« La vérité n'est pas au fil du couperet et le silence est forcément complice… »









« C’est la canaille ? Eh bien j’en suis. »
(CHANT RÉVOLUTIONNAIRE)

lundi 7 novembre 2005, par Paul Castella



RUBRIQUE : La liberté


Popularité de cet article : 106, soit 27 % de 404.
Au total, ce site reçoit environ 7441 visites par jour.

Articles les plus populaires dans cette rubrique
« C’est  (...) - (27 %)
Le pouvoir, la pute et  (...) - (9 %)
Femmes battues en  (...) - (8 %)
Le Bilderberg, Vers un  (...) - (5 %)
L’ERECTION  (...) - (5 %)

DANS LA MEME RUBRIQUE :
Suite aux malheurs de la vertu.
Appel contre le projet de loi sur la sécurité intérieure
Le Choc des Civilisations et des Cultures.
1984 : 20 ans après.
Mainmise Accrue du Pouvoir sur les Médias Américains.
La partie invisible de l’iceberg
Pas de prières, foutre Dieu !
Carte d’Identité Electronique
Attention : école !
LA RAISON DU PLUS FORT...

THEMES ABORDES :
désinformation
Le Sacre populaire de Dieudonné au Zénith
La mère de toutes les discriminations
Appréhendés et menottés en classe : les collégiens censés retenir la leçon
Le poulet, la racaille et la boîte d’allumette.
Diaboliser le Net pour mieux le contrôler
Pérez Esquivel à George Bush
Il faut faire chanter la Presse officielle !
Un débat au ras des pâquerettes
Les chacals hurlent avec les loups
Outrances
Edito1
Libertés
Le raffiné Rafarin est un pervers récidiviste
Le second stade du miroir
Ecrivez à Ariel Sharon
Après Fidel Castro
De la Réaction et de la Modernité en politique française
Argentine : la fin de l’immunité criminelle
L’amour est mort, vive la haine ! *
LE PEUPLE MAPUCHE
Il est nécessaire que l’impunité ne s’installe pas en Algérie
REQUIEM POUR LA LIBERTE
sécuritaire
La peur des gens ordinaires.
Monsieur Sarkozy, les victimes ne sont pas coupables des incendies !
Le fossé.
L’étrange monsieur K.
La dictature : un plat qui se mange froid
Gouda, tulipes et répression
Perben met la Justice sous tutelle
L’HORREUR IMPÉRIALE. Les États-Unis et l’hégémonie mondiale
Statistiques de délinquance et politiques de sécurité
Carte d’Identité Electronique (CNIE) : Bienvenue à Gattaca


Dès que la violence, avec laquelle ils obligent la majorité des gens, jeunes ou vieux, à se plier aux exigences d’une minorité de nantis, leur remonte au nez comme de la moutarde, les politiciens en appellent au maintien de l’ordre, « républicain » en France, en tous les cas « public ». Car l’Etat, démocratique ou non, se fonde toujours sur la violence qu’exerce l’économie à l’égard des citoyens. C’est pourquoi il ne tolère aucune violence à son égard. La rébellion est pour les maîtres le pire des crimes.

L’injustice dans le partage des richesses et des tâches n’a d’autre garantie que l’habitude routinière des humbles à être soumis. En effet, ce ne sont pas les juges qui font respecter les lois (ces textes supposés justifier l’ordre existant) mais c’est parce que les sujets se taisent devant leurs maîtres et vont au chagrin sans rechigner qu’il semble que les lois soient respectées. Que les serviteurs se rebellent et les maîtres parlent d’en venir aux armes, au nom de l’ordre. Alors c’est la violence qui se retourne contre ses employeurs, comme la fumée des gaz toxiques revient sur les lanceurs de grenade lorsque change le sens du vent. Les bourgeois craignent par dessus tout la violence des pauvres. Car c’est aux pauvres qu’ils font violence par leur existence même en tant que minorité profitant du travail des autres.

