QUITO, Equateur (Reuters) - Le président équatorien déchu Lucio Gutierrez, qui s'est réfugié dans la résidence de l'ambassadeur du Brésil à Quito, déclare avoir été illégalement renversé.
Le nouveau gouvernement équatorien et des responsables brésiliens discutent du sort à réserver à Gutierrez, qui pourrait partir pour le Brésil, où il se verrait accorder l'asile politique.
Le président a été déposé mercredi par le Congrès à l'issue d'une semaine de manifestations dénonçant ce que l'opposition présente comme une dérive dictatoriale. Il a été remplacé par son ancien vice-président, Alfredo Palacio.
"Ils veulent m'évincer sans respecter la procédure politique, sans que j'abandonne mon poste", a déclaré Gutierrez à des partisans, par téléphone, dans une conversation enregistrée par le journal La Hora.
Un avion de l'armée de l'air brésilienne a été préparé pour un transfert éventuel de l'ancien colonel hors du pays.
LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE PRUDENTE
Devant la résidence de l'ambassadeur, des policiers munis de boucliers anti-émeutes étaient alignés le long des rues, parcourues par des voitures où des opposants à Gutierrez, avec force cris et coups de klaxon, les exhortaient à empêcher le président déchu de partir.
Un procureur a émis un mandat d'arrestation visant Gutierrez pour le décès de deux personnes lors des manifestations de cette semaine.
Ses opposants, qui le qualifient de dictateur, lui reprochent d'avoir placé des alliés à la Cour suprême.
"Le but n'est pas d'installer un dictateur, mais l'inverse. Il s'agit de rétablir l'état de droit et le système constitutionnel", a déclaré le nouveau ministre équatorien des Affaires étrangères, Antonio Parra, en réponse aux inquiétudes exprimées par la communauté internationale.
Cette dernière semble hésiter quant à l'attitude à adopter face au renversement de Gutierrez. Washington estime que des élections anticipées seraient une bonne façon de mettre un terme à la crise, mais des responsables américains se sont gardés de reconnaître le nouveau gouvernement.
L'Organisation des Etats américains a convoqué une réunion extraordinaire, à Washington, pour se pencher sur la légalité constitutionnelle de la destitution du président.