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Le Kenya en proie aux violences après la réélection du président Kibaki

Par Katharine Houreld AP - Lundi 31 décembre, 16h20

NAIROBI - Au lendemain de l'annonce des résultats de la présidentielle au Kenya, le bilan des violences s'est alourdi lundi, passant à au moins 125 morts, alors que des informations faisaient état d'ordres donnés aux policiers pour qu'ils tirent à vue sur les manifestants contestant la réélection de Mwai Kibaki.

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Plusieurs personnes ont été visées par des tirs, principalement dans les bidonvilles de Nairobi, la capitale, et à Mombasa, alors que des camions transportant des policiers armés tentaient de contenir les protestataires. Trois responsables de la police ont indiqué à l'Associated Press avoir reçu l'ordre de tirer sur les manifestants, ce qui a entraîné une division au sein des policiers, certains prenant le parti des manifestants. L'information a toutefois été démentie par un porte-parole du gouvernement.

Le leader de l'opposition Raila Odinga a comparé le président Kibaki à un dictateur militaire, tandis que ses partisans faisaient face aux forces de l'ordre dans les bidonvilles de la capitale. "Il n'y a aucune différence entre lui et Idi Amin, et d'autres dictateurs qui ont pris le pouvoir par la force", a déclaré Raila Odinga lors d'une conférence de presse.

Donné en tête lors des premiers résultats et dans les sondages, ce dernier rejette les résultats officiels. Il a reporté une cérémonie au cours de laquelle il envisageait de se déclarer "président du peuple" lundi dans le parc Uhuru, lieu de rassemblement des partisans de la démocratie depuis le début des années 90. L'événement avait été interdit par la police, qui avait déployé des forces anti-émeute tout autour du parc. En revanche, Raila Odinga a appelé un million de personnes à se rassembler jeudi.

M. Kibaki, 76 ans, a été investi presque immédiatement après la proclamation des résultats dimanche, déclenchant aussitôt des violences dans les bidonvilles de la capitale, fief de milliers de partisans de l'opposition.

"Nous n'allons pas accepter la défaite", prévenait lundi James Onyango, 24 ans, habitant du bidonville de Kibera. "Nous sommes prêts à mourir et nous nous attendons à de graves massacres."

Selina Angeyo, 14 ans, vivant également à Kibera, a affirmé que la police avait tiré sur son frère, touché à l'estomac, et un autre homme. Après avoir parlé à la presse, elle a été arrêtée et emmenée.

Un journaliste de l'Associated Press a vu un homme touché à la tête, transporté dans une couverture vers la morgue. Selon des témoins, il aurait été tué par la police.

Des équipes de police anti-émeute ont tiré en l'air et lancé des gaz lacrymogènes dans des maisons et des commerces. "Nous tentons d'échapper aux tirs", a expliqué Dorothy Nyangasi, tout en versant de l'eau sur les yeux de son bébé de six mois, Daniel.

Quelque 14 des 36 millions de Kenyans ont voté jeudi dernier à l'issue d'une campagne axée sur la corruption, que M. Kibaki avait déjà promis d'éradiquer il y a cinq ans. Le président sortant avait succédé en 2002 à Daniel Arap Moi, que la Constitution empêchait de se représenter après 24 ans passés au pouvoir et des réélections marquées par des accusations de fraude en 1992 et 1997.

Indépendant depuis 1963, le Kenya est l'un des pays les plus développés d'Afrique, avec une industrie du tourisme en pleine expansion et l'un des taux de croissance les plus dynamiques. Pour nombre d'observateurs, ces élections auraient dû servir de test pour ce qui reste une jeune démocratie. AP

ljg/pyr/v/tl

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