MAZAR-I-SHARIF (Afghanistan) (AFP) - De nouvelles violences ont fait quatre morts mardi en Afghanistan alors que le monde musulman restait agité par la parution dans la presse européenne de caricatures du prophète de l'islam.
De l'Afghanistan à l'Indonésie en passant par l'Iran, le Pakistan, la Jordanie et jusqu'au Niger, des manifestants ont protesté alors que les appels au calme qui se multiplient depuis les premières violences le week-end dernier sont pour l'instant restés vains.
Les incidents les plus graves se sont déroulés à Maïmana, dans le nord de l'Afghanistan, où quatre manifestants ont été tués par la police afghane en riposte à des tirs. Cinq soldats norvégiens ont été légèrement blessés.
L'escalade provoquée par les dessins parus dans un quotidien danois, puis un magazine norvégien et d'autres journaux européens, avait fait ses premiers morts lundi : trois en Afghanistan, un en Somalie et un cinquième à Beyrouth.
Les militaires norvégiens ont tiré des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc. Des avions de l'OTAN ont tiré des coups de semonce et des renforts britanniques sont arrivés sur place.
A Peshawar, à la frontière pakistano-afghane, des milliers de Pakistanais ont manifesté à l'appel du parlement provincial, dominé par les islamistes. A Karachi, de nombreux commerçants étaient en grève.
A Téhéran, des manifestants ont brièvement pénétré dans l'enceinte de l'ambassade du Danemark et ont lancé des cocktails Molotov comme ils l'avaient fait lundi soir.
Le gouvernement iranien a appelé mardi la population "à ne pas violer les territoires diplomatiques" après une demande de protection du Danemark.
En Indonésie, de nouvelles manifestations se sont déroulées devant l'ambassade du Danemark à Djakarta - provisoirement fermée - et dans différentes villes.
Copenhague a appelé ses ressortissants à quitter le pays pour des raisons de sécurité.
En Turquie, le meurtrier présumé d'un prêtre catholique italien, un adolescent de 16 ans, a été arrêté à Trabzon, dans le nord-est du pays, où le crime a été commis dimanche.
Selon la chaîne d'information NTV, il a dit avoir agi à cause des caricatures mais cela n'a pas été confirmé officiellement.
L'escalade continue d'avoir des répercussions économiques et autres. En Jordanie, une majorité de députés a réclamé l'annulation des accords avec le Danemark et la Norvège et le boycottage de leurs produits.
Un millier de personnes ont brûlé des drapeaux danois, israélien et américain à Damas, ainsi que des produits alimentaires danois.
Au Yemen, le parquet a ordonné l'arrestation de l'éditeur et rédacteur en chef d'un hebdomadaire qui avait reproduit les caricatures.
Au Niger, plusieurs milliers de personnes ont manifesté à Niamey.
En Croatie, l'hebdomadaire Nacional a publié mardi les douze caricatures de Mahomet, se demandant si l'Occident devait accepter la "dictature religieuse et culturelle" des islamistes.
A Sarajevo, l'ambassade du Danemark a été évacuée à cause d'une fausse alerte à la bombe.
Parallèlement, de nouvelles exhortations au calme ont été lancées mardi, après que l'Union européenne eut appelé à la protection de ses ressortissants et ambassades.
Aucune mesure concrète n'a toutefois été décidée par l'EU qui étudie sa réaction à la suspension par l'Iran de ses échanges commerciaux avec le Danemark.
Le chef de la diplomatie espagnole, Miguel Angel Moratinos, a appelé à une condamnation "claire" des violences. Il a aussi souligné la nécessité "de garder son calme et de trouver une solution pour réduire la tension".
Tokyo a estimé également que "la violence et les actes de vandalisme ne se justifient en aucune façon" et exhorté toutes les parties concernées "à réduire les tensions".
Le ministre australien des Affaires étrangères, Alexander Downer, a condamné les violences et demandé aux gens "de rester calme".
Lundi, la Maison Blanche avait dit comprendre la colère des musulmans mais espérer aussi une condamnation des "discours de haine" antichrétiens et antisémites dans le monde arabe.