Mercredi 18/01/2006


Menaces FPI et jeunes patriotes, risque de chaos pour la Côte d`Ivoire : Au nom de la paix, un rassemblement autour de Banny s`impose
Le Nouveau Réveil 18/01/2006 (note 5/5)

Le Premier ministre aura-t-il le temps de se consacrer à l'œuvre d'édification de la paix pour laquelle il a été appelé au chevet de la Côte d'Ivoire ?

Imposé aux forceps par la communauté internationale, il eu toute la peine du monde à former son gouvernement avant d'être confronté cinq jours plus tard aux attaques meurtrières des camps d'Akouédo. Aujourd'hui, le Premier ministre de transition fait face à une émeute planifiée par le FPI et ses satellites à Abidjan. Au risque de voir la Côte d'Ivoire plonger dans un fossé sans fond, il faut aider Banny à vite rectifier le tir.
Il est arrivé dans une Côte d'Ivoire où tout le monde était en désaccord sur tout. Même pour s'accorder sur le nom d'une personnalité devant conduire la transition ouverte après le 30 octobre 2005. Au jeu des récusations interminables, la communauté internationale s'est vu obligée d'imposer un Premier ministre. Dès son arrivée, Charles Konan Banny ne mettra pas de temps pour comprendre toute la difficulté et la délicatesse de sa mission. Il passera presqu'un mois à rechercher des hommes acceptables par tous, y compris par lui-même pour former un gouvernement. Le 28 décembre 2005, c'est finalement chose faite, Banny réussit la promesse d'arracher les ministères de la Défense, de l'Intérieur et surtout de l'Economie et des finances au FPI. Malgré des éclats de voix enregistrés ici et là, cette équipe gouvernementale née par césarienne ne fait pas l'objet de contestation officielle par les partis politiques. Le Premier ministre pense avoir remporté une bataille importante. Il se retire à Dakar le temps de passer les fêtes de fin d'année et de préparer ses bagages pour rejoindre définitivement à Abidjan qu'il est obligé de parer au plus pressé après l'attaque des camps d'Akouédo au petit matin du 25 janvier. Tout juste 2 semaines après ces évènements qui n'ont pas fini de faire couler des salives que revoilà le Premier ministre embarqué dans une nouvelle tourmente initiée par le FPI et ses affidés. La rue paralyse Abidjan, totalement, en érigeant des barricades sur toutes les artères de la capitale économique. Prenant prétexte de la volonté du GTI de mettre fin au mandat de l'Assemblée nationale, le FPI mène à Banny une guerre préventive. Car l'objectif ici c'est d'empêcher que le Premier ministre exerce réellement les pouvoirs que lui confère la résolution 1633. On veut le mettre en garde contre tout changement au sein de la hiérarchie militaire, la gendarmerie. C'est d'ailleurs le chef d'Etat-major des armées Philippe Mangou qui, selon les commentaires d'un journaliste de la RTI, a accompagné les "jeunes patriotes" désireux d'intervenir en direct au JT de 13 heures pour lire une motion de protestation. On a vite compris que ces derniers bénéficiaient d'un soutien de taille pour oser défier l'autorité de l'Etat et même s'autoriser à lapider le cortège du Premier ministre. C'est une véritable guerre que le FPI a décidé d'engager contre la communauté internationale. Le GTI est publiquement pris à partie, ses personnalités sont menacées de mort, les forces impartiales sont l'objet de provocation et même d'agression, les véhicules de l'ONUCI sont saccagés ou incendiés, au risque de provoquer un bain de sang ; les casques bleus se trouvent dans l'impossibilité de réagir. Aujourd'hui, nul ne peut en effet soutenir ou contester la main du FPI derrière ces évènements. Des bus de la Sotra ont été spécialement affrétés au convoyage des "jeunes patriotes" manifestants. Un "SMS" largement diffusé au sein des militants du FPI donnait la consigne suivante " après la réunion du secrétariat général extraordinaire du parti, reconduire dès 5 heures du matin aujourd'hui (ndlr, mardi 17 janvier) le même dispositif de ville morte. Mot d'ordre à diffuser et à exécuter par les militants et fédéraux d'Abidjan ", recommande le FPI à ses militants. Que faire devant un tel cas de figure ? Laisser Banny se débrouiller seul ou le soutenir ? On peut l'aimer ou ne pas l'aimer, mais la mission qu'il est appelé à réussir, le risque auquel un échec de sa part pourrait faire courir à la Côte d'Ivoire recommande qu'on soutienne Banny.
D'abord la communauté internationale qui l'a imposé et à cause d'une décision prise par une instance qui relève d'elle, le GTI, doit être au premier rang de cette coalition de soutien à Banny. Le GTI et la communauté internationale n'ont plus le droit de reculer. Il ont mis tout en oeuvre pour imposer à la Côte d'Ivoire un Premier ministre fort. Ils ne peuvent accepter que ce Premier ministre soit humilié, lapidé ou bafoué. Ils ne peuvent tolérer que des membres du gouvernement soient otages de la rue. L'autorité de l'Etat doit se réaffirmer. Pour que cela soit effectif, il faut que les partis politiques, notamment ceux de l'opposition, acceptent de soutenir le Premier ministre afin d'éviter que le FPI ne ridiculise davantage celui-ci. Car si Banny est affaibli comme Diarra l'a été, s'il échoue, les portes du chaos et de la guerre civile seraient plus grandement ouvertes pour notre chère partie. Il est indéniable que le FPI refuse et refusera de se mettre en rang comme tout le monde pour courir vers les élections. Le FPI manœuvrera toujours pour avoir une longueur d'avance sur ses adversaires dont Banny fait désormais partie. Il faut être vraiment naïf pour croire que tous ceux qui étaient dans les rues sont sortis de nulle part. D'ailleurs le FPI a annoncé l'apocalypse à travers une déclaration signée, Simone Gbagbo en a fait de même avec le groupe parlementaire FPI. La menace a été simplement transformée en acte.

Akwaba Saint Clair