Curieusement, les quartiers pauvres, autrefois appelés « populaires », sont aujourd’hui nommés quartiers « difficiles », comme s’il était besoin de souligner qu’il n’est pas facile d’y vivre, ou encore « sensibles », sans doute parce que les quartiers riches sont peuplés de gens insensibles à la misère des autres. Pour un certain Ministre de l’Intérieur, chargé de garantir à l’économie capitaliste le bon fonctionnement des structures sociales qui la font vivre, les habitants des quartiers sensibles sont des « pauvres » (à ce titre estimables, puisqu’ils garantissent la richesse des autres), tandis que ceux qui jettent des projectiles aux policiers sont des « voyous ». Autant dire : un bon pauvre est un pauvre qui ferme sa gueule.

Comme chaque fois que se produit une insurrection, les bonnes âmes s’étonnent : pourquoi cette montée soudaine de violence ? On devrait plutôt se demander : comment des gens humiliés quotidiennement ne se soulèvent-ils pas plus souvent ?

Je me souviens d’un jour où, montant dans un bus, j’y trouvais un homme en train de maugréer à voix haute contre les étrangers. Les passagers ne disaient rien, comme abattus par l’avalanche de grossièretés racistes déversée par cet homme avec une rare violence verbale. Comme je lui demandais de se taire, le personnage me répondit de retourner dans mon pays. Ce à quoi je lui répondis que j’y étais, et que j’en n’étais pas fier, quand je voyais un type comme lui. Ces propos lui ont cloué le bec, et j’ai aussitôt senti une vague de soulagement courir parmi les passagers, dont certains m’ont remercié d’un sourire. J’ai compris ce jour-là que la plupart des gens sont fondamentalement gentils, et ne savent que faire lorsqu’ils se trouvent confrontés à un comportement violent. C’est comme cela que les violents paralysent leurs victimes.

La force fait peur aux être humains. Face à la menace, ils ne savent en général que faire. C’est tout à leur honneur. Contrairement à ce qu’en disent les bonimenteurs à la solde des maîtres, la soif de pouvoir, le besoin de violence et la volonté de puissance ne sont pas dans une prétendue « nature de l’homme », mais dans le fondement de l’Autorité, publique ou privée.

Petits ou grands, les chefs usent de la menace pour se faire obéir, avec une violence qui risque à tout moment de leur exploser à la figure. C’est vrai à l’échelle d’une famille, comme à celle d’une ville ou d’une nation. Le maniement de l’autorité n’est pas sans danger pour ceux qui l’exercent. La force qui lui résiste et peut à tout instant se rebeller s’appelle : liberté.

Certes il n’y a rien de constructif dans la violence du refus, comme lorsqu’un enfant dit « merde » à un père autoritaire. Mais une porte qui claque ou des voitures qui brûlent lors d’une émeute urbaine sont le signe d’une rupture. Après l’événement, même si l’ambiance revient au calme, rien n’est plus comme avant. Quand elle ne sait pas contenir la violence qu’elle a elle-même suscitée, l’autorité perd la face. Elle n’a plus de justification lorsque s’est dévoilé ce qu’elle devait cacher : le fond de violence de son exercice quotidien.

Toujours le maître se prétend seul à être digne (on parle de dignité du prince, pas de l’esclave). Les chrétiens ne disent-ils pas « Seigneur » au fils de leur Dieu ? Mais les beaux atours cachent mal la laideur mentale de ceux qui font obéir les autres. Alors, pour cacher les verrues qui défigurent leur esprit, ils insultent leurs serviteurs rebelles : les pauvres, quand ils deviennent impertinents, sont traités de canaille, populace, ou de « racaille ». Car les bourgeois n’ont jamais assez de haine pour désigner ceux qui leur font peur. On sait aussi avec quelle jubilation ils applaudissent aux massacres des révoltés. Pourtant, il y a une certaine sagesse dans leur peur : seule classe sociale à s’être installée au pouvoir grâce à une révolution victorieuse, ils savent jusqu’où peut aller la révolte.

