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Situation sociale au Cameroun : La tension persiste
27/02/2008: Depuis la fin des “villes mortes” du débuts des années 90, l’on n’avait pas connu cela au Cameroun.
En effet depuis samedi 23 février, à travers divers actes de vandalisme ayant entraîné mort d’hommes, destructions des biens publics et privés, ralentissement sinon arrêt de l’activité. Des bandes de jeunes ont pris en otages Douala, métropole économique du Cameroun et principale porte d’entrée de l’Afrique Centrale.
Yaoundé, capitale politique n’est pas épargnée, ainsi que d’autres villes secondaires. Le détonateur : un amalgame des raisons économiques, (vie chère) et politiques, (projet de révision constitutionnelle). Le gouvernement a dû s’arc-bouter pour sortir d’une crise qui perdure. Les populations sont dans le désarroi. Premier tableau : Douala, un député à l’Assemblée Nationale, l’Honorable NITCHEU bravant l’interdiction des manifestations publiques édictés par le Gouverneur de la province du Littoral, a tenté d’organiser un meeting politique contre le projet du Gouvernement de modifier la constitution de la République. Le meeting lui-même n’aura pas lieu. Par contre, quelques temps après, l’on va assister à une véritable émeute. Des jeunes gens vont s’en prendre aux biens publics et privés, dresser des barricades, etc. D’après certaines sources, les émeutiers réclamaient entre autres, la réouverture de la Radio et de la télévision équinoxe fermées par une décision du gouvernement. On déplore des morts, de nombreux blessés et d’importants dégâts matériels. Deuxième tableau : Lundi 25 février, les syndicats des transporteurs urbains et inter urbains mettent à exécution un mot d’ordre de grève qui paralysent les villes de Douala et de Yaoundé. Si à Yaoundé la grève se déroule dans un calme relatif, à Douala, on assiste à une véritable insurrection, qui rappelle les années de braises que le Cameroun connut an moment de la restauration du pluralisme politique au début des années 90. Lee émeutiers brûlent, cassent et détruisent. Les forces de l’ordre tentent tant bien que mal de s’y opposer. Visiblement le mouvement va déborder le cadre de la grève des transporteurs et a été récupéré par des bandes de vandales. Des morts sont à déplorer ; les dégâts matériels sont évalués en milliards de francs CFA. Tout le monde semble débordé… Et pourtant, trois jours plus tôt, à l’issue d’une rencontre entre les syndicalistes et le gouvernement, on avait eu l’impression que les deux parties avaient trouvée un terrain d’entente. En réalité, il n’en a rien été… Les syndicalistes avaient promis de s’en référer à leur base, laquelle visiblement n’a pas trouvé son compte dans ses négociations. Devant cette situation, le gouvernement a cru bon de communiquer et d’expliquer notamment la hausse des prix des produits pétroliers. Les Ministres de la Communication, du Commerce et des Transports sont montés au créneau pour tenter d’éclairer l’opinion et d’appeler au calme. Mais rien n’y fait, tout au plus assiste t-on à une légère baisse de tension à Douala, mais la grève se poursuit. Troisième tableau : Mardi 27 février, Douala est toujours en quelques sorte une “ville morte” : pas de taxi, ni voitures particulières dans les rues que sillonnent des patrouilles de forces de l’ordre. On est déjà très heureux de ne pas enregistrer très peu de casse. A Yaoundé curieusement ce mardi, le mouvement de grève semble se durcir. Quelques actes de vandalismes, certes sans commune mesure avec ce qui a été vécu à Douala, sont enregistrés ici et là. Mais les forces de l’ordre veille au grain et dissuadent toute velléité de désordre. Des villes secondaires, Bamenda, Bafoussam, en particulier sont contaminés par le mouvement. La situation est très préoccupante et de l’avis de tous, cela ne saurait durer. Le Gouvernement multiplie geste de bonne volonté et applications. Un texte controversé de la communauté urbaine de Yaoundé sur la circulation des taxis est annulé. Lire l’article d’Isabelle ESSONO Rédacteur “A Yaoundé, les sabots sont rentrés au garage pour quelques temps” du 25 février 2008. Le gouverneur de la province du Littoral multiplie les appels au calme. Les Chefs traditionnels et le Clergé sont mis à contribution. L’archevêque de Yaoundé dénonce les violences d’où qu’elle viennent et appelle à la négociation. Le directeur général de la caisse de stabilisation des prix hydrocarbure (CSPH) rencontre les leaders syndicaux pour discuter des prix des produits pétroliers. Il est clair pour tout le monde que le gouvernement doit faire un effort et baisser les prix si l’on veut se donner une chance de sortir de l’impasse. On croit trouver la solution le soir. En effet à la suite des négociation entre la (CSPH) et les syndicats, le gouvernement concède une baisse de 6 francs sur le litre de super qui passe de 600 Frs et de 5 Frs sur le litre de pétrole lampant et du gazole qui passe de 380 à 375 Frs et 550 à 545 Frs respectivement. Les leaders syndicaux lèvent le mot d’ordre de grève et appellent à la reprise des activités mercredi matin. La vie reprend son cours normal à Yaoundé. Les taxis sont de retour. Les populations poussent un ouf de soulagement et commencent à vaguer à leurs occupations. Mais on a trop vite crié victoire. A partir de 9 heures, les taxis deviennent rares et disparaissent de la circulation. Des actes de vandalisme sont enregistrés dans les quartiers qui replongent les populations dans le désarroi. A Douala, Bamenda, Edéa, Bafoussam, la situation tarde à redevenir normal. Les populations s’interrogent et constatent pour le déplorer que la situation soit devenue incontrôlable. Que nous réserve l’avenir? Rien pour l’instant ne permet d’y voir clair. Marc OMBOUI /Journaliste. |