MAR DEL PLATA, Argentine (Reuters) - Des manifestations antiaméricaines ont tourné à la violence à Mar del Plata en Argentine, en marge du "Sommet des Amériques", auquel prend part George Bush, et du contre-sommet, altermondialiste, organisé dans la même station balnéaire.
Des dizaines de milliers de personnes ont défilé pacifiquement vendredi dans les rues en scandant "Bush dehors!". Mais alors que s'ouvrait le sommet des Amériques, plusieurs centaines de manifestants ont brisé des vitrines et ont engagé des batailles rangées contre les policiers antiémeutes, qui ont répliqué par des tirs de grenades lacrymogènes et de balles en caoutchouc.
Des manifestants cagoulés ont mis le feu à une succursale bancaire et à une agence du groupe de télécommunications argentin Telefonica, lançant des cocktails Molotov avant d'emporter des ordinateurs et du mobilier de bureau. Au moins 64 personnes ont été arrêtées, a déclaré le ministre de l'Intérieur Anibal Fernandez.
Le sommet des Amériques, qui se déroule sur deux jours, et le contre-sommet, appelé "sommet des peuples", sont l'occasion, pour Bush comme pour le président vénézuélien Hugo Chavez, d'exposer des points de vue radicalement différents sur les questions de libre échange en Amérique latine.
Chavez, homme de gauche et adversaire déclaré du capitalisme à l'américaine, s'est engagé à faire échec au FTAA (Zone de libre échange des Amériques), plan clé de l'administration Bush qui, pour l'heure, est dans une impasse.
"Chacun d'entre nous a apporté une pelle, une pelle de fossoyeur, parce que c'est ici, à Mar el Plata, que se trouve la tombe du FTAA", a lancé Chavez dans le stade, bondé, où s'est tenu le contre-sommet altermondialiste.
KIRCHNER CRITIQUE LA POLITIQUE ECONOMIQUE DU PASSÉ
Chavez a été rejoint dans le stade par Diego Maradona, légende argentine du football, qui a agité le drapeau de Cuba la communiste et portait un T-shirt avec, sous le visage de Bush, les mots de "criminel de guerre". Le leader indien bolivien Evo Morales, favori de l'élection présidentielle du 18 décembre, était également présent.
Les manifestants ont appelé les dirigeants de la région à rechercher des solutions alternatives au capitalisme américain, dont les méthodes ont dominé l'Amérique latine durant les années 1990, sans réduire la pauvreté et les inégalités.
Le président argentin Nestor Kirchner a fait écho à la colère des Argentins sur les politiques économiques du passé, lors de son discours inaugural du sommet des Amériques.
"Nous critiquons ces politiques parce que nous en avons vu les résultats lors de la crise qu'a traversée l'Argentine en 2001 et lors de la chute de divers gouvernements démocratiques de la région", a dit le chef de l'Etat argentin, sous les regards de George Bush et d'autres dirigeants du continent américain.
A Buenos Aires, plusieurs milliers de personnes ont défilé sur une place du centre pour protester contre la venue de Bush. Une manifestation de moindre ampleur s'est déroulée dans la capitale urugayenne, Montevideo, où la vitrine d'un McDonald's a été brisée.
Les autorités s'attendaient à des débordements à Mar del Plata. Par mesure de prévention, les écoles et la plupart des commerces étaient restées fermés. Des mesures de sécurité particulières avaient été prises pour les succursales d'entreprises américaines, protégées par des plaques de tôle ondulée.