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Le 26 avril 2004 à Ilave (Pérou)




A Ilave, dans la province d’El Collao qui borde le lac Titicaca et la frontière bolivienne au sud du Pérou, depuis le début du mois d’avril 2004 des milliers d’habitants de cette ville et de ses environs occupent la place principale, et organisent des « ollas (repas) populaires ». Ils protestent contre la mauvaise gestion locale, mettant en cause le maire, Cirilo Fernando Robles Callomamani, qui aurait détourné des fonds destinés à la construction d’une route, et exigent sa destitution depuis sa mise en accusation le 2 avril lors d’une « assemblée populaire » (expression utilisée dans le journal argentin Clarín). 

Depuis cette date, la ville est ainsi « occupée », et d’importantes voies de communication reliant le Pérou à la Bolivie et au Brésil sont bloquées par les protestataires. Le 15 avril, une marche de milliers d’entre eux a lieu en direction de Puno, capitale du district du même nom où se situe Ilave, pour y faire entendre leurs revendications.

Tandis que la mobilisation se prolonge tout au long du mois – le pont international vers la Bolivie est bloqué quasiment en permanence, les écoles sont fermées –, des dirigeants régionaux tentent une conciliation, proposant le remplacement du maire, mais qui n’aboutit pas. Les autorités nationales demeureraient extérieures au conflit, si ce n’est qu’elles encourageraient, le temps passant, l’option de ce remplacement suivant une procédure « légale ». Le message posté sur l’Indymedia argentin le 15 avril mentionne la présence d’un « comité de lutte » du côté des protestataires. Plusieurs dépêches et articles les identifient comme appartenant pour leur plus grande part à la « communauté Aymara », qui constituerait la majorité des habitants de la région d’Ilave, et il y est précisé à propos de la mise à mort de Robles qu’elle survient « en la plaza del pueblo que lo vio nacer y que lo eligió alcalde de un movimiento aymara con 19 por ciento del total de votos ».


Le lundi 26 avril, une énième réunion serait convoquée autour d’Alberto Sandoval Loza, désigné comme « enemigo político [de Robles] y organizador de la huelga », toujours dans le but de la destitution du maire contesté, qui se cache depuis le début du mois. C’est alors qu’il ferait son retour secret à Ilave, pour prendre part à un conseil municipal en parallèle de la réunion des frondeurs. La nouvelle de sa présence s’ébruite, et plusieurs centaines voire milliers d’habitants interrompent le conseil qu’il anime : débordant quelques dizaines de ses défenseurs improvisés et peut-être quelques flics, ils l’emmènent, avec au moins trois de ses acolytes (certaines dépêches comptent quatre voire dix-neuf dirigeants et fonctionnaires municipaux alors embarqués), pour les promener dans les rues jusqu’à la place principale de la ville, les insultant et les frappant – un journaliste photographe de La República, justement traité de mouchard, connaît le même sort ; plus tard, d’autres seront empêchés de pénétrer dans la ville. Puis, suspendu à un lampadaire ou montré de la terrasse de la mairie aux yeux de milliers d’habitants (10 000, peut-être 15 000), Robles serait contraint de prononcer des excuses, avant qu’un nombre indéterminé de ses « administrés » n’en terminent avec lui, finissant de le passer à tabac, et le jetant du haut d’un pont – entre le 26 et le 28 avril, certaines sources annoncent aussi la mort d’Arnaldo Chambilla, autre dirigeant municipal, voire de trois d’entre eux comme l’évoque seulement et au conditionnel le quotidien Clarín ; tandis que les articles et dépêches plus tardives ne retiennent que la mort du maire [1].

Dépassés, les flics arrêtent tout de même trois à douze habitants, dont il n’est pas précisé alors s’ils seraient considérés comme « responsables » ou « organisateurs » de la protestation contre le maire : au cri de « todos matamos a los corruptos », 3 000 de leurs alliés incendient des véhicules de flics et prennent d’assaut le commissariat à coups de pierres, pneus enflammés, cocktails molotov, pour réussir à les libérer et mettre leurs ennemis en fuite, boutés hors d’Ilave ce lundi soir ou dans la nuit. Au moins un autre bâtiment serait brûlé, à moins qu’il ne s’agisse du commissariat. 

