|
|
mardi 10 aout 2004, 7h42
Des Indiens du Chiapas menacent de brûler un maire qu'ils séquestrent
SAN JUAN CHAMULA (AFP) - Des milliers d'Indiens du Chiapas, dans le sud du Mexique, menaçaient lundi de brûler le maire de San Juan Chamula et cinq de ses collaborateurs, accusés de corruption et séquestrés depuis dimanche.
Pendant ce temps à Oventik, 3.000 sympathisants de l'Armée zapatiste de libération nationale (EZLN) du sous-commandant Marcos, célébraient dans une ambiance de fête le premier anniversaire des Conseils de bonne gouvernance, structures politiques autonomes, qui coïncide avec la journée internationale des peuples indigènes.
Les Indiens de l'ethnie tsotsil, qui occupent la mairie, réclament la destitution du maire, José Gomez, et de son équipe qu'ils accusent d'avoir détourné trois millions de pesos (222.000 euros) qui devaient être investis dans des projets publics. Les six hommes, dont le chef de la police municipale, sont détenus dans la prison municipale située dans la mairie, selon la même source.
Environ 500 hommes de la police anti-émeute ont pris position dimanche soir autour du bâtiment de la municipalité de San Juan Chamula et des points stratégiques de ce village rural.
Le commandant des pompiers de San Cristobal a annoncé que la maison du secrétaire de la mairie avait été brûlée par les manifestants.
Les Indiens ont bloqué avec des pylônes en bois les accès au village et demandent l'intervention du gouvernement de l'Etat du Chiapas "pour qu'il fasse justice".
Les négociations à San Cristobal de Las Casas, capitale de l'Etat du Chiapas, entre le gouvernement du Chiapas et les insurgés ont été infructueuses.
Faute d'information, des touristes étrangers continuaient de se rendre à San Juan Chamula, un des villages les plus visités du Chiapas.
A Oventik, entre musiques et danses traditionnelles, les Zapatistes ont appelé à poursuivre la lutte pour la reconnaissance des droits des peuples indigènes du Mexique.
Des responsables du Conseil de bonne gouvernance, le visage caché par des passe-montagne ou des foulards, ont rendu compte de leurs activités, en fait une déclaration politique reprenant les slogans de l'EZLN et du sous-commandant Marcos: résister "pour défendre nos droits à la liberté, à la démocratie, à l'autonomie et à la Justice.
Des célébrations similaires à celles de Oventik se déroulaient lundi dans les cinq Conseils de bonne gouvernance, qui rassemblent une trentaine de municipalités contrôlées par les Zapatistes.
A Oventik, des "touristes révolutionnaires", comme les appelle l'EZLN, mexicains et étrangers, ont participé aux festivités.
Les 12 millions d'Indiens du Mexique survivent avec un revenu par personne d'à peine un peu plus de 3.000 pesos (environ 210 euros) par an, selon la Confédération nationale paysanne, qui relève que les plus pauvres vivent dans les Etats du Chiapas (sud-est), Veracruz (est) et Puebla (centre).
|
|
|