NAIVASHA, Kenya (Reuters) - Des affrontements ethniques ont fait au moins dix morts dimanche dans une autre ville de la vallée du Rift, Naivasha, dans l'ouest du Kenya, a rapporté un journaliste de Reuters sur place.
La poursuite des violences menace la médiation de l'ancien chef des Nations unies Kofi Annan qui rencontrait à Nairobi le chef de l'opposition kényane, Raila Odinga.
Un reporter de Reuters a compté à Naivasha dix corps, six carbonisés et les quatre autres tués à l'arme blanche. Il a notamment vu un homme arraché d'un minibus par des manifestants et battu à mort.
Deux camions ont amené des soldats pour tenter de ramener le calme dans la ville.
Plusieurs maisons et des véhicules ont été incendiés par les émeutiers. La route principale qui permet de quitter la ville par l'ouest est bloquée par des barricades et la police invite les automobilistes à faire demi-tour.
Les affrontements opposent des Kikuyus, ethnie du président Mwai Kibaki, à des Luos et des Kalenjins, partisans d'Odinga.
Entre jeudi et samedi, les violences ont fait au moins 27 morts dans une autre localité du Rift, Nakuru.
Nakuru et Naivasha avaient été épargnées jusqu'à ces derniers jours par les violences qui ont fait 750 morts depuis l'élection présidentielle du 27 décembre et la réélection contestée de Kibaki.
ANNAN INVITE À RÉSOUDRE LES PROBLÈMES DE FOND
A Nairobi, la capitale, Kofi Annan a poursuivi sa mission de bons offices. Après sa rencontre avec Odinga, il a invité les deux parties à désigner quatre personnalités pour mener des négociations.
Samedi, Annan s'est rendu dans la vallée du Rift, la région la plus touchée par les violences, et a dénoncé les nombreuses violations des droits de l'homme à travers le pays.
"Ne nous abusons pas nous-mêmes en disant que c'est seulement un problème électoral. C'est beaucoup plus vaste et plus profond", a-t-il dit en invitant les Kényans à répondre aux questions fondamentales à l'origine de cette situation.
"Si nous ne le faisons pas, cela pourra se reproduire dans trois ou cinq ans", a-t-il dit .
Odinga et Kibaki se sont rencontrés jeudi, sous l'égide de Kofi Annan, pour la première fois depuis le début de la crise. Leurs sourires et leurs poignées de mains ont alors relancé les espoirs d'un règlement rapide mais le chef de file de l'opposition a repris vendredi sa charge contre le président.
Odinga a ainsi exhorté l'Union africaine à ne pas reconnaître Kibaki à l'occasion du sommet qui doit se tenir du 31 janvier au 2 février à Addis-Abeba.
Dans un entretien accordé à Reuters, il a en outre exclu de cohabiter avec le chef de l'Etat en tant que Premier ministre, solution évoquée par la presse et dans les milieux diplomatiques.
Le sous-secrétaire des Nations unies aux Affaires humanitaires, John Holmes, a estimé samedi que le Kenya risquait de basculer dans une "spirale de la violence irréversible".
Avec Joseph Sudah à Nairobi, version française Guy Kerivel
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