Normalisation en Equateur après le limogeage du président Gutierrez
QUITO (AFP) - La crise politique en Equateur semblait en voie de résolution jeudi après la destitution éclair la veille du président Lucio Gutierrez et son remplacement par Alfredo Palacio tandis que l'ex-chef d'Etat négociait un sauf-conduit pour partir au Brésil qui lui a accordé l'asile.
Costume noir et cravate rouge, M. Palacio, 66 ans, a pris officiellement ses fonctions de président au cours d'une cérémonie au palais de Carondelet en présence de son nouveau gouvernement et du haut commandement militaire.
Son investiture est ainsi légalisée, selon des spécialistes. Le nouveau ministre de l'Intérieur Mauricio Gandara, interrogé par la radio colombienne Caracol, a exclu des élections anticipées: "le président exercera cette fonction pendant le laps de temps qui reste (du mandat) jusqu'au 15 janvier 2007".
Le nouveau ministre des Affaires étrangères Antonio Parra a assuré que "l'Etat de droit avait été restauré" car M. Gutierrez a été destitué pour ne pas avoir respecté la Constitution -- en s'immisçant dans la composition de la Cour suprême. Plusieurs hauts responsables politiques ont apporté leur appui à M. Palacio notamment l'influent ex-président Leon Febres Cordero.
M. Gutierrez, un colonel à la retraite entré en politique il y a cinq ans était toujours réfugié jeudi à l'ambassade du Brésil, dans l'attente d'un sauf-conduit lui permettant de quitter l'Equateur.
Des automobilistes klaxonnaient et criaient "ne pars pas lâche", "Lucio corrompu" et quelques manifestants étaient regroupés devant l'ambassade pour l'empêcher de partir.
"Je ne suis pas un homme politique", a affirmé M. Palacio, peu après son investiture. Il a dit n'être qu'un simple médecin prêt à servir son pays. Celui qui avait été élu à la vice-présidence fin 2002 en même temps que M. Gutierrez, mais avait pris ses distances avec lui et l'avait qualifié de "dictateur", s'est engagé à "refonder la République".
M. Gutierrez, élu pour un mandat de quatre ans (2003-2007), est le quatrième président équatorien à ne pas pouvoir conclure son mandat depuis le retour de la démocratie dans ce petit pays sud-américain en 1979.
Arrivé à la présidence sur un programme plutôt axé à gauche, avec le soutien d'un mouvement indigène, il avait adopté une politique d'austérité qui satisfaisait le Fonds monétaire international mais avait perdu le soutien des Indiens.
Il était devenu très impopulaire après avoir restructuré en décembre 2004 la Cour suprême où il était accusé d'avoir placé ses hommes. La Cour avait annulé ensuite des procès notamment contre l'ancien président Abdala Bucaram, accusé de corruption. Selon un sondage réalisé le week-end dernier, 80% des Equatoriens voulaient désormais que M. Gutierrez démissionne.
Depuis une semaine, les manifestations réclamant son départ étaient de plus en plus suivies surtout à Quito.
La goutte d'eau qui a fait déborder le vase, précipitant sa chute, a été la répression violente d'une marche de 30.000 à 50.000 personnes, dont des étudiants, dans la nuit de mardi à mercredi. Quelques 143 personnes ont été asphyxiées, 54 ont souffert de contusions et deux sont mortes: un photographe chilien victime des gaz lacrymogènes et une femme renversée par un camion.
Ensuite, les événements se sont accélérés: le commandant de la police, le général Jorge Poveda, a annoncé sa démission mercredi matin, refusant de poursuivre la répression puis le parlement a voté la destitution du président et l'armée lui a retiré son soutien.
Le président a alors quitté en hélicoptère le palais de Carondelet pour se diriger vers l'aéroport mais des manifestants ont envahi le tarmac empêchant sa fuite. Une juge a ensuite décrété sa détention dans une garnison militaire mais quelques heures plus tard, Brasilia annonçait qu'il se trouvait dans son ambassade à Quito.
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Accalmie en Equateur après le limogeage du président Gutierrez
QUITO (AFP) - La crise politique en Equateur semblait avoir trouvé un début de solution jeudi avec la destitution éclair la veille du président Lucio Gutierrez et son remplacement par le cardiologue Alfredo Palacio, mais le sort de l'ex-chef d'Etat n'était pas fixé avec certitude.
Jeudi matin, M. Gutierrez, un colonel à la retraite entré en politique il y a seulement cinq ans, était toujours réfugié à l'ambassade du Brésil, pays qui lui a accordé l'asile. "Cette décision est cohérente avec le désir de trouver des solutions à la crise", a expliqué l'ambassadeur du Brésil à Quito Sergio Florencio à la radio colombienne Caracol.
"Je ne suis pas un homme politique", a affirmé le nouveau président Alfredo Palacio, 66 ans, peu après son investiture par le parlement. Les images télévisées l'ont montré au siège du ministère de la Défense, encadré des principaux chefs militaires: il a dit n'être qu'un simple médecin prêt à servir son pays, se qualifiant tout de même de "seul espoir" pour le pays.
Celui qui était le vice-président de M. Gutierrez mais avait rapidement pris ses distances avec un chef d'Etat qu'il qualifiait de "dictateur", s'est engagé à "refonder la République", réclamant du temps. La Constitution prévoit qu'il poursuive le mandat de M. Gutierrez jusqu'à son terme (15 janvier 2007) sans devoir organiser des élections anticipées.
Interrogé sur une éventuelle dissolution du parlement, il a répondu: "jamais je ne porterai atteinte à la Constitution".
M. Gutierrez, qui avait été élu pour quatre ans (2003-2007), est le quatrième président équatorien à ne pas pouvoir conclure son mandat depuis le retour de la démocratie dans ce petit pays sud-américain en 1979.
Arrivé à la présidence avec le soutien d'un mouvement indigène qui l'avait abandonné s'estimant trahi, il était de plus en plus impopulaire. Un sondage réalisé le week-end dernier indiquait que 80% des Equatoriens voulaient qu'il démissionne.
Depuis une semaine, les manifestations réclamant son départ et la dissolution de la Cour suprême -- où il était accusé d'avoir placé ses hommes -- se succédaient et étaient de plus en plus suivies surtout à Quito.
La goutte d'eau qui a fait déborder le vase, précipitant la chute de M. Gutierrez, a été la répression violente d'une grande marche de 30.000 à 50.000 personnes, dont beaucoup d'étudiants, dans la nuit de mardi à mercredi.
Quelques 143 personnes ont été asphyxiées, 54 ont souffert de contusions et deux sont mortes: un photographe chilien victime des gaz lacrymogènes et une femme renversée par un camion.
Ensuite, les événements se sont accélérés: le commandant de la police, le général Jorge Poveda, a annoncé sa démission mercredi matin, refusant de poursuivre la répression puis le parlement a voté la destitution du président et l'armée lui a retiré son soutien.
Vers 14h32 locales (19h32 GMT), le président a quitté le palais gouvernemental de Carondelet à bord d'un hélicoptère qui s'est posé peu après à l'aéroport. Il avait l'intention de fuir au Panama, selon les télévisions, mais des manifestants l'en ont empêché envahissant le tarmac.
Dans des circonstances rocambolesques, une juge a ensuite annoncé sa mise en détention dans une garnison militaire hors de Quito mais quelques heures plus tard, Brasilia a annoncé que M. Gutierrez se trouvait dans son ambassade à Quito.