Les violences continuent en Irak: oléoduc saboté, un enfant tué
BAGDAD (AFP) - Les actes de violence se sont poursuivis mercredi en Irak où un enfant irakien a été tué par l'armée américaine à Bagdad, un soldat américain a péri dans une nouvelle attaque et un oléoduc a été saboté.
Quatre habitants ont été blessés et un enfant a été tué par l'armée américaine au cours d'un affrontement dans le quartier chiite de Sadr City, à Bagdad, a affirmé à l'AFP cheikh Ali al-Moutaïri, proche du dirigeant chiite radical Mouqtada al-Sadr, opposé à l'occupation américaine.
Les heurts ont éclaté dans la matinée après que des militaires américains à bord d'un hélicoptère eurent retiré un drapeau chiite noir d'une tour de télécommunications. Des Irakiens sont alors remontés pour en hisser quatre autres, ont précisé M. Moutaïri et des témoins.
L'équipage a tiré pour tenter d'éloigner les Irakiens au sommet de la tour. Des Irakiens ayant ouvert le feu sur des troupes au sol, celles-ci ont riposté et une fusillade a éclaté.
Un soldat de l'armée américaine a en outre été tué et deux autres blessés, mardi à 18h15 locales (14h15 GMT), "quand leur convoi a heurté un engin explosif de fabrication artisanale près d'al-Taji", à 15 km au nord de Bagdad, a déclaré un porte-parole de l'armée américaine.
Ce décès porte à au moins 60 le nombre de militaires américains tués dans des opérations de la guérilla irakienne depuis le 1er mai, date à laquelle le président américain George W. Bush avait annoncé la fin des principales opérations militaires en Irak. En outre, 62 autres soldats américains sont morts hors combat.
Pour la première fois depuis le début de l'occupation de l'Irak, un groupe se réclamant du réseau terroriste Al-Qaïda a attaqué mercredi soir à Bagdad des militaires américains, selon des témoins et des tracts retrouvés à proximité du lieu de l'attaque. Un Irakien a été tué par les forces américaines au cours de cette attaque perpétrée par des inconnus en voiture contre les forces américaines, selon des témoins.
Un journaliste de l'AFP a trouvé sur la chaussée, à quelques dizaines de mètres du lieu de l'attaque, des tracts de format carte de visite sur lesquelles était écrit en arabe: "Mort aux collaborateurs de l'Amérique", et signés "Organisation Al-Qaïda". Ces tracts avaient été lâchés par les occupants de la voiture, ont affirmé plusieurs témoins.
Depuis le 1er mai, des centaines de personnes ont été tuées ou blessées en Irak, tant parmi les troupes de la coalition que parmi les civils irakiens. Une ONG, "Iraq Body Count", dirigée par des chercheurs et des militants pacifistes établis pour la plupart en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, estime qu'entre 120 et 600 civils irakiens ont été tués depuis cette date, et plus de 6.000 depuis le début de la guerre le 20 mars.
Par ailleurs, une centaine de représentants des tribus et communautés de Baaqouba, à 60 km au nord-est de Bagdad, ont manifesté mercredi pour réclamer la libération d'un dignitaire chiite arrêté pour la deuxième fois en un peu plus d'un mois.
Des chefs tribaux et religieux de la province de Diyala, dont Baaqouba est le chef-lieu, participaient au rassemblement pour la libération d'Ali al-Madani, de son frère Abdelhalim al-Madani et de leurs fils, arrêtés le 10 août, ainsi que celle de douze autres personnes.
A Bagdad, des dizaines d'Irakiens sont descendus dans la rue pour réclamer la libération du chef d'une petite formation politique détenu depuis quatre jours par l'armée américaine, selon les organisateurs.
Rassemblés devant le quartier général de l'administration civile américaine, les manifestants ont brandi des banderoles réclamant la remise en liberté d'Abdel Mohsen Chalach, chef du Mouvement pour une société irakienne libre, et proclamant "Non à l'occupation ignoble. Oui à la liberté".
De son côté, le président du Conseil de gouvernement transitoire irakien Ibrahim Al-Jaafari a annoncé que le premier gouvernement de l'après-guerre en Irak compterait au moins 23 ministères, dont un des droits de l'homme.
La présidence du Conseil n'a toutefois pas encore tranché la question des titulaires des portefeuilles, malgré une réunion mardi à ce sujet, a indiqué M. Jaafari, estimant que ce projet de liste des ministres ne devrait pas être arrêté "avant la semaine prochaine".
Le ministère turc de l'Energie a annoncé la reprise par l'Irak du pompage de son pétrole via l'oléoduc reliant les champs pétrolifères de Kirkouk (nord) au port méditerranéen de Ceyhan. Le pompage était interrompu depuis le début de la guerre en Irak.
L'oléoduc Kirkouk-Ceyhan devrait avoir une capacité de 200.000 à 300.000 barils par jour, selon un responsable de la coalition qui occupe l'Irak. L'Irak exporte déjà 700.000 barils par jour de Bassorah, dans le sud du pays, selon les responsables irakiens.
Enfin, l'Azerbaïdjan devrait être le premier pays musulman à rejoindre la force déployée par les Etats-Unis en Irak. Le ministère de la Défense azerbaïdjanais a annoncé l'envoi de 150 militaires.
Le détachement de cette ancienne République soviétique partira jeudi pour le Koweït, avant d'être déployé dans des villes du nord et du centre de l'Irak. L'Azerbaïdjan a appuyé la guerre américaine en Irak, sans y participer sur le terrain.