Côte d’Ivoire : au pays du cynisme et de l’hypocrisie ?Cher oncle, Comme tu l’as vu à la télé, les Abidjanais ont vécu lundi et mardi des journées d’émeutes qui rappellent les heures sombres de la crise ivoirienne. Les auteurs de cette flambée de la violence ne sont autres que les "patriotes" de Blé Goudé, celui-là même qui s’est auto-proclamé "ministre de la rue". Les partisans de Laurent Gbagbo manifestent ainsi contre la décision du Groupe de travail international de prendre acte de la fin du mandat des députés. Eux qui prétendent être démocrates tout en vouant les autres aux gémonies, je me demande pourquoi ils n’utilisent pas les moyens légaux pour exprimer leurs revendications. Et quand je vois que pendant ce temps Laurent Gbagbo et son épouse rient à gorge déployée avec Blaise Compaoré à Monrovia, à l’investiture de Ellen Johnson-Sirleaf, je me dis que l’hypocrisie et le cynisme, en politique, n’ont pas de limites. Car sitôt après ce seront les accusations contre le Burkina Faso, si ce ne sont les tracasseries contre ses ressortissants. C’est pourquoi l’on vit, ici, la peur au ventre. Nul ne sait de quoi demain sera fait. L’information selon laquelle le FPI envisagerait de retirer ses ministres du gouvernement est encore plus inquiétante. L’on n’est pas loin du point de rupture. Cette situation de confusion créée et entretenue par les proches du président, vise, bien sûr, à bloquer le processus de paix, à défaut de pouvoir le mener comme ils l’entendent. Tout est "gnagami", comme on le dit en français de la rue. Mais en croyants, nous prions tous pour que la raison l’emporte sur la soif inextinguible du pouvoir. A bientôt, avec peut-être l’espoir de t’annoncer des nouvelles plus réjouissantes dans ma prochaine correspondance. Ton neveu Le Pays |