Le mardi 27, 200 flics envoyés en renfort reprendraient le contrôle de la ville, sans qu’il soit fait état d’affrontements, et une commission gouvernementale est envoyée dans la région « to hear demands and help restore order » [2].


A propos de ce 26 avril 2004 à Ilave, les informateurs se concentrent sur les conséquences dans le camp des gestionnaires. D’une part, ils relaient les mises en cause contre le ministre de l’intérieur Rospigliosi, attaqué pour n’avoir pas su gérer la situation qui a mené à l’élimination de Robles, et qui se concluent par sa démission, le 6 mai, suite à un vote de défiance du congrès – un certain Javier Reátegui le remplace. Pour ce qui en est plus particulièrement d’Ilave, l’information rend principalement compte de l’arrestation de Sandoval Loza [3] et d’au moins trois autres responsables locaux, accusés « del delito de homicidio calificado en el grado de autores intelectuales de secuestro y subsiguiente muerte y tortura en agravio del fallecido alcalde Cirilo Robles Callomamani. » Au total, d’après Rospigliosi avant son limogeage, sept personnes, dont deux journalistes pour avoir incité la foule au crime, seraient arrêtées comme présumées responsables de l’acte du lundi.

Mais Sandoval apparaît plutôt étranger à la réalisation collective de cet acte aux allures spontanées, et à la mise à mort publique de son concurrent, dont il envisageait au même moment l’éviction par décision du conseil municipal le soutenant. Il est permis de penser que lui, comme d’autres désignés responsables et organisateurs des manifestations contre le maire en place, sont restés extérieurs au déclenchement soudain du mouvement qui a mené à la suppression du maire – même si en encadrant ou en accompagnant par leurs discours conscients la protestation massive entre le 2 et le 26 avril, ils en partagent une part de responsabilité. Mais comme ces coupables bienvenus pourraient eux-mêmes s’en charger si les rôles étaient inversés, les responsables officiels ont besoin d’identifier des auteurs du « crime » aux motifs définis. Ainsi, ils font paraître une explication des faits qui ignore la radicalité et la profondeur du choix possible qu’un ensemble de manifestants émeutiers a fait surgir, dans un moment d’excitation collective où la volonté commune qui se forme n’est justement pas réductible à quelques plans établis par des gestionnaires concurrents, seulement ennemis en apparence.


Car l’acte commis par les manifestants d’Ilave peut être perçu comme une violente menace adressée à tous les gestionnaires quels qu’ils soient, contraints de le rendre admissible en le faisant passer pour le résultat excessif d’un affrontement entre certaines de leurs fractions seulement. Là où se révèle l’opposition inconciliable entre gestionnaires et gérés, entre ceux qui décident suivant leurs intérêts particuliers et ceux qui ne veulent plus subir l’arbitraire et la malhonnêteté de ces décisions, la réaction officielle vise à en masquer l’évidence – comme le résume parfaitement cette intervention du petit chef bolivien Evo Morales argumentant que, dans une « démocratie », la corruption des gestionnaires doit être combattue d’après le droit constitutionnel. Pour lui, si l’application de ce droit fait défaut, on peut comprendre que la mauvaise gestion soit dénoncée par d’autres moyens, mais il condamne l’usage de la violence, et « no considera necessario el acabar con la vida de las autoridades » : évidemment, puisque lui-même aspire à devenir autorité, même si d’un autre genre.  


