
ar Tansa Musa
YAOUNDE (Reuters) - Au moins deux villes de l'ouest du Cameroun ont connu de nouvelles émeutes
contre la cherté de la vie et l'intention affichée du président Paul Biya de s'accrocher au pouvoir.
Une vingtaine de personnes au moins ont été tuées depuis samedi, notamment à Douala, poumon
économique du pays, et dans d'autres villes de l'ouest du pays.
Si un calme précaire semblait revenu jeudi à Douala et à Yaoundé, la capitale, des émeutes ont eu lieu à
Bafan et Bamenda, où trois personnes ont été abattues par les forces de sécurité, rapportent des
journalistes locaux.
S'exprimant pour la première fois depuis le début des émeutes, les plus graves qu'il ait eu à affronter
depuis une quinzaine d'années, Biya a accusé mercredi soir ses opposants politiques d'avoir orchestré
l'agitation pour le renverser.
"L'objectif est d'atteindre par la violence ce qu'ils n'ont pas pu obtenir par les urnes", a affirmé Biya
qui, au pouvoir depuis 25 ans, affiche son intention de briguer en 2011 un nouveau septennat.
John Fru Ndi, président du Front démocratique et social, le principal parti d'opposition, a opposé un
démenti formel à ces accusations de manipulation et accusé Biya d'avoir "perdu le contact avec le peuple"
et d'ignorer ses préoccupation.
"IL NOUS PREND POUR DES IMBÉCILES"
Biya, qui est âgé de 75 ans, n'a, de fait, laissé entrevoir aucun signe de concession face aux
revendications de la rue, qui s'est soulevée principalement contre les prix élevés des denrées alimentaires
et des carburants.
L'intervention télévisée de Biya a donc nourri un peu plus la colère des protestataires, à commencer par
les chauffeurs de taxi, dont la grève contre la hausse des prix de l'essence avait mis lundi le feu aux
poudres.
"Cet homme n'est pas sérieux. Il nous prend pour des imbéciles. Comment peut-il prétendre qu'on nous
manipule? Veut-il dire que nous ne sommes ni adultes, ni capables de décider par nous-mêmes? La grève des
taxis va se poursuivre", explique Sébastien Ebanga, chauffeur à Yaoundé.
Le ministre de la Communication Jean-Piere Biyti bi Essam, a lancé jeudi un appel au dialogue: "Notre
beau pays est à la croisée des chemins. Les gens meurent dans nos grandes villes et la paix est en danger.
Nous appelons au dialogue et aux négociations indépendamment de nos divergences de vue."
Biyiti bi Essam, qui venait de réunir les responsables de la presse écrite pour les inviter à contribuer à
l'apaisement, a déclaré à Reuters ne pas être en mesure de fournir un bilan précis des affrontements des
derniers jours.
"Le bilan des morts est très élevé, mais inférieur à 20", a-t-il dit, en soulignant que tous n'avaient pas
été victimes des forces de sécurité mais parfois aussi de règlements de comptes personnels ou
d'affrontements entre pillards.
Avec Talla Ruben à Douala, version française Marc Delteil