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Contestations populaires et élection présidentielle
L'émeute comme forme d'expression

Lorsque, à l'occasion d'une virée présidentielle, des émeutes éclatent et que des jeunes expriment leur « ras-le-bol », leur « malvie » et leur dégoût de la « hogra » et de « l'injustice », certains y voient de la manipulation, d'autres des exigences
politiques.
Les revendications portées par ces mouvements disparates, où qu'ils se situent, sont loin de correspondre à ces deux qualificatifs. Un mur d'incompréhension sépare les révoltés de leurs gouvernants quel que soit le niveau où ces derniers se situent dans la « hiérarchie » de prise de décision. Les doléances des populations portent sur un développement humain insuffisant, un développement local restreint. Les revendications récurrentes tournent autour de l'accès à l'emploi, au logement, à la santé, aux infrastructures de base que sont les routes, l'alimentation en eau potable, en gaz et en électricité. Quand des jeunes sortent dans les rues de Haïzer, d'Ourgla, de Touggourt ou d'autres localités algériennes, brûlant les édifices publiques, s'attaquant à tout ce qui représente le Pouvoir et ses relais locaux, ils expriment la faillite de l'Etat, à travers les autorités locales, dans la gestion des affaires de la cité, dans la gestion du développement local. La contestation populaire, devenue un moyen d'expression, montre les limites d'un découpage administratif et territorial loin de correspondre aux réalités locales. Les Assemblées populaires de commune, de wilaya, les wilayas elles-mêmes, ne sont que le relais d'un système centralisé, géré à partir d'une capitale éloignée, lointaine et quelque peu « snobinarde » envers sa province. La révolte interne démontre également la faillite de la classe politique et des partis à proposer des alternatives concrètes aux doléances de leurs concitoyens. Les populations mettent, de fait, dans le même « sac » les élus locaux et les fonctionnaires de l'Administration. Les représentants élus et les administrateurs désignés. Et plus la date du scrutin du 8 avril se rapproche, plus les populations à travers le territoire national s'expriment vivement et violemment, à travers des émeutes plus ou moins importantes. Il faut reconnaître aux jeunes une capacité de perception étonnante. Celle d'avoir compris qu'à l'approche d'une élection, présidentielle de surcroît, avec tout ce qu'elle charrie comme enjeux, comme opportunités, c'est le meilleur moment pour eux de s'exprimer, de hausser le ton. Sans faire dans l'apologie des émeutes, les Algériens ont compris que pour se faire entendre, la contestation populaire est peut-être le seul moyen de susciter un tant soit peu de réponses urgentes, un tant soit peu de solutions immédiates. A un moment critique pour l'Etat et la classe politique, les Algériens mettent en exergue les cassures existantes dans la transmission des pouvoirs, dans la répartition des richesses et dans la prise en charge, au niveau local et national, des attentes d'une société en souffrance. Quel que soit le Président élu le 8 avril 2004, une fracture béante sépare le peuple des gouvernants et hommes politiques. La confiance, exigence primordiale dans un système démocratique, est rompue.
Samar Smati


Samar Smati

09-03-2004

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