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dimanche 19 décembre 2004, 9h11
Irak: comparution d'"Ali le chimique", sabotage d'oléoducs
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BAGDAD (AFP) - Cinq attentats visant des oléoducs ont eu lieu en l'espace de 24 heures en Irak après l'appel lancé jeudi par Oussama ben Laden à frapper les installations pétrolières du pays, tandis qu'un magistrat a entendu pour la première fois samedi Ali Hassan al-Majid, alias "Ali le chimique", un des principaux responsables de l'ancien régime de Saddam Hussein.
"Ali le chimique" et l'ex-ministre de la Défense Sultan Hachem Ahmad ont été les premiers des hiérarques de l'ancien régime à être entendus par un juge d'instruction du Tribunal spécial irakien (TSI), a annoncé à Bagdad le chef des magistrats instructeurs du TSI, Raëd Jouhi.
Le magistrat a cependant indiqué que les dossiers des anciens dirigeants en étaient encore "au stade de l'instruction" et s'est refusé à donner une date pour leur procès. "La rapidité peut nuire à la justice", a-t-il déclaré. Le ministre de la Justice Raëd Jouhi Malek Dohane al-Hassan avait confirmé jeudi à Genève qu'"Ali le chimique" serait le premier à être jugé, et estimé que le procès de Saddam Hussein devrait avoir lieu "bien après les élections de janvier".
"Ali le chimique", accusé notamment d'avoir ordonné le gazage des Kurdes à Halabja en 1988, est un cousin germain de l'ancien président irakien dont il fut un des plus proches compagnons de route, et comme lui originaire de la ville de Tikrit. Sultan Hachem Ahmad est notamment accusé d'implication dans la campagne contre les Kurdes en 1988. Des photographies distribuées par le TSI montrent le chef des magistrats instructeurs en train d'interroger les deux anciens responsables. Ils sont arrivés menottés et "Ali le chimique" marchait avec une canne.
Par ailleurs, le porte-parole du ministère du Pétrole, Jihad Assem, a fait état d'une "intensification des opérations de sabotage des puits et des infrastructures pétrolières", après l'appel lancé par ben Laden à attaquer les installations pétrolières en Irak et en Arabie saoudite. Deux oléoducs ont été attaqués samedi matin: le premier, reliant Kirkouk (250 km au nord de Bagdad) à la raffinerie de Baïji, l'autre reliant la raffinerie de Daura à celle de Baïji. L'oléoduc Kirkouk-Baïji avait déjà été saboté au même endroit la veille.
Vendredi, deux autres oléoducs avaient été endommagés au sud et au nord de Bagdad, l'un transportant des dérivés pétroliers de la raffinerie de Baïji vers Bagdad, l'autre desservant la raffinerie de Daura. Cette dernière attaque a été revendiquée par le groupe de l'extrémiste islamiste Abou Moussab al-Zarqaoui, dans un communiqué dont l'authenticité est invérifiable. Un engin piégé a explosé samedi au passage d'une patrouille américaine à Mossoul (nord). Un Irakien a été tué et huit autres ont été blessés, selon un médecin et un témoin.
Le porte-parole de la Task Force Olympia, qui opère à Mossoul, a affirmé qu'un engin avait explosé au passage d'une patrouille de la Force multinationale (FMN) vers 07h45 (04h45 GMT) à un kilomètre à l'est du fleuve Tigre, et a donné un bilan différent de l'attentat. "Un bus scolaire a été atteint. Personne n'a été touché dans les rangs de la FMN. Un (rebelle) a été tué", a indiqué le lieutenant-colonel Paul Hastings, précisant qu'"un étudiant a été tué et six autres personnes blessées". A Ramadi (ouest de Bagdad), trois personnes ont été tuées et deux autres blessées lors d'affrontements entre rebelles et forces américaines.
D'autre part, le ministère turc des Affaires étrangères a annoncé samedi dans un communiqué que cinq gardes d'ambassade turcs avaient été tués la veille dans une embuscade sur une route près de Mossoul alors qu'ils se rendaient de Turquie à Bagdad. Plus tôt dans la journée, la chaîne de télévision turque CNN-Turk avait fait état de quatre morts. Les gardes, au nombre de huit, avaient franchi le poste-frontière irako-turc de Habur à bord de quatre voitures et devaient se rendre à l'ambassade de Turquie à Bagdad pour y relever les agents en place quand ils ont été attaqués par des "terroristes" à hauteur de Mossoul, explique le document, cité par l'agence de presse Anatolie.
Cinq d'entre eux ont trouvé la mort au cours de l'assaut, ainsi que deux chauffeurs irakiens, ajoute le communiqué, qui précise que deux survivants ont pu rejoindre Bagdad, le troisième ayant regagné Habur. Selon le ministère, qui avait déjà annoncé vendredi la mort de plusieurs gardes, sans en préciser le nombre, les forces américaines contrôlant la région ont abattu deux des "terroristes".
L'insécurité persiste également à Falloujah (50 km à l'ouest de Bagdad), où les combats entre Marines et insurgés ne sont pas terminés, rendant problématiques le retour des réfugiés dans ce bastion sunnite. Samedi la police irakienne a annoncé la mort d'un officier de police dans le sud de l'Irak par des soldats britanniques. Selon le lieutenant-colonel Karim Zaidi, porte-parole de la police de la ville méridionale de Bassorah, "un capitaine de police a été tué vendredi alors qu'il conduisait à vive allure près d'une patrouille britannique". Un "forum international" doit s'ouvrir dimanche à Ottawa, au Canada, pour définir des critères qui permettraient de juger de la validité des élections générales irakiennes, prévues le 30 janvier, à défaut d'observateurs étrangers dont la présence en nombre suffisant est compromise par la violence.
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