BASSORAH, Irak (Reuters) - Les soldats britanniques déployés à Bassorah, qui ont assisté à des
scènes de lynchage et de pillage, craignent que l'anarchie ne l'emporte en l'absence de policiers pour
maintenir l'ordre dans la deuxième ville d'Irak.
Les rues ont l'air calme. Des commerçants ont étalé sur les trottoirs chaussures et pièces
détachées d'automobiles. Les soldats britanniques qui patrouillent dans les rues depuis trois jours
sont généralement bien accueillis par les habitants, qui dressent parfois un pouce victorieux à leur
approche.
C'est compter sans cette scène de lynchage à laquelle ont assisté des soldats, qui sont intervenus
juste à temps pour sauver la victime et la conduire à l'hôpital.
"Ils ont arrêté de lancer des pierres quand ils nous ont vus, mais certains en avaient encore dans
les mains. L'un d'eux avait une bouteille cassée. Ils lui donnaient des coups de poing et le battaient
avec des bâtons", a raconté le commandant Damian Hoskins, du régiment Royal Tank. "Il savait qu'il
allait mourir. Il était plus que terrifié. Il était résigné."
"Ils criaient: 'Il a cambriolé le magasin de notre ami', 'Ali Baba, voleur, voleur'", a raconté
l'officier. "Nous ne pouvions pas laisser un homme se faire tuer pour vol."
"TOUT LE MONDE A PEUR"
L'armée britannique estime ne pas être équipée pour effectuer des opérations de police. Son
objectif est de permettre à des Irakiens de reprendre le contrôle de la ville aussi vite que possible.
"Tout le monde a peur, car il n'y a pas de sécurité. Il n'y a pas d'autorité, il va y avoir une
révolution", a déclaré Kerala Ati, un Irakien se présentant comme le chef de la police chargée de la
circulation.
Selon le commandant Hoskins, des hôtels, des banques et des bâtiments officiels ont été pillés, et
les habitants se sont efforcés d'empêcher par leurs propres moyens les pillards de d'attaquer des
maisons ou des magasins. Une dizaine de pillards ont été lynchés depuis la prise de la ville par les
forces britanniques, a-t-il ajouté.
Les soldats interviennent uniquement quand des vies sont en danger.
"Au Sheraton, il y avait entre 300 et 500 personnes. Ils ont tout pris, dans toutes les chambres",
a raconté Hoskins, ajoutant que l'armée britannique n'allait pas risquer des vies "pour sauver des
meubles."
L'hôtel Sheraton, le plus chic de Bassorah, a été mis à sac mardi. Sa carcasse aux vitres brisées se
trouve non loin du grand palais de marbre jaune de Saddam Hussein.