En plus, les informateurs introduisent des commentaires du genre : « ''The Aymaras don’t feel like Peruvians. We have our own laws,'' Roman Catholic priest Fausto Pari, an Aymara, told The Associated Press from his parish in Ilave. » Il s’agit de donner une explication du lynchage en tant que pratique coutumière ancestrale, dans ces régions reculées des montagnes andines en gros peuplées de sauvages. S’il peut arriver que dans telle région du monde on agisse suivant des conceptions particulières notamment différentes des conceptions morales dominantes, ceci ne saurait suffire pour séparer de façon systématique ce qui s’y passe du reste du monde, surtout lorsqu’on a commencé par dire – le « on » est pour les discoureurs dominants en général, ceux qui construisent dans l’accumulation de leurs commentaires l’appréhension univoque de tout événement –, que ce n’étaient pas des Aymaras essentiellement, mais de façon plus indéterminée des habitants qui protestaient contre la mauvaise gestion, ici locale : on voit bien la nécessité d’insister après coup sur des explications identitaires et régionalistes, donc conservatrices, contre ce qui a eu lieu.




A propos des suites au 26 avril 2004 à Ilave  


Au moment d’élaborer le compte-rendu qui précède, et en dépit du relevé d’informations à leur sujet, ces suites au 26 avril n’avaient pas été comprises en tant que telles. Un examen ultérieur l’a permis, et une recherche supplémentaire a été menée, principalement par la consultation des archives en ligne du journal péruvien La República, car les seuls articles auparavant relevés manquaient trop de précisions. Mais il apparaît désormais que cette carence était aussi, déjà, une preuve que ces suites se sont développées un à plusieurs crans en deçà de ce 26 avril 2004 à Ilave, en termes d’intensité, d’exceptionnel, d’ouverture possible vers des questionnements et des mises en cause ainsi restés en suspens.


A mesure qu’on s’éloigne de ce choc susceptible d’en inaugurer de bien plus dévastateurs, les tendances contraires dessinées plus haut se renforcent, se confirment, dans la réduction du conflit à une lutte d’intérêts entre dirigeants concurrents, par la négation de la dimension collective de l’acte central jusqu’où ce conflit a mené, avec sa particularisation d’après les vues du nationalisme aymara contestées par l’Etat en place – ces trois tendances procédant les unes des autres –, auxquelles s’ajoute, de façon plus périphérique du fait de leur grossièreté, ce genre de calomnies consistant à accuser comme déterminantes la main de l’étranger ou l’influence de narcotrafiquants et autres contrebandiers dans ce qui a eu lieu. Ce qui apparaissait par le biais des premiers commentaires de journalistes, qu’ils se fassent ou non relais directs des réactions étatiques, semble bien prendre le dessus dans les faits, avec l’aide de dits dirigeants d’une protestation qui perdure mais en suivant une pente descendante. Cet affaiblissement est caractérisé par la domination de revendications limitées, dont les deux principales consistent pour l’une à se préoccuper du sort des « responsables » emprisonnés, pour l’autre à rejeter la nomination d’un nouveau maire par l’institution étatique ; tout ça sur un fond identitaire, à savoir la volonté que l’identité aymara soit reconnue institutionnellement.

Pourtant, surtout dans le cours du mois de mai, le conflit paraît aussi se poursuivre avec la dureté, l’ampleur – à l’échelle d’Ilave et de ses alentours –, et l’intransigeance qui ont été les siennes jusqu’à ce moment qui demeurera malheureusement son apogée passé. Sans doute qu’avant le 26 avril il en a été ainsi de même, dans une oscillation entre les manques de la contestation encadrée et leur dépassement proche. Sans l’engagement d’un nombre conséquent d’habitants anonymes, « leurs » représentants, « leurs » porte-parole ne seraient rien, ils s’agiteraient dans le vide des misérables aspirations qu’ils affichent. Jusqu’au 26 avril, même s’il est difficile de l’affirmer catégoriquement, on pourrait penser que celles-ci, si elles ont été présentes, n’ont pas prévalu, et qu’au contraire leurs tenants ont eu du mal à contenir la force collective en formation, en gestation, qui s’est manifestée de façon si éclatante le 26 avril. Mais ensuite, comme sonnée elle-même par la mise en jeu de son pouvoir possible, elle ne paraît pas se constituer pour elle-même pourrait-on dire, elle est renvoyée au second plan, sous influence, plutôt que libre et autonome.

