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Kenya: 18 morts dans la nuit, les violences post-électorales reprennent lundi

AFP - Lundi 31 décembre, 09h03

NAIROBI (AFP) - Dix-huit personnes ont été tuées au Kenya dans la nuit de dimanche à lundi lors d'émeutes qui ont suivi l'annonce de la réélection contestée du président Mwai Kibaki, a-t-on appris de sources policières.

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Ces nouvelles victimes portent à au moins 38 le nombre de morts depuis le 27 décembre, jour des élections générales kényanes.

A Kisumu (ouest), fief du candidat de l'opposition à la présidentielle Raila Odinga, sept manifestants ont été tués par la police, à dit à l'AFP le commandant de la police de la province de Nyanza.

"Sept cadavres ont été amenés à la morgue", a déclaré le commandant de la police, Grace Kaindi. "C'est un groupe de jeunes hommes qui provoquait le chaos pedant la nuit. Ils ont refusé de se disperser, obligeant la police à utiliser la force contre les pillards.

Dans le centre du pays, à Nakuru, les corps de sept personnes ont été retrouvés par la police.

"Nous avons retrouvé sept corps dans les quartiers de Nakuru, nous en recherchons d'autres", a déclaré à l'AFP Stephene Munguti, commandant de police de Nakuru, dans la vallée du Rift.

"Ils n'ont pas été tués par la police, il s'agissait de combats entre groupes politiques rivaux", a-t-il assuré.

Toujours dans la vallée du Rift, quatre autres personnes ont été tuées dans des affrontements entre groupes rivaux, dans le village de Cheber, selon une source policière.

De nouvelles émeutes ont également éclaté lundi en milieu de matinée dans le plus grand bidonville de Nairobi, a-t-on appris de source policière.

"La police a empêché des habitants de Kibera de venir en ville ce matin. Ils ont rebroussé chemin et commencé à incendier les maisons de (membres) de tribus qui, selon eux, ont voté pour Kibaki", a déclaré un haut responsable de la police kényane sous couvert de l'anonymat.

"Ils ont également mis le feu à des barricades dans plusieurs zones mais nous nous y rendons", a-t-il ajouté.

M. Kibaki a été réélu président pour un dernier mandat face à son principal rival Raila Odinga, qui rejeté ce résultat et crié à la fraude.

Quelques minutes après l'annonce de la victoire de M. Kibaki dimanche, des émeutes ont éclaté dans les fiefs de M. Odinga, à Kibera, le plus grand bidonville de Nairobi, et dans plusieurs villes de l'ouest du pays où sept manifestants ont été tués dans la nuit par la police, portant à 20 le nombre de morts depuis jeudi, jour du scrutin.

Dimanche soir, le Mouvement démocratique orange (ODM) de M. Odinga a appelé les Kényans à "rejeter" les résultats officiels, invitant la population à un rassemblement à Nairobi pour assister à la "présentation à la nation du président du peuple-élu, Raila Odinga".

La police a interdit ce rassemblement, menaçant d'arrestation M. Odinga si la manifestation avait lieu.

"Considérant la situation sécuritaire actuelle, la réunion est illégale et toute personne qui tentera d'assister à cette réunion devra en répondre devant la loi", a averti le chef de la police kényane dans un communiqué.

Après l'annonce de la réélection de M. Kibaki, les autorités ont décrété un jour férié lundi. Depuis le jour de Noël, toute activité économique a presque cessé au Kenya, du fait des fêtes, des élections générales du 27 décembre et des tensions post-électorales.

Peu avant l'annonce de sa défaite, M. Odinga avait accusé le président Kibaki d'avoir fraudé sur au moins 300.000 voix.

La différence de voix entre les deux candidats est de 231.728 voix, selon les résultats.

Le camp de M. Kibaki a démenti toute fraude, accusant en retour les partisans de M. Odinga d'avoir triché dans leurs fiefs.

Le gouvernement kényan a également ordonné dimanche soir la suspension immédiate de la diffusion en direct par les radios et télévisions des reportages sur les émeutes.

Les affrontements du week-end - dans un pays d'ordinaire calme mais qui a une tradition de violences électorale - et les accusations de fraudes ont provoqué l'inquiétude des partenaires occidentaux de Nairobi.

Si le département d'Etat américain a "félicité" M. Kibaki, ajoutant qu'il appartenait aux autorités kényanes d'enquêter sur les allégations de fraude, l'Union européenne et la Grande-Bretagne - l'ancienne puissance coloniale - ont accueilli froidement l'annonce de la victoire du président sortant.

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