NAIROBI (AFP) - La police s'est déployée massivement dans le centre de Nairobi mardi en début de matinée avant l'arrivée du médiateur Kofi Annan et l'ouverture des travaux du Parlement issu des élections générales contestées du 27 décembre, alors que, lundi, le pouvoir et l'opposition kényans sont restés sur une ligne excluant tout compromis.
Tandis que Nairobi attend la visite de l'ancien secrétaire général des Nations unies Kofi Annan pour une nouvelle tentative de médiation, des membres de la police paramilitaire (GSU) ont pris position dans le grand parc du centre-ville proche du Parlement, des policiers anti-émeutes s'installant dans les rues avoisinantes.
Des barrières permettant de couper toute circulation ont été disposées au bord de plusieurs rues du centre-ville.
Le Parlement kényan ne présente aucune majorité claire avec 23 partis se partageant les 222 sièges que compte l'assemblée.
Le Mouvement démocratique orange (ODM) du chef de l'opposition Raila Odinga arrive largement en tête avec 99 élus, suivi du Parti de l'unité nationale (PNU) du président Mwai Kibaki avec 43 élus, selon des résultats de la Commission électorale kényane (ECK).
L'ODM, qui rejette la réélection de M. Kibaki, a déjà fait savoir que ses élus entendaient s'asseoir mardi à la séance d'ouverture sur les bancs réservés au gouvernement. M. Odinga affirme avoir gagné la présidentielle.
C'est dans ce climat surchauffé, alors que l'opposition a appelé à partir de mercredi à des manifestations interdites par la police, que Kofi Annan doit débuter sa médiation, à la tête d'un groupe de "personnalités africaines éminentes".
L'ancien secrétaire général des Nations unies a appelé au calme les protagonistes de la crise, le président Mwai Kibaki, qui a officiellement été réélu lors des élections du 27 décembre, et le chef de l'opposition Raila Odinga, qui conteste sa victoire et affirme avoir gagné.
"Nous demandons à tous un gros travail afin de trouver une solution", a lancé M. Annan dans une déclaration transmise à la presse à Genève.
"Aucune des parties en présence ne doit compliquer la recherche d'une solution négociée par des actes ou des faits sur le terrain", a ajouté M. Annan qui prend le relais du président de l'Union africaine (UA) et chef de l'Etat ghanéen, John Kufuor, qui a échoué la semaine dernière dans sa médiation.
Lundi, le camp présidentiel a donné le ton sur les chances de réussite de la médiation de l'ancien secrétaire général de l'ONU.
"Si Kofi Annan vient, il ne vient pas à notre invitation", a affirmé le ministre des Routes et des Travaux publics, John Michuki. "Nous avons gagné les élections, donc nous ne voyons pas l'objet de la venue de quiconque pour une médiation sur un partage du pouvoir", a-t-il dit.
Concernant les rassemblements de l'opposition, le ministre de l'Intérieur George Saitoti a prévenu lundi que "quiconque organisant ou participant (à une manifestation) en sera tenu pour personnellement responsable et devra en répondre devant la justice".
Mais l'opposition a maintenu son appel à manifester pendant trois jours dans tout le pays à partir de mercredi, jugeant illégale l'interdiction décrétée par la police.
"Quelle loi le chef de la police applique-t-il lorsqu'il dit qu'il a interdit les rassemblements ? Quel texte parlementaire, quelle partie de la Constitution cite-t-il comme lui donnant le droit d'interdire à la population de se réunir ou de participer à des manifestations publiques puisqu'il n'y a pas d'état d'urgence ?", s'est interrogé M. Odinga devant la presse.
Cependant, les appels à la retenue se sont multipliés.
Les Etats-Unis ont invité les deux rivaux kényans à "communiquer" davantage et appelé leurs partisans "à la plus grande retenue", a déclaré le porte-parole du département d'Etat, Sean McCormack, soulignant toutefois que les Kényans devraient avoir le droit de manifester pour "exprimer pacifiquement leur opinion".
La Commission nationale kényane des droits de l'Homme (KNCHR) a aussi appelé les deux parties à la modération. "Si nous voulons que ce pays survive, il est temps de modérer nos opinions et nos sentiments", a déclaré le chef de cette commission, Maina Kiai.
Officiellement, le chef de l'Etat a remporté l'élection, devançant M. Odinga d'à peine plus de 230.000 voix, mais l'ODM a crié à la fraude et les observateurs internationaux ont émis de sérieux doutes sur le dépouillement.
Quelque 700 personnes ont été tuées dans des violences depuis l'annonce du résultat. La crise a également provoqué le déplacement de plus de 255.000 personnes.
Dans ce climat tendu, les enfants kényans ont commencé à reprendre le chemin de l'école lundi.
Toute l'actualtié du Kenya
Copyright © 2008 Yahoo! Tous droits réservés.