JERUSALEM (AP) - Trois ans et demi après les graves affrontements sur l'esplanade des Mosquées à Jérusalem à la suite d'une visite d'Ariel Sharon, considérée comme une provocation par les Arabes et qui devait déclencher la deuxième Intifada, des heurts se sont produits au même endroit après la grande prière musulmane du vendredi.
Quelques heures auparavant, le premier ministre israélien laissait entendre dans un entretien à la presse locale que le président de l'Autorité palestinienne, Yasser Arafat, ne bénéficiait d'aucune assurance sur la vie, autrement dit d'aucune immunité au cas où Israël déciderait de le liquider. "Quiconque tue un juif ou porte atteinte à un citoyen israélien ou encore fait tuer des juifs, est une cible. Point final", a-t-il déclaré. "Aujourd'hui tout le monde sait qu'Arafat est un obstacle à toute avancée". M. Sharon a aussi menacé le chef du Hezbollah chiite libanais, Hassan Nasrallah.
Il explique également que son plan de désengagement unilatéral prévoit d'ici un an un retrait presque total de la Bande de Gaza, à l'exception de la route frontalière avec l'Egypte, afin d'empêcher la contrebande d'armes. En revanche, en ce qui concerne la Cisjordanie, il envisage un retrait israélien de seulement quatre implantations juives.
En dehors du retrait de Gaza, ces déclarations ne risquent pas d'amadouer la partie palestinienne alors que les négociations sont au point mort et que M. Sharon envisage manifestement une solution unilatérale s'appuyant en particulier sur la barrière de séparation en cours d'érection en Cisjordanie, et qui devrait être en grande partie achevée dans les douze mois.
Divers accrochages avec l'occupant à Gaza et en Cisjordanie ont fait cinq morts parmi les Palestiniens vendredi.
Preuve que les esprits sont déjà passablement échauffés, les incidents de vendredi à Jérusalem ont débuté après des jets de pierre sur la police israélienne. Plusieurs centaines de policiers en tenue anti-émeutes ont alors investi l'esplanade qui domine le mur des Lamentations, et où se trouvent les mosquées d'Omar et d'al-Aqsa. A la suite de ces affrontements, plusieurs milliers de fidèles musulmans se sont barricadés dans les deux mosquées pendant environ deux heures. Après des négociations avec les dignitaires musulmans, l'évacuation s'est faite dans le calme.
Les affrontements ont fait plus d'une vingtaine de blessés, selon les autorités religieuses musulmanes, tandis que la police israélienne procédait à 14 arrestations. Un caméraman arabe de l'agence américaine Associated Press Television News (APTN) a été blessé à un tympan par une grenade assourdissante.
La police a aussi tiré des balles en plastique et des grenades lacrymogènes afin de disperser les centaines de manifestants qui la prenaient pour cible avec des objets divers. Les policiers ont reçu non seulement des cailloux mais aussi des chaussures ramassées devant les mosquées. La prière impose en effet de se déchausser avant de pénétrer dans un lieu de culte musulman.
"Je priais et j'avais à peine fini que j'ai entendu de fortes déflagrations. Et je n'arrivais pas à croire que les Israéliens se permettent ce genre d'agression dans un lieu de culte", expliquait Danny Bundakji, un aumônier de la police de Los Angeles, en visite dans la région.
La police a nié avoir fait un usage excessif de la force. "Il y avait plusieurs centaines de Palestiniens qui ont déclenché une émeute, en jetant des pierres sur la police", a expliqué Gil Kleiman, porte-parole des forces de l'ordre. Selon lui, la police est intervenue très rapidement pour éviter que des fidèles juifs ne soient atteints.
AP
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