Société



Week-end sous tension dans la capitale

Christophe Cornevin
[11 novembre 2005]

PARIS BR€LERA-T-IL ? Alors que les violences qui ont enflammé les banlieues tendent à se dissiper, les forces de l'ordre demeurent sur le qui-vive dans la capitale. La police craint en effet de voir déferler des émeutiers dans la ville durant les trois jours de congés consécutifs. Plusieurs informations inquiétantes l'ont conduite à le penser.

Des dizaines de mails interceptés appellent à une «descente générale» sur les Champs-Elysées ainsi qu'à «brûler la tour Eiffel». «Nous savons également que des bandes de Seine-Saint-Denis évoquent de se rendre samedi soir à la Bastille, place de la République ou encore sur le boulevard Saint-Michel, confie un responsable des Renseignements généraux. Mais le recoupement des messages échangés sur Internet et par SMS est difficile : les lieux et les dates ne coïncident pas.» Entre 200 et 400 jeunes auraient l'intention de s'attaquer à Paris. Des mises en garde ont été lancées par des associations de parents d'élèves dans un certain nombre d'établissements scolaires.

De leur côté, les services spécialisés de la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ), appuyés par l'Office central pour la répression du banditisme, ont interpellé hier matin à Pontault-Combault un internaute d'une vingtaine d'années. Connu des services de police pour des violences, il est soupçonné d'avoir participé à plusieurs dizaines de blogs appelant à l'émeute. Les messages ne faisaient pas dans l'ambiguïté : «Allez les mecs, arrêtons les embrouilles entre les cités. Que vous soyez de Paname ou d'ailleurs, il faut brûler tous les lieux publics, les commissariats, les écoles, le Trésor public et l'ANPE. Tous les départements doivent se réunir. La France est à nous...»

Un effet désastreux

Quelques jours plus tôt, quatre autres internautes avaient été interpellés en Seine-Saint-Denis et dans les Bouches-du-Rhône pour avoir écrit «l'Ile-de-France, unissez-vous, faites cramer tous les keufs. Allez au commissariat de votre ville et cramez-le». Un autre message lançait un «appel à toutes les cités qui veulent bouger, faites tout brûler vendredi soir entre 21 h 30 et 22 heures».

Les 1 200 policiers du Service régional des transports en commun (SRPT) vont patrouiller dans le RER et le métro tandis que les quartiers concernés par les rumeurs de rassemblements devraient être quadrillés. La célébration de l'armistice du 11 novembre sera quant à elle sous la surveillance de 2 220 fonctionnaires.

Hier, la préfecture de police négociait également avec le «collectif des banlieues» le parcours qui sera emprunté cet après-midi par la Marche pour la paix. Les organisateurs avaient d'abord envisagé les Champs-Elysées. Les autorités ont préféré le Champ-de-Mars. Soucieux d'éviter toute tentative d'incendie volontaire, le préfet de police, Pierre Mutz, a interdit hier la vente, mais aussi le transport, de carburant au détail dans Paris. Plusieurs incendiaires potentiels y ont déjà été surpris avec des cocktails Molotov. Sur les vingt arrondissements, les policiers ont en outre pris contact avec les droguistes et les supermarchés vendant des produits inflammables. La préfecture de police n'exclut pas d'instituer l'état d'urgence «si la situation l'exige». Une contagion des violences dans la capitale aurait un effet désastreux.