MADRID (LatinReporters.com) - La garde civile ne suffit plus. L'armée espagnole aussi contrôle à Ceuta et Melilla, depuis jeudi, la frontière avec le Maroc, seule frontière terrestre entre l'Afrique et des territoires de l'Union européenne.
Au-delà des 5 morts (dont 3 par balles marocaines ou espagnoles) et de la centaine de blessés relevés jeudi à Ceuta après la dernière avalanche humaine qui tentait de franchir cette frontière, des centaines de milliers d'autres immigrants clandestins venus de l'Afrique noire rêvent de l'Eldorado européen sans pouvoir échapper au piège que devient pour eux le Maghreb.
Avec des échelles artisanales, ils sont plus de 12.000 à s'être lancés cette année à l'assaut du double grillage hérissé de barbelés qui cerne Ceuta et Melilla, villes espagnoles de commerce et de garnison enclavées sur la côte méditerranéenne du Maroc. Quelques centaines ont réussi à passer.
Toutefois, après une traversée périlleuse du Sahara, que des rescapés appellent désormais "le grand cimetière des noirs", la grande majorité des immigrants partis du Cameroun, du Ghana, de la Côte d'Ivoire et d'autres pays se heurtent au cordon sanitaire anti-immigration que l'Espagne et les pays maghrébins mettent en place sous la pression de l'Union européenne.
L'afflux de Subsahariens ainsi bloqués en Algérie et au Maroc fait désormais de ces pays une terre d'immigration, avec ses problèmes de xénophobie. Le 15 septembre, un hebdomadaire de Tanger s'inquiétait de "l'invasion de criquets noirs". Entre novembre et mars derniers, cinq avions charters ont décollé du Maroc pour évacuer des Subsahariens vers le Nigeria.
L'Association marocaine des droits humains juge inacceptable que le Maroc devienne ainsi le gendarme de l'Europe.
A l'issue du dernier sommet hispano-marocain, jeudi à Séville, le premier ministre chérifien, Driss Jettou, a reconnu et averti à la fois, espérant probablement l'activation d'aides européennes, que "les immigrants subsahariens posent plus de problèmes politiques, économiques et sociaux au Maroc qu'à l'Espagne".
Le chef du gouvernement espagnol, le socialiste José Luis Rodriguez Zapatero, a pour sa part maintenu que l'immigration en Espagne devait être liée aux capacités du marché du travail. Il a insisté sur la nécessité d'intensifier la coopération au développement dans les pays subsahariens pour réduire la pression des immigrants noirs africains.
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