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Monde

Les "Patriotes" ivoiriens contre la dissolution du Parlement

lundi 16 janvier 2006 (Reuters - 17:54)



par Ange Aboa et Peter Murphy

ABIDJAN - Les forces de l'ordre ivoiriennes ont fait usage de grenades lacrymogènes contre des centaines de jeunespartisans du président Laurent Gbagbo manifestant devant le siège des Nations unies à Abidjan.

La capitale économique a été le théâtre de plusieurs manifestations de protestation contre la proposition du Groupe de travailinternational (GTI) sur la Côte d'Ivoire, chargé de superviser le plan de paix de l'Onu, de dissoudre l'Assemblée nationale.

Certains des quelque 300 jeunes gens présents devant le siège de la Minuci ont lancé des pierres aux forces de l'ordre. Selon unjournaliste de l'agence Reuters, un policier au moins a été blessé. La foule scandait "Respectez le pouvoir de Gbagbo!".

Ailleurs dans la cité lagunaire, d'autres centaines de partisans du chef de l'Etat, certains armés de coupe-coupe et de bâtons, ontmis le feu à des pneus et érigé des barricades sur des avenues d'Abidjan. Ces troubles ont amené des commerçants et des écoles àfermer leurs portes.

Dans un communiqué lu à la télévision nationale (RTI), le ministre de l'Intérieur, Joseph Dja Blé, a invité la population à s'abstenirde tout acte susceptible de nuire au processus de paix.

Les casques bleus de la Minuci, en tenue anti-émeute, sont restés confinés derrière leurs grilles. L'accrochage a duré quelquesminutes mais en milieu d'après-midi, de nouveaux manifestants continuaient d'affluer.

Le GTI a recommandé dimanche de ne pas prolonger le mandat des députés, qui a expiré officiellement le 16 décembre.

Cette recommandation du GTI, si elle est appliquée, contredirait la volonté du Conseil constitutionnel ivoirien, qui souhaite quel'assemblée demeure en fonction et conserve ses pouvoirs jusqu'à la tenue de nouvelles élections.

CERTAINS EXPORTATEURS DE CACAO FERMENT

Les manifestants, autoproclamés "Jeunes patriotes", affirment que le GTI n'a aucunement le droit de faire semblablerecommandation.

Un dirigeant de l'aile dure du Front populaire ivoirien (FPI, parti de Laurent Gbagbo), Williams Atteby, a pour sa part accusé leGTI, où siège la France, ancienne puissance coloniale, de faire preuve de mépris à l'égard de l'Etat ivoirien et de ses institutions.

L'Assemblée nationale demeurera jusqu'aux prochaines élections, a-t-il déclaré à l'agence Reuters. Personne n'a appelé les Ivoiriensà descendre dans la rue mais ils seront de plus en plus nombreux à le faire, a-t-il dit. (...) (Les médiateurs) ne peuvent pas venir ici etprendre des décisions comme cela avant de reprendre tout bonnement leur avion pour rentrer chez eux, s'est insurgé le dirigeant duparti au pouvoir.

Alors que la nouvelle des troubles gagnait du terrain, les commerces du Plateau -le quartier administratif et des affaires de la citélagunaire- tiraient leurs rideaux. Certaines écoles de la capitale économique renvoyaient leurs élèves chez eux.

Quant à l'ambassade de France, elle a conseillé aux ressortissants français d'éviter tout déplacement en ville.

Certains des exportateurs de fèves de cacao, dont la Côte d'Ivoire reste le premier producteur mondial, ont fermé leurs bureaux,une bonne partie du personnel étant resté chez lui.

La Côte d'Ivoire est coupée en deux, entre un Nord tenu par des rebelles et un Sud aux mains des forces loyalistes depuis l'échecd'une tentative de coup d'Etat en septembre 2002.

L'élection présidentielle initialement prévue en octobre 2005 a été reportée au plus tard au 31 octobre 2006.

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