NAIROBI (Reuters) - Le parti de l'opposant Raila Odinga s'est assuré mardi le poste de président du nouveau Parlement kényan, confirmant sa suprématie à l'Assemblée et laissant prévoir des difficultés parlementaires pour Mwai Kibaki après sa victoire contestée à la présidentielle du 27 décembre.
Après trois tours de scrutin, Kenneth Marende, candidat du Mouvement démocrate Orange (ODM), a été élu au "perchoir" à la majorité simple à l'occasion de la première séance de la nouvelle Assemblée depuis les violences politico-ethniques provoquées par le résultat du scrutin présidentiel, qui ont fait plus de 600 morts.
Marende a obtenu 105 voix, contre 101 au candidat du gouvernement, Francis ole Kaparo, qui présidait l'Assemblée sortante. Ce mince écart pourrait engendrer des blocages parlementaires auxquels se heurteraient d'importants projets de loi.
Avec 99 élus sur 222 sièges, le Mouvement démocratique orange (ODM) d'Odinga, qui conteste la réélection de Kibaki, est aujourd'hui la première force parlementaire.
Le Parti de l'unité nationale (PNU) de Kibaki ne compte que 43 députés mais table sur le soutien d'autres partis pour surmonter son handicap face à l'ODM.
Par ailleurs, l'ancien secrétaire général de l'Onu Kofi Annan, qui était attendu mardi à Nairobi, a reporté de plusieurs jours la médiation qu'il devait y entamer, pour cause de grippe, a fait savoir son secrétariat.
La séance parlementaire, qui a duré six heures, a mis en évidence le ressentiment suscité par la réélection de Kibaki.
BOUCLAGE DU SECTEUR PARLEMENTAIRE
Avec force protestations, les élus de l'ODM ont exigé que l'élection du président de l'Assemblée soit publique. "Nous avons eu des élections nationales à bulletins secrets et vous avez truqué le scrutin", a affirmé en leurs noms William Ruto.
Les députés alliés à Kibaki s'y sont opposés, arguant que le vote avait toujours eu lieu à bulletins secrets, et ont lancé un appel au calme, jugeant déshonorante la conduite des élus de l'ODM pour les victimes des émeutes du début du mois.
Les accès du Parlement, situé dans le centre de Nairobi, avaient été fermés et la police en tenue anti-émeute avait bouclé le périmètre avant l'ouverture de la séance inaugurale.
La séance inaugurale du Parlement a ouvert une nouvelle période de tensions, l'ODM ayant annoncé trois jours de manifestations à l'échelle nationale à compter de mercredi.
La police a interdit ces rassemblements et de nombreux expatriés quittent Nairobi et d'autres villes en prévision de troubles.
Les puissances occidentales, qui ont relevé des irrégularités lors de l'élection présidentielle, exhortent les deux camps à s'entendre sur un partage du pouvoir.
L'Union européenne a menacé lundi soir de revoir le montant de son aide au Kenya en fonction de son évaluation du déroulement de la présidentielle.
Kofi Annan doit accomplir sa mission de bons offices avec un groupe d'"Africains éminents" pour tenter de favoriser un modus vivendi entre Kibaki et Odinga. Graça Machel, épouse de Nelson Mandela, et l'ex-président tanzanien Benjamin Mkapa doivent se joindre à l'ancien patron de l'Onu.
Médias et organisations civiques ont exhorté les deux camps à faire primer la paix et l'unité nationale sur leurs querelles.
Dans le bidonville de Mathare, à Nairobi, des manifestants scandant "Sans Raila, pas de paix!" ont défié les forces de l'ordre tandis que d'autres reprenaient le mot d'ordre "Kesho", qui signifie demain en swahili, évoquant le rassemblement de mercredi.
Avec Katie Nguyen, Duncan Miriri, version française Jean-Stéphane Brosse, Jean-Philippe Lefief, Philippe Bas-Rabérin
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