NAIROBI (AFP) - Le candidat malheureux à l'élection présidentielle kényane Raila Odinga s'est dit prêt dimanche à un partage du pouvoir avec son rival Mwai Kibaki, à condition que ce dernier reconnaisse sa défaite, tandis que la communauté internationale poursuivait ses efforts de médiation.
La secrétaire d'Etat adjointe américaine aux Affaires africaines, Jendayi Frazer, qui doit rester dans la capitale kényane jusqu'à lundi soir, poursuivait ses consultations avec des responsables des deux camps après s'être entretenue samedi avec le président Mwai Kibaki et l'opposant Raila Odinga.
Dimanche, M. Odinga, qui accuse le président Kibaki de lui avoir volé la victoire, s'est dit prêt à "un partage du pouvoir" avec ce dernier si sa victoire à la présidentielle est reconnue, dans un entretien à la BBC.
"Je n'ai pas de problème avec un partage du pouvoir. Mais je veux qu'il soit su que le problème est la désignation du vainqueur de ces élections", a déclaré M. Odinga.
"Nous ne sommes pas assoiffés de pouvoir (...). Nous voulons un règlement négocié qui apportera une solution durable à ce problème", avait également dit M. Odinga lors d'une conférence de presse à Nairobi.
Samedi, lors d'un entretien avec Mme Frazer, M. Kibaki s'était dit "prêt à former un gouvernement d'union nationale".
M. Odinga a immédiatement rejeté cette proposition, indiquant que l'opposition accepterait de discuter avec le président sur la seule "base de son ancien mandat" et sous les auspices d'un médiateur international.
Commentant les violences, M. Odinga a jugé que "la colère du peuple ne devrait pas être dirigée contre des innocents, mais contre les gens qui ont abusé de leurs droits démocratiques".
De son côté, la communauté internationale poursuivait ses efforts: le Premier ministre britannique Gordon Brown a annoncé dimanche la venue à Nairobi dans les deux jours du président en exercice de l'Union africaine (UA) John Kufuor "pour servir de médiateur".
Un déplacement au Kenya de M. Kufuor, par ailleurs président ghanéen, avait été envisagé la semaine dernière avant d'être abandonné, devant les réticences du camp présidentiel.
Le gouvernement kényan a quant à lui dépêché des émissaires dans plusieurs pays africains, dont le Ghana, pour présenter "une image claire de ce qu'est la situation politique et sécuritaire dans le pays".
Le Kenya est à présent confronté à une crise humanitaire après une semaine de violences politico-ethniques ayant fait au moins 361 morts et entraîné le déplacement de 250.000 personnes depuis la proclamation le 30 décembre de la victoire de M. Kibaki.
Les populations touchées par le déferlement de violences ont besoin d'aide, particulièrement dans la région de la vallée du Rift (ouest), où 100.000 personnes relèvent de l'urgence humanitaire, selon l'ONU.
"Les stocks de nourriture et d'eau potable atteignent un niveau dangereusement bas, particulièrement dans et autour de Kisumu" (ouest), bastion de M. Odinga et ville la plus touchée par les violences, a indiqué le directeur pour le Kenya de l'ONG Merlin, Wubeshet Woldermariam.
Un premier convoi d'aide humanitaire du Programme alimentaire mondial (PAM) de l'ONU, suffisant pour nourrir 70.000 personnes pendant deux semaines, a pu quitter, sous escorte policière, le port kenyan de Mombasa, à destination d'Eldoret (ouest) et de Nairobi, selon un communiqué publié dimanche à Rome.
Quasiment tout acheminement de nourriture est "gelé depuis plusieurs jours dans l'ouest du Kenya "en raison de l'insécurité", a souligné le PAM, rappelant que la crise touche aussi l'Ouganda, l'est de la République démocratique du Congo et le sud du Soudan.
De son côté, le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) a souligné que nombre d'hôpitaux avaient besoin de matériel médical pour traiter les blessés.
Dimanche, le pays, meurtri, tentait de guérir ses blessures avant de reprendre le travail lundi: les Kényans se sont rendus en masse dans les églises tandis que les télévisions diffusaient en boucle un programme intitulé "Priez pour la paix", alternant prêches et images d'archives sur les exploits de leurs athlètes ou le labeur des villageois.
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