l y avait un mystère Shanghai : la grande métropole chinoise, à mi-chemin entre Canton et Pékin, les deux zones les plus touchées par l'épidémie de pneumopathie atypique, n'affichait jusqu'à présent que deux petits cas du syndrome respiratoire aigu sévère (Sras). Hier, le bilan est brusquement monté à un mort, six cas confirmés et douze cas suspects. Pour empêcher l'extension de la contamination dans cette ville de près de 15 millions d'habitants, au poids économique majeur en Chine, les autorités ont imposé une quarantaine à tous les habitants revenant d'une «zone de Sras» et un contrôle de température quotidien à tous les visiteurs.
Liste noire. Shanghai ne figure toutefois pas sur la liste des zones contaminées remise à jour hier par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), qui compte désormais le port de Tianjin et ses 10 millions d'habitants, la Mongolie-Intérieure et Taiwan. Pékin, les provinces chinoises du Shanxi et de Canton, ainsi que la zone autonome de Hong-kong figurent déjà sur cette liste.
Alors que l'épidémie continue sa progression à Pékin, avec 2 136 cas confirmés et 112 décès, les experts de l'OMS ont entamé, hier, une visite dans la province voisine du Hebei, redoutant une diffusion du Sras dans les zones rurales où l'infrastructure médicale est rudimentaire. Ils se rendront ensuite plus à l'ouest, dans le Henan, la province la plus peuplée de Chine, déjà théâtre d'une propagation désastreuse du virus VIH par le commerce du sang, affectant au moins un million de personnes, et enfin au Guangxi, dans le Sud, l'une des régions les plus pauvres du pays.
Le Premier ministre chinois, Wen Jiabao, a lancé une véritable mise en garde contre «le danger potentiel d'extension de l'épidémie dans le monde rural». Plus de 120 cadres locaux ont été limogés ces derniers jours, dans quinze provinces différentes, pour n'avoir pas su faire face au risque d'épidémie. Dans le Henan, le chef local du Parti communiste dans le district de Shenqiu a été limogé pour n'avoir pas mis en quarantaine des milliers de travailleurs migrants revenus de Pékin. Selon la presse chinoise, 350 000 migrants ont regagné leurs villages du Henan depuis deux semaines, au risque d'y introduire le virus.
Emeute. Une nouvelle émeute s'est produite dans un village près de l'ancienne capitale impériale, Chengde, au nord-est de Pékin, où les paysans ont saccagé un dispensaire qui, selon la rumeur, allait recevoir un malade du Sras. Plus de 60 personnes ont été arrêtées.