La tension sociale monte à l'approche de la présidentielle
Emeutes à Bouira
De notre correspondant La colère gagne de plus en plus de terrain chez les citoyens des différentes localités de Bouira faisant monter d'un cran la tension sociale à l'approche de la présidentielle. Hier matin, les habitants de la commune de Aïn El Aloui, localité arabophone située à 17 km à l'ouest du chef-lieu de la wilaya, ont investi la rue exprimant leur ras-le-bol sur la dégradation persistante de leurs conditions de vie et le mépris délibéré affiché jusque-là par les responsables locaux chaque fois que leurs doléances ont été portées au niveau des services concernés. La non-alimentation de la ville de Aïn El Aloui en gaz de ville, revendication à maintes fois avancée par les habitants de cette localité, était à l'origine des émeutes d'hier. Lassés des promesses sans suite des responsables approchés par le passé, les jeunes de la ville ont procédé hier à la fermeture de la route principale reliant leur localité au chef-lieu de la wilaya, à l'aide de pierres et des pneus enflammés. Les jeunes gagnés par la colère se dirigeront ensuite vers le centre culturel. L'établissement ravagé subira de sérieux dommages. Les jeunes émeutiers tenteront de gagner le siège de l'APC et parviendront à saccager un véhicule de service de la commune. Les responsables de la wilaya et de la daïra se déplaceront sur les lieux tentant de dissuader les jeunes révoltés de propager l'émeute aux autres coins de la ville. Ils se calmeront tout en laissant entendre qu'ils réinvestiront la rue si jamais « les promesses des responsables s'avéraient encore une fois des paroles en l'air ». Pour rappel, cette localité de l'ouest de Bouira a déjà connu des évènements similaires il y a quelques mois. Les citoyens de Aïn El Aloui avaient alors déclenché l'émeute, réclamant la pose immédiate de dos-d'âne sur la route traversant leur ville où un citoyen a trouvé la mort dans un tragique accident de la circulation. Par ailleurs, dans la même journée d'hier, les citoyens du village Ziraoua, situé entre les localités de Djebahia et Aomar, une vingtaine de kilomètres au nord-ouest de Bouira, ont recouru à la rue pour faire entendre leurs revendications maintes fois formulées aux responsables de la commune. Ils procéderont à la fermeture de la route reliant ces deux localités par des barricades de pierres empêchant ainsi toute circulation automobile. Ces citoyens exigeront, entre autres points d'une plate-forme de revendications sociales déjà déposée, il y a des mois, au niveau de l'APC et de la daïra, la construction d'un pont sur la rivière longeant leur village. Une rivière qui était à l'origine d'importantes inondations durant l'été dernier qui avaient contraint bon nombre d'habitants à la délocalisation. A noter que ce climat d'émeute qui s'installe pour la première fois à l'approche de l'élection présidentielle dans cette région de Bouira fait suite à des rumeurs faisant état de la volonté du Président-candidat Bouteflika de tenter une intrusion à Bouira du côté ouest de la wilaya, devant l'impossibilité de se rendre dans la région berbérophone qui a déjà affiché son hostilité devant la venue du Président. C'est dans cette région, rappelle-t-on, que des émeutes ont éclaté il y a deux semaines dans la localité de Taourirt, à une soixantaine de kilomètres à l'est du chef-lieu de la wilaya. Les citoyens de cette agglomération relevant de la commune d'Ath Mansour avaient fermé la RN5 à la circulation, obligeant tous les usagers en provenance ou en partance vers l'est du pays à emprunter une route secondaire. Il est à signaler, enfin, que ces émeutes qui éclatent et s'installent progressivement dans les différentes localités de Bouira viennent en réponse aux multiples descentes effectuées ces dernières semaines à Bouira par « les redresseurs du FLN » et les groupes de soutien à Bouteflika prêchant les bienfaits de la politique du Président-candidat. Ces relais du Président n'ont jamais cessé de déclarer que les conditions de vie dans ces localités ont connu une amélioration notable sous le règne de Bouteflika. Mohamed Sadoun
Mohamed Sadoun
06-03-2004

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