RANGOUN (AFP) - Le gouvernement militaire birman a ordonné la fermeture temporaire des universités et autres établissements d'enseignement supérieur, après l'arrestation de l'opposante Aung San Suu Kyi et une série de mesures à l'encontre de son parti, a-t-on appris dimanche de sources universitaires.
"On nous a demandé d'aller travailler lundi et d'informer tous les étudiants venant en classe sur le campus de l'Université principale de Rangoun que les cours avaient été suspendus jusqu'à nouvel ordre, sans nous en expliquer la raison", a indiqué une source universitaire.
Une autre source à l'Université Dagon, à l'extérieur de Rangoun, a confirmé cette information. "On nous a dit que nous serions informés de la reprise des cours", a-t-elle dit.
Cette mesure intervient après l'arrestation de Mme Suu Kyi, la dirigeante du principal parti d'opposition, la Ligue nationale pour la démocratie (LND), et la mise en résidence surveillée de la direction de son parti, après des affrontements mortels entre ses partisans et des éléments pro-régime dans le nord du pays.
Le gouvernement militaire birman a visiblement souhaité prendre une mesure de précaution alors que la population étudiante est massivement derrière le combat pro-démocratique menée par Mme Suu Kyi depuis quinze ans. Les campus avaient été le berceau de la contestation en 1988.
Les établisssements d'enseignement supérieur ont été fréquemment fermés en période de tension politique en Birmanie.
La junte a annoncé samedi que Mme Suu Kyi et 18 membres de son entourage avaient été "temporairement placés sous la protection des autorités" dans le nord du pays, en prenant prétexte de violents affrontements entre ses sympathisants et des éléments pro-junte, qui ont fait quatre morts vendredi, lors d'une longue tournée politique du prix Nobel de la paix.
Dimanche, de nouvelles mesures répressives contre la LND ont été annoncées.
Sept membres du Comité exécutif central (CEC), son organe de décision, ont été placés en résidence surveillée à Rangoun.
Une source gouvernementale a également annoncé que "tous les sièges de la LND dans les grandes villes ont été scellés", soit sept à huit sièges au total. Samedi, la junte avait brutalement fermé le siège de la LND en plein coeur de Rangoun.
La situation de Mme Suu Kyi faisait l'objet de nombreuses rumeurs tard dimanche, et aucun responsable gouvernemental ne pouvait confirmer celle qui courait avec le plus d'insistance et selon laquelle l'opposante avait été ramenée dans la capitale.