PEKIN (Reuters) - Dans le cadre de leur chasse aux rumeurs concernant l'épidémie de syndrome
respiratoire aigu sévère (Sras), les autorités chinoises traquent ce qu'elles considèrent comme de fausses
nouvelles susceptibles d'être propagées via les téléphones mobiles, rapportent des sources industrielles.
Le système utilisé a été mis au point avant le changement complet de direction intervenu au sein du Parti
communiste, en novembre dernier. Il consiste à repérer les utilisateurs qui envoient plus de 100 messages
texte (SMS) à l'heure via les réseaux des opérateurs China Mobile et China Unicom.
Une source au fait de cette technique a expliqué à Reuters que les autorités peuvent lire le message
moins de 15 minutes après que son expéditeur a été repéré.
"Le gouvernement avait demandé aux opérateurs de l'avoir en place tout le temps pour traquer
l'information illégale avant le XVIe congrès du parti" communiste, dit cette source. "C'est ainsi qu'ils ont
attrapé quelques adeptes du (mouvement spiritualiste) Falun Gong. Maintenant, ils s'en servent pour traquer
ceux qui propagent les rumeurs".
La police a arrêté au moins 12 personnes soupçonnées d'avoir répandu de fausses nouvelles au sujet de
l'épidémie, qui a fait au moins 252 morts en Chine, un pays qui compte plus de 5.000 cas de personnes
infectées, soit les deux tiers de tous ceux recensés à travers le monde.
Pékin a payé le plus lourd tribut à la maladie et les arrestations constituent le signe que la police entend
frapper à la source pour tenter de juguler tout phénomène de panique au sujet du Sras, qui a déjà
occasionné des émeutes ici et là.
Les rumeurs répandues sous forme de SMS ont fait état de responsables pékinois prêts à imposer la loi
martiale ou d'avions à vocation agricole épandant des désinfectants au-dessus de la capitale chinoise, la
nuit. Une autre rumeur conseille aux gens de boire et fumer pour se prémunir de la maladie.
Les opérateurs, les vendeurs de téléphones portables et le bureau de contrôle d'internet à Pékin ont
refusé de commenter les informations concernant le système de traque des SMS.
Le responsable d'une entreprise de Shangaï qui a conçu un logiciel de traque pour le gouvernement a
toutefois déclaré: "La Chine veut surveiller les SMS comme elle surveille internet".
Les sources industrielles précisent que des équipementiers en télécommunications comme Huawei
Technologies, ZTE ou encore Nokia ont vendu des systèmes de repérage aux opérateurs.
La Chine compte quelque 60 millions d'internautes et environ 90 millions de Chinois ont l'habitude
d'envoyer des SMS.
Les autorités chinoises censurent déjà internet, la télévision, la radio et la presse écrite et traquent
parfois les conversations téléphoniques jugées répréhensibles.