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samedi 4 février 2006, 9h37
Haïti: baisse relative de la violence à l'approche des élections
PORT-AU-PRINCE (AFP) - Des tirs continuent d'être entendus dans le bidonville de Cité soleil à Port-au-Prince mais une baisse récente des violences a fait naître des espoirs de déroulement relativement calme des élections présidentielle et parlementaires prévues mardi en Haïti.
Cela fait quelques jours que plus aucun blessé par balle n'est admis à l'hôpital Sainte Catherine situé au coeur de ce quartier pauvre et sale contrôlé par des bandes armées loyales au président déchu Jean Bertrand Aristide.
"La situation s'est beaucoup améliorée", indique à l'AFP Rafael de Ascani, membre italien de l'organisation Médecins sans frontières qui gère l'hôpital. Le nombre d'enlèvements à Port-au-Prince, attribués pour beaucoup aux bandes armées de Cité soleil, est passé de 240 en décembre à 30 en janvier, selon les Casques bleus patrouillant dans la capitale haïtienne.
Mais la tension reste élevée à Port-au-Prince et l'ex-président René Préval, favori de l'élection présidentielle, a indiqué vendredi avoir annulé son dernier meeting prévu samedi dans le centre-ville, en invoquant des raisons de sécurité. Au cours des deux derniers mois, plus de 150 personnes, dont des enfants, ont été traités à l'hôpital Sainte Catherine pour des blessures par balles.
"La violence est terrible, certains jours c'est monstrueux", indique Devilmal Jameson, un garçon de 14 ans passant dans une rue de Brooklyn, l'une des zones les plus dangereuses de Cité soleil. Lui aussi dit que la violence a diminué récemment, précisant qu'aucun de ses voisins n'a été visé par un tir.
Les responsables des quelque 9.500 Casques bleus et policiers internationaux déployés en Haïti depuis la mi-2004 assurent que la baisse de la violence est due à leurs efforts pour rétablir la sécurité. Mais dans les ruelles de Cité soleil, où les Casques bleus ne se risquent que très rarement, la rumeur dit que les chefs de bandes armées ont été payés pour observer un cessez-le-feu précaire.
Généralement méfiants à l'égard des étrangers, les habitants du bidonville rechignent à commenter cette rumeur. En revanche, ils ne se privent pas de dénoncer la décision des autorités de ne pas installer de bureaux de vote à Cité soleil en raison de l'insécurité. Comme dans beaucoup d'autres endroits, les électeurs qui ne peuvent s'offrir un transport dans un tap-tap, ces camionnettes colorées à l'arrière aménagé avec des banquettes, devront marcher longtemps avant d'atteindre une urne.
Pour certains, un tel déplacement serait trop dangereux. "Beaucoup d'habitants de Port-au-Prince nous ont dit qu'ils avaient trop peur pour aller voter mardi", indique Yolette Etienne, de l'organisation humanitaire Oxfam.
Pour sa part, Richard Joseph, 25 ans, assure que lui et ses voisins iront voter et choisiront le même candidat. "Tout le monde ici va voter pour Préval", dit-il, alors que des affiches montrant le candidat souriant sont les seuls éléments de couleur sur les murs sales des maisons du quartier. "Il pense à nous, il connaît nos besoins", précise Richard Joseph.
Dans la mémoire de nombre d'Haïtiens, la première présidence de Préval (1996-2001), proche d'Aristide, n'a apporté que de bonnes choses: création d'écoles, construction de routes, de places dans les villes... La question que beaucoup se posent est de savoir si Aristide sera autorisé à revenir de son exil en Afrique du Sud et jouera à nouveau un rôle politique dans la marche d'un pays dirigé par René Préval.
"Il n'y a que Préval qui sache si Préval ramènera Aristide" en Haïti, relève Richard Joseph. "S'il le fait, nous l'adorerons. Nous aimerons Aristide jusqu'à notre mort".
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