Violences en Bolivie: le président s'engage à être à l'écoute du pays
LA PAZ (AFP) - Le président bolivien Gonzalo "Goni" Sanchez de Lozada s'est engagé jeudi soir, dans un bref message à la nation télévisé, à être à l'écoute du pays après la flambée de violence qui a fait en l'espace de 24 heures 23 morts et plus d'une centaine de blessés.
Après avoir estimé que le calme était de retour, le chef de l'Etat a annoncé qu'il était disposé à être attentif "avec beaucoup d'humilité" aux préoccupations de la population, ajoutant qu'il souhaitait qu'il n'y ait "plus jamais" recours à la violence.
"On ne peut pas accepter que les problèmes de la Bolivie se résolvent par la violence alors qu'existe la voie du dialogue," a-t-il insisté.
"Le calme et la paix sont de retour sur l'ensemble du territoire national" a-t-il affirmé dans son 3ème message en moins de 30 heures, au terme d'une journée où sept personnes, la plupart lors d'actes de vandalisme, ont été tuées par balles.
Les admistrations et les écoles, qui avaient été fermées par mesure de précaution jeudi après les affrontements armés la veille entre policiers en colère et soldats, vont reprendre leurs activités vendredi, a-t-il assuré.
Le président a aussi annoncé que que son vice-président Carlos Mesa, un journaliste historien respecté, était chargé de parcourir le pays pour instaurer un dialogue promis.
Auparavant, ce dernier avait écarté l'éventualité d'une démission du président réclamée par l'opposition syndicale et politique.
Dans une déclaration à la télévision, le vice-président a en outre promis l'ouverture d'une enquête pour établir l'éventuelle responsabilité de francs-tireurs dans la mort d'au moins quatre manifestants jeudi dénoncée par la presse locale.
"Nous allons exiger une enquête à ce sujet, a-t-il dit. Mais il ne s'agit pas de francs-tireurs de l'armée."
"L'enquête va être conduite de manière rigoureuse et avec impartialité", a-t-il ajouté.
Dans son message, le président Sanchez de Lozada a présenté ses condoléances aux familles des victimes et ajouté que la violence qui a endeuillé le pays avait été gravement préjudiciable à l'économie de la Bolivie. "Ce préjudice est inacceptable", a-t-il affirmé.
Selon les analystes locaux, le président Sanchez de Lozada est apparu jeudi soir très fragilisé par la flambée de violence des 24 dernières heures, coincé entre une population qui refuse désormais, y compris par la violence, toute mesure d'austérité et un FMI qui lui demande une gestion plus rigoureuse des finances publiques.
Le Fonds lui demande notamment une réduction du déficit budgétaire de 8,6% à 5% en contrepartie d'un prêt de 4 millards de dollars.
Dans ces conditions, la marge de manoeuvre dont disposera le chef de l'Etat dans les prochains mois s'annonce très étroite, souligne-t-on de même source.
C'est l'annonce d'un projet fiscal visant à satisfaire cette requête du FMI qui a été à l'origine de l'explosion de violence.
Le gouvernement avait envisagé d'instaurer un impôt de 12,5% sur les salaires de 750.000 fonctionnaires, dont les policiers. Ceux-ci n'ont pas hésité à utiliser leurs armes pour rispoter aux tirs des soldats chargés de disperser leur manifestation de protestation.
Dès que l'annonce des premiers morts a été faite, le président Sanchez de Lozada a décidé immédiatement l'abandon du projet, se mettant ainsi dans une situation peu confortable vis-à-vis de l'institution financière mondiale.
Une mission ministérielle est partie dans la nuit de jeudi à destination de Washington pour s'entretenir avec des responsables du FMI et de la Banque mondiale afin de trouver une issue à l'impasse dans laquelle se trouve désormais la Bolivie.