TIZI OUZOU, Algérie (AP) - Des affrontements violents ont éclaté mercredi à l'issue d'un meeting électoral du président sortant Abdelaziz Bouteflika à Tizi Ouzou, capitale de la Kabylie, dans le cadre de la campagne pour l'élection présidentielle du 8 avril.
Les affrontements entre des manifestants et les brigades anti-émeutes, dépêchées en grand nombre dans la ville depuis plusieurs jours, ont débuté en fin de matinée au moment où devait s'achever le meeting du président candidat à la maison de la culture de Tizi Ouzou.
Les brigades anti-émeutes n'ont pas tout de suite utilisé les grenades lacrymogènes malgré l'ampleur des incidents qui avaient gagné le quartier environnant. Les forces de l'ordre ont paru attendre en effet le départ du président sortant et des invités au meeting. Les brigades anti-émeutes ont procédé à de nombreuses arrestations parmi les manifestants.
Ces incidents se sont produits dans une "ville morte", les commerçants et les administrations ayant répondu favorablement au mot d'ordre de grève lancé par la coordination des Arouchs (comités de village). Ceux-ci entendaient dénoncer la venue du président Bouteflika à Tizi Ouzou, pour la première fois depuis le déclenchement des troubles en Kabylie en avril 2001.
Depuis le début de la campagne électorale pour la présidentielle, il s'agit du dérapage le plus grave, même si depuis quelques jours plusieurs meetings ont été perturbés par des agitateurs. Mais contrairement à Tizi Ouzou, ce sont ceux des adversaires d'Abdelaziz Bouteflika, et notamment ceux de son concurrent le plus sérieux, Ali Benflis, qui ont été attaqués.
Un autre candidat, Saïd Sadi, favorable à l'affirmation berbère, organise un meeting vendredi dans un stade de Tizi Ouzou, non loin de la maison de la culture où s'est exprimé Abdelaziz Bouteflika. Le directeur de la campagne électorale de Saïd Sadi, Hamid Lounaouci, a confirmé à l'agence Associated Press (AP) la tenue de ce meeting malgré les incidents de mercredi matin et affirmé à l'agence Associated Press que ces derniers "ressemblaient étrangement à une provocation".
"Le président, premier responsable des événements dramatiques qu'a connu la Kabylie depuis le printemps 2001, savait très bien qu'il n'était pas le bienvenu dans une région où tant de mal a été fait sous sa responsabilité", a déclaré Hamid Lounaouci. "Le fait de s'entêter à aller à Tizi Ouzou est une provocation de plus, même si on lui reconnaît le droit, en tant que candidat, de s'exprimer et de faire sa campagne". AP
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