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dimanche 22 aout 2004, 13h40
Protestations au Bangladesh après la tentative d'assassinat du chef de l'opposition
DACCA (AFP) - Des protestations ont éclaté dimanche au Bangladesh où un train a été incendié, après que la dirigeante de l'opposition du Bangladesh eut échappé à une tentative d'assassinat lors d'un attentat contre un meeting de son parti qui a fait 18 morts.
Dans le centre du pays, des manifestants ont mis le feu à un train en représailles à l'attaque à la grenade du meeting anti-gouvernemental de la Ligue Awami au cours de laquelle son chef, l'ancien premier ministre Sheikh Hasina Wajed, a été légèrement blessée samedi.
Les passagers ont réussi à fuir et l'incendie n'a pas fait de victime, a déclaré le porte-parole des chemins de fer, Mostafe-e-Zamil.
A Dacca, la police patrouillait les rues et bloquait les rues autour du siège de la Ligue après ce que l'opposition a qualifié de tentative d'assassinat de son chef. La circulation était rare, de crainte d'une reprise des affrontements entre manifestants et policiers qui ont suivi l'attentat.
En province, des manifestations spontanées ont éclaté dans plusieurs villes et une grève générale avait été organisée dans le grand port de Chittagong, dans le sud-est du pays.
L'opposition a déclaré que l'attentat, non revendiqué, visait sa dirigeante qui venait de finir de s'adresser au meeting devant le siège du parti.
"Une série de grenades a explosé à intervalle de cinq à sept secondes offrant une couverture de fumée aux attaquants. Alors qu'elle (Sheik Hasina) était emmenée par ses gardes du corps, sa voiture blindée a été touchée par sept balles au moins", a dit à l'AFP son secrétaire politique Saber Hussain Chowdhury.
"Il s'agissait d'une tentative d'assassinat parce qu'on a tiré pendant qu'elle était emmenée vers la voiture. Elle n'a été sauvée que par le fait que le véhicule était blindé", a ajouté le responsable qui a précisé qu'une des victimes était un garde du corps touché pendant qu'il protégeait Sheikh Hasina.
Il a ajouté que le bilan des morts s'établissait dimanche à 18 et que de nombreux blessés étaient encore soignés. Aucun bilan officiel n'était encore disponible.
Les explosions qui n'ont pas été revendiquées se sont produites après que Sheikh Hasina eut fini de parler lors du meeting.
"C'était un carnage total, pire qu'une scène de film de guerre, avec des corps, des membres et du sang partout", a dit M. Chowdhury.
Des médecins du Dhaka Medical College Hospital, où de nombreux blessés ont été conduits, ont dit dimanche à l'AFP qu'ils soignaient encore 19 personnes, dont treize grièvement blessés. Un jeune homme a été amputé des deux bras, une femme des deux jambes.
D'autres blessés en nombre inconnu ont été hospitalisés ailleurs.
Des scènes d'émeutes ont éclaté sur place samedi après l'attentat et, dans le port de Chittagong, à 200 Km de Dacca, des centaines de partisans de la Ligue ont renversé et mis le feu à des voitures. Quelque 230 personnes ont été arrêtées, a dit dimanche un porte-parole de la police.
Un appel à la grève avait été lancé par l'opposition pour dimanche dans la ville alors que la Ligue a également appelé à deux jours de grève nationale mardi et mercredi.
Des manifestations spontanées ont eu lieu dans d'autres villes dimanche, mais aucun incident grave n'a été signalé.
La Ligue Awami a lancé une série de grèves générales depuis le début de l'année, dans le cadre d'une campagne destinée à chasser du pouvoir le gouvernement, une coalition de quatre partis dont les islamistes, menée par le Parti nationaliste du Bangladesh du Premier ministre Khaleda Zia.
Dans un communiqué, le BNP a qualifié l'attentat de "barbare et regrettable".
Les attentats de samedi font suite à deux autres ce mois-ci à Sylhet, dans le nord-est du pays, qui ont fait un mort chacun. En mai, une bombe y avait fait trois morts et des dizaines de blessés, dont l'ambassadeur britannique, dans une mosquée.
Au Dhaka Medical College Hospital, des chirurgiens effectuaient opération après opération.
"La majorité des patients souffraient de blessures aux jambes mais six étaient blessés à la tête et d'autres au corps et aux bras", selon le Dr Feroz Quadir;
Rana Ahmed, 45 ans, toujours dans les vêtements ensanglantés qu'il portait au moment des explosions, a raconté s'être évanoui après avoir été touché à la jambe.
"Je me suis rendu compte que j'étais blessé mais je n'ai pas eu le courage de regarder. Je crois que je me suis évanoui et ensuite je ne me rappelle rien", dit-il.
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