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Yaoundé : Le feu dans la ville qui “respire” |
YAOUNDE - 27 FEVRIER 2008 © Mutations |
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A la fin de la journée, certains quartiers de la capitale étaient animés par des mini-émeutes. |
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Le jeune homme raconte la folle soirée de la veille avec beaucoup de colère dans la voix. Ce lundi, alors que la nuit tombait sur Yaoundé, il a failli perdre son salon de coiffure qu’il avait laissé ouvert pour faire une course non loin de là. " C’est un voisin qui m’a sauvé en fermant précipitamment les portes, les gars allaient tout saccager après avoir tout pris ", explique Joël, ce natif d’Emombo qui a dû rester de longues heures sous surveillance policière partielle.
Le long de la route étroite qui traverse ce quartier populaire de Yaoundé est encore tapissée de la poussière noire des débris de roues de voiture et de tables de commerce brûlés. A l’aide de ces barricades, des jeunes gens ont pris le contrôle de la route durant quelques heures, avant l’arrivée de forces de police. Selon le témoignage de notre coiffeur, le curé de la paroisse Marie Mère de Dieu de Nkolbeck voisine a vu sa Volvo vandalisée par les casseurs " On lui a cassé les pare-brise. "
Pour une ménagère du quartier, " il était difficile de croire que ce sont nos enfants qui se sont transformés ainsi. " " Je les ai vu frapper un homme qui perdait du sang, se battre entre eux pour savoir s’il fallait laisser passer une voiture ou non ", ajoute-t-elle. Mais pour le coiffeur, nombre de personnes impliquées dans la révolte provenaient autant des masses désoeuvrées, des petits voyous que des jeunes qui changent au quotidien de petits métiers, notamment les taximen à moto. " Comme ils ont entendu le journal de 20h (à la radio nationale), ils ont dit que rien n’aura changé demain et tout a pris feu ", prétend une vendeuse de cigarettes.
Sauvages
Ailleurs dans la ville de Yaoundé, des barrages sauvages ont en effet fait leur apparition. Les voitures de transport clandestin qui desservent les banlieues telles que Nkomo ont été parfois mises à l’index par des personnes qui ne voulaient pas voir la grève brisée par des taxis suppléants. A l’école des postes à Ngoa-Ekele, des pneus ont été brûlés sur la chaussée. A Essos, les groupes de vandales se sont rendus maîtres de rues secondaires mal éclairées. " Je passais par le carrefour qui abrite la station-service Mobil d’Essos quand des gens sortis de la ruelle adjacente ont jeté des pierres sur le toit de ma voiture. Ils avaient déjà barré la route par des pierres et des tables et agressaient tous ceux qui passaient en exigeant 2000Fcfa ", témoigne M. Ela, un habitant d’Essos.
Les policiers postés çà et là et notamment au carrefour Terminus de Mimboman ne pouvaient plus cependant bouger le moindre doigt, selon un inspecteur de police qui veillait là avec ses collègues : " Nous sommes fatigués… ", a laissé entendre l’agent des forces de l’ordre. " La technique utilisée par les gars est effectivement lassante, a encore expliqué Joël. Ils venaient commettre leurs forfaits et disparaissaient dès que la voiture des policiers pointait son nez. Une fois la police partie, ils revenaient. " Dès le levée du jour, les policiers et les gendarmes sont passés à la contre-offensive, interpellant des jeunes gens à Biyem-Assi notamment.
Jean Baptiste Ketchateng
Crise : La capitale en panne sèche
Les stations services ont été vidées hier par des automobilistes redoutant un pénurie.
Il est un peu plus de 11h ce 26 février 2008. De longues files de véhicules sont observées des deux côtés de la station Texaco située non loin de la place Repiquet. C’est une situation presque identique dans diverses stations d’essence de la ville. La rumeur a circulé tôt le matin, faisant état de ce que le carburant commence à diminuer. A cette station de la place Repiquet, un homme est à l’une des pompes. Un client pressé remarque que " ces gens sont énervants. Ils sont assis derrière et celui-ci sert seul. Est-ce qu’il va servir aux deux pompes seul ? ". Cette pompe contient du super qui est fini depuis quelques heures. Le pompiste n’a pas le temps de répondre aux questions du reporter au sujet d’une supposée pénurie de carburant. " Allez vous renseigner là dedans ; je n’en sais rien "’, lance-t-il entre deux clients qu’il sert et l’énorme quantité de monnaie qu’il reçoit.
Richard Nsonkoua, le prochain client, s’avance, l’air pressé. " Il n’ y en a plus dans beaucoup de stations. J’ai pris du super à la Nouvelle route Bastos pour le premier véhicule. Cet autre véhicule a le demi plein de gazoil. Je vais compléter. Avec ça on va aller attendre ". Un autre veut du super. Le pompiste lui fait savoir que " c’est fini ". Son suivant dit ne pas être au courant de la pénurie. Pourtant, sa compagne avoue à un interlocuteur au téléphone que " nous sommes au courant. On est même à la station ". Apprenant à son tour qu’il ne sera pas satisfait ici, il s’en prend à la presse via le reporter : " C’est vous qui êtes à l’origine de cette situation. Parce qu’on a fermé l’un d’entre vous, vous avez commencé à inciter les gens à la révolte ".
C’est que chacun veut être servi avant que la situation ne soit connue du grand public. On voit un véhicule de la coopération allemande acheter du gazoil dans de grosses bonbonnes. De l’avis d’un conducteur de car Hiace, " chacun veut " s’armer avant qu’il ne soit tard.
" La situation était prévisible ", affirme un pompiste. Pour un responsable d’une station du centre ville de Yaoundé, " le problème est que les dépôts ne fonctionnent pas pour des raisons de sécurité ". Evoquant les violences faites dans les stations d’essence à Douala ces derniers jours, l’homme explique que " les camionneurs ont peur qu’ils peuvent garer pour servir et les vandales s’en prennent à eux ".
Lindovi Ndjio
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