Violentes manifestations à Béni Ounif
De notre correspondant
Ce samedi, à Béni Ounif, daïra située à 110 km au nord du chef-lieu de wilaya Béchar, des jeunes en colère descendent dans la rue pour exprimer leur ras-le-bol. Des édifices et des biens publics sont saccagés sans discernement : APC, daïra, impôts, agence foncière, DCP, véhicules de l'Epedemia et de la Sonelgaz Rien n'a échappé au courroux de cette masse déferlante. D'aucuns affirment que le feu a été mis aux poudres à cause des engagements non tenus par les pouvoirs publics quant à la constitution d'une commission de wilaya qui devait normalement se réunir ce samedi, journée des émeutes, pour répondre aux revendications de la population : démission des membres de l'APC, rétablissement du courant électrique, réparation du réseau télévisuel, règlement du problème de chômage et celui des pratiques sectaristes de l'Administration C'est donc contre ce mépris manifeste des autorités locales que les jeunes se sont insurgés. D'après nos sources, cette situation explosive ne date pas d'aujourd'hui. Cet air de révolte planait sur la ville depuis plusieurs mois mais, rien n'a été fait pour calmer les esprits. Par le fait de cette politique de l'autruche pratiquée par un Pouvoir partout décrié est apparue une population de laissés-pour-compte acculés au désespoir et dont la détresse est exacerbée par la stérilité des discours fleuves, un verbiage creux et la désillusion des lendemains électoraux désenchanteurs. Le Pouvoir persiste dans sa cécité simulée. Comme on le voit si bien, tandis que les projecteurs sont braqués sur la grossière mise en scène jouée par la suite présidentielle lors de ses interminables pérégrinations à travers les boulevards pavoisés de l'Algérie officielle, l'Algérie profonde offre un spectacle qui a le triste mérite lui d'être bien réel, assuré par une population qui, en désespoir de cause, s'exprime par le seul recours qui lui reste, l'émeute. Djoumi Abdelkader
Djoumi Abdelkader
02-02-2004

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