La police kényane a arrêté mercredi au moins 60 membres présumés de la secte Mungiki interdite pour ses dérives criminelles lors d'une opération massive à Nairobi et dans le centre du Kenya après des émeutes meurtrières en début de semaine, ont indiqué des responsables.
Des centaines de policiers anti-émeute se sont engagés mercredi dans une recherche au porte-à-porte des membres de cette secte dans des bidonvilles de l'est de Nairobi et dans des districts du centre du pays, fief des Mungiki.
"L'opération est en cours (...). Elle est massive car nous sommes déterminés à mettre un terme aux activités (des Mungiki)", a expliqué le porte-parole de la police, Eric Kiraithe.
Au moins 60 suspects ont été arrêtés mercredi, portant à 230 le nombre total de personnes interpellées depuis lundi, a indiqué la police.
Lundi et mardi, les Mungiki ont érigé des barrages et défié les forces de l'ordre dans plusieurs provinces du pays pour protester contre l'assassinat, la semaine dernière, de l'épouse de leur leader emprisonné.
Au cours de ces deux jours, au moins 19 personnes ont été tuées lors d'interventions de la police pour mater ces émeutes dans une crise constituant le premier grand défi du gouvernement de coalition désigné dimanche.
Les autorités entendent arriver à bout de la secte des Mungiki, organisation interdite depuis 2002 pour ses dérives criminelles, dont les membres sont essentiellement issus de la tribu kikuyu du président Mwai Kibaki, a indiqué la police.
Le ministre de la Sécurité nationale George Saitoti a déclaré avoir donné l'ordre à la police de démanteler le réseau formé par cette secte essentiellement à Nairobi, dans la vallée du Rift et les provinces centrales.
"Le gouvernement (...) ne négociera pas avec ces criminels. J'ai ordonné à la police d'être sans pitié avec ces criminels. Nous menons une opération contre eux et déjà une recherche de grande envergure est en cours", a dit M. Saitoti au Parlement.
La police recherchait également des armes utilisées par la secte lors d'attaques contre des policiers et des habitants.
Mardi, la police avait arrêté au moins 52 membres de cette secte qui étaient pour la plupart armés de machettes et menaçaient de tuer des gens et de brûler leurs véhicules.
Ces violences sont intervenues peu après l'annonce de la création d'un gouvernement de coalition, destiné à sortir le pays d'une crise post-électorale majeure. Elles ne sont toutefois pas directement liées aux troubles politico-ethniques qui ont suivi les élections du 27 décembre et ont fait au moins 1.500 morts et plus de 300.000 déplacés, selon plusieurs sources policières.
Interrogé par une télévision kényane lundi soir, un porte-parole des Mungiki a averti que la violence ne diminuerait pas tant que le meurtre de l'épouse de leur chef ne serait pas élucidé.
Le corps de cette femme a été retrouvé mutilé vendredi avec trois autres cadavres dans le centre du Kenya. La secte accuse la police de l'avoir tuée.
La secte Mungiki ("foule" ou "multitude", en langue kikuyu) est accusée d'au moins 43 meurtres - dont une dizaine par décapitation - depuis mars 2007, notamment dans les bidonvilles de Nairobi et dans le centre du pays.
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