 | Un pompier combat un feu dans une voiture, jeudi à Venissieux. (AP Photo/Patrick Gardin) |
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PARIS (AP) - Voici une chronologie des violences urbaines en France:
Jeudi 27 octobre - Trois adolescents croyant être poursuivis par la police se réfugient dans un transformateur EDF à Clichy-sous-Bois, en banlieue de Paris, et meurent électrocutés. Un troisième adolescent est grièvement brûlé.
Des centaines de jeunes mettent le feu à des voitures et à des magasins à Clichy-sous-Bois.
Vendredi 28 octobre
Des émeutiers tirent à balles réelles sur un véhicule des CRS à Clichy-sous-Bois.
Dimanche 30 octobre
Une grenade lacrymogène explose devant la mosquée de Clichy-sous-Bois, déclenchant la colère d'habitants de cette commune et de villes voisines.
Lundi 31 octobre
Les violences gagnent d'autres communes de Seine-Saint-Denis. Des jeunes lancent des cocktails Molotov contre des voitures, des magasins et des bâtiments publics. La police réplique avec des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc. Des incidents éclatent dans le quartier sensible de l'Ousse des Bois à Pau (Pyrénées-Atlantiques).
Mardi 1er novembre
Une dizaine de villes des banlieues de Paris sont touchées.
Mercredi 2 novembre
Jacques Chirac appelle au calme en déclarant durant le conseil des ministres: "Il faut que les esprits s'apaisent. Il ne peut pas exister de zone de non-droit en République".
Les émeutes s'étendent à une vingtaine de communes d'Ile-de-France. Quatre coups de feu sont tirés en Seine-Saint-Denis contre des policiers et des pompiers, sans faire de blessé. Un individu asperge de liquide inflammable la passagère d'un bus munie de béquilles et allume le feu; la quinquagénaire est grièvement brûlée.
315 voitures incendiées en Ile-de-France.
Jeudi 3 novembre
Une information judiciaire contre X pour non assistance à personnes en danger est ouverte dans le cadre de l'enquête sur la mort par électrocution des deux adolescents à Clichy-sous-Bois. Le procureur de la République de Bobigny déclare que, d'après les premiers éléments de l'enquête, il n'y a "pas eu de course-poursuite" entre les jeunes et la police.
Après le "caillassage" de deux rames du RER B au Blanc-Mesnil, un dispositif de sécurité est mis en place dans les trains circulant dans les secteurs "à risques".
593 véhicules brûlés en France, dont 519 en région parisienne. Alors que Paris avait été épargnée jusqu'alors, sept voitures sont incendiées intra muros.
Vendredi 4 novembre
Dominique de Villepin reçoit une quinzaine de jeunes des zones urbaines sensibles pour un échange sur la situation dans les quartiers.
Les violences gagnent la province, notamment le Nord, l'Ille-et-Vilaine, le Bas-Rhin, les Alpes-Maritimes et la Haute-Garonne.
Le nombre d'interpellations augmente (203).
Samedi 5 novembre
Dominique de Villepin reçoit à Matignon Dalil Boubakeur, le président du Conseil français du culte musulman, et lui assure que la mosquée de Clichy-sous-Bois "n'a en aucune manière été visée par les forces de l'ordre".
Un atelier de confection de cocktail Molotov est découvert dans un local désaffecté à Evry (Essonne).
1295 véhicules brûlés dont 554 en province et 35 à Paris intra muros; 349 interpellations. Graves incidents à Evreux (Eure).
Dimanche 6 novembre
"Aujourd'hui, la priorité absolue, c'est le rétablissement de la sécurité et de l'ordre public", déclare Jacques Chirac dans sa première déclaration publique depuis le début des violences.
1408 voitures brûlées (record); 274 communes touchées; 36 policiers et cinq pompiers blessés; 395 interpellations. Violents affrontements à Grigny (Essonne) où deux policiers sont blessés par des tirs au fusil de chasse.
Lundi 7 novembre
Des violences urbaines, d'une moindre ampleur, sont signalées en Belgique et en Allemagne.
Un homme de 61 ans qui se trouvait dans le coma depuis trois jours après avoir été frappé alors qu'il tentait d'éteindre un feu de poubelles en bas de son immeuble à Stains (Seine-Saint-Denis) décède des suites de ses blessures. C'est le premier décès depuis le début des émeutes.
Dominique de Villepin annonce que le gouvernement va autoriser les préfets à recourir au couvre-feu et qu'il a décidé d'appeler 1500 réservistes, gendarmes et policiers, pour renforcer les 8000 membres des forces de l'ordre présents dans les banlieues.
1173 voitures incendiées en France; 226 communes touchées; 330 interpellations.
Mardi 8 novembre
Le gouvernement prend le décret instituant l'état d'urgence dans les banlieues, afin de permettre aux préfets d'y appliquer des mesures de couvre-feu.
La Somme devance la parution du décret en instaurant un couvre-feu pour les mineurs de 16 ans à Amiens.
617 voitures brûlées (150 en Ile-de-France et 467 en province); 196 communes touchées; 280 interpellations.
Mercredi 9 novembre
Au moins quatre autres départements prennent des mesures de couvre-feu: Alpes-Maritimes (à Nice et Cannes, notamment), Eure, Loiret, Seine-Maritime.
482 voitures brûlées; 203 interpellations.
Jeudi 10 novembre
Critiqué pour sa discrétion depuis le déclenchement des violences urbaines, Jacques Chirac s'exprime longuement, pour prendre acte du "problème" et annoncer qu'il en tirera les conséquences "le moment venu". Il appelle aussi à leur responsabilité les "parents des trop nombreux mineurs qui, souvent d'ailleurs poussés en avant par leurs aînés, ont participé à ces violences urbaines".
La préfecture du Rhône et la préfecture de police de Paris, notamment, interdisent la vente de carburant au détail.
Le ministère de l'Intérieur annonce la suspension de huit policiers pour violences illégitimes sur un jeune homme interpellé le 7 novembre à La Courneuve (Seine-Saint-Denis).
463 voitures brûlées; 201 interpellations.
Vendredi 11 novembre
Cinq des huit policiers suspendus à La Courneuve sont mis en examen par un juge d'instruction.
Environ 200 personnes participent au Mur de la Paix, sur le Champ de Mars à Paris, à un rassemblement, à l'appel du collectif "Banlieues Respects", pour réclamer l'arrêt des violences urbaines et demander au gouvernement "une écoute forte et sincère" des habitants des quartiers populaires.
La mairie de Belfort interdit la circulation des jeunes de moins de 16 ans non accompagnés de leurs parents entre 21 h et 6 h de vendredi soir à mardi matin.
Samedi 12 novembre
Alors que des appels à des "actions violentes" circulent, la préfecture de police de Paris interdit tout rassemblement "de nature à provoquer ou entretenir le désordre sur la voie et dans les lieux publics" pour la période allant de samedi 10 h à dimanche 8 h.