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mercredi 28 septembre 2005, 14h54
Espagne: un millier d'immigrants africains prennent d'assaut Melilla en 24 heures
MADRID (AFP) - Déterminés à entrer coûte que coûte en Europe, un millier d'immigrants clandestins africains ont pris d'assaut en moins de 24 heures la clôture métallique séparant le Maroc de l'enclave espagnole de Melilla.
Parmi eux, 300 ont réussi à passer côté espagnol, selon la garde civile, chargée de la surveillance de cette frontière névralgique entre les continents africain et européen.
Mardi à l'aube, 500 clandestins subsahariens munis d'échelles artisanales en bois ont lancé un premier assaut massif contre la double clôture métallique de 12 kilomètres qui encercle la partie terrestre de Melilla.
Une centaine ont réussi à forcer le passage, débordant 150 gardes civils et 50 policiers qui ont usé de moyens anti-émeutes.
Bilan de ce premier assaut, le plus important recensé depuis début 2005: six gardes civils et douze immigrants légèrement blessés, selon les chiffres de la préfecture locale.
Mardi, peu avant 22H00 (20H00 GMT), les détecteurs électroniques de mouvement de la barrière métallique s'affolent à nouveau et déclenchent le branle-bas de combat au poste de commandement de la garde civile.
Un demi-millier de ressortissants de différents pays d'Afrique noire sont repartis à l'assaut. Environ 200 ont réussi à passer à Melilla, et les heurts ont fait dix blessés, cinq dans chaque camps, a indiqué mercredi à l'AFP un porte-parole de la garde-civile.
"Quand on essayait de les arrêter, ils nous mordaient et nous donnaient des coups de poings. Ils sont très costauds et ils y vont à fond", a témoigné un garde civil cité par le journal El Pais.
Ces assauts massifs se sont multipliés au cours de l'été, causant au moins deux morts parmi les clandestins.
La forte pression actuelle sur la "forteresse" de Melilla s'explique par la décision récente du gouvernement d'accélérer les travaux d'élévation de la clôture de trois à six mètres de hauteur.
Ces travaux, entamés en 2004, finiront en février 2006, a déclaré mercredi au Parlement le secrétaire d'Etat espagnol à l'Intérieur, Antonio Camacho.
Quarante gardes civils sont arrivés mercredi à Melilla pour renforcer les 676 agents de la garnison locale, a ajouté le ministre.
Les assauts de l'été ont complètement saturé le Centre de séjour temporaire d'immigrants (Ceti) de Melilla, qui s'efforçait d'héberger mercredi 1.050 sans-papiers, pour une capacité de 450.
Trois cent immigrants sont installés dans des tentes autour du Ceti et l'armée a acheminé dix tentes supplémentaires pour accueillir les derniers 300 arrivants, a indiqué la préfecture de Melilla à l'AFP.
Côté marocain, entre 300 et 1.000 personnes campent sur les monts boisés qui dominent Melilla, au terme de leur longue et périlleuse odyssée à travers le Sahara.
Melilla représente pour eux le bout du calvaire, la porte d'entrée de l'espace Schengen (13 pays de l'UE, plus la Norvège et l'Islande, entre lesquels la circulation se fait sans contrôle).
"Même si les Espagnols élèvent le grillage jusqu'à 15 mètres, on le vaincra!", a confié ces derniers jours un Ivoirien à un journaliste de l'AFP, juste avant un assaut.
Ces tentatives sont de plus en plus massives et violentes. Mais la pression globale tend à diminuer à cette frontière où environ 12.000 tentatives - individuelles ou collectives - de passage ont été recensées depuis début 2005, contre un total de 55.000 en 2004.
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