NAPLOUSE, Cisjordanie (Reuters) - La ville de Naplouse, en Cisjordanie, a connu samedi sa plus grave flambée de violence
depuis des semaines avec la mort de trois Palestiniens tués par l'armée israélienne, tandis qu'un autre Palestinien était abattu dans
la bande de Gaza.
Des soldats israéliens ont abattu trois Palestiniens, dont un adolescent de 15 ans, au cours d'accrochages avec des manifestants
qui leur lançaient des pierres samedi matin à Naplouse et dans ses environs, ont rapporté médecins et témoins palestiniens.
Amdjed el Masri, 15 ans, a été touché par balle à la poitrine alors qu'il jetait des pierres sur un véhicule blindé israélien du
haut d'un toit de la vieille ville, ont dit des témoins. Raouhi Schuman, 19 ans, a également été atteint à la poitrine lors d'un incident
distinct, ont rapporté des médecins.
Tous deux ont succombé à leurs blessures à l'hôpital Rafidiyeh de Naplouse où un troisième Palestinien, Amer Arafat, 26 ans, a
été déclaré mort après avoir touché par balle dans le dos lors d'un autre affrontement avec des soldats.
Un porte-parole militaire israélien a dit que l'adolescent avait été abattu alors qu'il projetait de grosses briques sur des
soldats du haut d'un toit. L'un des deux autres Palestiniens tués était armé d'un pistolet et le troisième s'apprêtait à lancer un
cocktail Molotov sur les militaires, a-t-il déclaré.
Un cinquième Palestinien est considéré comme cliniquement mort. Il a été touché à la tête par une balle israélienne alors qu'il
transportait lors des funérailles le cercueil de son cousin, l'une des trois victimes du jour, âgé de 15 ans.
A Gaza, des soldats israéliens ont abattu un Palestinien de 17 ans devant un poste militaire situé près de Khan Younis.
L'accrochage, dit-on de source militaire israélienne, s'est produit vendredi soir et le corps a été retrouvé samedi, avec une bombe
à côté du mort.
EREKAT CONDAMNE LES "ATROCITES" ISRAELIENNES
Le principal négociateur palestinien Saeb Erekat a condamné les "atrocités" israéliennes et jugé Israël "entièrement
responsable d'une éventuelle escalade" de la violence.
Lors d'un incident distinct, une charge explosive a été activée alors que des soldats patrouillaient dans la ville de Naplouse
placée sous couvre-feu, mais il n'y a pas eu de victime, a ajouté le porte-parole.
Par la suite, des soldats ont fait usage de gaz lacrymogènes et de grenades assourdissantes contre des manifestants qui les
attaquaient avec des pierres en marge des obsèques des trois Palestiniens tués en début de matinée, ont rapporté des témoins en
faisant état de plusieurs milliers de personnes présentes.
Un Palestinien a en outre été blessé par balle dans un autre accrochage survenu près de la ville, au camp de réfugiés de Balata,
où des militants s'en sont pris à coups de pierres à un bulldozer de l'armée qui bloquaient les accès du camp, ont rapporté témoins
et médecins.
"La situation est catastrophique à Naplouse", a déclaré à Reuters le gouverneur palestinien de la ville, Mahmoud el Aloul.
Naplouse a été le théâtre de nombreux incidents entre soldats et militants ces dernières semaines. Vendredi, des soldats
israéliens avaient blessé un Palestinien de 21 ans qui, selon des témoins, lançait des pierres sur des soldats avec d'autres
manifestants.
Vendredi encore, un engin explosif avait sauté à Naplouse près d'un véhicule blindé de l'armée israélienne sans faire de blessé.
Les derniers incidents interviennent au lendemain de la levée du bouclage de Djénine (Cisjordanie), imposé en août dernier.
L'armée israélienne a supprimé les barrages routiers et rouvert les huit entrées de la ville.
Une présence limitée de l'armée était toutefois de nouveau signalée samedi à Djénine. Selon une source militaire, deux
Palestiniens recherchés y ont été arrêtés vendredi soir et des blindés bloquaient plusieurs routes des environs par intermittence
samedi.