Environ 200 soldats français sont arrivés à Cap-Haïtien et ont commencé à se déployer dans le nord d'Haïti vendredi avec pour mission de sécuriser la région afin que les organisations humanitaires puissent distribuer la nourriture et les autres aides dont la population a tant besoin, ont annoncé des responsables militaires français.
Avec 500.000 habitants, Cap-Haïtien est la deuxième ville du pays. Plusieurs zones du nord du pays étaient isolées par des barrages routiers dressés par les rebelles, qui bloquaient l'acheminement d'eau, de nourriture et de carburant.
Outre les 200 soldats à Cap-Haïtien, environ 140 légionnaires sont aux Gonaïves, au nord de Port-au-Prince. C'est dans cette ville qu'avait commencé la révolte armée qui avait contribué à la destitution du président Jean-Bertrand Aristide.
Gérard Latortue, Premier ministre par intérim, prévoyait de se rendre samedi aux Gonaïves, d'où il est originaire. Cette visite était coordonnée avec les troupes françaises et américaines, a indiqué Xavier Pons, porte-parole du contingent français.
Les troupes américaines continuaient vendredi de patrouiller dans la capitale et devaient se déployer dans le sud et l'est. Des militaires chiliens ont remplacé les Marines à l'aéroport de Port-au-Prince. Plus de 300 soldats canadiens attendaient l'arrivée de 400 hommes supplémentaires la semaine prochaine.
Les troupes étrangères aident aussi à désarmer les bandes armées, dont certaines soutiennent Aristide.
Leurs efforts ont été accueillis tièdement. Ils ont rencontré insécurité et méfiance dans un pays où les promesses faites aux pauvres n'ont presque jamais été tenues.
"S'ils veulent qu'on dépose nos armes cette fois, ils feraient bien de nous donner une bonne raison", a déclaré Jacques Pierre, qui habite à Cité Soleil. Les habitants de ce bidonville en bord de mer ont donné mercredi aux troupes françaises une cinquantaine de pistolets, fusils et mitrailleuses. Un geste symbolique.
"J'ai donné mon pistolet mais si l'on ne voit pas bientôt des écoles et des cliniques dans notre quartier, nous trouverons d'autres armes. Nous nous battrons pour le changement, avec des machettes s'il le faut", a averti Jacques Pierre.
Les armes déposées mercredi étaient les premières récoltées par la campagne de désarmement.
Par ailleurs, l'ambassadeur américain en Haïti James Foley a confirmé vendredi que les Etats-Unis avaient demandé au Canada d'extrader Oriel Jean, qui était chef de la sécurité sous Aristide. Agé de 39 ans, il est soupçonné de trafic de drogue. AP
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