Grave tension à Aïn Kechra

El Watan, 7 mars 2004

Le spectre des manifestations populaires s'est emparé de nouveau de la wilaya de Skikda où trois foyers de contestation ont éclaté durant la matinée d'hier.

Dans la commune de Ramdane Djamel, les habitants de l'agglomération Gassaba, située à moins de 10 km du chef-lieu de commune, ont barricadé dès les premières heures de la journée la route nationale reliant Skikda à Annaba. Ils ont tenu ainsi à exprimer leur peur de voir le quota de 50 logements sociaux, dont venait de bénéficier leur agglomération, détourné au profit du hameau de Staïha. Et ce n'est qu'aux environs de 13 h et après le déplacement du chef de daïra qui engagera des pourparlers avec les contestataires que les barricades furent levées.Par ailleurs, à Boulballout, commune située à l'extrême ouest de la wilaya de Skikda, plusieurs dizaines de citoyens ont obligé le personnel de la commune ainsi que l'ensemble des élus à quitter le siège de l'APC. Un groupe de citoyens a également séquestré pendant plus de trois heures le président de l’APC (RND) et le secrétaire général de la commune avant de les libérer et procéder carrément à la fermeture du siège communal. Les citoyens demandent plus d'égards pour leur commune enclavée en insistant sur la réfection du réseau routier. A moins de 20 kim à l'est de Boulballout, les habitants de Aïn Kechra ont également maintenu les barricades dressées depuis le soir de vendredi dernier sur la RN43 reliant Skikda à Jijel. Ils ont également évacué le siège de l'APC de tous ses occupants pour le fermer. Au sujet des revendications, les habitants de Aïn Kechra ont exigé le départ inconditionnel de leur président d’APC (FLN). Ils exigent également l'installation d'une unité de sûreté urbaine dans leur commune où vivent plus de 23 000 habitants, d'autant plus, comme ils tiendront à le souligner, un grand nombre de vols continue à être enregistré, surtout durant la nuit. Ils ont également tenu à dénoncer les dernières attributions «sélectives» des postes d'emploi entrant dans le cadre du filet social et la désignation des encadreurs des bureaux de vote. Allant encore plus loin, les habitants demandent que plusieurs infrastructures institutionnelles soient érigées dans leur commune.
Jusqu'à 16 h hier, les sièges des communes de Boulballout et de Aïn Kechra demeuraient encore fermés. Des informations de dernière minute rapportent, par ailleurs, que la tension se serait aggravée dans la commune de Aïn Kechra après que les habitants de l'agglomération de Boudoukha eurent exprimé leur volonté de défendre le président de l’APC, originaire de leur hameau. Ils ont ainsi bloqué la route menant à Aïn Kechra et auraient, d'après certains témoignages, menacé de rouvrir demain le siège de l'APC en recourant même à la force.

Par K. O.

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Journée d’émeutes à Bouira

Ecumant de colère, quelque 600 jeunes ont pris l’initiative hier de fermer la RN 18 à hauteur de Aïn Laloui dont ils sont tous originaires.

En choisissant de bloquer cette voie qui met en communication Bouira et Aïn Bessam et qui dessert également Aïn Laloui, à distance entre les deux chefs-lieux de daïra et de wilaya, les émeutiers tenaient à montrer qu’ils protestaient contre l’absence de toute perspective à laquelle ils sont quotidiennement confrontés et dénoncer la gestion des responsables qui sont derrière cet état de choses. Tout excités encore de leurs actions, ils ont dressé un état des lieux peu reluisant des gestions successives, et notamment la dernière en date. Depuis 1987, à les entendre, aucun projet ciblant la jeunesse n’a été réalisé. Le dispositif du filet social ne profite qu’à une dizaine de jeunes et l’Orac, qui aurait résolu une partie du chômage qui pousse la jeunesse au suicide, à l’alcool et à la drogue, et dont le siège et les structures sont implantés dans la commune de Aïn Laloui, n'emploie que quatre ouvriers contre 600 autres recrutés en dehors de la commune, selon un manifestant. Dénonçant la gabegie qui caractérise encore cette gestion, un autre s’interrogera sur l’ensemble des projets décidés pour leur commune et délocalisés au profit d’autres. Bref, le chapelet de griefs concernant les logements sociaux non distribués, ceux non encore achevés alors que les fonds pour leur réalisation ont été versés, selon les manifestants, dans les caisses de l’APC, la collecte effectuée dans la mosquée pour les besoins de celle-ci sans qu’on voie où va l’argent récolté, la construction d’un stade d’une enveloppe de 640 millions confiée à deux entrepreneurs, selon le mode du gré à gré par le DAL, ont fait monter la tension chez la population qui a estimé que la coupe était pleine. La journée d’hier a tourné à la fronde : pneus incendiés, blocs de pierres posés en travers de la route, plus loin lampadaires couchés pour barrer la route et au carrefour une véritable barrière était dressée. Dès 8 h 30, la RN 18 était fermée à tout trafic. Vers 10 h, les émeutiers ont cadenassé le portail du stade après en avoir chassé les ouvriers, bouclé le siège de l’APC et renversé la voiture de service devant la porte. Il n’y ont pas mis le feu, mais l’ont démolie à coups de barre. Les émeutes continueront même le jour des élections tant qu’il n’y aura pas de changement, estiment nombre d’entre eux. Un changement qui passe par une amélioration au plan du revêtement des rues, de l’assainissement, de l’AEP, de l’emploi, de l’éclairage public, de construction de structures de loisirs, de l’installation du gaz de ville et surtout de la dissolution du conseil communal. Sans quoi, menacent les émeutiers, point de paix et point d’élections. Par ailleurs, durant toute la matinée d’hier, les habitants de la localité Ziraoua relevant de la commune de Kadiria ont fermé à la circulation la RN5, reliant Constantine et Alger. Les habitants ont recouru à cette solution après avoir épuisé toutes les voies administratives. «Cela fait plus d’une année et demie que les autorités locales nous ont promis la construction d’un pont qui nous permettra de regagner la route nationale pour aller au chef-lieu de la commune de Kadiria. Mais ces même autorités traînent. Il y a quelques mois, une vieille femme de notre village a été emportée par les eaux de la rivière.»

Par Ali D. et H. A.

 


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Troubles à Beni Mileuk et à Mascara

Les citoyens de la commune de Beni Mileuk, à l’extrémité sud-ouest de Tipaza, viennent de manifester leur mécontentement depuis hier matin.

Ils ont bloqué les accès et empêché les administrations d’ouvrir leurs portes. Les autorités de la daïra de Damous ainsi que les éléments des services de sécurité n’ont pas réussi à faire céder les manifestants. Leurs revendications sont d’ordre social, essentiellement le transport, un établissement d’enseignement moyen et un stade pour la pratique sportive. Par ailleurs, un mouvement de protestation a été organisé hier soir devant le siège de la cimenterie de la commune de Zahana, à 75 km du chef-lieu de la wilaya de Mascara, par des jeunes du village de Djeniene El Meskine et de la cité En Nasr, suite à leur élimination de l’opération de recrutement lancée par la direction de la cimenterie de Zahana. Le wali de Mascara a chargé le secrétaire général de la wilaya d’ instaurer un dialogue avec les jeunes protestataires, tout en promettant le gel de l’opération de recrutement de 80 travailleurs et la réservation d’un quota de 50 postes au profit des jeunes universitaires et 10 postes dans le cadre de préemploi et la réservation de 50 postes de travail d’exécution pour les jeunes chômeurs.

Par M’hamed H. / A. Souag

 

   
www.algeria-watch.org