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Le Kenya de ces temps troublés est-il un candidat pour cette qualification ? Dans un pays où les lignes de fracture politiques recoupent les découpages ethniques, au grand dam d'une partie de la population qui refuse de se laisser happer dans une machine entretenue par les leaders des partis, il serait tentant, mais faux, de le croire. Même lorsqu'intervient un drame terrible à forte charge symbolique, comme celui qui s'est produit, lundi 31 décembre, dans l'ouest du pays, près de la ville de Nakuru.
De cette analogie d'images, de cet écho d'émotions, est né un malentendu confinant à la malhonnêteté, entretenue par des responsables kényans. Kivutha Kibwana, ministre des terres, accuse : "Il devient de plus en plus évident que ces actes de génocide et de nettoyage ethnique bien organisés ont été soigneusement préparés et répétés par les dirigeants de l'ODM (Mouvement démocratique orange, opposition) avant les élections."
Raila Odinga, chef de l'ODM, lui a emboîté le pas sans complexe. Jeudi après-midi, empêché de tenir un rassemblement de ses partisans, il s'est rendu à la morgue municipale de Nairobi, assénant ce commentaire : "Ce que nous venons de voir est au-delà de toutes les descriptions. Nous pouvons seulement décrire ceci comme un génocide à grande échelle."
Un homme, au sein de l'opposition, finit tout de même par résister à la spirale de la folie des accusations, source presque certaine de nouvelles violences à venir. Peter Anyang'Nyong'o, secrétaire général de ODM, vient d'échapper aux gaz lacrymogènes de la police anti-émeutes. Il corrige le tir : "Je ne pense pas que le Kenya ait atteint ce niveau."