NAIROBI (AFP) - La police a tiré mercredi à Nairobi sur des partisans de l'opposition, blessant trois d'entre eux, tandis que les forces de l'ordre tentaient de contenir plusieurs manifestations dans la capitale et en province.
Le chef de l'opposition, Raila Odinga, a maintenu son appel aux manifestations qu'il a annoncées pour mercredi, jeudi et vendredi, et qui ont été interdites par la police.
A Nairobi, des policiers ont tiré sur des opposants qui tentaient de sortir du bidonville de Kibera pour aller manifester dans le plus grand parc du centre-ville. Trois hommes ont été blessés aux jambes par balles, a constaté un journaliste de l'AFP.
L'appel à manifester de M. Odinga contre la réélection contestée du président Mwai Kibaki était inégalement suivi mercredi midi, la police réprimant des petits groupes de manifestants en province et à Nairobi, mais le chef de l'opposition a réaffirmé sa détermination.
"Rien ne nous empêchera d'organiser de telles manifestations. Nous poursuivrons jusque dans la ville", a déclaré le candidat malheureux à la présidentielle, lors d'une conférence de presse à Nairobi.
Dès l'aube, mercredi, la police avait cantonné les protestataires dans leurs quartiers, loin des centres-villes, selon une méthode éprouvée début janvier.
A la mi-journée, cet appel était inégalement suivi dans le pays, quelques rassemblements étant signalés notamment dans l'ouest, fief de l'opposition.
Ainsi à Eldoret, un millier de manifestants étaient rassemblés au centre-ville, alors que des milliers d'autres convergeaient vers l'agglomération.
A Nairobi, commerces et transports en commun fonctionnaient normalement à la mi-journée.
Dans le bidonville de Kibera, où trois opposants venaient d'être blessés par la police, une cinquantaine d'autres brandissaient des tissus en flammes, selon un correspondant de l'AFP. On était bien loin, cependant, des centaines de partisans de l'opposition qui avaient tenté le 3 janvier de gagner le centre-ville lors d'un précédent appel à manifester, frappé d'interdiction lui aussi.
A Mombasa (est), deuxième ville du pays, la police a dispersé en lançant des grenades lacrymogènes deux groupes de 150 manifestants chacun qui tentaient de gagner un des stades de la ville, selon un commandant de la police locale, Wilfred Mbithi.
Dans l'ouest, bastion électoral de M. Odinga, des groupes de manifestants, très localisés, ont érigé des barricades et faisaient face aux forces de l'ordre en divers endroits.
Quelque 200 partisans du Mouvement démocratique orange (ODM) de M. Odinga ont ainsi incendié des barricades sur les grands axes de sortie de Kisumu, l'une des villes les plus touchées par les violences post-électorales de ces deux dernières semaines, la police les empêchant de rallier le centre-ville, a-t-on appris de source policière.
Ces manifestations interviennent au lendemain de la victoire hautement symbolique du Mouvement démocratique orange (ODM) de M. Odinga qui a emporté le siège prestigieux de président de l'Assemblée nationale.
L'élection de Kenneth Marende au perchoir, d'une courte avance de quatre voix sur le candidat du camp présidentiel, avait été saluée par des clameurs dans les villes d'Eldoret et de Kisumu.
Les Etats-Unis ont "applaudi" mardi soir cette élection, estimant qu'elle "montre aux deux parties qu'elles peuvent et doivent se réunir".
De son côté, le gouvernement kényan a assuré mercredi que les médiateurs africains étaient les bienvenus, bien loin de ses précédentes prises de position, quand il estimait que la crise kényane ne nécessitait pas de médiation internationale.
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