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Des tirs à Mossoul font 12 morts selon les Irakiens
MOSSOUL (AFP) - Une fusillade sur la place du gouvernement de Mossoul, impliquant des soldats américains, a fait 12 morts et des dizaines de blessés, selon les autorités médicales locales, déclenchant une très forte hostilité vis-à-vis des Occidentaux.
La fusillade est survenue à la mi-journée.
"Il y avait des protestataires à l'extérieur (du bâtiment du gouvernement), environ 100 à 150. Il y a eu des tirs, nous avons répliqué", a dit un porte-parole des militaires américains à Mossoul précisant que ces derniers avaient été la cible de ces tirs.
Les tirs venaient "du toit" d'un bâtiment situé à environ 75 mètres du gouvernement, où se trouvaient des responsables locaux, a-t-il dit.
"Nous n'avons pas tiré sur la foule (mais) vers le haut du bâtiment. Il y avait au moins deux hommes armés. Je ne sais pas s'ils sont morts. Les tirs n'ont pas été intensifs, ils étaient sporadiques, ils ont duré jusqu'à deux minutes", a-t-il poursuivi, ajoutant qu'il n'avait "pas vu de blessé".
Mais selon un dernier bilan du directeur de l'hôpital des urgences de Mossoul, Ayad Al-Ramadhani, les tirs ont fait "12 morts et 60 blessés".
Environ une heure après la fusillade, une journaliste de l'AFP a vu une ambulance quitter la place du gouvernement, et plusieurs autres arriver à l'hôpital.
Il a toutefois été impossible de pénétrer dans le service des urgences, une foule furieuse de médecins et de familles des victimes en barrant le passage aux Occidentaux.
Plusieurs témoins interrogés par l'AFP à l'hôpital ont raconté que la fusillade avait commencé alors que Mashan Al Juburi, gouverneur auto-proclamé et membre de l'une des plus puissantes tribus arabes à Mossoul et en Irak qui a aidé à la prise de la ville, faisait un discours. Ils ont imputé les tirs sanglants aux Américains.
"Nous étions rassemblés sur la place du gouvernement. Al Juburi voulait faire un discours. Il a dit qu'il voulait la démocratie. La foule criait +il n'y a pas d'autre Dieu qu'Allah, Mahomet est son prophète+. Alors Al Juburi leur a lancés: +vous êtes des Fedayin de Saddam+. La foule a répondu: +la seule démocratie, c'est de faire partir les Etats-Unis", a raconté Ayad Hassun, ouvrier de 37 ans.
"Vingt soldats américains sont arrivés, ils ont d'abord tiré contre un immeuble situé près de la foule et dont les vitres sont tombées sur des civils. Des gens ont commencé à jeter des pierres, puis les Américains leur ont tiré dessus. Des dizaines de personnes se sont écroulées", poursuit ce témoin la chemise maculée de sang.
"Les gens étaient sur la place, ils criaient +il n'y a pas d'autre Dieu qu'Allah, Mahomet est son prophète+, puis ils ont commencé à marcher vers le gouvernement. Vingt Américains étaient là, ils ont vu les civils courir et ont commencé à tirer", dit un autre témoin, Abdulrakhman Ali, ouvrier de 49 ans.
"Nous étions au marché près du gouvernement, Al Juburi faisait un discours, il disait que tout serait rétabli, l'eau, l'électricité, que la démocratie c'était les Américains. Les Américains tournaient autour de la foule. Les gens ont marché vers le gouvernement, les enfants ont lancé des pierres, les Américains ont commencé à tirer", a raconté un troisième, Marwan Mohammed, 50 ans.
Trois médecins de l'hôpital, dont son directeur, ont dit avoir recueilli des témoignages similaires de la part des blessés.
Dans l'après-midi, au moins un jet américain a survolé à plusieurs reprises la ville à basse altitude, dans un bruit étourdissant qui a provoqué de nouvelles fureurs.
Si les circonstances restent peu claires -tirs hostiles contre les Américains, règlement de compte inter-tribal ou inter-ethnique, bavure, provocation- , cet événement a en tout cas relancé l'hostilité de la population de Mossoul vis-à-vis des Occidentaux qui avait semblé s'apaiser après deux jours de pillages et de tirs.
Mossoul, ville traditionnellement loyale à Saddam Hussein, est passée vendredi sous le contrôle des Américains. C'est chez les chefs de la tribu Al-Juburi que ces derniers se sont rendus en premier, avant même d'aller au gouvernement, lors de leur entrée dans la ville.
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