Quelques sursauts ont bien lieu, notamment les dimanche 23 et lundi 24 mai quand des habitants, peut-être des centaines, défient flics et militaires en plusieurs points – depuis la fin du mois d’avril les suppôts étatiques se comptent par centaines, déployés à divers moments – au niveau du pont international vers la Bolivie, et dans les rues jusqu’au centre d’Ilave, aux abords d’un poste de police : aux cocktails s’ajoutent des tirs de pierres à la fronde, qui ne manquent pas quelques journalistes, tandis que les flics, dont certains depuis un hélicoptère, mitraillent lacrymogènes et balles en caoutchouc, au moins ; il y a plusieurs blessés et des arrestations. Mis à part cette réplique du 26 avril qui en paraît la plus notable, dans les semaines qui l’ont précédée, et dans celles qui suivent au moins jusqu’au milieu du mois de juillet, à plusieurs reprises des paros et blocages sont mis en place, annoncés par des dirigeants locaux suivant qu’ils décident ou non de poursuivre leurs discussions avec l’Etat, avec lequel ils se sont entendus pour mettre en place des négociations. Celles-ci paraissent trouver leur issue à la mi-juillet lorsque, face à l’impossibilité de prendre leurs fonctions pour les successifs remplaçants désignés par l’Etat, le choix d’un maire intérimaire serait entériné par la « population ». Définitivement, du moins pour ce qui est de ce moment particulier, le possible débat, ouvert à partir de la suppression radicale de la figure du gestionnaire qui commande, se perd. Le processus de normalisation l’emporte, selon lequel il n’a plus été question, visiblement, que de sa restauration : si d’abord la fronde est maintenue et défie l’Etat, malgré son « identitarisation », après quelques mois instables la logique dominante reprend ses droits : le maire intérimaire désigné en juillet sera élu en octobre, selon les us et coutumes qui entretiennent la passivité actuelle de la majorité des humains, de ce système dit démocratique ici quelque peu soumis à l’influence d’une idéologie locale qui ne le contredit que superficiellement, celle du régionalisme ou nationalisme aymara.          


Le 26 avril 2004 au cœur d’Ilave, sur la place publique un horizon des plus prometteurs a été mis au jour, mais au-delà de ce trop bref moment on ne sait que très mal, sur la base des informations livrées et recherchées, ce qu’envisage l’ensemble des acteurs de cette découverte. On devrait se contenter de croire qu’ils soutiennent ce que « leurs » représentants disent qu’ils soutiennent. Nous parions au contraire, tant d’autres situations voisines tendent à le montrer dans le monde, que leurs aspirations encore renvoyées dans l’ombre ne sauraient être réduites, dans ce cas, à la conservation des principes du pouvoir politique séparé et de ses structures.



Première rédaction en décembre 2004, révisé et complété pour publication en octobre 2007



1. L'élimination de Robles semble bien avoir été la seule,  comme l'ont confirmé d'autres articles que ceux lus dans un premier temps, au moment de l'élaboration du rapport chronologique pour avril 2004  - dont les  informations avaient été reprises dans la chronologie  générale 2003-2006, désormais corrigée - et lorsque un premier compte-rendu détaillé avait été établi en décembre 2004.
2. Ce même jour, des dits membres de « six communautés indigenes », ou « indigènes aguarunas », dans le nord amazonien du Pérou, séquestrent au moins un autre maire accusé de corruption (les informations livrées là-dessus sont assez imprécises, de sorte qu’il est difficile de savoir si un ou plusieurs lieux repérés dans le même district ou département de Loreto sont concernés : Santa Maria, Cahuapanas, Yurimaguas). Le jeudi 29, à Tilali (5 000 habitants) au nord d’Ilave de l’autre côté du lac Titicaca, cinq conseillers municipaux ou « ancianos » sont à leur tour pris en otages par « 800 Indiens », puis deux flics le vendredi 30, alors que le maire accusé de corruption a pris la fuite – d’après un « président du conseil du village », un mouvement de protestation serait engagé depuis 18 jours. Le samedi 1er mai, des flics sont envoyés en renfort mais sans intervenir, et une commission officielle chargée de négocier. Quelques jours plus tard, les séquestrés seraient relâchés. Par ailleurs, dans son édition du 26 mai, Clarín évoque pour cette période une trentaine de villages qui se seraient rebellés contre les représentants du pouvoir local.
3. Alors même que celui-ci, le 28 ou le 29 avril, est choisi comme nouveau maire, après des tractations entre dirigeants d’Ilave et représentants gouvernementaux, cette procédure étant contestée pour son non respect de la voie légale, officielle.



