qu’ils partent’, enrage un jeune déjà ivre à 11 h du matin sur la route à l'entrée de Busia à la frontière ougandaise.

De fait, tous les Kikuyu - l’ethnie du président Kibaki - ont déjà quitté la région de Kisumu, sur les rives du lac Victoria, bastion du chef de l’opposition, Raila Odinga, un Luo. Les plus chanceux ont atteint Nakuru et Nairobi, sur les hauts plateaux du centre du Kenya, où ils sont majoritaires. Les autres sont toujours amassés dans les postes de police et dans les églises où ils ont cherché protection. L'un d'eux, David Maena, un pasteur de l’Église réformée d’une cinquantaine d’années, a le visage creusé et les traits tendus. ‘Dès que les résultats du scrutin ont été annoncés, ces groupes de Luo ont commencé à entrer dans les maisons des Kikuyu, à battre nos femmes et nos enfants et à nous chasser. Ces gens qui nous ont fait cela sont toujours ici’, se lamente-t-il. ‘C’est une commotion ethnique, commente un officier. Dès le lendemain du scrutin, des gens ont été lynchés le long de la route’.

Plus de 5 mille Kenyans ont fui et sont hébergés dans des écoles en Ouganda. ‘Je suis née dans la vallée du Rift. Je n’ai nulle part où aller. Nous avons été chassés par les Luo. Nos propriétés ont été brûlées, des gens ont été tués’, explique Peter Karanja, assis sur un banc dans une école de Busia. ‘Tous les cinq ans environ, c’est-à-dire à chaque nouvelle élection, ce genre de chose arrive, explique pour sa part un professeur. On a été chassé durant les élections de 1992 ainsi qu’en 1997. Mais cette fois-ci était la pire. Rien n’a été épargné. Ils ont tué les gens avec des lances et des machettes. Ils ont même brûlé des églises. Cette fois, je ne reviendrai pas.’ A l'arrivée à Kisumu, la capitale de l’ouest du Kenya, tout le monde se tait, même le chauffeur. Les rues sont désertes, presque tous les magasins sont éventrés, pillés et certains brûlés. Les rues sont jonchées d’emballages.

Assis, accablé, devant les ruines calcinées de son magasin de produits électroniques, Ismaël s’interroge : ‘Nous sommes surpris car nous voyons environ dix magasins brûlés, d’autres ont été pillés, d’autres n’ont pas été touchés. Nous ne comprenons pas cette sélection’. Selon un avocat de Nairobi attablé dans un des hôtels restés ouverts, les commerces détruits étaient sur une liste où figuraient tous ceux qui étaient soupçonnés d’avoir travaillé avec le parti pour l’Unité nationale du président Kibaki ou tout simplement d’avoir voté pour lui. Y figuraient aussi ceux de sa tribu, les Kikuyu.

Dans les cafés de la ville, on commente la situation. ‘Les Kikuyu ont volé ces élections. Ils n’ont rien à faire chez nous’, lance une femme d’âge mûr, suscitant un murmure d’approbation. Dans l’un des bus envoyés par le gouvernement sous escorte militaire pour évacuer les habitants réfugiés dans le commissariat, Ivan Kaleoke, dont le minibus a été brûlé durant les émeutes, analyse les évènements : ‘Les Luo espéraient que leur candidat serait élu.

Durant le décompte des résultats du scrutin, ils ont vu que des gens avaient voté pour Kibaki. Ils savaient que ce ne pouvait pas être des votes Luo, car ils ont tous voté pour Raila Odinga. Ils ont donc accusé les Kikuyu et depuis c’est la guerre’.

Les signes précurseurs de ces violences ethniques ne manquaient pas. ‘Il y avait des meetings dans cette ville avant les élections. Raila Odinga leur disait que les Kikuyu ne pêchent pas le poisson du lac mais que ce sont eux qui en récoltent la pêche, car les usines de transformation du poisson sont dans le centre du pays… Des jeunes gens nous disaient que nous devions préparer nos bagages…’, se souvient Ivan.

Plus au nord, dans la région d’Eldoret, ce sont les Kalenjin, qui ont mené des opérations de ratissage politico-ethnique contre les Kikuyu, avec qui ils étaient déjà entrés en conflit dans les années 1990.

Claude Adrien de MUN

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