Edition du Dimanche 02 Juillet 2006

Actualité

l’Allemagne-Argentine provoque une émeute à Tiaret
Une coupure de courant prive la population du match

Par : R. SALEM

La situation a dérapé avec l’arrestation d’un mineur. Hier, le chef de sûreté de daïra, rappelé en urgence de son congé, tenait toujours des pourparlers avec les manifestants qu’il tente de calmer.

La ville de Ksar Chellala, à 120 km à l’est de la wilaya de Tiaret, a vécu une fin de week-end et un début de semaine pour le moins agités et illustrés par des émeutes urbaines ayant drainé de grandes foules, pour la plupart des jeunes. En effet, tout a commencé, comme une goutte qui devait déborder le vase, vendredi, au moment où devait débuter la rencontre, entre l’Argentine et l’Allemagne, comptant pour les quarts de finale de la Coupe du monde 2006, dont le coup d’envoi n’a pu être savouré par les nombreux mordus de la balle ronde et ce, suite à une interruption de l’électricité. Au passage, nous avons appris auprès du directeur général de la Sonelgaz que la panne n’avait duré que quinze minutes. N’ayant pu contenir leur colère, ces derniers, plus de deux cents, selon certains témoignages, avaient commencé par se rassembler et bloquer le chemin de wilaya n°137 avant de prendre, en procession, la direction du siège de la sûreté de daïra où un sit-in a été observé en guise d’opposition à l’arrestation d’un jeune mineur. Hier matin, cette localité s’est réveillée traumatisée par les événements de la veille qui se sont accentués pour prendre une telle ampleur qu’il était nécessaire de mobiliser un renfort des services de sécurité, voire des brigades anti-émeutes de la police.
Cependant, aucunement apeurés, les manifestants ont pris d’assaut les sièges de la sûreté de daïra, de l’APC et de la daïra qui avait échappé à un incendie certain. Une foule ne cessait de scander la libération du jeune mineur et le départ immédiat du chef de daïra.
Une situation pour le moins critique qui présageait déjà un tel climat qui était prévisiblement voué à la violence et à l’affrontement. Toutefois, certaines sources ont affirmé que trois personnes ont été arrêtées durant la manifestation d’hier alors que d’autres parlent d’un nombre beaucoup plus important. Des dégâts occasionnés ont été également enregistrés. “Bien sûr, ces implosions de violence ne résoudront rien et ce n’est pas une solution que de s’en prendre aux équipements urbains utiles à toutes et tous ou aux biens individuels de ses voisins tout autant concernés par les difficultés économiques et sociales. Néanmoins, l’autorité compétente est interpellée pour résoudre les problèmes cruciaux auxquels sont perpétuellement confrontés les jeunes”, tenait à s’exprimer un citoyen.
Quant au chef de daïra, il était quasiment impossible de le joindre. Néanmoins, ces affrontements sont l’expression d’une jeunesse populaire de banlieue réunie par le fait d’être soumise à la précarisation générale de la société, l’incertitude de l’avenir et la criminalisation sociale.
Hier en fin d’après-midi, le chef de sûreté de daïra, rappelé en urgence de son congé, tenait toujours des pourparlers avec les manifestants qu’il tente de calmer.

R. SALEM

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