Les maîtres le savent bien : ce qui leur pend au nez est pire que le refus, c’est la dégringolade. L’esprit de liberté qui souffle sur les émeutes joue une musique qui se répercute à travers l’Histoire et, malgré les répressions, conserve la mémoire du plus ambitieux projet qui court depuis des siècles : la fin de la domination de l’homme par l’homme. Tout laisse à penser que ce projet avance. Avis aux apprentis dominateurs...

  • Illustration :Chimulus


  • Répondre à cet article

    Recommander cet article à un ami



    Paul Castella





    Il y a 3 contribution(s) au forum.

    > « C’est la canaille ? Eh bien j’en suis. »
    8 novembre 2005, par Cybermomosapien
    > « C’est la canaille ? Eh bien j’en suis. »
    7 novembre 2005, par Ashoka
    > « C’est la canaille ? Eh bien j’en suis. »
    7 novembre 2005, par Martin




    > « C’est la canaille ? Eh bien j’en suis. »
    8 novembre 2005, par Cybermomosapien   [retour au début des forums]

    Tout a fait en accord avec cete vision

    Que penser des partis politiques soit disant de gauche (PS/PC) qui ne bronchent pas, qui ne cherchent pas à utiliser cette rébellion pour en créer une dynamique de révolte nationale ? Je pense que c’est par racisme, pour ne pas mélanger la lutte des classes avec les arabes. Et là, je trouve que ça vole bas.

    [Répondre à ce message]

    > « C’est la canaille ? Eh bien j’en suis. »
    7 novembre 2005, par Ashoka   [retour au début des forums]

    Très beau texte, très vrai. J’y souscris totalement. Ashoka

    [Répondre à ce message]

    > « C’est la canaille ? Eh bien j’en suis. »
    7 novembre 2005, par Martin   [retour au début des forums]

    bonsoir,

    il me semble plutôt que c’est la mise en place d’un dictature républicaine et laïque qui avance.

    Les provocations Verbales de Sarko, les provocations de la police, notamment à travers le lancement de bombes lacrymon sur une mosquée, semble relever d’une volonté délibéré de laisser la situation dégénérer afin de justifier des mesures d’exception contre les populations les plus pauvres.

    Dans ce contexte, de provocations et mensonges policiers, on ne peut écarter l’hypothèse que des groupes de policiers en civiles se répandent dans les quartiers pour y mettre le feu. Que de jeunes désoeuvrés s’y joignent par la suite, n’est-ce pas le but recherché.

    Pour légitimer des mesures sécuritaires puis des lois liberticides, il faut un prétexte.

    L’instauration d’un couvre-feu comme au temps de la guerre d’Algérie est un moyen commode pour arrêter, tuer et brûler. La police échappe à tous contrôle démocratique. La dictature policière n’est pas loin.

    Les syndicats et les partis de gauche sont tellement corrompus qu’ils ne boucheront pas le petit doigt. Bien au contraire, comme en 1940 ou en 1956, ils voteront les pleins pouvoirs pour instaurer une dictature sécuritaire aux accents coloniaux et racistes.

    [Répondre à ce message]

    OULALA.NET | PLAN DU SITE | ADMIN  

    Copyleft oulala

    Copyleft oulala.net 2001 - 2005.
    Sauf dans le cas ou un auteur a formulé un avis contraire, les documents contenus sur le site sont libres de droits pour la copie, l'impression, l'édition, etc., et  pour toute publication sur le net ou sur tout autre support, à la condition expresse qu'ils respectent à la lettre les termes de la licence Art Libre (Copyleft attitude).
    Réalisation et conception Gilles LESTRADE. Ce site utilise PHP et mySQL et est réalisé avec SPIP sous license GNU/GPL.
    Webmestres, vous pouvez avoir nos news sur votre site en utilisant les fichiers "backend". Voir mode d'emploi.