BAGDAD (AP) - Armés de mitrailleuses et appuyés par des chars, les Marines interdisaient vendredi l'accès au quartier des banques de Bagdad, où ils surveillaient neuf chambres fortes censées contenir un milliard de dollars (d'euros) d'or, qui ont résisté à plusieurs jours de pillages intenses.
"Fort Knox (la réserve fédérale d'or américaine) n'est pas protégé comme ça", lançait le sergent Jack Coughlin dans le hall d'une banque de Bagdad. A l'extérieur, on entendait des tirs, opposant les tireurs américains aux derniers pillards armés de kalachnikov dans ce quartier complètement dévasté.
La plupart des façades des banques portent des traces d'incendie. Les rues, jonchées d'éclats de verre et de documents, sont désormais surveillées par les soldats qui interdisent l'accès du quartier, sous le regard de tireurs d'élite installés sur les toits. C'est là que les Marines ont livré une des batailles les plus violentes de la guerre -contre des voleurs armés de grenades et d'armes automatiques.
Seules neuf chambres fortes n'ont pas été vidées par les voleurs. Les militaires estiment qu'elles contiennent un milliard de dollars (d'euros) en bijoux et autres avoirs en or déposés par les Bagdadis les plus riches.
Une de ces chambres fortes a même résisté à un tir de lance-grenades. Mais juste à côté, un coffre plus petit est détruit. Il a été complètement vidé de son contenu, comme la plupart des coffres de ce type, ouverts à la hache ou au chalumeau. D'autres, plus résistants, ont été dévalisés par des voleurs mieux renseignés: souvent les Marines les ont retrouvés ouverts, avec les clés à l'intérieur.
Seule la Banque centrale irakienne n'a pas été inspectée par les soldats, qui estiment que le bâtiment, très endommagé par un incendie, reste trop peu sûr pour qu'ils y pénètrent. C'est pourtant là que se trouverait le vrai trésor du quartier. Selon certains en effet, les coffres de la banque contiendraient les pièces les plus précieuses du Musée national irakien, mises à l'abri avant le début du conflit.
Quand ils ont pu, les soldats ont arrêté les pillards, confisquant des sacs pleins de dollars ou de dinars pour les mettre en sûreté dans des bases militaires. D'autres fois, les Marines ont choisi d'humilier les voleurs: "Nous leur avons attaché les mains dans le dos, et nous avons brûlé leurs vêtements et leurs chaussures", rapporte le capitaine Tim Walker, expliquant du même coup pourquoi on a parfois vu des hommes courir en sous-vêtements. AP
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