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Trente-six heures de cauchemar à l'hôpital psychiatrique de Bagdad
BAGDAD (AFP) - L'hôpital psychiatrique de Bagdad a connu cette semaine 36 heures de cauchemar, son équipe assistant impuissant au pillage et à la brutalité des maraudeurs, sans que les Marines qui se trouvaient à moins de 500 mètres n'interviennent, a raconté samedi à l'AFP un infirmier.
Dans le chaos qui a régné, deux malades sont morts de soif car ils étaient incapables d'ingurgiter seuls de l'eau, a précisé Imad Taha Abbas.
Mercredi dans l'après-midi, une escouade de l'armée américaine est entrée à l'hôpital pour quelques heures, avant de s'en retirer "pour des raisons de sécurité" et de prendre position sur un terrain en face de l'établissement et appartenant à l'industrie irakienne d'armements.
Avant de partir, un officier américain nous a expliqué que s'il y avait le moindre problème, il fallait venir le prévenir pour qu'il intervienne, a expliqué Imad Taha Abbas, qui se trouvait devant la grille.
Aussitôt après leur retrait, vers 17H00 locales (13H00 GMT), une trentaine de pillards, armés de barres de fer, ont commencé à attaquer l'hôpital qui compte 1.100 malades, dont 600 femmes. Seuls un médecin et une vingtaine d'employés étaient présents dans l'établissement.
"Nous avons essayé de nous défendre mais en vain, ils étaient beaucoup trop forts. Nous avons essayé d'appeler la police, mais les lignes étaient coupées. Nous avons tenté de traverser la rue pour prévenir les Américains, mais c'était impossible", poursuit l'infirmier.
L'hôpital Rached se trouve au nord de Bagdad, près de Saddam City, un faubourg chiite extrêmement pauvre. Il s'étend sur une dizaine d'hectares et comporte plusieurs pavillons. Samedi, une dizaine de soldats américains interdisaient l'entrée du complexe avec deux véhicules blindés.
La foule des assaillants a grandi pour atteindre 200 personnes, et pendant six heures le pillage a été systématique: les téléviseurs, les vidéos, les CD, les machines à coudre, l'atelier de menuiserie dans lequel travaillaient les malades et toute la nourriture de la cuisine.
Jeudi matin, les Américains sont revenus mais se sont déclarés incapables de chasser les pillards. Ces derniers sont revenus, certains armés de couteaux. Ils ont subtilisé trois pick-ups et deux ambulances. Puis ils ont ouvert les portes de l'hôpital et ont fait sortir les malades. "Il ne reste plus aujourd'hui que 100 femmes et 125 hommes", a ajouté M. Abbas.
"J'ai essayé de m'y opposer mais j'ai été frappé avec une barre de fer", explique-t-il, en montrant un énorme hématome sur sa cuisse. Il a affirmé, en précisant tenir cette information d'une autre infirmière, que les pillards ont violé une malade dans l'hôpital et trois autres à l'extérieur.
Cette information n'a pu être confirmée par un autre membre du personnel en raison du caractère extrêmement sensible de cette affaire pour les familles des patients.
Vendredi soir, les imams chiites ont lancé à partir des hauts-parleurs des mosquées un appel à des volontaires pour protéger l'hôpital, apporter de la nourriture aux malades et ramener les malades partis dans la nature.
"Nous avons rappelé à la population le message des imams de Najaf (haut lieu du chiisme, au sud de Bagdad) appelant à protéger les biens et à aider autrui", explique cheikh Jomaa Rassoul al-Jamadi, un religieux présent samedi à l'hôpital.
Près de 40 volontaires ont commencé à protéger l'établisement à partir de jeudi, et les Marines sont venus vendredi prendre position dans l'hôpital. "Il faut maintenant retrouver nos malades et s'occuper à nouveau d'eux sans plus aucun matériel", explique un autre infirmier, Moustafa Rachid.
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