KIRKOUK, Irak (Reuters) - La police irakienne quadrillait dimanche les rues de Kirkouk à la suite d'accrochages
interethniques qui ont fait plus de dix morts dans le nord de l'Irak et aggravé les tensions dans le pays, déjà en proie à
l'anarchie et aux actions de guérilla.
Des combats entre Kurdes et Turkmènes ont éclaté vendredi à Touz Khourmatou et l'agitation s'est propagée samedi jusqu'à
Kirkouk, ville pétrolière où cohabitent les ethnies.
Les funérailles de certaines victimes des affrontements, prévues dimanche, risquent de jeter de l'huile sur le feu.
Le maire de Touz Khourmatou, ville située à environ 70 km au sud de Kirkouk, a dit que les combats s'étaient produits après
que des Turkmènes eurent accusé des Kurdes de profaner un sanctuaire chiite à l'extérieur de la ville.
Une porte-parole de l'armée américaine a dit que la police irakienne avait tué deux personnes vendredi à Touz Khourmatou
en s'efforçant de mettre fin à l'agitation.
"La police irakienne a tiré des coups de semonce pour faire cesser les troubles, mais ces tirs ont tué deux personnes dans la
foule", a dit le commandant Josslyn Aberle, de la 4e division d'infanterie américaine.
Selon des habitants kurdes et turkmènes, une quinzaine de personnes auraient été tuées lors des affrontements.
Les tensions ethniques couvent depuis longtemps dans la région de Kirkouk, d'où l'ex-président Saddam Hussein avait tenté
de chasser les Kurdes et les Turkmènes pour renforcer la population arabe dans une région qui recèle les plus grandes réserves
de pétrole du pays.
Le maire de Kirkouk est un Kurde nommé à ce poste par les Etats-Unis et la plupart des membres de la minorité turkmène,
qui parlent turc et entretiennent des liens politiques étroits avec la Turquie, revendiquent une plus grande influence.
Les journaux turcs ont imputé l'agitation qui règne dans la région aux combattants "peshmergas" kurdes de l'Union
patriotique kurde (UPK).
DEMENTI DE L'UPK
"On joue avec le feu", accuse la manchette du quotidien turc Hürriyet, qui assure que trois Turkmènes ont été tués au cours
d'une manifestation à Kirkouk provoquée par les meurtres de sept autres Turkmènes.
Selon le journal, 5.000 personnes ont manifesté dans la ville en scandant "Kirkouk est turc et le restera".
L'UPK a démenti toute implication dans les troubles de ces derniers jours, tout comme dans l'attaque du sanctuaire.
"C'est un plan fomenté par des éléments étrangers qui utilisent des extrémistes (...) et les éléments de l'ancien régime dans
cette région doivent aussi être soupçonnés", a déclaré Ruzgar Ali, principal responsable de l'UPK à Kirkouk.
Dans le Sud, trois soldats britanniques ont été tués samedi dans l'attaque d'un convoi à Bassorah. Selon un communiqué de
l'armée britannique, deux véhicules sont tombés dans une embuscade tendue par des hommes circulant en camionnette.
Des responsables britanniques ont indiqué qu'un autre soldat avait été blessé. Tous appartenaient à la police militaire
royale.
Paul Bremer, le gouverneur américain en Irak, estime que les fidèles de Saddam Hussein et quelques activistes musulmans
étrangers sont à l'origine des attaques meurtrières qui ont tué dix Britanniques et 64 soldats américains depuis que le
président George Bush a proclamé la fin du gros des combats le 1er mai dernier.
Il a ajouté que l'attentat de mardi dernier contre le QG de l'Onu à Bagdad était l'oeuvre de partisans de Saddam Hussein
ou de "terroristes étrangers", voire des deux à la fois.
L'organisation islamiste Ansar al-Islam a démenti dimanche dans la presse italienne être à l'origine de cet attentat, qui a tué
24 personnes, dont le représentant spécial des Nations unies en Irak, le Brésilien Sergio Vieira de Mello.
Par ailleurs, des membres du Conseil intérimaire de gouvernement irakien (CIG) devaient s'entretenir de la situation de leur
pays dimanche au Caire avec le ministre égyptien des Affaires étrangères, Ahmed Maher.