MAZAR-I-SHARIF (AFP) - Un Afghan a été tué mardi lors d'une manifestation contre la publication de caricatures de Mahomet, dont les participants attaquaient un cantonnement de troupes norvégiennes de l'Otan à Maïmana (nord de l'Afghanistan), a annoncé le vice-gouverneur provincial.
Les manifestants ont lancé des grenades contre les bureaux de l'Equipe provinciale de reconstruction gérée par les Norvégiens, a expliqué Sayed Ahmad Sayed, vice-gouverneur de la province de Faryab.
"La manifestation est devenue violente. Un manifestant a été tué et cinq autres blessés", a ajouté un témoin. Vers 7H30 une foule de 200 à 300 personnes a attaqué le camp de Maïmana. Ils ont lancé des pierres et forcé la porte du camp. Du matériel a été incendié et un occupant du camp légèrement blessé. Le commandement du camp a sollicité un soutien aérien et des renforts en troupes auprès du quartier-général de la Force internationale d'assistance à la sécurité (Isaf), commandée par l'Otan.
Lundi trois manifestants avaient été tués en Afghanistan dans diverses manifestations de protestation contre la publication en Europe de caricatures du prophète Mahomet, qui se sont étendues lundi à l'Afrique de l'Est, notamment en Somalie, où un manifestant est mort.
Les représentants des 25 Etats membres de l'UE à Bruxelles ont souhaité un retour "au calme et au dialogue" mais n'ont pas décidé de mesures concrètes pour la protection des Européens. Le Danemark a appelé ses ressortissants à éviter de se rendre dans 14 pays musulmans.
A Téhéran, des manifestants de la milice islamiste des Bassidjis ont réussi à pénétrer brièvement dans l'enceinte de l'ambassade du Danemark avant d'être évacués par la police. Des coktails Molotov ont également été tirés sur la représentation diplomatique, alors que l'Iran a annoncé la suspension de ses échanges commerciaux avec Copenhague. Pendant le week-end, l'ambassade du Danemark et de la Norvège à Damas, ainsi que le consulat général du Danemark à Beyrouth avaient été incendiés.
A Damas, des affiches anonymes appelant à une manifestation de protestation mardi devant l'ambassade de France ont été placardées. Deux personnes ont été tuées lundi près de Kaboul, et une autre à Mihtarlam, capitale de la province de Laghman (est), lors de manifestations de protestation contre la publication des caricatures. En Somalie, au moins une personne a été tuée et plusieurs autres blessées dans la ville portuaire de Bossaso (nord-est) lors d'affrontements entre forces de sécurité et manifestants.
La Maison Blanche a dit qu'elle comprenait la colère des musulmans, mais qu'elle espérait aussi une condamnation de leur part des "discours de haine" antichrétiens et antisémites. En visite à Dubaï, le secrétaire général de l'ONU Kofi Annan a appelé les musulmans à "pardonner" et à s'abstenir de tout recours à la violence. La Russie a appelé pour sa part au calme et à la tolérance tandis que Prague a "vigoureusement condamné" les attaques.
A Alger, près de 3.000 personnes, répondant à l'appel d'un parti islamiste modéré, ont crié leur colère contre les caricatures, appelant au boycottage de "tous ceux" portant "atteinte" au prophète. Au Kenya, voisin de la Somalie, la principale organisation musulmane, le Conseil suprême des musulmans du Kenya (Supkem), a appelé les fidèles à manifester vendredi dans la capitale, Nairobi.
A Djibouti, pays musulman à 96% et voisin de la Somalie, des étudiants ont manifesté pendant le week-end, et le gouvernement a interdit l'importation et la commercialisation de produits danois. Une organisation caritative danoise a fermé provisoirement deux bureaux au Darfour, à l'ouest du Soudan, à la suite d'attaques par des manifestants.
En Jordanie, les rédacteurs en chef de deux journaux jordaniens, qui avaient appelé les musulmans à la raison et publié les caricatures controversées de Mahomet, ont été de nouveau arrêtés, après avoir été relâchés. Un hebdomadaire yéménite, Al-Hourriya, a été suspendu et son rédacteur en chef poursuivi en justice pour avoir reproduit les dessins controversés. Au Maroc, le directeur et un journaliste du seul journal marocain à avoir publié une ces caricatures, le quotidien arabophone indépendant Annahar Al Maghribia, ont été mis en examen.