Posted by: appablog | 29 février 2008

CAMEROUN - Une radio privée suspendue, des journaux indépendants empêchés de paraître / CAMEROON - Private radio suspended, independent newspapers prevented from appearing

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Reporters sans frontières 

Communiqué de presse

29 février 2008

CAMEROUN

Une radio privée suspendue, des journaux indépendants empêchés de paraître

Reporters sans frontières est inquiète de la tournure que prennent les événements au Cameroun, et de leurs conséquences immédiates pour les médias. Impossibilité de paraître pour certains journaux, fermeture de médias audiovisuels ayant tenu des propos critiques envers le gouvernement, injonctions du ministre de la Communication qui exhorte les journaux à se montrer “responsables” : en marge de la grève des transporteurs et des émeutes qui se sont ensuivies, la presse privée doit faire face à une situation de crise.

“La situation, qui se dégrade de jour en jour, devient intenable pour les médias indépendants paraissant à Douala. A défaut de pouvoir être imprimés, ils ne paraissent plus. En outre, les journalistes n’ont pas de leçon à recevoir du ministre de la Communication. Que va-t-il arriver à ceux qui négligeront ses ‘recommandations’ et qui ne pratiqueront pas l’autocensure ? Enfin, seule l’administration territoriale peut légalement suspendre une radio. Nous appelons les autorités à lever immédiatement cette mesure arbitrairement prise par la gendarmerie et à rendre à Magic FM son matériel de diffusion”, a déclaré Reporers sans frontières.

En marge d’une grève des chauffeurs de taxi, le 25 février 2008, des violences ont éclaté à Douala (Sud-Ouest), dans un contexte politique tendu en raison du projet de révision de la Constitution visant à annuler la limitation du nombre de mandats du président de la République. Malgré la fin de la grève, le 27 février, les exactions ont continué à se multiplier, opposant manifestants et forces de l’ordre. Les journaux privés, majoritairement imprimés à Douala, n’ont plus paru depuis le 25 février. Seuls les médias d’Etat continuent d’être distribués.

Le 28 février, le ministre de la Communication, Jean-Pierre Beyiti Bi Essam, a convoqué les directeurs de publication des journaux privés dans son cabinet, pour leur enjoindre de “faire preuve de responsabilité” et “ne pas publier des informations qui mettraient de l’huile sur le feu”.

Le même jour, à Yaoundé (Sud), les forces de l’ordre ont pénétré sans mandat dans les locaux de la station privée Magic FM et ordonné sa fermeture. “En ce moment, la radio n’émet plus. Une dizaine de gendarmes sont arrivés hier et ont confisqué tout le matériel, disant que nous avons été irresponsables en laissant les auditeurs analyser le discours du chef de l’Etat”, a déclaré le rédacteur en chef, Roger Kiyeck, à l’Agence France-Presse (AFP). Les gendarmes faisaient référence à l’émission Magic Attitude, qui fait intervenir en direct des auditeurs pour commenter l’actualité. Le matin du 28 février, certains auditeurs ont estimé que le discours du chef de l’Etat, prononcé la veille et dans lequel il promettait d’utiliser “tous les moyens légaux” pour rétablir l’ordre, était “plus belliqueux qu’apaisant”, et qu’il ne “répondait pas aux attentes des populations”. Selon Roger Kiyeck, les forces de l’ordre ont également emporté “des ordinateurs, la console et le matériel de diffusion”. Le propriétaire de la radio, Grégoire Mbida Ndjana, et le présentateur de l’émission incriminée, Jules Elobo, ont été entendus par la gendarmerie.

Le 21 février, un arrêté du ministre de la Communication avait ordonné la suspension de la chaîne de télévision privée Equinoxe TV, au motif que le propriétaire de la chaîne n’avait pas payé la caution de 100 millions de francs CFA qui conditionne l’obtention d’une licence d’exploitation.

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CAMEROON

Private radio suspended, independent newspapers prevented from appearing

Reporters Without Borders is concerned at a crackdown against the media which criticised the government following an outbreak of rioting in Douala in the southwest.

As the communications minister called on newspapers to be “responsible”, the unrest has left the privately-owned press in crisis after security forces raided the studios of Magic FM radio seizing equipment and forcing it to close. Much of the privately-owned printed press has been prevented from appearing.

Trouble broke out on the fringes of a taxi-drivers strike on 25 February, against the background of political tensions over a planned reform of the Constitution aimed at ending the limit on the number of terms the country’s president can serve.

Despite the end of the strike, on 27 February, clashes continued and escalated between demonstrators and security forces and privately-owned newspapers, chiefly printed in Douala, have not been able to appear. Only state media are still being distributed.

“The situation is deteriorating on a daily basis and becoming untenable for the independent media in Douala”, the worldwide press freedom organisation said. “Since they cannot be printed they are no longer in circulation”

“Moreover, it is not for the communications ministry to give lessons to journalists. What will happen to those who do not observe the “recommendations” and do not practise self-censorship ?” it asked.

“Only the central administration can legally suspend a radio. We call on the authorities to immediately lift this measure which was taken unfairly by the police and return Magic FM its broadcast equipment”, the organisation said.

The Communications Minister, Jean-Pierre Beyiti Bi Essam, on 28 February summoned the editors of privately-owned newspapers to his office and urged to “show responsibility” and “not to publish any news which could pour oil on the flames”.

On the same day, in Yaoundé, southern Cameroon, security forces raided the offices of Magic FM without a warrant and ordered its closure. “Right now the radio is no longer broadcasting. A score of police arrived yesterday and seized our equipment saying that we had been irresponsible in letting listeners analyse the head of state’s speech,” editor, Roger Kiyeck, told Agence France-Presse (AFP).

The police were referring to the programme Magic Attitude, which invites listeners to phone in and comment on the news. Some listeners who called in on the morning of 28 February considered that the speech made by the head of state the previous evening in which he said he would use “all legal means” to restore order was more “aggressive than appeasing” and that it did “not respond to the wishes of the people”.

Kiyeck said the security forces also took computers, the mixing console and broadcast equipment. Police questioned the station’s owner, Grégoire Mbida Ndjana, and the presenter of the offending programme, Jules Elobo.

The communicaitons minsistry on 21 February ordered the suspension of privately-owned Equinoxe TV, on the grounds that its owner had not paid a deposit of 100 million CFA francs required to obtain a broadcast licence.

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