YANGON (Reuters) - La junte militaire au pouvoir à Yangon (ex-Rangoon) a annoncé samedi avoir placé Aung San Suu Kyi, chef de
l'opposition birmane, en "résidence protégée" à la suite de heurts entre partisans et adversaires de la lauréate du prix Nobel de la
paix 1991 dans le nord du Myanmar (ex-Birmanie).
Cette mesure concerne aussi 17 membres de l'état-major de son parti, la Ligue nationale pour la démocratie (LND).
Lors d'une conférence de presse, le porte-parole des généraux birmans, Tin Win, a précisé que Suu Kyi avait été appréhendée
vendredi soir après de violents affrontements avec ses partisans qui ont fait quatre morts et une cinquantaine de blessés.
Les autorités birmanes n'ont pas indiqué la raison de ces échauffourées, qui ont éclaté à Yaway Oo, à environ 560 km au nord de la
capitale. Elles ont, en revanche, démenti les informations de presse selon lesquelles un inconnu aurait ouvert le feu vendredi soir sur la
voiture de Suu Kyi.
"Personne n'a tiré et personne de son entourage n'a été blessé", a assuré le général Than Tun lors de la conférence de presse. Il a
refusé de préciser combien de temps durerait la mesure prise à l'encontre de Suu Kyi.
Mais d'après des sources proches de la junte, la chef de file de l'opposition sera ramenée (demain) dimanche à Yangon.
RETOUR ATTENDU DE L'EMISSAIRE DE L'ONU
Cette dernière avait été remise en liberté il y a juste un an au terme de fortes pressions internationales sur la junte militaire
birmane.
L'annonce de la mise en résidence de la lauréate du Nobel de la paix est intervenue peu après le bouclage par les forces de sécurité
du QG de la LND dans la capitale.
Le chef de file de la LND effectuait une tournée dans le pays qui devait prendre fin le 4 juin.
Les services de sécurité sont arrivés au siège de la LND à Yangon en début d'après-midi. L'entrée du bâtiment a été verrouillée et
des soldats ont été postés devant, d'après des témoins.
Un drapeau du parti a également été retiré.
Vendredi, la junte avait annoncé avoir demandé à Suu Kyi de limiter ses apparitions publiques dans le cadre de son déplacement dans
le nord du pays où des foules nombreuses ont causé "embouteillages et agitation".
La LND, qui a remporté une écrasante victoire électorale en 1990 mais n'a jamais été autorisée à gouverner le pays, accuse la junte
de harceler Suu Kyi lors de ses déplacements à l'extérieur de la capitale.
Les généraux au pouvoir avaient levé l'assignation à résidence de Suu Kyi après une série de pourparlers avec la LND sous l'égide
de l'Onu, mais ils n'ont jamais répondu aux appels de l'opposante en faveur d'un dialogue constructif sur une évolution politique.
L'émissaire de l'Onu, Razali Ismaïl, qui avait organisé la première série de pourparlers, doit revenir au Myanmar du 6 au 10 juin
pour tenter de relancer des négociations.