Entre 2.000 à 3.000 manifestants favorables au président Laurent Gbagbo ont tenté à nouveau mercredi après-midi de pénétrer dans le siège de l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci) à Abidjan, a constaté un journaliste de l'AFP.
Ils ont été repoussés par des tirs de grenades lacrymogènes et de sommation.
Au troisième jour des mouvements de protestation qui paralysent Abidjan depuis lundi, les manifestants, la plupart des jeunes, ont refait le siège de l'Onuci, brûlant des pneus et tenté aux environs de 17H00 (locales et GMT) de mettre le feu à certaines installations proches des barbelés protégeant le site qui se trouve sur un vaste terrain.
Le grand portail de l'entrée principale a été atteint par les flammes qui en ont calciné une large partie, faisant disparaître la couleur bleue caractéristique de l'institution.
Mardi, plusieurs centaines de manifestants avaient essayé par deux fois de de s'introduire dans le siège de l'Onuci, situé au bord de la lagune dans un ancien hôtel.
Ils avaient également été repoussés par des tirs de grenades lacrymogènes et de sommation.
Cette tentative d'intrusion a provoqué, comme la veille, des tirs de sommations à balles réelles d'une unité anti-émeute de soldats français, spécialisée dans le contrôle des foules et venue en renfort mercredi auprès des Casques bleus jordaniens, a constaté l'AFP.
Les manifestants se sont montrés plus agressifs que mardi, détruisant les barbelés de fer entourant l'Onuci.
Armé d'une masse, un jeune manifestant a réussi à ouvrir une brèche dans le mur bétonné de l'Onuci.
A quelques mètres, une dizaine de manifestants, après avoir chanté "l'Abidjanaise", l"hymne national du pays, ont lancé des cocktails Molotov, dont un a atterri sur le toit d'un bâtiment.
"J'ai passé la nuit ici, et je resterai jusqu'à la chute du mur", dit un jeune galvanisé par la nouvelle de la mort de manifestants à l'ouest du pays.
"Nous voulons le départ immédiat des Casques bleus", renchérit une jeune fille venue manifester pour "libérer son pays".
En début de soirée, les affrontrements se poursuivaient mais avec moins d'intensité, sous l'oeil indifférent d'une trentaine de policiers ivoiriens, installés dans leurs camions, a constaté l'AFP.
Au moins quatre personnes ont été tuées mercredi dans des affrontements entre partisans de M. Gbagbo et des Casques bleus bangladais, qui ont évacué sous escorte de l'armée ivoirienne, deux localités de l'ouest du pays.
Ces affrontements meurtriers se sont déroulés, au lendemain du retrait du processus de paix du parti présidentiel, qui demande le départ des forces internationales (7.000 Casques bleus et 4.000 militaires français).
Ces soldats sont notamment chargés de surveiller le cessez-le-feu entre les Forces armées nationales de Côte d'Ivoire (Fanci, loyalistes) et la rébellion des Forces nouvelles (FN) qui contrôle, depuis son coup d'Etat raté contre M. Gbagbo en septembre 2002, le nord du pays.
Les manifestants protestent contre la décision du Groupe de travail international (GTI), chargé de suivre le processus de paix en Côte d'ivoire, de ne pas prolonger le mandat des députés, arrivé à expiration, estimant que cette décision est une "atteinte à la souveraineté" ivoirienne.
|