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vendredi 17 février 2006, 19h46
Haïti: la communauté internationale soulagée après la victoire de Préval
PORT-AU-PRINCE (AFP) - La communauté internationale a apporté vendredi son soutien au nouveau président haïtien, René Préval, soulagée de voir la crise politique à Port-au-Prince s'éloigner, même au prix d'un accord dénoncé par certains membres de l'opposition comme un coup d'Etat électoral.
M. Préval, 63 ans, qui se veut le champion de la majorité pauvre du pays, a fait vendredi sa première apparition publique depuis sa victoire. Souriant et détendu, il a laissé les journalistes sur leur faim, en annonçant qu'il donnerait une conférence de presse mercredi.
Les principaux partenaires du pays le plus pauvre du continent américain, à commencer par les Etats-Unis, le Canada et la France, ont indiqué qu'ils lui apporteraient leur soutien, ainsi qu'au gouvernement qui sera choisi après le deuxième tour des élections parlementaires prévu le 19 mars.
"Nous allons travailler avec le gouvernement Préval. Nous voulons que ce gouvernement soit un succès", a déclaré à Washington le chef de la diplomatie américaine, Condoleezza Rice, en se déclarant ouverte à une augmentation de l'aide américaine.
Le Conseil de sécurité de l'Onu a pris un engagement identique en félicitant M. Préval et en invitant tous les Haïtiens à redoubler d'efforts pour promouvoir "dialogue politique et réconciliation nationale".
M. Préval, qui prendra ses fonctions le 29 mars, a été déclaré jeudi vainqueur du scrutin du 7 février, avec 51,15% des voix, après une modification de la comptabilisation des votes blancs par le Conseil électoral.
Les rivaux de René Préval ont accueilli avec aigreur cette décision. L'ancien président Leslie Manigat, lointain second, a critiqué une victoire "imposée" par la communauté internationale. Vendredi, le troisième du scrutin, l'industriel Charles Henri Baker, a souhaité la réussite de M. Préval tout en dénonçant la violation des règles électorales "sous la pression de la rue, de l'exécutif et d'une partie de la communauté internationale. Cela laisse présager un futur sombre pour notre pays", a-t-il dit.
Plusieurs pays, notamment le Brésil qui dirige les 9.500 Casques bleus de l'Onu déployés en Haïti, semblent avoir joué dans les coulisses un rôle prépondérant pour trouver cette solution à la crise qui menaçait de dégénérer.
Très largement en tête devant ses principaux rivaux, M. Préval avait échoué de peu, selon les derniers décomptes provisoires, à obtenir la majorité absolue lui évitant un second tour. Il avait rejeté ces résultats, affirmant être victime de "fraudes massives ou d'erreurs grossières", et invitant ses partisans à manifester.
Les bulletins blancs ont été redistribués au prorata des voix recueillies aux 32 candidats en lice, ce qui a permis à M. Préval d'obtenir 51,15% des voix, alors qu'il était crédité auparavant de 48,76% des votes.
Après cinq jours de manifestations de milliers de partisans de René Préval, la proclamation de sa victoire a permis d'apaiser la tension, et la capitale avait retrouvé vendredi un visage normal. Les magasins étaient ouverts et l'animation dominait dans les principales artères de la ville.
A New York, le secrétaire général de l'Onu Kofi Annan a qualifié l'astuce électorale de "moyen raisonnable" pour résoudre l'impasse.
La France a également apporté son soutien. Mais elle a appelé le nouvel homme fort d'Haïti "à poursuivre un dialogue qui associe toutes les forces politiques en vue de permettre la réconciliation nationale" et à collaborer étroitement avec la mission de stabilisation des Nations unies en Haïti (Minustah).
Le Canada a salué la victoire de René Préval, le Premier ministre Stephen Harper appelant tous les secteurs de la société haïtienne à coopérer avec le nouveau président pour "restaurer la démocratie et à appuyer la reconstruction en Haïti".
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