Documents utilisés :

Pour la rédaction du premier compte-rendu sur les faits du 26 avril 2004 :

Relevé initial :

04-04-15 - Argentina Indymedia -- PERÚ MILES DE AYMARAS BLOQUEAN ACCESO INTERNACIONAL PROTESTANDO CONTRA GOBIERNO CORRUPTO
04-04-16 - Indymedia-IMC Paris -- Perou : des milliers d'aymaras bloquent les routes
04-04-26 - RPP NOTICIAS -- Sube a dos el número de muertos por violencia en Ilave
04-04-27 - AP Yahoo! News -- Protesters Kill Mayor in Peruvian Town
04-04-27 - BBC -- Perú turba lincha a un alcalde
04-04-27 - El Tiempo -- Grave tensión social en Perú un alcalde linchado y otro secuestrado
04-04-27 - SFGate -- Police retake control of Peruvian town where mob killed mayor
04-04-28 - BBC News -- Americas  Peru sends police into riot town
04-04-28 - Clarín -- La policía ocupa el pueblo peruano que linchó al alcalde, pero sigue la tensión
04-04-28 - La Rioja -- Miles de vecinos de una ciudad de Perú linchan a su alcalde por corrupto
04-04-28 - News24 -- Mayor hanged from street lamp
04-04-30 - Indymedia-IMC Paris -- PEROU : les Aymaras lynchent le maire
04-04-30 - News24 -- Peru mayor flees lynch mob
04-05-02 - La Prensa -- Toman rehenes a dos policías en sur del Perú
04-05-05 - RPP NOTICIAS -- Ordenan detención definitiva de teniente alcalde de Ilave
04-05-06 - Bloomberg.com -- Peruvian Congress Ousts Interior Minister Rospigliosi
04-05-06 - FT.com -- Peru minister censured over mayor killing
04-05-07 - Invertia -- Perú nombra nuevo ministro de Interior tras muerte de alcalde
04-05-07 - The Guardian_Infoshop -- Peru Police Report Warns of Social Unrest
04-05-10 - La Prensa -- Gobierno peruano busca evitar paro de campesinos
04-05-12 - New Zealand News -- Peru protests put pressure on premier for action
04-05-13 - RPP NOTICIAS --Evo Morales deslindó responsabilidades en caso Ilave
04-10-07 - IOL -- Peru TV broadcasts images of public lynching

Relevé complémentaire :
04-04-22 - La República -- Miles de puneños piden destitución de 3 alcaldes acusados de corrupción
04-04-23 - La República -- Puneños mantienen huelga y bloquean ruta a Desaguadero
04-04-24 - La República -- Regidores deciden hoy la vacancia de alcalde de Ilave
04-04-25 - La República -- El alcalde de Ilave podría ser vacado
04-04-29 - La República -- Imponen como nuevo alcalde de Ilave a regidor que incitó el crimen


Pour l’ajout à propos des  suites au 26 avril 2004 :

