PORT-AU-PRINCE (AP) - On dénombre 33 candidats à l'élection présidentielle de mardi en Haïti. Si aucun d'entre eux n'obtient plus de 50% des suffrages, un second tour sera organisé le 19 mars. Voici la liste des principaux candidats:
- René Préval, 63 ans
Cet agronome timide qui a dirigé Haïti entre 1996 et 2001 est l'unique président du pays à avoir accompli son mandat de cinq ans. Deux sondages de l'institut Gallup le donnent en tête des intentions de vote.
René Préval a fait ses études en Belgique avant de rentrer à Haïti dans les années 70, où il avait participé au mouvement visant à renverser la dictature de Jean-Claude Duvalier. Après la chute de "Bébé Doc" en 1986, il devient un proche collaborateur de Jean-Bertrand Aristide, l'ancien "prêtre des bidonvilles" devenu le premier dirigeant élu démocratiquement en 1990.
Préval avait suivi "Titid" lors de son exil aux Etats-Unis après le coup d'Etat de septembre 1991 et était rentré avec lui lorsqu'une invasion américaine lui avait permis de reprendre le pouvoir trois ans plus tard. Fin 1995, il remportera la présidentielle, Aristide ne pouvant se représenter. Son élection va marquer la première transition pacifique du pays entre deux dirigeants élus depuis l'accession à l'indépendance en 1804.
Aristide retrouvera le pouvoir en 2000, avant d'être à nouveau renversé en 2004. De nombreux Haïtiens estiment qu'en cas d'élection, René Préval l'autorisera à rentrer de son exil en Afrique du Sud. Il a précisé qu'il n'empêcherait pas son retour, mais gouvernerait sans son ingérence. Son parti porte le nom de "Lespwa" ("l'espoir" en créole).
- Charles-Henri Baker, 50 ans
Issu d'une famille de l'élite commerçante, ce riche industriel a pour slogan "Ordre, discipline, travail". Il est l'un des dirigeants du Groupe des 184, une coalition d'organisations qui avaient organisé des manifestations pour réclamer le départ d'Aristide.
Baker, qui a vécu aux Etats-Unis, a pu se lancer dans la campagne comme candidat indépendant grâce à une pétition d'environ 100.000 signatures en faveur de sa candidature. Brièvement emprisonné sous la présidence d'Aristide, il bénéficie du soutien d'une partie de la bourgeoisie économique et du chef des paysans, Chavannes Jean-Baptiste. Reste à savoir si Baker, qui a la peau claire, pourra obtenir un soutien suffisant dans un pays à majorité noire.
- Leslie Manigat, 75 ans
Manigat a été président pendant cinq mois en 1988 après avoir remporté des élections truquées par l'armée. Cette même armée l'avait renversé lorsqu'il avait tenté de réorganiser son commandement. Cet expert en affaires internationales bénéficie du soutien financier de membres de l'élite industrielle. Son parti appartient au mouvement chrétien-démocrate.
- Serge Gilles, 69 ans
Cet opposant de longue date aux Duvalier a fondé le Parti socialiste haïtien et a été sénateur de 1990 à 1994. Il représente la Fusion des sociaux-démocrates, regroupement de trois partis politiques qui a reçu le soutien du Parti socialiste français.
- Guy Philippe, 37 ans
Né dans une famille de paysans, cet ancien chef de la police avait fui Haïti en octobre 2000 pour se réfugier en République dominicaine après avoir été accusé de fomenter un coup d'Etat. Il avait rejoint l'insurrection armée en février 2004 et avait contraint Aristide à quitter le pouvoir après trois semaines de violences. Il a autrefois déclaré que l'ancien dictateur chilien Augusto Pinochet était son héros.
- Dany Toussaint, 48 ans
A l'époque jeune lieutenant de l'armée, Toussaint était resté fidèle à Jean-Claude Duvalier jusqu'à sa chute en février 1986. Il avait ensuite été élu sénateur et aurait soutenu des gangs armés favorables à Aristide. Dany Toussaint est soupçonné d'être impliqué dans l'assassinat en avril 2000 du journaliste Jean Dominique. Il avait refusé de répondre à une convocation judiciaire pour être entendu sur ce dossier et le Sénat a refusé de lever son immunité parlementaire. AP
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