Kenya: les émeutes sévèrement réprimées
Après la réélection du président Mwai Kibaki, contestée par l'opposition, des émeutes ont éclatés dans le pays. Bilan: soixante-quatre personnes tuées en moins de 24 heures.
AFP
LIBERATION.FR : lundi 31 décembre 2007
Dès l’annonce dimanche après-midi de la réélection du président Mwai Kibaki, rejetée par son adversaire Raila Odinga, des émeutes ont éclatés au Kenya. Le bilan ne cesse de s’alourdir: soixante-quatre personnes ont été tuées en moins de 24 heures. Ce qui porte à au moins 84 le nombre de morts depuis le 27 décembre, jour des élections générales kényanes, selon un bilan établi de sources policières et auprès de la morgue de Kisumu (ouest).
A Kisumu, fief du candidat de l’opposition à la présidentielle Raila Odinga, les corps de 46 personnes, portant des marques de balles, se trouvaient lundi matin à la morgue de l’hôpital provincial. Sept autres cadavres se trouvaient dans l’enceinte de l’hôpital dans l’attente de leur transfert à la morgue. Un couvre-feu a été imposé dans la ville de 06H00 à 18H00 par la police qui «a reçu l’ordre d’abattre» ceux qui le violerait, a indiqué à l’AFP un haut responsable policier sous couvert d’anonymat.

Dans le centre du pays, à Nakuru, les corps de sept personnes ont été retrouvés par la police. Selon le commandant de police de Nakuru, Stephene Munguti, «ils n’ont pas été tués par la police, il s’agissait de combats entre groupes politiques rivaux». Toujours dans la vallée du Rift, quatre autres personnes ont été tuées dans des affrontements entre groupes rivaux, dans le village de Cheber.

Quelques minutes après l’annonce dimanche de la réélection de Kibaki pour un dernier mandat, élu par 4584721 voix contre 4352993 à son opposant Raila Odinga, des émeutes meurtrières ont embrasé les fiefs de ce dernier, à Kibera, le plus grand bidonville de Nairobi, et dans plusieurs villes de l’ouest du pays. Peu avant l’annonce de sa défaite, Odinga avait accusé le président Kibaki d’avoir fraudé sur au moins 300000 voix, selon les résultats, la différence de voix entre les deux candidats est de 231728 voix. Le camp de Kibaki a démenti toute fraude, accusant en retour les partisans de Odinga d’avoir triché dans leurs fiefs.

Dimanche soir, le Mouvement démocratique orange (ODM) de Odinga a appelé les Kényans à «rejeter» les résultats officiels, invitant la population à un rassemblement lundi en début d’après-midi à Nairobi pour assister «à la présentation à la nation du président du peuple-élu, Raila Odinga». Un rassemblement interdit par la police, qui menace d’arrêter le perdant des élections s’il a lieu. L’ODM n’a toujours pas réagi à cette interdiction lundi midi.



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