"Le Kenya s'est transformé en bombe à retardement"
LEMONDE.FR | 31.12.07 | 09h48  •  Mis à jour le 31.12.07 | 12h32

e veux rester ici, au Kenya. Oui, je veux rester, même si chaque partie de mon corps me dit que je ne devrais pas." Dans The Daily Nation, le principal quotidien kényan, la journaliste Mildred Ngesa, comme beaucoup, se dit déçue par le résultat de l'élection présidentielle

Depuis l'annonce de la victoire du président sortant, Mwai Kibaki, des émeutes ont éclaté à Nairobi et dans les villes de l'ouest du pays, faisant au moins quinze morts, dimanche 30 décembre. "En quelques jours, le pays s'est transformé en bombe à retardement qui risque d'exploser bientôt", note Mildred Ngesa. Pour elle, le problème ne vient pas des Kényans eux-mêmes, peuple "pacifique", mais de "ceux qui sont et qui ont toujours été aux commandes du pays, les assoiffés de pouvoir, ceux qui prennent la responsabilité de décider pour les millions d'autres citoyens".

"ON RETROUVE LA MÊME BIPOLARITÉ POLITIQUE"

Pour le quotidien The Standard, c'est l'organisation des élections qui est en cause."Beaucoup de Kényans se posent la question de l'intégrité et de l'honneur de la commission électorale dans son rôle de garant d'élections libres, justes et transparentes." Sa faute : "avoir tardé à annoncer les résultats de la présidentielle".

"La commission a jeté de l'huile sur le feu quand son président, Samuel Kiviutu, a déclaré qu'il ne possédait pas tous les résultats, les responsables de certaines régions refusant de les lui donner, explique l'hebdomadaire The East African. Il n'arrivait pas à les joindre car ils avaient éteint leurs téléphones portables."  Au final, ces élections sont une déception. "On espérait l'arrivée d'une nouvelle génération de leaders, affirme le journal, et on retrouve la même bipolarité politique qu'avant."

"C'est l'élection la plus serrée de toute l'histoire du Kenya, note le Daily Nation dans son éditorial. Le vainqueur a perdu plus de la moitié de son cabinet alors que l'opposition a gagné près de cent nouveaux sièges et obtient la majorité au Parlement. C'est aussi le résultat le plus controversé depuis le retour à un système multipartite. Le gouvernement doit faire face à un test de légitimité."

Le quotidien ougandais, le Daily Monitor, va jusqu'à citer Joseph Staline : "Ce ne sont pas ceux qui votent qui décident. Ce sont ceux qui comptent les votes".


Marie Maurisse