Trois Turcomans tués par la police à Kirkouk
KIRKOUK (Irak) - Trois Turcomans ont été tués par balles par la police irakienne samedi à Kirkouk, dans le nord de l'Irak, après qu'ils eurent ouvert le feu sur un poste de police lors d'une manifestation, a annoncé à l'AFP le gouverneur de la ville, Abdel Rahmane Moustafa.
"Des éléments qui cherchaient à déstabiliser Kirkouk (...) ont profité de la manifestation pacifique et ouvert le feu sans raison contre un poste de police, ce qui a amené la police à répliquer, tuant trois manifestants armés", a déclaré le gouverneur
Auparavant, Irsan Kirkuly, membre turcoman du conseil municipal de Kirkouk (255 km au nord de Bagdad) avait indiqué à l'AFP que trois Turcomans, dont deux policiers, avaient été arrêtés lors de ce rassemblement.
La manifestation, qui comptait quelque 200 personnes armées, s'est dirigée vers le bâtiment de la mairie, dans le centre de la ville, et la police locale ainsi que les forces de la coalition ont dispersé la foule. Trois véhicules, dont un de la police, ont été détruits.
Une réunion a rassemblé les dirigeants des différentes communautés de Kirkouk avec le colonel Bill Mayville, le commandant des forces de la coalition à Kirkouk.
Le rassemblement turcoman a fait suite à des affrontements sanglants vendredi à Tuz Khurmatu, à une soixantaine de kilomètres au sud de Kirkouk, entre Turcomans et Kurdes qui ont fait au total 8 morts (5 Turcomans et 3 Kurdes) et 13 blessés (10 Turcomans et 3 Kurdes), selon le maire kurde de cette petite localité mixte, Mohammad Rachid Mohammad.
Selon Kahya Galib, membre du Front turcoman irakien, les affrontements intercommunautaires ont éclaté après qu'un inconnu eut tiré une roquette anti-char contre le dôme du mausolée de l'imam Ali, lieu de pèlerinage des Turcomans chiites de la région.
Le tir a endommagé le site religieux, provoquant les émeutes. Selon un officier de la coalition sur le terrain, les dégâts ont pu être causés par une arme à feu.
Durant la bataille rangée qui a eu lieu à Tuz Khurmatu, deux Turcomans ont été tués vendredi par les forces américaines, a indiqué samedi un porte-parole militaire américain.
Selon le lieutenant-colonel Bill MacDonald, de la 4ème division d'infanterie américaine, des soldats américains ont pénétré vendredi dans la ville à la suite d'informations sur des violences entre Irakiens ayant éclaté après une manifestation de Turcomans.
Une patrouille a essuyé des tirs d'un groupe de quatre Turcomans, a-t-il dit. Les soldats américains ont répliqué et "tué deux d'entre eux et blessé légèrement les deux autres", a-t-il ajouté, "des dirigeants locaux ont pu calmer la situation et disperser la foule. Une enquête est en cours".
Selon M. Galib, quand "l'explosion du dôme s'est produite, nous avons pensé que c'était les Kurdes qui l'avaient fait. Mais maintenant nous ne savons plus".
"Les combats ont alors commencé à Tuz Khurmatu et des tirs sont partis du siège du Parti communiste kurde et de la permanence de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK de Jalal Talabani). Si la justice fait son travail, il n'y aura plus de violence", a-t-il ajouté.
Le capitaine Swenson, commandant de la coalition à Tuz Khurmatu, a affirmé samedi à l'AFP que "la ville avait retrouvé plus de stabilité mais (que) les couteaux étaient toujours tirés".
La ville, qui compte une majorité kurde ainsi que des minorités arabe et turcomane, est en proie à des tensions ethniques depuis la chute du régime de Saddam Hussein en avril.
Les accès de Tuz Khurmatu étaient bloqués samedi par l'armée américaine, a constaté un journaliste de l'AFP.
Les Kurdes de Tuz Khurmatu exigent leur rattachement à la province de Kirkouk, où la majorité de la population est également kurde, au lieu de la province de Salaheddine, dont la ville fait actuellement partie.
(©AFP / 23 août 2003 18h32)