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CAMEROUN: Douala brûle, la grève des chauffeurs de taxi dégénère en émeute


Photo: Elizabeth Dickinson/IRIN
Manifestants brûlant des véhicules et des pneus à Douala
DOUALA, 26 février 2008 (IRIN) - Les habitants de Douala se sont réveillés le 25 février en entendant des détonations de coups de feu nourris. Des colonnes épaisses de fumée noire s’élevaient au-dessus de la ville pendant que des jeunes incendiaient des autobus, des voitures et des pneus, bloquant la circulation sur les artères principales de la ville.

Des informations ont également fait état de nombreuses scènes de pillage.

« Nous ne pouvons pas sortir de chez nous », a déclaré à IRIN un habitant d’Akwa, un quartier du centre-ville. « J’habite près d’une école et je vois les enseignants renvoyer chez eux tous les élèves qui se présentent. Les manifestants occupent d’autres écoles du quartier ».

Au moins deux cadavres sont arrivés à la morgue de la ville, tous deux blessés par balle à la tête, selon un journaliste.

Le correspondant d’IRIN a également vu transporter à l’hôpital plusieurs personnes gravement blessées par balle.

C’est la grève des chauffeurs de taxi du 25 février qui semble être à l’origine des émeutes. Bon nombre de personnes ont affirmé soutenir les revendications des chauffeurs concernant la hausse du prix du carburant et du coût de la vie.

En dehors des véhicules des forces de sécurité, aucune autre voiture ne circulait dans le centre-ville, a constaté le correspondant d’IRIN.

Ces derniers jours, la tentative du gouvernement d’introduire une révision de la Constitution visant à supprimer la limitation des mandats du président Paul Biya – au pouvoir depuis 1982 - afin de lui permettre de se représenter aux élections avait suscité de vives tensions dans le pays.

Une manifestation non-autorisée a eu lieu le 23 février à Newtown, une banlieue proche de l’aéroport, et les forces de l’ordre auraient fait usage de grenades lacrymogènes et de canons à eau pour disperser une foule de plusieurs centaines de personnes. Un manifestant a été tué, selon les représentants du gouvernement, mais à en croire des témoins oculaires, au moins un autre jeune aurait également trouvé la mort.

Le lendemain, dimanche 24, la ville était calme jusqu'à ce que des coups de feu éclatent à nouveau dans la soirée, près de l’aéroport.

Lundi matin, des émeutes avaient lieu dans toute la ville.

Violences

La circulation sur un des principaux ponts de la ville a été bloquée par les pneus incendiés, selon le témoignage d’une habitante du quartier.

« On voyait la fumée partout et on entendait constamment des coups de feu », a-t-elle raconté.

Selon les informations diffusées sur les ondes d’une station de radio nationale, de nombreux édifices publics ont été incendiés, notamment la mairie de la ville et un bâtiment du ministère des Finances.


Photo: Elizabeth Dickinson/IRIN
La grève des chauffeurs de taxi semble être à l’origine des émeutes
La circulation sur la route principale reliant Douala à Yaoundé, la capitale, a été bloquée par des pneus en feu et plusieurs stations-service sur la route ont été pillées, a dit le correspondant d’IRIN, qui a assisté aux scènes de pillage.

Des jeunes auraient également pénétré par effraction dans au moins un important magasin de vente au détail.

Dans le centre-ville, d’importants groupes de jeunes émeutiers se déplaçaient dans les rues, mais aucune présence des forces de l’ordre n’était visible. Dans d’autres quartiers, en revanche, des témoins auraient vu des agents de police arrêter arbitrairement des civils.

« J’ai vu deux personnes devant mon bureau se faire arrêter et appréhender par la police sans aucune raison », a indiqué Madeline Afite, une activiste des droits humains de l’organisation non-gouvernementale (ONG) Action des Chrétiens pour l’abolition de la torture.

Les voyageurs devant prendre l’avion pour se rendre à l’étranger ont dû aller à pied à l’aéroport. De jeunes émeutiers ont même tenté d’investir le périmètre de l’aéroport, a indiqué le correspondant d’IRIN. Certains étaient armés et semblaient tirer sur les forces de l’ordre, qui ripostaient elles aussi.

« Je pense que ce qui se passe, c’est que les jeunes ont vu les derniers événements qui ont eu lieu au Kenya et qu’ils essaient aujourd’hui de les imiter », a dit au correspondant d’IRIN Mary Mballa, une mère de famille de Newtown.

ed/fp/dh/ads/nh/ail


Thèmes: (IRIN) Conflict, (IRIN) Governance, (IRIN) Urban Risk

[FIN]
Lire le rapport sur le site Internet suivant:
http://www.irnnews.org/Report.aspx?ReportId=76982

[Cet article ne reflète pas nécessairement les vues des Nations Unies]

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