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Des troupes américaines au coeur de Bagdad
BAGDAD (AFP) - Les forces américaines ont mené lundi une incursion jusqu'au coeur de Bagdad, attaquant trois palais présidentiels de la capitale, alors qu'au sud les militaires britanniques annonçaient que la bataille de Bassorah, deuxième ville du pays, était "plus ou moins terminée".
A Bagdad, les forces américaines ont "sécurisé le principal palais présidentiel", le palais de la République, a annoncé le lieutenant-colonel Peter Bayer, responsable des opérations de la 3ème division d'infanterie (3ID).
Un autre palais dans le centre de la ville et un troisième au sud-ouest de Bagdad, près de l'aéroport international Saddam, sont également sous contrôle américain, selon l'officier américain.
L'opération contre ces palais a été lancée vers 07H00 locales (03H00 GMT), a-t-il précisé. Elle a coïncidé avec des tirs très nourris d'armes de tous calibres: canons, mitrailleuses lourdes, canons de DCA et armes légères.
"Ce n'est pas la bataille de Bagdad", a averti le Pentagone, mais un "message fort" adressé au régime de Saddam Hussein. Il s'agit de montrer aux forces irakiennes que "nous pouvons aller où nous voulons, quand nous voulons", a expliqué Ben Owens, du département de la Défense.
Lundi vers 16H00 locales (12H00 GMT), au moins trois véhicules blindés américains Bradley étaient en position sur une route longeant le Tigre, devant le palais présidentiel, où les combats se sont intensifiés après quelques heures de répit, a constaté un journaliste de l'AFP.
Les véhicules ont tiré au canon sur des bâtiments se trouvant sur la rive. Un groupe de soldats est descendu d'un des véhicules et a pénétré dans un des bâtiments après avoir mis le feu à des buissons l'entourant. Les soldats ont ensuite fait exploser un bâtiment situé à proximité.
Quatorze civils ont péri dans l'explosion provoquée par la chute d'une bombe larguée par un chasseur bombardier sur le centre de Bagdad, selon un nouveau bilan obtenu par l'AFP auprès de témoins sur le lieu de l'attaque.
Neuf personnes d'une même famille dont au moins deux enfants, et cinq personnes d'une autre famille, ont péri dans le bombardement. Un précédent bilan avait fait état de neuf morts.
De violents affrontements se déroulaient également lundi après-midi dans le secteur de l'hôtel Al-Rachid, un des plus célèbres de Bagdad, gardé par des combattants irakiens, ont constaté des correspondants de l'AFP.
En revanche, des forces irakiennes contrôlent toujours les alentours du palais de la République, où sont situés des ministères, notamment ceux de l'Information et des Affaires étrangères, selon des journalistes de l'AFP. Des miliciens, embusqués derrière des sacs de sable, gardent les entrées des deux ministères et d'autres établissements publics.
Alors que les combats faisaient rage, la télévision d'Etat irakienne a montré le président Saddam Hussein présidant une réunion des hauts cadres de l'Etat, dont le vice-président Taha Yassine Ramadan, son fils cadet Qoussaï, chef de la Garde républicaine, et de hauts officiers de l'armée.
De son côté, le ministre irakien de l'Information Mohammad Saïd Al-Sahhaf,a démenti la prise du principal palais, appelant à "ne pas croire" ce que disent les Américains sur les combats dans la capitale. Il a assuré qu'il n'y avait "pas un soldat américain à Bagdad".
L'Irak a affirmé, selon un porte-parole militaire irakien, avoir abattu dans la région de Bagdad deux avions de combat américains, un A-10 "tueur de chars" et un chasseur-bombardier F-15.
Deux soldats américains et deux journalistes ont été tués lundi dans une attaque à la roquette et quinze autres personnes blessées sur une position militaire américaine au sud de Bagdad, a indiqué un commandant des forces américaines.
Par ailleurs, deux journalistes polonais ont été arrêtés dans la région de Nadjaf (sud) et emmenés vers une destination inconnue par des éléments irakiens armés, ont annoncé leurs rédactions à Varsovie.
Dans la matinée, les Irakiens ont fait exploser deux ponts à l'est de la capitale pour tenter d'en retarder l'invasion par les troupes de la coalition américano-britannique, a reconnu un général américain.
Les forces de la Garde républicaine irakienne ont été réduites de moitié par les combats, a estimé lundi à Londres le ministre britannique de la Défense Geoff Hoon. Les troupes américaines contrôlent désormais "les routes principales qui mènent et qui sortent de Bagdad", a-t-il ajouté.
Signe de détente côté américain, les Marines ont été autorisés à retirer leur combinaisons de protection contre les armes chimiques et biologiques, leurs supérieurs "ayant estimé qu'il n'y avait plus de menace sérieuse imminente".
Dans le sud du pays, les militaires britanniques ont annoncé lundi que la bataille de Bassorah, deuxième ville d'Irak, était "plus ou moins terminée", alors que plusieurs centaines d'entre eux se déployaient et s'emparaient de bâtiments stratégiques tel l'immense palais que Saddam Hussein s'y était fait construire.
Au lendemain d'une importante offensive qui leur a coûté trois morts, les Britanniques ont pénétré à pied lundi dans le centre-ville et pris le contrôle de l'université, jusqu'ici aux mains de miliciens irakiens.
Après l'entrée des troupes britanniques dans Bassorah, des scènes de pillages ont été observées, et de possibles règlements de comptes entre la population et les fidèles du parti Baas, symbole du pouvoir irakien, pourraient advenir.
"Nous allons essayer de maintenir une atmosphère de loi et d'ordre" à Bassorah, a déclaré au Qatar le chef des forces britanniques dans le Golfe, le général de corps d'armée aérienne Brian Burridge.
A Ankara, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a estimé que la saisie des puits de pétrole de Mossoul et Kirkouk par les Kurdes irakiens constituerait une raison pour l'intervention de l'armée turque dans le nord irakien.
Sur le front diplomatique, le président américain George W. Bush doit rencontrer lundi à Belfast, en Irlande du Nord, le Premier ministre britannique Tony Blair, pour discuter de l'après-guerre en Irak et du rôle, très controversé aux Etats-Unis, que pourraient y jouer les Nations unies.
A New York, le secrétaire général de l'Onu, Kofi Annan, a jugé nécessaire une implication des Nations Unies en Irak après le conflit pour légitimer la future administration de ce pays.
De son côté, la conseillère américaine pour la sécurité nationale Condoleezza Rice a fait une visite-éclair à Moscou pour réduire la tension entre la Russie et les Etats-Unis, exacerbée par un incident dans lequel cinq diplomates russes ont été blessés sur une route irakienne. Mme Rice a affirmé au président Vladimir Poutine que les tirs n'étaient pas "intentionnels".
L'ambassadeur russe à Bagdad, Vladimir Titorenko, légèrement blessé à une main alors qu'il cherchait à gagner la Syrie, a accusé les forces américaines d'avoir "délibérément" tiré sur le convoi diplomatique russe.
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