QUITO (Reuters) - Les parlementaires équatoriens vont tenter de renverser le président Lucio Guttierez, qu'ils accusent d'ingérence dans la justice, dans le cadre de la crise liée à la Cour suprême qui a entraîné lundi de nouvelles manifestations.
"Il est seul et nous devons nous débarrasser de lui par le biais d'une procédure d'impeachment", a dit Carlos Gonzalez, un parlementaire de Gauche démocratique, une des principales formations de l'opposition.
Les partisans de Guttierez ne sont plus majoritaires au parlement. L'opposition n'a besoin que d'une majorité simple pour lancer une procédure d'impeachment. Mais il lui faut une majorité des deux tiers pour renverser le président.
Ce processus, déjà engagé l'année dernière, pourrait durer des mois.
Rien ne permet dès lors d'envisager dans les prochaines semaines une véritable sortie de crise en Equateur. Les manifestations de ces derniers jours rappellent celles de 1997, année où deux présidents avaient été renversés.
DERIVE DICTATORIALE
L'opposition a accusé Guttierez d'avoir fait nommer des magistrats qui lui étaient acquis à la Cour suprême en décembre. Cette décision lui avait par la suite coûté la majorité.
Vendredi, face à l'agitation de la rue de Quito, il a renvoyé les magistrats de la Cour. Mais l'opposition y a vu le signe d'une dérive dictatoriale du président car la constitution ne l'autorise pas à nommer ou renvoyer les magistrats de la plus haute instance judiciaire du pays. Guttierez a levé samedi l'état d'urgence qu'il avait déclaré la veille.
Et dimanche, le parlement a formalisé en session extraordinaire le renvoi des magistrats nommés en décembre. Désormais, les parlementaires tentent de mettre au point un nouveau mécanisme de désignation des juges de la Cour suprême.
L'opposition a décidé qu'elle ne lancerait pas les procédures d'impeachment avant la refonte de ce mécanisme.
Certains parlementaires estiment que les discussions sur la Cour suprême pourraient ne pas s'achever avant deux semaines.
Dès lors, l'opposition devra rassembler 51 voix de parlementaires pour engager les procédures d'impeachment, puis 67 pour les approuver.
"Nous avons besoin de ces 67 voix", a dit Guillermo Landazuri, un parlementaire de Gauche démocratique. "Les Equatoriens doivent pousser le Congrès à destituer Guttierez parce qu'il a compromis la loi et l'ordre."
On n'a fait état d'aucune manifestation à l'extérieur de la capitale, où le président dit compter d'importants soutiens.
Guttierez n'est dans l'ensemble pas très populaire. Mais le mécontentement a été contenu par la croissance de l'économie équatorienne et par la faiblesse de l'inflation. Cependant, les austères politiques de libre-échange qu'il a mises en oeuvre ont déçu une partie de son électorat populaire.