Paul II (dernier para)
ABIDJAN (AP) -- La famille d'Ash Karamoko Kamara a confirmé
dimanche le meurtre du comédien ivoirien, dont le corps criblé de
balles a été retrouvé dimanche matin dans une rue d'Adjame, l'un
des bastions de l'opposition à Abidjan, provoquant la colère d'une
foule de plusieurs centaines de personnes.
Les proches d'Ash Karamoko, un acteur connu partisan du parti de
l'opposant Alassane Dramane Ouattara, ont précisé à l'Associated
Press que le comédien avait été enlevé samedi soir par des hommes
en uniformes alors qu'il se trouvait à son domicile. Selon la
famille du comédien, ces individus ont déclaré qu'ils emmenaient
Ash Karamoko au siège des services d'espionnage de la Côte d'Ivoire
pour l'interroger.
Tôt dimanche matin, le corps sans vie du comédien a été découvert
par sa famille dans une rue d'Adjame.
Par ailleurs, le porte-parole du président ivoirien Laurent Gbagbo
a qualifié dimanche d»'inévitable» la renégociation de l'accord
sur l'avenir de la Côte d'Ivoire signé le 24 janvier à Marcoussis,
en France.
«Nous sommes allés trop vite», a estimé Toussaint Alain présent
dimanche soir à Paris. «Il est inexact de dire que la signature
des partis politiques engage le président Gbagbo à quoi que ce
soit», a également déclaré le porte-parole du président ivoirien,
avant d'ajouter que «le dernier mot reviendra toujours à Gbagbo et
à son peuple».
Dimanche, à l'annonce de la découverte du corps d'Ash Karamoko
Kamara, des troubles ont éclaté dans des bastions de l'opposition à
Abidjan, où les forces de l'ordre ivoiriennes tentaient de
disperser une foule de plusieurs centaines de personnes.
Les protestataires ont lancé des pierres, bloqué des rues et
incendié des pneus dans les rues du quartier ouvrier d'Abobo et de
celui d'Adjame. Les hélicoptères de la police survolaient le
secteur tandis que des forces de l'ordre matraquaient les
manifestants et embarquaient certains d'entre eux dans des
fourgons. La police paramilitaire a tiré des coups de feu en l'air
et aspergé la foule de gaz lacrymogènes.
Les manifestants accusent des hommes à la solde du gouvernement
d'avoir tué Ash Karamoko, qui soutenait le Rassemblement des
Républicains (RDR) de l'opposant Alassane Ouattara.
La police a décliné de commenter le décès d'Ash Karamoko. Au cours
des derniers mois, les agents du gouvernement ont été accusé ont
été accusés d'arrêter un certain nombre de personnalités de
l'opposition ivoirienne, qui ont depuis disparus.
Abidjan connaît presque chaque jour des manifestations et des
violences depuis la conclusion des accords de Marcoussis le 24
janvier en France entre les délégations du pouvoir, de l'opposition
et des rebelles ivoiriens, pour ramener la paix dans le pays en
crise depuis la tentative de coup d'Etat du 19 septembre dernier.
Mais jusqu'ici, ce sont les partisans du président ivoirien Laurent
Gbagbo qui avaient manifesté leur colère, dénonçant les termes d'un
accord qui donne selon eux trop de pouvoir aux rebelles qui
contrôlent le nord et l'ouest du pays.
A Rome, le Pape Jean Paul II a dit dimanche une prière pour la
Côte d'Ivoire, «soumise à une crise qui déchire la population».
Il a également exhorté les catholiques du pays à favoriser le
dialogue. AP
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