BAGDAD (AP) - Les oléoducs sont désormais une cible privilégiée pour la guérilla irakienne. La Compagnie pétrolière du sud a ainsi annoncé mercredi l'interruption des exportations de brut irakien à la suite d'un nouvel acte de sabotage empêchant les acheminements vers le terminal de Bassorah.
Deux autres attentats à l'explosif avaient été perpétrés la veille sur les oléoducs de la péninsule de Fao, près de Bassorah. Samir Djassim, haut responsable de la compagnie pétrolière du sud, a affirmé qu'il faudrait au moins une semaine pour les réparer avant que les exportations puissent reprendre normalement.
Au nord, des assaillants ont abattu mercredi le chef de la sécurité de la Compagnie pétrolière du nord, responsable des champs pétrolifères de Kirkouk. Ghazi Talabani a été tué alors qu'il se rendait à son travail, selon le général Anouar Amin, du corps de la Défense civile irakienne.
Par ailleurs, près de la ville de Balad (80km au nord de Bagdad), une roquette est tombée dans l'après-midi sur une base de la logistique américaine, le Camp Anaconda, tuant trois GI et faisant 25 blessés, a annoncé l'armée américaine.
A Ramadi, à l'ouest de la capitale, un policier irakien a été tué et cinq civils irakiens blessés par une bombe qui a explosé au bord d'une route.
Plus au sud, l'imam chiite radical Moqtada al-Sadr a appelé les membres de sa milice, l'Armée du Mahdi, ne vivant pas dans les villes saintes chiites de Nadjaf et de Koufa à rentrer chez eux.
A deux semaines de la date prévue pour le transfert de souveraineté, l'armée américaine a fait savoir qu'elle remettrait aux Irakiens le contrôle de la partie civile de l'aéroport de Bagdad au 1er juillet. La partie militaire sera rendue à la mi-août, selon un haut responsable de la coalition qui a requis l'anonymat. Le statut de l'aéroport était l'une des principales demandes du gouvernement intérimaire qui prend ses fonctions à la fin du mois.
Parallèlement, le numéro deux du Pentagone, Paul Wolfowitz, s'est rendu à Bagdad pour évoquer avec les responsables du gouvernement transitoire irakien le transfert du 30 juin. "L'atmosphère constructive et positive de ces discussions reflète la nature de cette nouvelle relation, un partenariat fondé sur des appréciations et des objectifs communs", a indiqué la coalition dans un communiqué.
Dans un discours s'adressant aux forces américaines dans le monde, le président américain George W. Bush a estimé que la démocratie était née en Irak, même si des rebelles y tuent encore et font sauter des oléoducs. "Nous ne sommes pas venus pour conquérir mais pour libérer les (Irakiens), et nous nous tiendrons à leurs côtés jusqu'à ce que la liberté soit garantie", a-t-il dit devant des milliers de soldats à la base aérienne MacDill (Floride).
Dans le même temps, à Washington, la commission du 11 septembre n'a rapporté mercredi "aucune preuve crédible" montrant qu'Al-Qaïda et l'Irak avaient coopéré dans les attaques contre les Etats-Unis. Dans un rapport, elle précise toutefois qu'Oussama ben Laden a rencontré un haut responsable irakien en 1994 et envisagé une coopération avec Saddam Hussein, même s'il était opposé au régime laïc du dirigeant irakien.
A Istanbul, l'Organisation de la conférence islamique (OCI), la plus grande organisation musulmane du monde, s'est engagée à "aider activement" l'Irak lors de sa transition, un soutien qui pourrait contribuer à donner du poids au gouvernement intérimaire irakien à moins de 15 jours de la passation de pouvoirs.
Enfin, à Beyrouth, un haut responsable du ministère libanais des Affaires étrangères a annoncé que des hommes armés avaient libéré mercredi Habib Khalil Samour, un otage libanais détenu en Irak depuis un mois. Les conditions de sa libération n'ont pas été dévoilées.
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