Le mardi 17 janv 2006
Nouvelles manifestations en Côte d'Ivoire
PAR PARFAIT KOUASSI
ABIDJAN, Côte d'Ivoire
Les Casques bleus ont tiré des gaz lacrymogènes mardi pour tenir à distance quelque 2.000 partisans du président ivoirien Laurent Gbagbo qui, après avoir déjà manifesté la veille, tentaient de franchir l'enceinte de sécurité du siège de la mission de l'ONU à Abidjan.
Munis de barres de fer, plusieurs hommes ont tenté d'agrandir un petit trou dans le mur extérieur avant que les soldats de la mission onusienne (ONUCI) ne les fassent reculer.
De nombreux commerces sont restés fermés mardi dans la capitale économique du Sud du pays sous contrôle du gouvernement, tandis que de Jeunes patriotes, fidèles au président Gbagbo, se rassemblaient dans les rues, érigeant des barrages sur la route qui mène au principal aéroport international.
"L'épreuve de force est permanente ici", a déclaré l'ambassadeur de France André Janier, joint au téléphone par RTL, "l'entrée de la résidence est bloquée par plusieurs dizaines de manifestants, mais nous sommes au travail à l'intérieur". "On les voit et on les entend surtout parce qu'ils ont installé tout un système de sonorisation (...) Ils disent des choses pas toujours gentilles vis-à-vis du rôle de la France. Ils reprochent à la communauté internationale de s'impliquer dans des affaires intérieures ivoiriennes et à la France d'être très présente dans cette implication."
"Il faut espérer que la situation actuelle ne dégénère pas et qu'on ne vive pas les événements dramatiques du mois de novembre 2004, non seulement dans l'intérêt des Français qui avaient été victimes, mais aussi dans l'intérêt du processus de paix, du rétablissement d'une situation normale en Côte d'Ivoire", a ajouté le diplomate.
D'importantes manifestations se sont produites lundi pour protester conter la proposition du Groupe de travail international (GTI) soutenu par l'ONU de dissoudre le Parlement, son mandat ayant expiré en décembre. Des élections législatives sont prévues pour 2007. Le GTI se compose de l'Afrique du Sud, du Bénin, des Etats-Unis, de la France, du Ghana, de la Guinée, de la Grande-Bretagne, du Niger et du Nigeria. L'ONU, l'Union africaine, la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), l'Union européenne, l'Organisation internationale de la francophonie, la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) en font également partie.
Pendant les émeutes de lundi, cinq véhicules de l'ONU ont été détruits, selon l'ONU. Aucun blessé n'a été signalé.
De nombreux partisans du gouvernement accusent les Nations unies et autres médiateurs internationaux de favoriser les ex-rebelles qui ont pris le contrôle du nord du pays pendant la guerre civile de 2002-2003 consécutive à une tentative de coup d'Etat à Abidjan en septembre 2002.
Quelque 10.000 soldats français et de l'ONU sont chargés de la sécurité et d'essayer de rétablir la paix que plusieurs accords n'ont pas réussi à ramener.