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dimanche 11 janvier 2004, 10h25
Irak: une manifestation de chômeurs dégénère, faisant six morts
BAGDAD (AFP) - Six Irakiens ont été tués par balles samedi lorsque la police irakienne et l'armée britannique ont ouvert le feu sur une manifestation contre le chômage qui dégénérait dans la ville chiite d'Amara, à 365 km au sud-est de Bagdad.
Selon le chef de service de sécurité de l'hôpital général d'Amara, Jassem al-Moussaoui, la manifestation de centaines de chômeurs, rassemblés devant le siège du gouvernorat d'Amara, chef-lieu de la province méridionale de Missane, a commencé à dégénérer lorsque des participants ont lancé des grenades assourdissantes en direction des forces de l'ordre.
"La foule s'est énervée. Des coups de feu ont éclaté et les policiers irakiens, pensant avoir été attaqués, ont ouvert le feu. Des informations concordantes ont fait état d'explosion dans la foule", a indiqué de son côté l'adjudant britannique Paul Wightman. Selon lui, les heurts se sont poursuivis jusqu'à la fin de l'après-midi, quand l'armée britannique est parvenue à rétablir le calme. Mais les heurts se sont soldés par la mort de six manifestants, dont un a été touché par des soldats britanniques après avoir tenté de lancer une grenade sur eux.
Selon un témoin, Nasser al-Hilfi, les manifestants s'étaient déjà rassemblés jeudi sur le même lieu pour demander des emplois. Les autorités locales leur avaient alors promis de trouver une "solution à leur problème samedi", mais "ne semblant pas avoir reçu de réponse, ils ont assiégé le bâtiment et l'ont attaqué à coup de pierres", a-t-il dit. Les régions chiites pauvres du sud sont particulièrement touchées par le chômage qui s'est aggravé après la chute du régime de Saddam Hussein en avril 2003.
Dimanche matin, les services de sécurité de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK) ont affirmé avoir intercepté la veille une voiture bourrée de 100 kg de TNT près de la frontière entre l'Irak et l'Iran. "Nous n'avons encore aucune information sur les propriétaires de la voiture, une Nissan Patrol sans plaque d'immatriculation, ou sur la destination des explosifs", a déclaré un haut responsable de la sécurité de l'UPK, sous le couvert de l'anonymat. "Nous pensons qu'il y a peut être un lien avec Ansar al-Islam et sous espérons que l'enquête en cours permettra de clarifier cette affaire". Groupuscule fondamentaliste que les Américains accusent de liens avec Al-Qaïda, Ansar al-Islam ("Partisans de l'islam"), contrôlait une petite enclave dans le nord-est kurde de l'Irak, proche de la frontière iranienne, avant d'être écrasée par les forces américaines fin mars.
Sur le plan diplomatique, le ministre de la Défense japonais, Shigeru Ishiba, devait quitter Tokyo dimanche pour une tournée de six jours en Europe --en Grande-Bretagne, aux Pays-Bas et en France-- afin d'expliquer les raisons du prochain déploiement d'un contingent nippon en Irak. M. Ishiba commencera sa tournée par la Grande-Bretagne, où il doit rencontrer lundi son homologue Geoff Hoon.
En Grande-Bretagne, justement, 50% des Britanniques estiment que leur Premier ministre Tony Blair a menti en déclarant qu'il n'avait pas autorisé la divulgation du nom du scientifique David Kelly qui s'est suicidé en juillet 2003, indique un sondage d'opinion de l'institut YouGov, publié par le The Mail on Sunday. Moins d'un quart des sondés, 23% seulement, estiment que Tony Blair a dit la vérité dans cette affaire tandis que 27% se déclarent indécis.
Expert en armements travaillant pour le ministère de la Défense, David Kelly, s'était révélé être la source d'un reportage de la BBC accusant le gouvernement britannique d'avoir "gonflé" la menace irakienne pour justifier la guerre sans un feu vert de l'Onu. Il s'était donné la mort le 17 juillet, après que son nom eut été dévoilé dans la presse.
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