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Contestation, repression...:Le spectre des années de braise |
DOUALA - 19 FEVRIER 2008 © David Nouwou, La Nouvelle Expression |
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En décidant de réprimer toutes les manifestations publiques organisées dans le Littoral, Faï Yengo Francis a fait un bond de 17 ans en arrière. Avec toutes les inconnues que la nouvelle donne peut provoquer. |
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Pour se conformer à la décision de gouverneur de Francis Faï Yengo d’interdire les manifestations publiques dans le Littoral, les forces de l’ordre ont entrepris, avec une rare violence, de réprimer tous ceux qui oseront défier cette autorité. Parce que la seule actualité qui peut envoyer les populations dans la rue est la protestation contre la modification de la constitution, annoncée par le président de la République. Samedi dernier, une fois de plus, les forces de l’ordre ont sauté sur les manifestants qui s’apprêtaient à manifester avec Mboua Massok, contre les modifications de la constitution. Dans toute la zone de Bépanda où se tenait le meeting, les forces de l’ordre ont opéré comme des forces d’occupation, pulvérisant des jets d’eau sur les maisons, sur les passants et sur tout ce qui bougeait. Des actes de pillage ont été signalés à plusieurs endroits de ce quartier populeux. Et ce ne sont pas toujours les manifestants qui ont été indexés. Les gendarmes ont installé la panique dans tout le quartier. Avant d’emmener manu militari l’initiateur de la marche, avec son fils, Camille Massok, qu’elles ont violemment molesté.
Sur les images des chaînes de télévision, on a pu regarder, ahuris, comment un homme en tenue s’est déchaîné contre cet enfant qu’il rossait haineusement de toutes leurs forces, avec ses brodequins, comme s’il s’agissait d’un vulgaire criminel. Le comble est que leurs forces de l’ordre sont allées jeter Mboua Massok, son fils et une militante des droits de l’homme, dans une brousse du Nkam, à plus de 60 km de Douala. A quoi correspond cette sanction ? Comment des forces de sécurité chargées de veiller sur la sécurité des citoyens peuvent-elles ainsi abandonner des hommes libres aux animaux féroces en pleine forêt ? Qu’est-ce que les patrons de la gendarmerie auraient expliqué si quelque chose leur arrivait de mauvais ? Un tel comportement qui n’a ému aucune autorité publique est-il responsable ? On se rappelle qu’à la fin de la conférence de presse de John Fru, tenue à l’hôtel Lewat, à Douala, mercredi dernier, le camion anti-émeute de la police a choisi délibérément d’arroser abondamment l’hôtel, ses clients avec, pendant de longues minutes. Alors que la manifestation à réprimer se déroulait dans la rue. Comme pour dire que cet établissement doit payer le prix d’avoir prêté ses locaux aux “ ennemis ” du régime. Une manière à peine voilée de mettre en garde ceux qui oseraient encore céder leurs salles à de tels “ vandales ”.
Au moment où le gouverneur prend sa décision de suspendre toutes les manifestations publiques sur l’étendue de la province, les acteurs politiques de l’opposition et ceux de la société civile, de toutes les origines ethniques, ont déjà exprimé leur opposition à ce projet du parti au pouvoir, confirmé par leur président national, Paul Biya, au cours de son message de fin d’année. Mais la réaction prompte du gouverneur est suscitée par le programme de manifestations communiqué par Mboua Massok et le comité exécutif provincial du Social Democratic Front (Sdf). Puis, plus tard par un artiste, Joe La conscience qui a annoncé sa marche, de Loum où il réside, au palais présidentiel d’Etoudi. Tous les acteurs sociopolitiques ont trouvé cette mesure anachronique pour au moins deux raisons. Premièrement, le gouverneur n’a pas circonscrit sa décision dans le temps et l’espace. Ce qui veut dire que pour autant que cela lui plaira, les manifestations resteront suspendues. Deuxièmement, le gouverneur a choisi d’empêcher tous ceux qui n’épousent pas l’option de la révision de la constitution, de manifester leur désaccord, par exemple, à travers des réunions publiques ou des marches pacifiques. Alors que les militants du Rdpc avaient multiplié des marches en toute liberté et dans les rues de différentes villes, au moment d’inviter leur président à faire sauter le verrou de la limitation des mandats présidentiels, consacré par l’article 6 alinéa 2 de la constitution. Les marches pour l’appel à la modification de la constitution organisées par les militants du Rdpc étaient une expression démocratique que les autres ont respectée. Et l’on n’a signalé nulle part que ces marches avaient porté atteinte à l’ordre public. Qu’est-ce qui fait croire à Francis Faï Yengo que ce sont les marches organisées par les adversaires de la modification de la constitution qui vont constituer des actes de vandalisme, comme si ceux qui ne sont pas d’accord avec le parti au pouvoir sont automatiquement des irresponsables ?
La réalité sur le terrain montre plutôt que les manifestants sont loin d’être impressionnés par la mesure d’interdiction. Depuis les années de braise, les gouverneurs successifs du Littoral ont pu maintenir l’ordre dans la province, le plus souvent en faisant circonscrire le périmètre de la manifestation. Et tout s’est passé sans casse. Jusqu’ où ira le bras de fer de Francis Faï Yengo ?
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