Le Kenya en proie aux violences après la réélection contestée de Mwai Kibaki
LEMONDE.FR avec AFP, Reuters et AP | 31.12.07 | 17h48  •  Mis à jour le 31.12.07 | 18h04

es émeutes consécutives à la réélection de Mwai Kibaki à la présidence du Kenya ont fait au moins 152 morts depuis le scrutin, dont au moins 104 pour la seule nuit de dimanche 30 à lundi 31 décembre, qui a suivi l'annonce des résultats officiels, selon les autorités kényanes. Il s'agit des pires violences qu'a connues le pays depuis un coup d'Etat avorté en 1982.

Depuis l'annonce de la victoire de M. Kibaki, jeudi 27 décembre, les affrontements les plus meurtriers ont eu lieu dans les fiefs du candidat de l'opposition Raila Odinga : les bidonvilles de Nairobi, où quarante-huit personnes ont été tuées et dans plusieurs villes de la vallée du Rift, notamment Kisumu, où une soixantaine de corps ont été retrouvés criblés de balles. Lundi, les autorités ont notamment découvert les corps de neuf personnes tuées à coups de machette à Mombasa, deuxième ville du pays.
 
L'OPPOSITION APPELLE À UNE "ACTION DE MASSE PACIFIQUE" LE 3 JANVIER

L'agence Associated Press a recueilli les témoignages de plusieurs officiers de police affirmant avoir reçu l'ordre de tirer sur les émeutiers, notamment à Kisumu, où un couvre-feu a été décrété. Mais un porte-parole du gouvernement a nié que de tels ordres aient été donnés. Mwai Kibaki, qui a prêté serment dimanche, a affiché sa détermination à enrayer les violences, lundi, en déclarant que son gouvernement "traitera avec fermeté ceux qui fragilisent la paix".

Raila Odinga a pour sa part appelé les Kényans à une "action de masse pacifique" le 3 janvier. Lundi matin, la police avait interdit un rassemblement à Nairobi à l'appel de son parti, le  Mouvement démocratique orange (ODM, en anglais).

Le déroulement du scrutin a suscité de vives critiques de la part des observateurs internationaux et les violences qui ont suivi les résultats ont provoqué la préocupation de la communauté internationale. La Maison Blanche, qui avait dans un premier temps félicité M. Kikabi pour sa réélection, s'est ensuite déclarée "très inquiète" du déroulement du scrutin présidentiel, allant jusqu'à retirer ses félicitations au président réelu.

A Bruxelles, la Commission européenne a condamné les violences, appelant les deux camps à coopérer, au vu du résultat très serré des votes. Le ministère des affaires étrangères français a déconseillé à ses ressortissants de se rendre au Kenya et l'association des tour-opérateurs français (CETO) a décidé de suspendre jusqu'au 6 janvier 2008 tous les départs vers le Kenya, selon son président René-Marc Chikli.