04-05-11 - La República -- Autoridad de la Iglesia pide no liberar a dirigentes de Ilave
04-05-11 - La República -- Ilave pide ahora la salida de Toledo
04-05-13 - La República -- Ilave ofrece tregua y pide presencia de Toledo para iniciar negociaciones
04-05-15 - La República -- Ilave_ Exigen libertad de concejales detenidos por el crimen de Robles
04-05-19 - La República -- Pobladores iban a liberar a los detenidos en penal
04-05-22 - Houston Chronicle -- Mayor's murder prompts lynch-mob justice in Andes
04-05-23 - La República -- Paralización de aimaras deja sin alimentos a Ilave
04-05-23 - RPP NOTICIAS -- Descartan víctimas por enfrentamientos en Ilave
04-05-24 - BBC -- Perú más violencia en Ilave
04-05-24 - La República -- Nuevo choque de aimaras con la policía en Ilave deja diez heridos
04-05-24 - Reuters_Invertia -- Toledo dice no permitirá caos en Perú sacudido de protestas
04-05-25 - La Prensa -- Toledo advierte que no permitirá el caos en Ilave
04-05-25 - La República -- Comuneros intentaron tomar la Plaza de Armas de Ilave
04-05-26 - Clarín -- Estalla otra rebelión en el pueblo peruano que linchó al alcalde
04-05-26 - CNN -- Peru negotiates with town's violent protesters
04-05-26 - La Prensa -- Los pobladores de IIave rechazan al alcalde interino
04-05-26 - La República -- Ilave suspende huelga y abre el diálogo con enviados del gobierno
04-05-26 - La República -- Más de 500 policías y militares son desplazados a Puno
04-05-26 - Reuters AlertNet -- Peru peasants agree to end strikes, protests
04-05-26 - The Seattle Times -- Restive town in Peru faces crackdown
04-05-27 - La República -- Ilaveños acuerdan tregua de 10 días
04-05-27 - La República -- Premier Ferrero anuncia repliegue de FFAA en Ilave
04-05-27 - RPP NOTICIAS -- Asesinato de alcalde de Ilave fue por ambición de poder
04-05-28 - La República -- Ilave volvió a la normalidad tras 2 meses de gran convulsión social
04-05-29 - La República -- Formalizan 41 denuncias por el asesinato del alcalde Cirilo Robles
04-06-05 - La República -- Ilave suspende por una semana negociaciones con el gobierno
04-06-11 - La República -- Cambian de penal a implicados de Ilave
04-06-14 - RPP NOTICIAS -- Policía libera a alcalde secuestrado por comuneros
04-06-15 - Reuters AlertNet -- Peru peasants to restart strike, threaten protests
04-06-17 - La República -- Pobladores de Ilave agreden a regidores
04-06-18 - La República -- El Collao proclamaría a su propia autoridad
04-06-19 - La República -- Los aimaras volverán a negociar con el gobiernoridad
04-06-25 - La República -- Cambian la orden de detención para 9 ilaveños
04-06-26 - La República -- Reabrirán el municipio provincial de El Collao
04-07-03 - La República -- Comuneros de Ilave retomarán lucha si no liberan a dirigentes
04-07-08 - La República -- Reservistas puneños amenazan con 'tomar' la ciudad de Ilave
04-07-09 - La República -- Exigen libertad de detenidos antes de conciliar con Reátegui
04-07-09 - La República -- Reservistas y dirigentes juveniles y barriales serían los asesinos de Robles
04-07-13 - La República -- Se rompe mesa de diálogo en Ilave y aimaras reanudan paro indefinido
04-07-14 - La República -- Ilaveños evitarán que juramente el nuevo alcalde Ramón Arias
04-09-11 - La República -- Reabrirán municipio de El Collao
04-09-28 - La República -- Ilave : reabren municipalidad
04-10-17 - La República -- Ilave retoma cauce democrático con elecciones complementarias
04-10-18 - La República -- Miguel Flores Chambi es el nuevo alcalde de El Collao
04-12-26 - La República -- Ser alcalde en el Perú es convivir con el peligro
05-04-05 - La República -- Ilave exige al gobierno cumpla con obras ofrecidas
07-04-26 - Ser_Servicios Educativos Rurales -- Ilave, tres años después



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Invitations au Débat sur la Totalité