ELDORET, Kenya - Quatorze personnes, dont un policier, ont trouvé la mort dans l'ouest du Kenya, où les tensions ont été relancées par le meurtre d'un parlementaire d'opposition jeudi. Les négociations sur un règlement de la crise politique ont toutefois repris vendredi et les deux principaux partis ont annoncé un accord pour mettre fin à la violence.
Le policier tué, le premier à trouver la mort depuis l'élection présidentielle contestée du 27 décembre, a été lynché vendredi par une foule de 3.000 personnes armées d'arcs et de flèches, de lances, de bâtons et de machettes, dans le village de la vallée du Rift d'où était originaire David Kimutai Too, l'élu abattu jeudi par un autre policier dans des circonstances peu claires.
Dans un autre village de la région, six personnes ont été tuées jeudi à coups de hache et deux autres par des flèches empoisonnées à Ikonge, à environ 380km à l'ouest de Nairobi, selon des témoins. Le responsable de la police du district de Nyamira, Samuel Njora, a confirmé ce bilan et l'a imputé à des membres de l'ethnie Kalenjin à laquelle appartenait M. Too. Les victimes sont des Kisii, accusés d'être fidèles au pouvoir du président contesté Mwai Kibaki. Les affrontements se poursuivaient vendredi en fin d'après-midi.
La police kenyane a aussi annoncé avoir tué la nuit précédente quatre personnes en tirant dans la foule qui a incendié des dizaines de maisons et de commerces, toujours dans la même zone.
Le Kenya, jusque-là considéré comme un des pays les plus stables du continent africain, est secoué par des violences depuis la réélection fin décembre de Mwai Kibaki, contestée par son rival Raila Odinga. En un mois, les affrontements ont fait plus de 800 morts.
Les camps rivaux de MM. Kibaki et Odinga ont repris leurs discussions vendredi à Nairobi après une interruption due à la mort de M. Too, le second élu de l'opposition tué en une semaine. Les partis ont annoncé avoir trouvé un accord sur des mesures immédiates pour mettre fin aux violences et sur un texte en quatre points qui prévoit la fin sous quinze jours des discussions destinées à régler la crise politique.
"La première (mesure) à prendre est d'interrompre la violence et de rétablir les libertés fondamentales", a plaidé l'ancien secrétaire général des Nations unies Kofi Annan. Selon lui, les deux parties ont demandé le démantèlement des milices et une enquête sur toutes les violences, y compris celles liées à un éventuel usage excessif de la force par la police.
Son successeur Ban Ki-moon est venu à Nairobi pour appuyer sa médiation. Il a demandé aux négociateurs kényans de "regarder au-delà des intérêts personnels (et) des lignes des partis". "Désormais, l'avenir dépend de vous", les a-t-il prévenu.
Il a également rencontré M. Odinga, qui réclame de nouvelles élections, fermement rejetées par Kibaki. Ce dernier, qui se trouvait à Addis-Abeba pour un sommet de l'Union africaine, a de nouveau suggéré que la crise devrait être arbitrée par la justice, une proposition qui ne convient pas à l'opposition. Il a cependant laissé poindre son optimisme, se disant convaincu "que nous allons parvenir à une solution durable".
Kofi Annan a aussi dit qu'il avait suggéré au président Kibaki qu'un "déploiement préventif de l'armée pourrait être nécessaire". "Chacun doit admettre que les policiers sont un peu débordés", a-t-il justifié.
En marge du sommet éthiopien, le président de la Banque mondiale Robert Zoellick a mis en garde à son tour contre la poursuite des violences, qui pourraient obliger l'institution à suspendre certains de ses programmes d'aide. Mercredi, l'émissaire américaine Jendayi Frazer avait déjà annoncé que les Etats-Unis allaient réviser l'ensemble des aides qu'ils octroient au pays. AP
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