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lundi 15 décembre 2003, 17h07
Nouvelles violences en Irak après la capture de Saddam
BAGDAD (AFP) - La violence a continué en Irak, au lendemain de l'annonce de la capture de Saddam Hussein: huit personnes au moins ont été tuées et 17 autres blessées lundi matin par deux attentats contre des postes de police à Bagdad.
Par ailleurs, des manifestants favorables à Saddam Hussein ont mis à sac lundi après-midi la préfecture de la ville sunnite rebelle de Falloujah (50 km à l'ouest de Bagdad), après que des policiers en faction eurent pris la fuite, et deux commissariats de police ont été attaqués lundi après-midi par des partisans du président déchu dans le quartier sunnite d'Adhamiyeh, dans le nord de Bagdad, a indiqué un officier de police.
"Une centaine d'assaillants ont attaqué avec des armes automatiques et des RPG à partir des toits et de la rue deux commissariats de police du quartier", a affirmé sur place le lieutenant Haïdar Zouheir précisant que les attaquants sont des partisans de Saddam Hussein.
Lundi matin, deux attentats ont visé presque simultanément deux commissariats de police dans la capitale irakienne. Un attentat suicide à la voiture piégée perpétré devant un poste de police du nord de Bagdad a fait huit morts et au moins 13 blessés, selon le lieutenant Amer Nahe de la police irakienne.
L'explosion a eu lieu vers 08h30 (05h30 GMT). Quelques minutes auparavant, une première voiture piégée avait explosé devant un poste de police à Al-Amiriya, dans l'ouest de Bagdad, blessant quatre policiers. Saddam Hussein a été capturé samedi soir par les forces américaines dans une ferme proche de son fief de Tikrit, au nord de Bagdad, à l'issue d'une traque de près de neuf mois. Le dictateur déchu ne coopère pas avec les forces américaines, a déclaré quelques heures après l'annonce de son arrestation, le secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld.
Un officier américain a également indiqué que le président déchu Saddam Hussein avait demandé à négocier lors de sa capture par les forces américaines qui l'ont découvert samedi soir dans une cache souterraine dans le nord de l'Irak. "Il a dit: je suis Saddam Hussein, je suis le président de l'Irak et je veux négocier. La réponse était: le président Bush vous souhaite le bonjour," a poursuivi a dit le commandant Brian Reed, de la 1ère Brigade de la 4ème Division d'Infanterie.
Saddam Hussein, détenu à Bagdad selon un responsable irakien, a démenti que son régime possédait des armes de destruction massive (ADM) et ne s'est pas montré très coopératif lorsqu'il a été interrogé, a confié au magazine Time un responsable des services de renseignement américains. "Non, bien sûr que non", a déclaré Saddam au sujet de l'existence d'un programme de fabrication d'armes de destruction massive. "Les Etats-Unis l'ont inventé pour avoir une raison de nous faire la guerre", a-t-il dit.
Passé un moment d'euphorie, responsables officiels et médias dans le monde ont mis en avant leurs doutes concernant l'évolution de la situation en Irak. Pour l'heure, le statut juridique de l'ex-dictateur reste flou, mais M. Rumsfeld a précisé sur la chaîne CBS que l'ancien dictateur serait traité comme un prisonnier de guerre et serait donc protégé par la Convention de Genève. "Il s'est vu accorder la protection du statut de prisonnier de guerre et il sera traité en accord avec la Convention de Genève", a déclaré M. Rumsfeld. "Nul n'a besoin de s'inquiéter, il sera traité de façon humaine et professionnelle", a-t-il ajouté.
A Paris, où il doit rencontrer lundi Jacques Chirac, le président en exercice du Conseil du gouvernement provisoire irakien, Abdelaziz Hakim, a affirmé que Saddam Hussein serait jugé en Irak par des juges irakiens dans le cadre d'un tribunal récemment créé pour juger les criminels de guerre. "Saddam Hussein sera jugé par des juges irakiens, et le tribunal va travailler et statuer en Irak, sous la supervision d'experts internationaux", a déclaré M. Hakim. Il sera le premier à comparaître devant la Cour spéciale irakienne chargée de juger les crimes contre l'humanité commis par l'ancien régime, si l'instruction est prête, a précisé de son côté Dara Nourreddine, membre du Conseil de gouvernement. Amnesty International a salué la capture de l'ancien président irakien et souligné qu'il était vital qu'il soit jugé de manière équitable et transparente.
La communauté internationale s'est félicitée de cette capture, y compris les pays hostiles à la guerre contre l'Irak, les réactions étant plus réservées dans les Etats arabes. Le secrétaire général de l'Onu, Kofi Annan, a déclaré que sa capture offrait l'opportunité d'un "nouvel élan" pour "la recherche de la paix et de la stabilité en Irak". Traqué depuis la chute de son régime le 9 avril dernier, Saddam Hussein, dont la tête avait été mise à prix par les Américains pour 25 millions de dollars, était arrivé au pouvoir en 1979. Il a livré une guerre meurtrière à l'Iran (1980-1988) et déclenché l'occupation du Koweït qui a duré sept mois (1990-1991).
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