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vendredi 12 mars 2004, 8h15
Haïti: des blessés après une manifestation pro-Aristide
PORT-AU-PRINCE (AFP) - Au moins quatre personnes ont été blessées par des coups de feu à l'issue d'une manifestation de partisans de Jean Bertrand Aristide jeudi à Port-au-Prince quand la police haïtienne a dispersé les manifestants qui réclamaient le retour du président déchu.
Plusieurs coups de feu ont été tirés, ont constaté les journalistes sur place.
"Nous avons soigné quatre personnes blessées par balles. Des autres hôpitaux ont vraisemblablement accueilli d'autres blessés", a indiqué Frandoe Augustin Charlier, docteur à l'hôpital Canapé vert à Port-au-Prince.
Des témoins ont souligné que des policiers et des manifestants pro-Aristide ont échangé des coups de feu peu de temps après que la police haïtienne eut utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser la manifestation.
Dans la matinée les manifestants avaient quitté les bidonvilles entourant la capitale pour rejoindre le Palais national, le siège de la présidence.
"Aristide doit revenir", scandaient les manifestants, ou encore "Arrêtez Jim Foley pour enlèvement", en référence à l'ambassadeur américain qu'ils accusent d'avoir organisé le départ précipité de l'ex-président le 29 février, ou enfin "Bush terroriste".
Les manifestants portaient des T-shirts et des parapluies arborant des photos de M. Aristide.
"Aristide est notre père, notre rêve. Nous n'avons pas besoin de l'armée française ou américaine. Il est le chef du peuple pauvre", a déclaré l'un des manifestants Pierre Jean-Louis, 52 ans.
Une force internationale composée notamment de militaires américains et français a été déployée en Haïti pour restaurer l'ordre après un mois d'insurrection qui a précédé le départ de Jean Bertrand Aristide vers la Centrafrique.
Dans le même temps, un entretien d'une heure s'est déroulé jeudi matin entre le président intérimaire haïtien Boniface Alexandre et le nouveau Premier ministre Gérard Latortue au Palais national, au cours duquel les deux hommes ont déclaré être "sur la même longueur d'ondes".
M. Latortue, chargé par un conseil des sages de former d'ici à la fin de la semaine un gouvernement d'union nationale après le départ controversé de M. Aristide, était arrivé en Haïti mercredi de Floride (sud-est des Etats-Unis).
"Nous sommes sur la même ligne", a déclaré à l'issue de l'entretien le président intérimaire Alexandre.
"Nous sommes exactement sur la même longueur d'ondes, nous allons travailler ensemble pour réconcilier le pays avec lui-même", a déclaré de son côté M. Latortue.
La composition du nouveau gouvernement haïtien doit être rendue publique samedi.
De son côté, le président centrafricain François Bozizé a déclaré jeudi à la radio nationale que M. Aristide resterait en Centrafrique "pour quelque temps".
"Nous sommes une terre d'hospitalité, c'est pourquoi Jean Bertrand Aristide est chez nous, et il y est pour quelque temps", a déclaré M. Bozizé qui s'exprimait pour la première fois sur la présence de M. Aristide dans son pays.
"A la longue, les négociations qui ont commencé avec la présence du président de la Commission de l'Union africaine (UA), et de la délégation sud-africaine, aboutiront", a encore affirmé M. Bozizé, en désignant implicitement l'Afrique du Sud comme futur pays d'accueil de M. Aristide.
Le président haïtien déchu, qui a quitté le pouvoir sous la pression conjuguée de l'insurrection et de la communauté internationale, n'a cessé depuis de rappeler qu'il est le "président démocratiquement élu (d'Haïti)" et d'affirmer avoir été victime "d'un enlèvement politique" de la part des Etats-Unis et de la France.
Pretoria, pressentie pour accueillir l'exil de M. Aristide depuis son départ du pouvoir, avait demandé le 4 mars "une enquête, sous les auspices de l'Onu", afin de clarifier les circonstances du départ de M. Aristide de Port-au-Prince.
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