Société – Bilan des soulèvements sociaux
L’Odhpc parle de 75 morts
Une Ong des droits de l’homme et de l’environnement a délivré son rapport des manifestations sanglantes qui ont paralysé les deux tiers du Cameroun pendant la dernière semaine de février 2008.
“ Pour le moment, nous estimons le nombre non exhaustif de personnes tuées à 75 morts ”, déclare Prince Nasser Raoul Kemajou, le président national de l’Odhpc (organisation des droits de l’homme et de la protection du citoyen). C’était hier lors d’un point de presse donnée à son siège à Bonanjo-Douala en présence d’une forte présence des éléments des services de renseignement en civil. Malgré tout, il a porté à la connaissance des médias les observations de son organisation. “ Cette initiative a été prise non pas pour un positionnement mais au contraire pour déplorer les pertes en vies humaines et les violations dans les nombreux cas d’interpellation qui ont suivis”, a précisé Prince Kemajou. Même si l’auditoire a semblé y voir un discours ambigu, polissant au passage le gouvernement, il reste que les statistiques et l’élucidation des causes données, vont à contre courant de celles évoquées par Marafa Hamidou Yaya, ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation (Minatd) lors du point de presse donné dans ses services lundi 10 février à Yaoundé.
On note ainsi que le chiffre de soixante-quinze (75) morts recensées par l’Odhpc, (soit 27 morts à Douala, outre les cas de morts par noyade dans le fleuve Wouri, 8 à Bamenda, 6 dans les villes de Loum et Buea, 5 à Yaoundé, 4 dans les villes de Njombé et Bafoussam, 2 dans les villes Penja, Munya et Bafang et 3 dans les villes de Kumbo, Kumba, Dschang) est largement au-dessus des quarante (40) morts déclarées sur l’ensemble du pays par le Minatd. Comment alors comprendre cette flagrante contradiction, alors que le ministre d’Etat assure que “ la collecte de ses statistiques s’est faite aussi avec le concours de certaines autorités de défense des droits de l’homme ”.
Divergences sur toute la ligne
Marafa Hamidou Yaya met ces morts sous le coup des rixes entre bandes de gangsters et des manipulations de certains hommes politiques. En revanche, l’Odhpc dans son analyse constate que cette crise sociale procède des préoccupations : politique, économique et sociale. Affirmant que “ le pouvoir central est mal renseigné et mal conseillé ”. Il rappelle avoir dans une lettre ouverte datée du 19 février 2008 adressée au Minatd, via le gouverneur de la province du Littoral, tiré la sonnette d’alarme sur la situation explosive latente qui prévaut à Douala en particulier et au Cameroun en général. Il a aussi profité pour dénoncer les appels frisant la guerre tribale et au génocide de certains pontes du pouvoir. “ J’ai demandé que le ministre de la Communication et le ministre de la Santé demandent aux familles éplorées des excuses publiques ”, souligne-t-il. Et pour faire face aux violations du code de procédures pénales dont sont victimes les manifestants arrêtés parmi lesquels plusieurs innocents, il a affirmé que l’Odhpc a requis les avocats (Mes Ngnie Jackson et Michel Togue) afin d’assurer leur défense. Mieux vaut tard que jamais !
Par Mathieu Nathanaël NJOG Le 12-03-2008 |