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Emeutes: Une revendication sociale


Click to jump to 'Le Messager'DOUALA - 29 FEVRIER 2008
© Franck ESSOMBA, Le Messager

Ce n’était pas une grève, mais un mouvement populaire de revendication sociale.
 
Plusieurs responsables syndicaux ont levé leur mot d’ordre de grève jeudi 21 février. Les partis politiques, notamment le Front social démocrate (Sdf en anglais), ont suspendu meetings et marches samedi 23 février. Les associations de consommateurs et autres mouvements de la société civile sont restés en retrait. Malgré cela, un fort mouvement de contestation a embrasé dès lundi 25 février, et ce pendant quatre jours, les villes les plus peuplées et quelques bourgades de la partie méridionale du pays. La partie septentrionale en a ressenti les secousses.

Aux chauffeurs de taxis et bendskineurs qui tenaient à manifester parce que peu convaincus des explications des responsables syndicaux – ces derniers avaient trouvé un modus vivendi avec le gouvernement –, est venue s’ajouter une impressionnante masse de manifestants. Elèves, étudiants, chômeurs et autres désoeuvrés se sont spontanément ralliés aux manifestants. Pas simplement pour partager leur cause (la baisse des prix du carburant), mais surtout pour exprimer leur ras-le-bol contre la vie chère. C’est en tout cas ce qui était perceptible à travers les pancartes et les paroles des contestataires. Ces derniers en sont même arrivés à établir une liste de prix qu’ils voulaient voir appliqués sur certaines denrées dans les marchés.

De leur véranda, les parents semblaient soutenir les manifestants en partageant leur combat. C’est subsidiairement que les marcheurs faisaient apparaître des préoccupations politiques. Le nombre de panneaux affichant “ non à la modification de la Constitution ” ou “ Biya must go ” n’étaient en rien comparables à la masse de celles qui demandaient une baisse générale des prix sur les marchés.

Discréditer la revendication

Malheureusement, des gangsters et autres vandales ont rapidement intégré les rangs des manifestants. Profitant de la provocation des forces de l’ordre, ils ont lancé des assauts musclés contre les édifices publics ainsi que certains entreprises et commerces. Ils ont pillé, incendié et cassé. Ils ont aussi commis des exactions, tout autant que les forces de l’ordre d’ailleurs, dans les quartiers. Le mouvement est allé dans tous les sens. Personne ne pouvant plus lancer un mot d’ordre de grève qui soit respecté ! Au soir du 26 février, des brigands priaient pour que la situation perdure et qu’ils poursuivent des actes de braquage.

Les actes de pillage, de vandalisme et de spoliation ont dilué, voire noyé la pertinence des revendications sociales. Dès le premier jour des manifestations, le secrétaire général du comité central du Rdpc a publié un communiqué dans lequel il condamnait ces pillages et rejetait la responsabilité des manifestations sur certains partis et organisations de la société civile. Le même jour, le ministre de la Communication, Jean-Pierre Biyiti bi Essam, a ouvertement accusé le Sdf d’être l’instigateur des mouvements. Dans son message, le président de la République a parlé de l’exploitation et de l’instrumentalisation d’une grève à des fins politiques. Pour certains, le gouvernement qui craignait une certaine politisation de ces mouvements populaires de revendication sociale a été le premier à les politiser, probablement pour les disqualifier.

La terreur comme solution

Au-delà des pillages, du vandalisme et de la spoliation que tout le monde condamne fermement, ceux qui étaient sur le terrain ont pu constater que les revendications sont éminemment sociales. Le peuple a faim. Il veut du pain. Et souhaite que le gouvernement lui donne les moyens d’y avoir accès. Une préoccupation qui dépasse le simple cadre d’une grève des transporteurs, d’une marche générale initiée par un parti politique ou une quelconque association contre la modification de la Constitution. Il peut probablement s’en trouver quelque regroupement qui puisse tenter une récupération. Mais l’essentiel c’est la réalité quotidienne d’un peuple meurtri par le coût de la vie qui augmente à côté d’un pouvoir d’achat qui stagne.

La cible des attaques est révélatrice des ambitions des casseurs : les centres des impôts, les sous-préfectures, le Pmuc, les Brasseries du Cameroun, … Les premiers symbolisent la pression fiscale que les jeunes auto-employés évoluant en majorité dans l’informel dénoncent ; les deuxièmes représentent la répression administrative dont les Camerounais se plaignent ; les troisièmes cette sorte d’entreprises dont certains ont l’impression qu’elles freinent leur développement social, etc. Par ailleurs, les manifestants soutiennent que les impôts ainsi collectés sont détournés par une clique qui s’enrichit outrageusement pendant que la masse laborieuse souffre. Visiblement, c’est le problème de répartition “des fruits de la croissance économique ” qui est posé ici. Les solutions de pacotille n’y pourront rien.

Aujourd’hui, les manifestations ont cessé. D’aucuns affirment que cette accalmie est l’œuvre du président de la République. D’autres estiment que le message d’apaisement du combattant Mboua Massock y est pour beaucoup. En interrogeant les contestataires, on se rend compte que c’est la violence de la répression qui les fait reculer. De nombreux jeunes sont en effet tombés après le message du président. Dans ce contexte, personne ne peut dire avec précision de quoi demain sera fait.
 
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