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Dans Kisumu, dévastée par les violences
Par Guled Mohamed KISUMU, Kenya (Reuters) - Niva Ndubi pleure lorsqu'elle se remémore l'instant où une balle perdue a traversé sa cabane en plaques de tôle, tuant sa mère. "J'étais chez des voisins quand maman a été abattue", dit la fillette de neuf ans, en larmes. "Je n'ai pas pu la voir mourir. Je l'ai vue pour la dernière fois le matin après le petit-déjeuner. Je suis partie jouer et je l'ai laissée ranger nos habits. Elle me manque tellement." Judith Naliaka est morte pendant des affrontements entre des jeunes manifestants et la police à Kisumu, dans l'ouest du Kenya. "Nous accusons le gouvernement pour la mort de Judith", déclare une de ses cousines, Rose Chakra. "La police l'a tuée alors qu'elle était assise chez elle." La cabane est silencieuse. L'impact de la balle mortelle a fait un trou dans le mur du fond. Des vêtements et des ustensiles de cuisine sont éparpillés sur le sol entre deux lits en bois. Rien n'a bougé depuis que Naliaka été conduite d'urgence à l'hôpital. Judith Naliaka élevait seule sa fille, qui a été recueillie par des voisins dans des huttes situées à quelques mètres de la voie ferrée qui relie le Kenya à l'Ouganda. Kisumu, troisième ville du Kenya et bastion de l'opposition au président sortant Mwai Kibaki, a été le théâtre de certains des heurts les plus violents depuis la réélection contestée de Kibaki le 27 décembre. PILLAGES Les violences ont fait plus de 650 morts et 250.000 déplacés dans le pays depuis ce scrutin au résultat contesté. Les affrontements ont paralysé Kisumu. Les ordures s'entassent dans les rues où s'alignaient autrefois des magasins. Les boutiques, les maisons appartenant aux membres de l'ethnie Kikuyu, celle du chef de l'Etat, ont été pillées et rasées après la prestation de serment du président le 29 décembre. "Mon magasin et mes deux maisons ont été incendiés. J'ai perdu tout ce que j'avais construit à Kisumu ces 25 dernières années. Je veux juste quitter cette ville", témoigne Joseph Kahuti, réfugié avec 65 autres membres de sa communauté dans un commissariat local en attendant d'être transporté ailleurs. Un autre Kikuyu, Joseph Kariuki, 35 ans, natif de Kisumu, refuse de quitter la ville où son père s'est installé en 1934. Contrairement à beaucoup d'autres, il n'a rien perdu pendant les émeutes. Il parle le Luo, le langage du groupe ethnique de l'opposant Raila Odinga, ce qui l'a sans doute sauvé. "Je parle mieux Luo que Kikuyu. Je n'ai jamais quitté Kisumu et je ne sais même pas d'où vient mon père, dans le centre du Kenya. Kisumu est ma ville et je n'ai aucun autre endroit où aller", explique-t-il. Désormais orpheline, Niva Ndubi est à l'école primaire et vient de recevoir de l'argent d'un tuteur qui souhaite financer son éducation. "C'est le seul cadeau que ma mère m'a laissé", dit-elle en montrant un vieux manuel de grammaire anglaise dans son cartable. "Je veux être professeur. L'anglais est ma discipline favorite à l'école." Version française Jean-Stéphane Brosse |