
e Mouvement démocratique orange (ODM), principal parti kényan d'opposition, a dû renoncer au rassemblement qu'ils avait prévu d'organiser à Nairobi, jeudi 3 janvier, et que les autorités avaient interdit. La manifestation est reportée au 8 janvier, a indiqué un responsable du parti, William Rut.
Depuis plusieurs heures, la police n'avait eu de cesse, jeudi, de disperser, par la force, des
centaines de manifestants qui convergeaient vers le centre de la capitale pour ce
rassemblement convoqué par Raila Odinga, le leader de l'opposition, défait à la
présidentielle du 27 décembre. Des milliers de policiers avaient été déployés.
Les policiers, en tenue anti-émeute, ont utilisé des canons à eau, tiré en l'air à balles réelles et ont eu recours
aux gaz lacrymogènes en direction de partisans de M. Odinga, rassemblés
autour de barricades en feu aux abords du bidonville de Kibera, l'un
des fiefs du chef de l'opposition.
Tous les accès au bidonville de Kibera - le plus grand de la ville et
dont M. Odinga est le député - avaient été bloqués par la police
anti-émeute et la police paramilitaire (GSU). Dans le centre-ville, des membres de la GSU ont pris position tout
autour du parc Uhuru, où M. Odinga avait demandé à ses partisans de se
rassembler. Raila Odinga espérait une mobilisation massive de ses partisans ce jeudi à Nairobi, qui aurait constituer pour lui "le début d'un long processus", avait-il annoncé.
"LE KENYA N'EST PAS EN GUERRE"
La crise au Kenya qui a déjà fait plus de 340 morts - et dont MM. Odinga et Kibaki se rejettent la responsabilité - inquiète la communauté internationale, qui s'est notamment manifestée par des appels au calme lancés par Washington, Londres, l'ONU et l'UE. En Afrique, John Kufuor, président du Ghana, qui assure la présidence de l'Union africaine, se préparait mercredi à une mission de médiation en collaboration avec le chef de la mission du Commonwealth, Ahmed Tejan Kabbah. Mais un porte-parole du gouvernement a déjà averti que "le Kenya n'est pas en guerre
et n'a besoin ni de médiateurs ni de forces de maintien de la paix". De même source on indique que si"le président Kibaki est prêt à parler avec tous et à tout
moment", "la discussion ne signifie pas médiation ou cessez-le-feu".
L'archevêque sud-africain Desmond Tutu est également arrivé à Nairobi pour offrir son aide. La militante écologiste kényane et Prix Nobel de la paix 2004 Wangari Maathai a, de son côté, appelé le président Kibaki à "tendre la main à l'honorable Raila (Odinga)" pour enrayer la vague de violences politico-ethniques.
Les faits les plus graves sont rapportés dans l'ouest et le sud-ouest du pays, où les accusations de nettoyage ethnique se multiplient : à Kericho, deux policiers ont été tués par des jeunes armés d'arcs et de flèches ; à Kisumu, les corps de huit personnes, tuées dans des bidonvilles, ont été amenés à la morgue mercredi matin. Douze cadavres ont également été apportés dans la nuit à une morgue d'Eldoret.