BANLIEUES - La France prend feu

Ce week-end, plus de 1,500 véhicules ont été incendiés gratuitement et une trentaine de policiers blessés dans une guérilla urbaine qui embrase les banlieues de l’Hexagone. A l’étranger, l’incompréhension domine. En France, la situation apparaît hors de contrôle du champ politique

Scène de guerre à Bagdad ? Non, émeute à Aulnay-sous-Bois ! (Photo : AFP)

En France, en un seul week-end, plus de 1,500 véhicules ont été incendiés gratuitement par des délinquants. Hier, une trentaine de policiers ont été blessés par des tirs de pistolet à grenaille à Grigny (Essonne) et vendredi une personne handicapée a failli perdre la vie dans l’incendie d’un bus à Sevran (Seine-Saint-Denis). Pour la seule journée de samedi, plus de 300 personnes ont été interpellées pour des actes de vandalisme.
La guérilla urbaine qui embrase la banlieue parisienne, depuis le fait divers de Clichy-sous-Bois il y a dix jours (lire notre article ici), s’est intensifiée et s’est propagée à d’autres villes de l’Hexagone. A Lyon, Lille, Toulouse, Nantes, Nancy, mais aussi Evreux, Avignon, Dunkerque ou Maubeuge, des scènes identiques ont ébranlé la vie locale. Au total, 211 communes françaises ont été touchées par les violences !
Le climat de novembre est donc à l’émeute, à l’insurrection. Les images de voitures en flammes dans la nuit parisienne ont frappé le monde entier, incrédule. CNN ouvre son journal sur les évènements à Paris et non plus sur Bagdad. El País et le Bangkok Post y ont consacré leur Une de dimanche. Le Washington Post s’essaie à une analyse (Riots are fight for recognition) tandis qu’à Buenos Aires, le quotidien Clarin tente de décrire les ghettos français (La rebelión de los excluidos, descontrolada y en aumento).
Chirac se manifeste enfin
Mais, en premier, c’est bien la stupeur et l’incompréhension qui dominent devant la gravité et l’incongruité des faits. Certes, la France avait déjà étonné le monde en mai 1968. Mais, le dérapage actuel des banlieues de l’Hexagone a de quoi inquiéter plus largement sur la planète.
En effet, la situation apparaît totalement hors de contrôle. Le ton menaçant de Nicolas Sarkozy, le ministre de l’Intérieur, n’a pas effrayé les délinquants (lire ici), tandis que les appels au calme répétés du Premier ministre Dominique de Villepin ne sont d’aucune portée. Alors que les élus du 93 veulent un Grenelle des banlieues, le Président Jacques Chirac s’est enfin manifesté hier, affirmant que "la priorité est le rétablissement de la sécurité et de l’ordre public".
Ce n’est pas gagné car où se situe son autorité ? Pendant 30 ans, les gouvernements de droite et de gauche ont laissé les problèmes de la banlieue à l’écart, là où elle se situe. Et, aujourd’hui, sans prévenir, cela est en train de péter à la figure de Français interdits.
Thierry CLEMENT. (LPJ) 7 novembre 2005

Lire aussi
Les politiques ont le mal des banlieues
http://www.lepetitjournal.com/content/view/2732/315/ 
Le dossier de TF1
http://news.tf1.fr/news/france/emeutes/
Un dossier du Monde – Les banlieues en crise
http://www.lemonde.fr/web/sequence/0,2-706693,1-0,0.html
Libération – Il faut que Sarkozy s’excuse ou démissionne
http://www.liberation.fr/page.php?Article=336245
Le Figaro – Malgré les appels au calme, les violences continuent
http://www.lefigaro.fr/societe/20051106.FIG0160.html?133137
Dans le Bangkok Post – French riots rage
http://www.bangkokpost.com/breaking_news/breakingnews.php?id=60173
Dans Clarin - La rebelión de los excluidos, descontrolada y en aumento
http://www.clarin.com/diario/2005/11/06/elmundo/i-02703.htm
Dans El País - La virulencia de los distubios en Francia se incrementa pese a las advertencias del Gobierno 
http://www.elpais.es/articulo/elpporint/20051106elpepuint_1/Tes
Sur CNN –
www.cnn.com
Le Washington Post (site payant) – www.washingtonpost.com

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