KABOUL (AP) - Trois personnes ont été tuées et 51 autres blessées lorsque les forces de l'ordre afghanes ont ouvert le feu sur des manifestants qui avaient investi des locaux de l'ONU et lapidé des militaires américains dimanche à Herat, dans l'ouest de l'Afghanistan, selon le chef provincial de la Santé Mohammed Omar Samim.
Des centaines de personnes s'étaient rassemblées pour protester contre le renvoi la veille du gouverneur Ismail Khan. La foule a scandé des slogans hostiles au gouvernement d'Hamid Karzaï puis elle a pris d'assaut deux complexes des Nations unies et les a pillés. Les personnels onusiens ont trouvé refuge dans une base militaire américaine.
Au moins un véhicule de l'ONU et une guérite ont été incendiés, selon le porte-parole de l'ONU Manoel de Almeida e Silva.
Plusieurs soldats américains ont été blessés par des pierres qui leur ont été lancées alors qu'ils évacuaient les personnels onusiens vers leur base d'Herat, selon l'ambassadeur des Etats-Unis en Afghanistan Zalmay Khalilzad.
Pour tenter de maîtriser la foule, policiers et militaires afghans ont ouvert le feu, blessant une dizaine de personnes, selon Latfullah Mashal, un porte-parole du ministère de l'Intérieur. Il a assuré que les forces de l'ordre n'avaient tiré qu'en l'air et qu'aucun mort n'était à déplorer.
Cependant, le chef provincial de la Santé Mohammed Omar Samim a ensuite rapporté que trois personnes avaient été mortellement touchées, dont un garçon de 15 ans. "Sa famille est venue à l'hôpital cet après-midi et nous leur avons donné le corps", a-t-il déclaré.
Il a également fait état de 51 blessés, dont la plupart par balle. L'un d'eux se trouvait dans un état critique. "Les chirurgiens vont travailler toute la nuit", a noté Mohammed Omar Samim.
Le vice-directeur du principal hôpital de la ville d'Herat, Khalil Ahmad Tawakul, a affirmé avoir vu les cadavres de deux hommes jeunes.
L'un des blessés hospitalisés, Bismillah, 41 ans, a affirmé que les forces de l'ordre avaient lancé une grenade sur la foule.
Le président afghan Hamid Karzaï a condamné les actes des émeutiers, qui ont aussi mis le feu à une organisation humanitaire danoise et saccagé le bureau local de la Commission afghane des droits de l'homme.
"Ce n'est pas ce que le pays veut, ce n'est pas ce que les habitants d'Herat veulent", a-t-il déclaré devant la presse à Kaboul, à 580km à l'est de là. "Nous nous chargerons de cela avec force".
Ces incidents se sont produits quelques heures avant l'arrivée du remplaçant d'Ismail Khan, Sayed Mohammed Khaiekhawa, l'ancien ambassadeur d'Afghanistan en Ukraine.
Par ailleurs, 363 Pakistanais qui étaient incarcérés à Kaboul pour avoir combattu aux côtés des talibans ont été relâchés dimanche de la prison Pul-e-Charki. AP
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