|
|
vendredi 30 septembre 2005, 17h41
Des questions persistent sur les circonstances du drame de Ceuta
 |
MADRID (AFP) - Les questions persistaient vendredi sur les circonstances de la mort de cinq Africains à Ceuta et les inquiétudes se multipliaient sur le déploiement militaire massif dans cette enclave espagnole au nord du Maroc, et dans celle de Melilla.
Le gouvernement espagnol a approuvé dans la journée un "Plan de Sécurité" pour les deux enclaves.
Au lendemain de la tentative de pénétration en Espagne d'environ 500 immigrants, violemment réprimée par la garde civile espagnole, les autorités marocaines et espagnoles divergent toujours sur les faits et les chiffres.
Madrid affirme que cinq personnes sont décédées, trois du côté marocain et deux du côté espagnol, mais le Maroc n'a pas confirmé la mort d'une troisième personne, qui pourrait être un bébé, selon des témoignages.
Des migrants ont raconté au journal espagnol ABC que ce bébé avait été "écrasé" lors de l'assaut, tandis que d'autres ont dit à l'organisation SOS Racisme qu'il était mort "problabement sous l'effet de matériel anti-émeutes".
Trois clandestins, sur la centaine qui ont été blessés jeudi à l'aube, étaient toujours hospitalisés vendredi à l'hôpital civil de Ceuta.
Par ailleurs, la confusion demeure sur les responsabilités des décès, les deux pays se renvoyant indirectement la responsabilité.
Selon un premier rapport d'autopsie cité vendredi par le ministre espagnol de l'Intérieur José Antonio Alonso, les deux immigrants morts du côté espagnol présentaient des impacts de balles pour l'un "au fessier" et pour l'autre "au flanc, avec un orifice d'entrée et de sortie".
Les premières analyses de la garde civile sur les trajectoires des tirs et les restes de munitions retrouvés "indiquent que ceux-ci ont été réalisés depuis le côté marocain", selon le quotidien El Pais, proche du gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero.
Des sources de la sécurité marocaine avaient indiqué jeudi que deux des morts du côté marocain avait été atteints par des balles en caoutchouc utilisées par la garde civile espagnole, ce que Madrid n'a ni confirmé ni démenti.
El Pais ajoute que le troisième mort du côté marocain a été atteint par des chevrotines.
Un rapport de la police espagnole de Ceuta cité dans les médias espagnols affirme que des agents espagnols ont vu des gendarmes marocains tirer.
Une enquête conjointe est en cours mais ni ses modalités ni sa date de conclusion n'ont été rendues publiques.
En revanche, la polémique persistait sur la pertinence du déploiement de militaires à Ceuta et Melilla, 640 du côté espagnol et 1.600 du côté marocain.
"Nous sommes inquiets parce qu'à chaque fois qu'il y a eu une augmentation des mesures de contrôle policier, il y a eu une augmentation de la violence contre les immigrants", a dit à l'AFP Jordi Passola, de Médecins sans frontières (MSF).
L'ONG vient de publier un rapport affirmant que 25% des immigrants qu'elle a soignés ces deux dernières années avaient subi des violences, dans 44% des cas de la part des forces policières marocaines et dans 18%, des Espagnols.
Le malaise a aussi été exprimé par l'une des organisations para-syndicales de l'armée, l'Association unifiée des Militaires, qui a exprimé dans un communiqué son "inquiétude", parce que les troupes envoyées "ne sont pas préparées pour ce type de services, au caractère policier".
Le déploiement est "nécessaire tant que la situation perdure", a assuré le secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, Bernardino Leon.
Un total de 640 militaires ont été déployés, contre une prévision iniale de 480, a précisé le ministre de l'Intérieur, et leur mission est d'une durée "indéfinie".
Les militaires déployés depuis jeudi après-midi seront coordonnés par la garde civile, dépendant du ministère de l'Intérieur. "Ils porteront des armes à feu mais ne pourront pas tirer", a expliqué un porte-parole de la garde civile qui parle de mission "dissuasive".
|
|
|