ALGER (AP) - Après une première semaine sereine où l'on a vu les six candidats à l'élection présidentielle algérienne du 8 avril multiplier les meetings et les sorties sur le terrain à la rencontre des électeurs dans une ambiance bon enfant, la campagne électorale a semblé changer d'ambiance et se durcir à l'approche du jour du scrutin.
Saccages de permanences de candidats, agressions de militants et perturbations ou tentatives de perturbation de meetings se sont multipliés ces derniers jours un peu partout, et notamment en Kabylie où une tendance des Arouchs (comité de villages) a appelé au boycott du scrutin.
Mais si les dérapages se sont intensifiés lors de la deuxième semaine de campagne électorale, certains d'entre eux ont commencé bien avant le début de la campagne le 18 mars, comme l'attaque contre la permanence du président sortant Abdelaziz Bouteflika à Béchar (sud-ouest).
Depuis le 18 mars, plusieurs permanences de candidats ont été attaquées ou saccagées, surtout en Kabylie où ces incidents touchent tous les candidats. Par ailleurs, plusieurs meetings ont été perturbés ou ont dû être purement et simplement annulés sous la pression.
Le dernier en date a été enregistré samedi lorsque que l'ancien Premier ministre Ali Benflis, plus sérieux adversaire d'Abdelaziz Bouteflika, a été carrément pris à partie à Relizane (300km à l'ouest d'Alger) par des groupes de jeunes, pour la plupart mineurs, devant et à l'intérieur de la salle où il devait tenir meeting.
Les jeunes surchauffés ont scandé des slogans hostiles à M. Benflis et favorables au président sortant, brandissant même des armes blanches devant des journalistes couvrant l'événement.
Le candidat Benflis a décidé d'écourter son meeting, qui n'aura duré finalement qu'une dizaine de minutes, pour éviter des dérapages plus graves voire des affrontements entre ses militants et les perturbateurs, tout cela devant un service d'ordre des plus légers.
Quant aux dérapages verbaux enregistrés lors de cette campagne, ils ont surtout visé le président-candidat Abdelaziz Bouteflika qui n'a pas cessé de faire les frais d'attaques verbales des plus violentes.
A titre d'exemple, l'ex-ministre du Tourisme Lakhdar Dorbani, proche d'Ali Benflis, a qualifié M. Bouteflika de "nasf bounta" (moitié de mégot), alors que l'ancien député Mohamed Bendrihem a déclaré que "Bouteflika ne peut pas gouverner et être responsable parce qu'il n'a pas d'enfants".
Autre dérapage verbal, celui du commandant Azzedine, une figure de la guerre d'indépendance, qui a accusé le président de "déserteur de l'ALN (Armée de libération nationale)". Ali Benflis lui-même n'est pas en reste, disant d'Abdelaziz Bouteflika qu'il s'agit d'"un candidat dont la date de péremption a expiré dans les années 70".
Pour les responsables de la communication du président sortant, tous ces dérapages contre leur candidat seront rassemblés dans un rapport et remis à l'autorité compétente afin de prendre les mesures qui s'imposent. AP
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