BUENOS AIRES (AFP) - Vingt et un manifestants ont été blessés dans l'explosion d'un engin artisanal samedi lors de la manifestation organisée par les "piqueteros" pour commémorer le deuxième anniversaire de la chute du président Fernando De la Rua.
Les vingt et un blessés, dont la plupart souffrent de contusions ou de traumatismes divers, ont été hospitalisés. L'explosion, de forte intensité, s'est produite sur l'emblématique Place de Mai au moment du passage du dernier des trois cortèges des "piqueteros", des chômeurs radicalisés et d'autres laissés-pour-compte de la crise économique.
Au total, plus de 35.000 manifestants ont défilé dans les rues de Buenos Aires, en trois cortèges séparés, sous la surveillance de quelque trois cents policiers. Pour éviter les débordements, les "piqueteros" disaient de leur côté avoir mis en place samedi un service d'ordre comprenant environ 3.000 hommes. Le président Nestor Kirchner a affirmé à plusieurs reprises qu'il était opposé à l'usage de la force contre les "piqueteros", en dépit de l'exaspération d'une bonne partie de la population devant les coupures quasi-quotidiennes de la circulation dans l'agglomération portène.
Les "piqueteros" utilisent des barrages routiers pour appuyer leurs demandes, en général d'aide sociale. Le 20 décembre 2001, le président radical Fernando De la Rua avait dû quitter piteusement la Casa Rosada (présidence) en hélicoptère, pour mettre un terme au bain de sang qui avait déjà coûté la vie à une trentaine de personnes. Les manifestations d'il y a deux ans, réunissant "piqueteros" et membres de la classe moyenne, ont représenté le point culminant de la crise économique, politique et sociale qui a ruiné des dizaines de milliers d'Argentins.
Les trois manifestations se sont succédé tout au long de l'après-midi de samedi sur la Place de Mai, face à la présidence. La première, à la tête de laquelle figuraient plusieures mères de la Place de Mai (les premières résistantes à la dictature militaire), rassemblant environ 10.000 personnes, est partie en début d'après-midi du Congrès sous une chaleur torride. Elle était appelée à l'initiative des mouvements "piqueteros" Barrios de Pie ("quartiers debout") et Anibal Veron, qui ont pris un tournant modéré depuis l'arrivée de M. Kirchner au pouvoir. Les piqueteros les plus "durs", souvent liés à des mouvements d'extrême-gauche, ont été les derniers à se présenter Place de Mai avec un contingent de 10.000 personnes environ.
"Les problèmes à l'origine (des événements) des 19 et 20 décembre restent des questions ouvertes et le peuple demande des solutions pour assurer la paix et la justice dans une patrie libérée", a déclaré à la fin du deuxième meeting Carlos Alderete, leader du Courant classique combatif, l'une des plus grandes organisations de piqueteros qui regrouperait 300.000 personnes. Mais le mouvement "piquetero" le plus important, la Federacion Tierra et Vivienda ("Fédération terre et logement"), dont le leader Luis D'Elia est un proche de M. Kirchner, avait choisi de réunir les siens dès vendredi soir dans un stade de football éloigné du centre de la capitale. Il y avait réuni de 12.000 à 15.000 personnes, selon les organisateurs, de 7.000 à 8.000, selon le journal Clarin.