NAIROBI (AFP) - Les violences post-électorales se sont poursuivies au Kenya, où au moins sept personnes ont été tuées entre samedi soir et dimanche, alors que Kofi Annan doit entreprendre à partir de mardi une nouvelle tentative de médiation destinée à résoudre la crise.
Lors de la messe dominicale dans un bidonville de Nairobi, le chef de l'opposition kényane Raila Odinga, arrivé officiellement deuxième de l'élection présidentielle du 27 décembre mais qui revendique la victoire, s'est déclaré en faveur du "dialogue" pour sortir le pays de la crise sanglante déclenchée par la réélection contestée du chef de l'Etat Mwai Kibaki.
"Nous voulons saisir l'opportunité du dialogue", a lancé M. Odinga lors d'un service religieux dans une église de Kibera. Ce bidonville est l'un de ses fiefs qui a été parmi les plus touchés par les violences ayant suivi l'annonce des résultats officiels de la présidentielle.
"Sans justice, il ne peut y avoir de paix, sans paix il ne peut y avoir d'unité et sans unité il ne peut y avoir une Nation", a poursuivi M. Odinga.
"Les gens de ce pays doivent se rassembler (...) Ils sont tous kényans", a ajouté l'opposant.
Mais dans le pays les violences se sont poursuivies: trois personnes ont été tuées par la police dans la nuit de samedi à dimanche dans la région de Kipkelion (ouest), située à environ 200 km au nord-ouest de Nairobi.
Et à Nairobi, dans le bidonville de Mathare, au moins quatre personnes ont été tuées entre samedi soir et dimanche lors d'affrontements entre membres de communautés ethniques rivales, selon la police.
Les violences ethniques au Kenya, où vivent 42 ethnies, sont attisées par les tensions politiques depuis la réélection de M. Kibaki, qui appartient à la principale communauté du pays, les Kikuyus. Les autres ethnies du pays ont voté majoritairement pour M. Odinga, de l'ethnie luo.
A Mathare, "le chaos a commencé (samedi) vers 21h00 (18H00 GMT). Des membres d'une communauté ont commencé à terroriser des membres d'une communauté rivale", a expliqué un commandant de la police locale, Paul Ruto.
Un photographe de l'AFP a vu le cadavre d'un homme, entouré de pierres, laissant penser qu'il avait été lapidé.
Une source humanitaire internationale, qui a requis l'anonymat, a affirmé à l'AFP que le bilan de quatre tués à Mathare est en réalité plus élevé, car deux personnes, et non une comme l'a affirmé la police, y ont été tuées pour la seule après-midi de dimanche.
Ces deux victimes de l'après-midi, qui appartiennent aux ethnies luo et kisii, "ont été tuées en territoire kikuyu", à la machette, a déclaré cette source, précisant que le bidonville de Mathare était désormais divisé en "territoires ethniques".
Dans la région de Kipkelion (ouest), des dizaines de maisons appartenant à des Kikuyus, originaires du centre du Kenya, étaient aussi en feu dimanche en fin d'après-midi, selon la police.
Depuis mercredi, premier de trois jours consécutifs de manifestations interdites par la police, 45 personnes ont été tuées dans le pays, en grande majorité par les forces de l'ordre.
Au total, en trois semaines, plus de 700 personnes ont été tuées dans des violences post-électorales, soit par la police, soit lors d'affrontements à caractère ethnique. Et à ce jour, plus de 200.000 personnes sont déplacées dans le pays, essentiellement dans l'Ouest, fief de l'opposition, et à Nairobi.
Pour sortir le Kenya de cette impasse meurtrière, la communauté internationale presse le camp présidentiel et l'opposition au dialogue, en vain jusqu'à présent.
La communauté internationale met tous ses espoirs dans la médiation de l'ancien secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, attendu mardi à Nairobi.
Il va tenter de trouver une issue à la crise majeure que traverse le Kenya, qui était jusqu'à présent l'un des pays africains les plus stables.
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