GONAIVES, Haïti (AP) - Le Premier ministre haïtien par intérim Gérard Latortue s'est rendu samedi aux Gonaïves, dans le nord du pays, d'où était partie le 5 février dernier l'insurrection qui a conduit au départ du président Jean-Bertrand Aristide.
Devant plusieurs milliers de personnes venues l'acclamer, le chef du gouvernement par intérim, qui est originaire des Gonaïves, a promis d'assurer aux habitants une vie meilleure et salué les combattants rebelles, qui tiennent toujours la quatrième ville du pays.
Le représentant de l'OAE (Organisation des Etats américains) David Lee, le nouveau chef de la police haïtienne Léon Charles et deux des ministres du gouvernement provisoire récemment investi, participaient au rassemblement.
Le chef rebelle Winter Etienne, maire auto-proclamé des Gonaïves, a accueilli Gérard Latortue et lancé à la foule que ses hommes déposeraient les armes lorsqu'une présence policière serait restaurée dans la ville, qui comptait environ 250.000 habitants avant l'insurrection.
Gérard Latortue a pour sa part promis que son gouvernement assurerait un approvisionnement en eau potable aux Gonaïves, fournirait de l'équipement médicale et construirait au moins 100 habitations ainsi qu'une autoroute à quatre voies pour remplacer les deux voies en mauvais état qui constituent le principal axe sud-nord du pays.
Dans la foule, certains ont crié qu'ils avaient aussi besoin de lignes téléphoniques qui fonctionnent et d'électricité. Le Premier ministre par intérim les a appelés à la patience: "je ne peux pas vous donner tout en même temps et je ne vais pas vous mentir".
Gérard Latortue a également rendu hommage au défunt Amiot Métayer, ex-chef de l'Armée cannibale, une ancienne milice pro-Aristide passée à l'opposition qui a lancé l'insurrection. "Je vous demande une minute de silence pour tous ceux qui sont tombés en luttant contre la dictature et particulièrement pour Amiot Métayer", a-t-il dit.
Amiot Métayer avait été arrêté l'an dernier après des mois de pressions de l'OAE qui réclamait qu'il soit jugé pour les incendies de maisons de ses adversaires. Il avait été libéré par une opération de ses partisans en septembre. Quelques jours plus tard, on retrouvait son corps mutilé et criblé de balles. Son frère Butteur a repris la tête de la milice, accusant Aristide d'avoir donné l'ordre d'assassiner Amiot pour l'empêcher de lui nuire en diffusant publiquement certaines informations. AP
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