La Cameroun à feu et à sang

L'exception camerounaise n'est plus. Beaucoup plus stable politiquement que ses voisins tchadiens ou congolais, le Cameroun est en proie à de violents affrontements depuis plusieurs jours. En cause, la cherté de la vie et, surtout, le projet de révision constitutionnelle qui permettrait à Paul Biya, au pouvoir depuis 25 ans, de briguer un nouveau mandat à partir de 2011. Pour l'opposition, ce projet a pour but de confier le pouvoir à vie à l'actuel président.
Tout à commencé par une grève des chauffeurs de taxis qui protestaient contre l'augmentation du prix du pétrole. Depuis, le mouvement a pris de l'ampleur et gagné toutes les couches de la population camerounaise. Parti de l'Ouest du pays le week end dernier, le mouvement de protestation a gagné la capitale Yaoundé mercredi soir. Vingt personnes au moins auraient déjà trouvé la mort dans des affrontements avec les forces de police. Un bilan démenti par le ministre de la Communication, Jean-Piere Biyti bi Essam: "Le bilan des morts est très élevé, mais inférieur à 20", a-t-il dit. Pour la première fois, Paul Biya a pris publiquement la parole mercredi soir, sur la télévision nationale. Il fustige l'opposition, coupable selon lui d'avoir orchestré ces manifestations pour tenter de le renverser: "L'objectif est d'atteindre par la violence ce qu'ils n'ont pas pu obtenir par les urnes", a-t-il ainsi déclaré, avant de préciser que son gouvernement utiliserait tous les moyens légaux à sa disposition pour garantir l'Etat de droit.
Le gouvernement lance un appel au dialogue
Des déclarations qui n'ont pas calmé les émeutiers, bien au contraire. Des bâtiments publics, des magasins et des entreprises ont en effet été brûlés ou saccagés. "Les personnes impliquées incluent des délinquants motivés par la perspective de pillages", accuse le président Biya. Pour faire face à cette situation de quasi guerre civile - des barrages ont été érigés dans le centre de Douala où les manifestants jettent des pierres sur les policiers - un hélicoptère a largué du gaz lacrymogène sur les 2000 manifestants qui défilaient pour réclamer une baisse des prix des denrées de base. Dans la panique, certains sont tombés dans une rivière.
Prenant conscience de la gravité de la situation, le gouvernement, en concertation avec les syndicats, a accepté le principe d'une baisse du prix des carburants, l'une des principales revendications des émeutiers. Sauf que la diminution accordée de six francs CFA, soit un centime d'euro, sur le litre d'essence, est assimilée par l'opposition à une nouvelle provocation gouvernementale. Un point de vue partagé par la population. Les appels au calme de la radio nationale, de l'Archevêque de Douala, le Cardinal Dumi, n'y ont rien changé. Jeudi, le gouvernement camerounais a lancé un appel au dialogue. L'ambassade américaine a quant à elle exhorté tous ses ressortissants à éviter les déplacements à l'intérieur du pays. La France lui a rapidement emboîté le pas. "Nous sommes très préoccupés par les violences qui se poursuivent depuis plusieurs jours dans l'Ouest du Cameroun et qui touchent depuis hier la capitale, Yaoundé. Ces violences, d'où qu'elles viennent, sont inacceptables. Nous appelons au retour au calme", a déclaré le porte-parole de ministre français des Affaires étrangères.
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