PORT-AU-PRINCE (AP) - Des hommes lourdement armés ont attaqué samedi le pénitencier national d'Haïti, tuant un gardien lors d'une fusillade qui a permis à certains prisonniers de s'évader, selon des responsables haïtiens et de l'ONU.
Les gardiens s'étaient empressés d'évacuer deux anciens ministres de Jean-Bertrand Aristide incarcérés dans la prison, l'ex-Premier ministre Yvon Neptune et l'ancien ministre de l'Intérieur Jocelerme Privert, selon l'ONU.
Conduits dans un lieu secret lorsqu'une mutinerie a éclaté au moment de l'attaque, ils ont ensuite été remis à la force des Nations unies, selon Damian Onses-Cardona, un porte-parole des casques bleus. "Ils sont désormais sous la détention protectrice des Nations unies", a-t-il déclaré, "ils ont insisté pour retourner à la prison afin de montrer qu'ils n'essayaient pas de s'enfuir".
M. Onses-Cardona a ajouté qu'une enquête avait été ouverte pour déterminer si l'attaque visait à libérer les deux anciens ministres. La police a déclaré à des responsables des Nations unies que 481 des quelque 1.150 détenus s'étaient échappés et qu'on ignorait combien avaient été repris.
Trois ou quatre hommes vêtus de noir et armés de fusils d'assaut étaient arrivés en jeep à la prison aux environs de 16h30 (21h00 GMT) samedi et avaient commencé à tirer en l'air, provoquant une brève fusillade avec les gardiens, selon des témoins. Au moins un gardien a été tué, selon la porte-parole de la police Gessy Coicou.
Plusieurs dizaines d'alliés du président renversé Jean-Bertrand Aristide, qui a fui à l'étranger il y a près d'un an après une offensive de la rébellion de trois semaines, étaient détenus dans le pénitencier. Aucun n'a été officiellement inculpé.
Yvon Neptune et Jocelerme Privert sont soupçonnés d'avoir orchestré l'assassinat d'opposants d'Aristide lors de la rébellion à Saint-Marc dans l'ouest du pays en février 2004. Ils clament leur innocence.
La force de maintien de la paix de l'ONU en Haïti, qui compte 7.400 hommes, s'attend à un regain de violence à l'approche de l'anniversaire le 29 février du départ du président Aristide. AP
sb/st/v256