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Une rumeur selon laquelle deux femmes auraient été tuées, lorsque des policiers ont tenté de démanteler des tentes installées autour de l'usine par les protestataires, aurait provoqué un redoublement de la violence : la foule en colère, les jeunes se joignant désormais aux "vieux", s'est mise à jeter des pierres contre les forces de l'ordre, à les attaquer au couteau, à retourner leurs véhicules. Un policier, cité par l'AFP, raconte que "de partout, depuis des maisons de deux ou trois étages, on nous balançait des pierres sur la figure. On n'avait nulle part où s'enfuir"... Finalement, la police a dû déguerpir et, jeudi matin, elle n'avait toujours pas osé revenir dans Huaxi, se contentant d'en garder les alentours et d'empêcher la presse d'y pénétrer. Une trentaine de personnes ont été hospitalisées, surtout des membres des forces de sécurité.
Depuis 2001, et la construction de treize unités d'un complexe d'industrie chimique, la colère grondait dans cette petite localité située dans l'une des plus riches provinces de Chine. Selon les habitants, la pollution est désormais telle que plus rien ne pousse dans les champs, forçant les paysans à abandonner leurs activités. "Nous avons protesté auprès des autorités locales, mais nous n'avons jamais eu gain de cause. Un officiel nous a même prévenus que les usines ne seraient pas déplacées même si tout le village en mourait...", a raconté l'un d'eux au quotidien hongkongais.
La presse officielle n'a pas soufflé mot de cette émeute, emblématique de la poussée croissante de mouvements sociaux dans la Chine en décollage économique, et qui intervient alors que des manifestations antijaponaises tolérées ont eu lieu dans plusieurs villes. Autre accroc à l'"harmonie sociale" avancée par le premier ministre Wen Jiabao, plus de 2 000 militaires en retraite ont manifesté, lundi et mardi, à Pékin, devant les bâtiments du département politique de l'armée, pour protester contre la maigreur de leurs pensions. Encore une manifestation qui n'était pas prévue au programme...