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Kenya: au moins douze morts lors de nouvelles violences selon la police

AFP - Jeudi 24 janvier, 09h44

NAIROBI (AFP) - Au moins 12 personnes ont été tuées au Kenya dans la nuit de mercredi à jeudi, dont huit à coups de machettes aux environs de Nakuru (ouest), lors de nouvelles violences entre communautés rivales liées à la réélection contestée du président Mwai Kibaki, a indiqué la police.

Le chef de l'opposition kényane, Raila Odinga, qui revendique la victoire à la présidentielle, s'est dit prêt mercredi à partager le pouvoir avec le président réélu Mwai Kibaki, et son parti a annulé l'appel à manifester jeudi après un entretien avec le médiateur Kofi Annan.

"Six personnes ont été tuées à coups de machettes à Kaptembwa et deux autres à Bahati", deux localités proches de Nakuru, a indiqué à l'AFP un responsable de la police sous couvert d'anonymat.

La police a également tué par balles deux hommes dans la ville de Limuru (centre) quand des membres de l'ethnie kikuyu du président Kibaki ont commencé à chasser de leurs maisons des membres d'autres ethnies, a indiqué sous couvert d'anonymat un officier de la police.

Dans le bidonville de Kariobangi, à Nairobi, un homme a été tué à coups de machette lors d'affrontements entre bandes rivales, selon la police. "Les membres d'une tribu chassent les autres de leurs logements, mais la police intervient pour régler le problème", a expliqué le policier.

Dans la zone de Molo (ouest), des violences ont également fait un mort, selon la police.

Des centaines de villageois fuyaient mercredi leur habitation dans les environs de Molo, une localité à environ 160 km au nord-ouest de Nairobi particulièrement touchée par les violences post-électorales, a constaté une journaliste de l'AFP.

Le centre du village de Nyakinyua (à environ 15 km de Molo) a notamment été entièrement incendié et vidé de ses habitants récemment.

"Nous avons une proposition de Constitution qui prévoit un président et un Premier ministre", a déclaré M. Odinga dans une interview accordée mercredi matin à la télévision allemande ARD.

"Nous sommes prêts à partager le pouvoir avec lui (Kibaki), à ce qu'il reste président et que nous prenions le poste de Premier ministre", a ajouté le candidat malheureux à l'élection présidentielle du 27 décembre, remportée officiellement par M. Kibaki.

Cependant, Anthony Gachoka, un attaché de presse du parti de M. Odinga, le Mouvement démocratique orange (ODM), a affirmé à l'AFP que les propos de M. Odinga avaient été "sortis de leur contexte" et que la chaîne allemande en avait fait "une fausse interprétation".

Le régime est présidentiel au Kenya. En 2005, une réforme constitutionnelle, promise par M. Kibaki lors de son élection en 2002 et prévoyant la création d'un poste de Premier ministre avec des pouvoirs limités, avait été rejetée par référendum.

Dans un signe d'apaisement mercredi soir, l'ODM a annulé l'appel à manifester pour jeudi. Cette décision a été prise à la demande de M. Annan, l'ex-secrétaire général des Nations unies, qui s'est entretenu pendant deux heures mercredi soir à Nairobi avec M. Odinga, a précisé le porte-parole de l'ODM, Salim Lone.

L'ODM, qui dénonce des fraudes massives à la présidentielle, a organisé depuis des semaines plusieurs manifestations, toutes interdites par la police qui les a violemment dispersées. La police avait de nouveau interdit les rassemblements prévus jeudi dans tout le pays.

Les discussions entre MM. Odinga et Annan, arrivé mardi soir à Nairobi, ont été "très utiles et très constructives", selon M. Lone. "Les négociations vont être très difficiles, mais nous sommes déterminés à tout faire pour obtenir un accord (avec M. Kibaki) puisque l'avenir du pays est en jeu", a-t-il ajouté.

L'entretien entre M. Annan et M. Kibaki, qui était initialement prévu pour mercredi après-midi, a lui été reporté à jeudi, selon le porte-parole du gouvernement Alfred Mutua.

Au moins 780 personnes ont été tuées dans des violences post-électorales au Kenya depuis fin décembre. Ces violences entre les partisans de l'opposition et ceux du président Mwai Kibaki, mais aussi entre la police et des manifestants favorables à l'opposition, sont liées à la réélection contestée de ce dernier.

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