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dimanche 11 janvier 2004, 18h46
Irak: la "débaassification" s'amplifie, colère à Amara
BAGDAD (AFP) - L'exécutif provisoire irakien a annoncé dimanche un élargissement du processus de "débaassification" alors que les habitants d'Amara, dans le sud chiite, exprimaient leur colère après les heurts meurtriers de la veille entre chômeurs et forces de l'ordre.
Dans la ville sainte de Najaf (centre), le grand ayatollah Ali Sistani, le plus influent des chefs religieux chiites, a insisté sur des élections générales, estimant qu'une Assemblée provisoire non élue ne pouvait pas "représenter les Irakiens de manière idéale".
Le président du comité d'éradication du Baas, parti panarabe du chef de l'Etat déchu Saddam Hussein, Ahmad Chalabi, a assuré que l'élimination des responsables baassistes des rouages de l'Etat était une "condition préalable à la restauration d'une vie normale en Irak".
Quelque 28.000 hauts responsables baassistes ont déjà été écartés de l'administration, et un nombre équivalent devrait être concerné par ces mesures, selon M. Chalabi, qui veut élargir le processus.
"Ces mesures s'appliquent au secteur public, mais le comité publiera prochainement des instructions similaires pour le secteur privé et les associations professionnelles", a déclaré le président du Congrès national irakien (CNI) et membre du Conseil de gouvernement transitoire.
Les nouvelles instructions doivent conduire, à quelques exceptions près, à licencier les membres de la haute et moyenne hiérarchie du Baas, sans inquiéter les membres de base de ce parti qui exerçait un contrôle sans faille sur l'ensemble de la société irakienne.
A Amara, à 365 km au sud-est de Bagdad, des manifestants se sont attaqués, à coups de pierres, aux soldats britanniques, au lendemain de heurts qui ont fait six morts et huit blessés par les tirs de la police et de soldats britanniques.
Les militaires britanniques gardant le siège du gouvernorat de la ville, chef-lieu de la province de Missane, ont chargé les manifestants, au nombre de 150 à 200, à la mi-journée et dispersé la foule.
Une autre manifestation s'est formée plus tard pour marcher sur le siège de la brigade anti-émeutes, dont des membres ont tiré en l'air pour disperser la foule et interpellé deux manifestants.
Lors du premier rassemblement, les manifestants ont distribué un communiqué demandant notamment "l'arrestation des auteurs des tirs meurtriers" de la veille et "l'élection d'un nouveau gouverneur", estimant que l'actuel ne faisait rien pour juguler le chômage, qui n'a cessé d'augmenter depuis la chute de l'ancien régime, il y plus de neuf mois.
Toujours dans la zone d'occupation britannique du sud chiite, un Irakien résident aux Etats-Unis et travaillant pour la coalition a été tué samedi en compagnie d'un de ses amis, à Bassorah, a annoncé celle-ci.
Pour le grand ayatollah Sistani, l'Assemblée provisoire, prévue par l'accord de passation de pouvoirs, signé le 15 novembre entre le Conseil de gouvernement et la coalition dirigée par les Etats-Unis, n'aurait "aucune légitimité".
"De même la loi fondamentale (provisoire) et les accords de sécurité (éventuels avec les Etats-Unis) doivent être soumis aux représentants élus du peuple pour avoir de la légitimité", a-t-il ajouté, après avoir rencontré le président du Conseil de gouvernement, le sunnite Adnane Pachachi.
Par ailleurs, l'armée américaine a annoncé avoir découvert au nord de Bagdad une cache d'armes contenant notamment 400 roquettes et obus de mortier ainsi que 260 roquettes anti-char et 42 lanceurs, 16 caisses d'explosifs "confectionnés de façon artisanale" et neuf obus de 155 mm.
Le Pentagone a annoncé que 504 soldats américains avaient été tués, près de dix mois après l'invasion du pays par les troupes américano-britanniques.
Depuis le 1er mai, date à laquelle le président George W. Bush a déclaré la fin des opérations de combat majeures en Irak, 366 soldats américains ont trouvé la mort, 237 dans des combats et 129 dans d'autres circonstances.
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