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lundi 13 septembre 2004, 18h21
L'ONU sous le choc après le saccage de ses bâtiments en Afghanistan
KABOUL (AFP) - Les responsables des Nations unies étaient lundi sous le choc après le saccage de leurs locaux et ceux d'autres ONG dimanche à Herat (ouest de l'Afghanistan) et évoquaient la pire agression contre l'organisation depuis la chute des talibans il y a presque trois ans.
"Je suis ici depuis deux ans et demi, je n'ai jamais vu une chose pareille," a déclaré à l'AFP le porte-parole de l'organisation, Manoel de Almeida e Silva, en marge d'une conférence de presse à Kaboul.
Lors des incidents de dimanche, des affrontements entre manifestants et forces de l'ordre ont aussi fait quatre morts et plus de 50 blessés.
"J'ai vu dans ma vie beaucoup de locaux de l'ONU détruits, mais j'ai rarement vu le genre de destruction que j'ai constaté dans les bureaux de la Mission d'assistance des Nations unies en Afghanistan" (Unama), a déclaré lors de cette conférence de presse, l'adjoint du représentant spécial de l'ONU en Afghanistan, Filippo Grande.
"Le bureau était en cendres, tout avait brûlé (...) l'ensemble du bureau a disparu" et les locaux du Haut commissariat aux réfugiés (HCR) ont été "complètement pillés", a-t-il poursuivi.
"Il y avait même un coran, dépouillé de sa couverture traditionnelle, jeté dans un coin. L'employé du HCR qui l'a vu était en larmes".
Les saccages, qui selon les informations disponibles lundi, ont touché ces deux agences de l'ONU et trois ONG, ont en réalité été beaucoup plus étendus.
"L'Unicef, le Programme alimentaire mondial, l'Organisation internationale des migrations (OIM), la Commission indépendante afghane des droits de l'Homme, le Comité d'assistance danois, la Fédération internationale de la Croix-Rouge: toutes ces agences ont souffert des attaques contre leurs bureaux ou leurs logements ou les deux", a-t-il déclaré.
"Les pillards ont détruit plus de dix véhicules tout-terrain", se désolait, sur place, un employé de l'OIM, Said Abdul Karim.
"Mon dieu, mais qu'ont-ils fait au bureau", se lamentait un autre employé de l'OIM, constatant que les locaux avaient été entièrement brûlés.
Dimanche, environ 500 manifestants s'en étaient pris à ces organisations, après être descendus dans la rue pour protester contre le limogeage par le pouvoir central du gouverneur de la province, Ismaël Khan.
Face à la foule en colère, la police et l'armée régulière, épaulées par des soldats américains, ont sans douté été débordées, après le "vide" créé par le changement de pouvoir à Herat et les difficultés de "communication" entre les différents intervenants, selon l'ONU.
"Les attaques étaient ciblées, ce n'est pas discutable", a par ailleurs déclaré Filippo Grande: les maisons avaient été "soigneusement sélectionnées en accord avec une sorte de plan".
"La manière d'exprimer son mécontentement en obtenant le maximum de résonance est de s'attaquer aux organisations internationales", a-t-il regretté pour expliquer le choix des cibles sans aucun lien apparent avec le limogeage d'un gouverneur.
"Nous n'abandonnons pas Herat", a-t-il ajouté en précisant que les opérations de l'ONU reprendraient progressivement une fois des mesures de sécurité prises.
Les Nations unies ont décidé de rapatrier leur personnel international et certains employés afghans "pour quelques jours de repos".
L'équipe électorale, a-t-il précisé, est restée sur place car "la préparation de l'élection" présidentielle du 9 octobre en Afghanistan, la première de l'histoire du pays "doit se poursuivre".
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