NAIROBI, 22 jan 2008 (AFP) - La police kényane a eu recours mardi matin aux gaz lacrymogènes pour disperser des centaines de personnes manifestant dans le centre-ville de Nairobi pour soutenir le président Mwai Kibaki, dont la réélection est contestée par l'opposition, selon un correspondant de l'AFP, alors que six personnes ont été tuées dans l'ouest.
"Nous sommes dans la rue parce que les gens croient qu'il y a une vacance de pouvoir. Il faut que nous défendions Kibaki. Il a justement gagné les élections en battant (le candidat malheureux à la présidentielle Raila) Odinga. Nous voulons que le monde sache que nous soutenons Kibaki", a déclaré à l'AFP un manifestant, J.J. Gitahi.
Alors que l'ancien secrétaire général de l'ONU Kofi Annan est attendu mardi dans la capitale kényane pour une nouvelle tentative de médiation, les manifestants ont parcouru plusieurs rues du centre des affaires de Nairobi.
Sur certaines des banderoles, on pouvait lire: "PNU, le travail continue" (slogan de campagne du Parti de l'unité nationale, dirigé par M. Kibaki) ou encore "Le monde doit savoir que Kibaki a ses partisans".
L'un des organisateurs de la manifestation, Ndura Wairunge, a juré de défendre M. Kibaki jusqu'à la fin de la crise majeure affectant le Kenya depuis plusieurs semaines.
"Nous voulons que le monde sache que Kibaki a été élu. Il ne s'est pas maintenu au pouvoir, nous avons voté pour lui", a lancé à l'AFP M. Wairunge, ancien dirigeant d'un gang criminel mafieux, la secte des Mungiki, interdite par le gouvernement kényan en 2002.
Les membres de la secte des Mungiki, essentiellement des jeunes chômeurs de l'ethnie kikuyu (dont est originaire M. Kibaki), la principale du Kenya, sont accusés de 43 meurtres - dont une dizaine par décapitation - depuis mars 2007.
La police kényane a interdit toute manifestation.
Six personnes ont été tuées lundi dans la vallée du Rift, dans l'ouest du Kenya, portant à 16 au moins le nombre de personnes tuées dans des violences politico-ethniques depuis dimanche dans le pays, a annoncé un responsable de la police à Nairobi.
Les six victimes, dont un homme et ses deux fils, ont été tuées dans le district de Molo, théatre de violences interethniques depuis plusieurs semaines, a précisé ce responsable de la police.
Dans un précédent bilan, la police kényane avait annoncé lundi la mort par balles de cinq personnes, deux hommes et trois femmes, dans cette vallée du Rift, dans l'attaque du village de Salama par les membres présumés d'une milice locale.
Le Kenya traverse une crise politique majeure depuis la présidentielle du 27 décembre, entachée de fraudes selon l'opposition et de graves irrégularités selon des observateurs internationaux.
M. Odinga, soutenu notamment par son ethnie luo, accuse M. Kibaki d'avoir fraudé pour lui voler la victoire.
Au moins 63 personnes ont été tuées au Kenya depuis le 16 janvier et le début des trois jours de manifestations nationales de l'opposition interdites par la police.
Au total, plus de 700 personnes ont été tuées et plus de 250.000 déplacées dans ces violences post-électorales au Kenya, notamment entre partisans de l'opposition et supporters de M. Kibaki, mais aussi entre la police et des manifestants pro-opposition.
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