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Amériques

Le gouvernement tibétain en exil parle de 80 morts

REUTERS | 16.03.2008 | 09:48

Par Benjamin Kang Lim, Jason Subler, Lindsay Beck

également Jonathan Allen à Dharamsala

PEKIN/DHARAMSALA (Reuters) - Les autorités chinoises ont déclaré une "guerre populaire" contre le soutien dont jouit le dalaï-lama au Tibet où, selon le gouvernement tibétain en exil, 80 personnes ont péri et 72 autres ont été blessées dans la répression des troubles de ces derniers jours.

Des habitants de Lhassa ont déclaré dimanche que les troupes anti-émeutes contrôlaient les rues et qu'elles perquisitionnaient au domicile de Tibétains.

"Nous n'osons pas sortir de chez nous, il y a trop de troubles", a déclaré une femme d'affaires tibétaine contactée par téléphone à Lhassa, capitale de la région autonome.

Une jeune touriste occidentale arrivée à Chengdu, dans une province chinoise proche du Tibet, a déclaré qu'il y avait eu "beaucoup de tirs". "Nul ne peut quitter son hôtel."

Un touriste chinois, lui, a stigmatisé les manifestants tibétains, décrits comme "barbares et violents". "Ils prenaient à parti les jeunes policiers et tabassaient des innocents", a dit ce touriste à l'agence de presse officielle Chine nouvelle.

Selon des habitants, les rues de Lhassa, où les journalistes ne peuvent se rendre sans sauf-conduit des autorités chinoises, étaient quadrillées dimanche par des policiers en tenue antiémeutes, à la suite de nouveaux troubles qui ont éclaté durant la nuit, quand des Chinois de la minorité musulmane Hui ont attaqué des Tibétains pour se venger de leurs habitations et biens saccagés.

En outre, l'ONG International Campaign for Tibet a fait état d'une forte présence policière dans au moins deux bastions des Tibétains de souche dans le reste de la Chine - à Lithang au Sichuan et à Xiahe dans le Gansu, où des lamas ont marché pendant deux jours en direction de bâtiments gouvernementaux.

Les bilans des émeutes au Tibet même, dont les plus violentes semblent s'être déroulées vendredi, varient selon les sources. A Dharamsala, les dirigeants en exil parlent désormais de 80 tués et 72 blessés.

"En ce qui concerne le nombre de cadavres, le chiffre de 80 est confirmé", a déclaré à la presse Thubten Samphel, porte-parole du gouvernement en exil. Jusqu'alors, le gouvernement autoproclamé en exil s'en était tenu à un bilan de 30 morts, annoncé samedi soir.

La Chine, elle, fait toujours état officiellement d'un bilan de "dix civils innocents" tués, la plupart dans des incendies allumés par les émeutiers. Dimanche, Chine nouvelle rapporte cependant que 12 policiers ont aussi été grièvement blessés.

Les lamas ont commencé à descendre dans les rues au Tibet lundi dernier, le 10 mars, pour marquer le 49e anniversaire du soulèvement de 1959 contre la présence chinoise. Les manifestations se sont ensuite étendues à des régions chinoises habitées par des Tibétains.

LE PANCHEN-LAMA CONDAMNE LES MANIFESTATIONS

Les autorités chinoises ont annoncé ce week-end le début d'une vaste campagne visant à renforcer la sécurité dans la région et à entamer le soutien populaire au dalaï-lama, qui s'est exilé en 1959 après le soulèvement écrasé par la Chine.

"Ce grave incident, ces combats, ces destructions, ces pillages et ces incendies ont été méticuleusement planifiés par des forces séparatistes réactionnaires ici et à l'étranger, et leur objectif était l'indépendance du Tibet", ont déclaré de hauts responsables de la région et de la sécurité réunis samedi, selon le quotidien officiel Tibet Daily, qui les cite dimanche.

"Menez une guerre populaire pour vous opposer au séparatisme et préserver la stabilité (...), montrez et condamnez les actions malfaisantes de ces forces et exposez au grand jour le visage hideux de la clique du dalaï-(lama)."

Etaient présents à cette réunion le chef du Parti communiste du Tibet, Zhang Qingli, considéré comme un "dur", et de hauts responsables de la sécurité du gouvernement central, signe que Pékin ne donnera pas nécessairement suite aux appels à la retenue lancés par la communauté internationale.

Les autorités ont déjà donné un ultimatum aux émeutiers, les exhortant à se rendre à la police avant lundi minuit pour bénéficier de leur clémence, sans quoi ils s'exposeraient à des sanctions sévères.

Le gouvernement a mobilisé en outre des moines bouddhistes jouissant de la faveur du pouvoir pour dénoncer les manifestations, rapporte le Tibet Daily.

Ainsi, selon Pékin, le panchen-lama, deuxième dans la hiérarchie du bouddhisme tibétain derrière le dalaï-lama, est-il sorti de sa réserve pour soutenir Pékin.

Après la mort du 10e panchen-lama en 1989, Pékin et le dalaï-lama avaient fait des choix antagoniques pour ce qui est de son successeur, et celui effectué par le dalaï-lama, un enfant qui avait alors six ans, est passé sous le contrôle des autorités chinoises.

Selon l'agence Chine nouvelle, l'homme choisi par Pékin, Gyaltsen Norbu, qui a aujourd'hui 18 ans, a condamné les manifestations.

"Les actes des émeutiers non seulement portent atteinte aux intérêts de la nation et des gens, mais violent aussi l'objectif des bouddhistes", a-t-il dit à Lhassa. "Nous condamnons fermement le crime commis par un petit nombre de personnes, qui consiste à causer du tort aux vies et aux propriétés des gens", a dit le 11e panchen-lama, sans aller jusqu'à condamner le dalaï-lama, contrairement à Pékin.

Version française Natacha Crnjanski et Eric Faye

 

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