Dir. de Publication - Publisher
: Pius NJAWE
Douala, Cameroun
A Weekly
Electronic Publication of the GMM Group - Hebdo
electronique publié par le groupe GMM
Lendemains
d’émeutes
Après
la tempête, le calme ? Jean-Célestin
EDJANGUE
Le préfet du Wouri
a tenté une médiation auprès des
benskineurs, jeudi après-midi, en vain.
La situation reste tendue malgré un calme relatif.
Douala, jeudi 10 juillet, secteur Camp Yabassi/New-Bell.
Il est un peu plus de 8h. La circulation est enfin ouverte
le long de l’artère principale qui va de la zone
des vendeurs de pièces détachées
jusqu’au lieu dit Ancien étage. Les employés
de la Communauté urbaine mettent la main à
la pâte pour nettoyer les restes de pneu, voitures
et autres postes ou cabines calcinés. Un coup
de balai par-ci, un coup de râteau par-là
et on aurait presque du mal à penser qu’il y
a quelques heures encore, tout ce secteur était
à feu et à sang. S’il n’y avait le spectacle
désolant des vestiges d’une dizaine de véhicules
rendant l’âme devant le commissariat du 6e arrondissement
et près de l’Eglise presbytérienne péniel.
De part et d’autre de cette aire ultrasensible, des
dizaines de policiers notamment de Gmi, montent la garde.
Face à eux, du côté de la pharmacie
du Rail, des centaines de personnes visiblement choquées,
observent chaque déplacement, chaque fait et
geste des forces de l’ordre.
Il faut dire que le traumatisme vécu mercredi,
est encore présent dans toutes les mémoires
: “J’ai entendu crier vers 13h, une voix de femme qui
disait “aidez-moi, aidez-moi.” Le cri venait de
chez mon voisin. J’ai accouru et trouvé une foule
énorme qui entourait une jeune femme assise par
terre. Elle avait la jambe déchirée par
une belle perdue,” raconte un homme d’environ 48 ans.
Et de poursuivre : “J’ai demandé une chemise,
j’ai fait un garrot pour stopper l’hémorragie.
Puis j’ai transporté la dame jusqu’au goudron
devant le commissariat du 6e arrondissement, devant
les autorités.” La femme en question serait fille
d’un certain M. Monkam, du camp de Camrail. Elle sera
transportée à l’hôpital Laquintinie.
L’énigme du 1er corps
Le bilan de la journée est lourd, très
lourd : “Nous avons enregistré trois morts dont
deux dépôts et un en cours d’admission.
A cela, il faut ajouter trente-six personnes aux urgences”,
confie Bernard Noubissi, l’infirmier major des urgences
de l’hôpital Laquintinie. Quant à sa collègue,
responsable de la réanimation, elle dénombre
un cas : “Symplice Tikuh a été opéré
du ventre après avoir reçu une balle qui
a traversé ses intestins. Son état est
préoccupant.”
Reste l’énigme autour du premier corps, celui
du conducteur qui, aux dires des témoignages
dignes de foi, aurait été frappé
violemment par le représentant de la force de
l’ordre. Qu’est-il devenu ? Selon certains benskineurs,
il s’agirait d’un certain Houchaou, habitant le quartier
Bonadibong, d’origine musulmane et qui aurait été
enterré à la sauvette, comme l’exige sa
religion. Mais de quels arguments dispose-t-on pour
accorder un crédit total à cette thèse
?
Jeudi après-midi, recevant des benskineurs et
la presse, le préfet du Wouri, Laurent Mindja,
n’a pas voulu revenir sur les émeutes de la veille
: “Je vous réunis pour que nous essayions de
trouver ensemble des solutions pour éviter que
la situation de mercredi ne se reproduise. Je relève
que vous accusez les policiers de vous harceler, de
demander trop de documents. Sachez que les autres usagers
de la route vous reprochent l’arrogance et l’esprit
de bande que vous entretenez. Il apparaît que
vous n’êtes pas assez nombreux pour être
représentatifs de votre profession. Je ne peux
discuter avec une profession dans l’indiscipline,” a-t-il
déclaré avant de demander à la
presse de déguerpir, promettant de la recevoir
après l’entretien avec les motos-taxis. Malheureusement,
il n’en sera rien. Et quand un petit quart d’heure plus
tard, le préfet libère les benskineurs,
c’est l’incompréhension et la colère qui
reprennent le dessus.
Autant dire que le calme apparent, qui régnait
jeudi à Douala, reste bien fragile. Une dizaine
de benskineurs se plaignaient d’ailleurs de ce que le
commissariat du 6e arrondissement ne leur facilitait
pas l’accès aux motos saisies depuis le début
de la semaine.