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Un défi pour les Américains en Irak: le spectre du chaos civil
CAMP AS-SALIYAH (AFP) - L'effondrement accéléré du régime de Saddam Hussein en Irak suscite le spectre d'un pays plongeant dans le chaos, les pillages et les règlements de compte, posant avant même la fin de la guerre un nouveau défi aux forces américaines.
A Bagdad, mais aussi à Bassorah, la grande ville du sud conquise par les troupes Britanniques, l'effondrement des structures de pouvoir locales a laissé place à des scènes de pillages généralisés, notamment dans des entrepôts de nourriture, des écoles et des bâtiments gouvernementaux. La coalition menée par les Américains espère à terme passer la main à une nouvelle administration irakienne qui mettrait en place sa propre police, formée notamment par des officiers qui au bon moment auraient renoncé à se battre pour défendre le régime de Saddam Hussein.
Des troupes de la coalition assisteront probablement ces policiers dans une brève phase initiale, selon des sources militaires au Commandement central américain (Centcom), basé au camp As Saliyah, au Qatar. Pour l'heure, les armées américaine et britannique sont la seule autorité en exercice en Irak, mais leur préoccupation immédiate est de gagner la guerre. "A cet instant, l'accent est mis sur les opérations de combat", souligne le major Rumi Nielson-Green, porte-parole américaine au Centcom.
Mais dès que la coalition sera certaine que le régime de Bagdad est totalement défait, ses troupes évolueront vers des opérations d'établissement de la loi et l'ordre, selon elle, "un moment où les opérations de combat deviendront du maintien de la paix". C'est ce qui commence à se produire à Bassorah, deuxième ville du pays, où les Britanniques mènent des patrouilles et où des religieux leur ont demandé d'établir un couvre-feu pour faire cesser les pillages, a indiqué le général Victor Renuart.
"Notre intention est de travailler avec les leaders pour aider à rétablir le calme", a ajouté le général américain au Centcom, évoquant une "transition naturelle du combat à l'établissement d'une présence et de stabilité". La création d'un nouveau corps de police irakien, qui pourrait inclure des officiers ayant refusé de se battre pour Saddam, est l'une des tâches qui attendent James Garner, le principal responsable américain qui sera chargé avec une équipe de civils et de militaires de diriger les efforts de reconstruction de l'Irak.
Mais Garner ne se rendra sur place que lorsque le pays sera sécurisé, a bien précisé le ministre américain de la Défense Donald Rumsfeld. Peter Kessler, porte-parole du Haut commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR), estime que la situation actuelle est la "phase la plus inquiétante" de la guerre contre l'Irak.
"L'Irak n'est pas étranger à la violence intercommunautaire qui peut pousser les gens à l'exil", a indiqué M. Kessler qui a rappelé que la Convention de Genève prévoit que les "belligérants fassent régner la loi et l'ordre et s'occupent des civils présents dans les zones qu'ils contrôlent". "Une période comme celle-ci avec un changement de pouvoir, est toujours très risquée, parce qu'il est difficile de savoir qui contrôle quoi", a relevé Antonella Notari, porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à Genève.
Le chef du principal mouvement d'opposition irakien, Ahmed Chalabi, appelé à jouer un rôle important dans tout nouveau gouvernement, a appelé la coalition à prendre rapidement en charge les questions de sécurité et demandé que Garner se rende tout de suite en Irak. "Le vrai problème, c'est que le parti Baas (de Saddam Hussein) et ce qu'il en reste continueront à poser une menace (...) aussi longtemps qu'il n'y aura ni eau, ni électricité, ni sécurité", at-t-il déclaré à CNN.
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