NAIROBI (AFP) - Au moins 34 personnes ont été tuées lors de nouveaux affrontements en majorité interethniques dans l'ouest du Kenya, où la situation restait explosive lundi, malgré les efforts de médiation de Kofi Annan pour stopper la spirale meurtrière née de la contestation électorale.
Au total, au moins 164 personnes ont été tuées depuis jeudi soir au Kenya.
Dans la seule journée de lundi, au moins neuf personnes ont été tuées dans l'ouest du pays (Kisumu, Kericho, Nakuru et Burnt Forest), dans des affrontements interethniques et lors d'opérations de la police, selon la police.
Un peu plus tôt, la police avait rapporté la mort dans la nuit dimanche à lundi de 25 personnes, la plupart tuées dans des affrontements tribaux dans les villes de Nakuru et Naivasha, dans la province de la Vallée du Rift (ouest).
A Naivasha (90 km au nord-ouest de Nairobi), la tension était extrême lundi, a constaté une journaliste de l'AFP. Des tirs ont été entendus dans la matinée et la quasi-totalité des commerces de la ville étaient fermés.
Un face à face tendu, sous surveillance policière, avait lieu sur la route autour du lac Naivasha entre une centaine de Kikuyus, armés de planches et de bâtons, et 200 personnes de l'ethnie Luo, qui ont été depuis dimanche chassées de chez elles par des Kikuyus.
"On veut que les Luos s'en aillent d'ici parce qu'ils nous ont expulsés de Kisumu et d'Eldoret", a déclaré à l'AFP James, un Kikuyu.
Cent-cinquante-cinq personnes accusées de meurtres et d'incendies volontaires ont été arrêtées dimanche soir à Nakuru et Naivasha, a annoncé lundi le chef de la police kényane, Mohamed Hussein Ali.
"Nous avons déployé assez de policiers dans le pays pour rétablir la stabilité", a-t-il affirmé en soulignant que les accrochages "semblaient être d'ordre ethnique". "Les différentes communautés se vengent entre elles", a-t-il dit.
La quasi-totalité des victimes ont été enregistrées dans la Vallée du Rift où les violences post-électorales viennent s'ajouter, et largement se confondre, à d'autres plus anciennes, liées à des conflits fonciers et ethniques récurrents que le pouvoir kényan n'a jamais pu résoudre depuis l'indépendance du pays en 1963.
Le Kenya, un des pays d'Afrique les plus stables jusqu'à la fin de l'année dernière, traverse une crise majeure née de la contestation par le chef de l'opposition Raila Oinga (un Luo, soutenu par plusieurs ethnies) de la réélection du président Mwai Kibaki (un Kikuyu) lors de la présidentielle du 27 décembre.
En un mois, plus de 900 personnes ont été tuées et environ 250.000 personnes déplacées.
Lors d'un point de presse à Addis Abeba, le secrétaire général du Mouvement démocratique Orange (ODM, parti d'Odinga), Anyang Nyongo, a appelé les dirigeants de l'Union africaine à exclure M. Kibaki de leur sommet qui s'ouvre jeudi en Ethiopie.
A Nairobi, le président de l'ODM, Henry Kosgei, a lui une nouvelle fois accusé le gouvernement kényan d'inciter à des actes de génocide en laissant selon lui des civils à la merci de milices armées.
Face à la persistance des violences malgré les efforts de médiation de l'ancien secrétaire général de l'ONU Kofi Annan, depuis le 22 janvier au Kenya, l'Union européenne a menacé de réduire son aide à ce pays si les parties ne trouvent pas "une solution politique durable et consensuelle" à la crise. 383 millions d'euros doivent être alloués par l'UE à ce pays pour la période 2008-2013.
M. Annan, qui agit sous l'égide de l'UA, a réussi à organiser jeudi dernier une première rencontre entre MM. Kibaki et Odinga, qu'il avait qualifiée de "premier pas" dans la résolution de la crise, mais sans parvenir jusqu'à présent à obtenir un arrêt des affrontements.
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