KABOUL (AP) - Sept manifestants anti-américains et un policier ont été tués vendredi par des tirs des forces de sécurité sur des protestataires qui défilaient dans différentes villes afghanes contre les profanations du Coran, qu'auraient commises des officiers américains interrogeant des détenus sur la base de Guantanamo.
Cela porte à 15 le nombre de personnes tuées depuis le déclenchement de cette vague anti-américaine, la plus vive depuis la chute du régime taliban en 2001. Cette hostilité inquiète de plus en plus le gouvernement d'Hamid Karzaï qui est soutenu par Washington.
Trois hommes sont morts quand la police a ouvert le feu pour tenter de disperser des centaines de manifestants qui s'en prenaient aux locaux de deux organisations humanitaires dans la province du Badakhshan (Nord-Est), a rapporté à l'Associated Press le gouverneur de la province Abdoul Majid. Il y a eu par ailleurs 22 blessés dont trois policiers.
Un autre manifestant a été tué à Qala-e-Naw dans le nord-ouest de l'Afghanistan, quand les forces de police ont tiré en l'air pour disperser la foule, a-t-on appris auprès du chef de la police de la province, Amir Chah Naibzada.
A Ghazni, dans le sud-est de l'Afghanistan, après les prières du vendredi, des manifestants se sont précipités vers un poste de police et vers la résidence du gouverneur en scandant "A mort, l'Amérique" et en jetant des pierres contre ces bâtiments. Des coups de feu ont éclaté.
Deux civils et un policier ont été mortellement touchés, a rapporté le Dr Shafiqullah Shafaq, médecin à l'hôpital de Ghazni. Vingt et une autres personnes ont été blessées, dont le chef de la police de la province.
Quatre manifestants ont été blessés par balle lors de heurts avec la police et les troupes gouvernementales à Gardez, près de la frontière pakistanaise. L'un d'entre eux a succombé à ses blessures à l'hôpital, selon le chef de la police de cette province Hay Gul Suleyman Khel.
Une autre manifestation, à Kaboul, s'est elle achevée dans le calme. Des manifestations ont par ailleurs eu lieu à Islamabad, Lahore et Peshawar au Pakistan, rassemblant quelques centaines de personnes, ainsi qu'à Gaza, dans les territoires palestiniens.
La secrétaire d'Etat américaine Condoleeza Rice a promis l'ouverture d'une enquête du Pentagone et souligné que toute profanation du Coran est intolérable. Le porte-parole présidentiel Scott McClellan a de son côté lancé un appel au calme. "Nous souhaitons que les Musulmans à travers le monde sachent que nous partageons et comprenons leurs inquiétudes", a-t-il dit. AP
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