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mercredi 1 septembre 2004, 17h53
Emeutes et couvre-feu à Katmandou après la mort des otages népalais en Irak
KATMANDOU (AFP) - Des émeutes ont éclaté mercredi à Katmandou où des milliers de manifestants ont attaqué des cibles arabes, dont la principale mosquée de la ville qu'ils ont incendiée, entraînant l'instauration d'un couvre-feu dans la capitale, au lendemain de l'annonce de la mort de douze otages népalais en Irak.
Une personne est morte et trois ont été blessées par des tirs de policiers népalais assurant la sécurité de l'ambassade d'Egypte.
Le gouvernement a instauré un couvre-feu illimité en début d'après-midi et le calme est revenu à Katmandou. Il a aussi décrété un jour de deuil national, fixé à jeudi.
Tôt mercredi, des manifestants, qui protestaient contre l'assassinat de douze travailleurs népalais pris en otage par des islamistes en Irak, ont commencé à dévaler les rues de la capitale himalayenne, aux cris de "Punissez les musulmans". Munis de pierres, ils ont attaqué les cibles arabes se trouvant sur leur passage.
La foule, évaluée à 5.000 personnes par la police, a pris d'assaut la mosquée Jama Masjid, dans le centre de Katmandou, a constaté un correspondant de l'AFP. Des manifestants sont montés sur le toit du lieu de culte et y ont mis feu après avoir brûlé dans la rue l'essentiel de son mobilier. La mosquée a été peu endommagée.
A coups de matraque, la police anti-émeute a repoussé les manifestant hors du centre-ville où se trouve le palais royal.
Les manifestants ont aussi marché vers l'ambassade d'Egypte, qui représente les intérêts irakiens à Katmandou. Des policiers népalais gardant la représentation diplomatique ont tiré pour disperser la foule, selon la police. Un homme est mort et trois ont été blessés, selon le ministère de l'Intérieur.
Les bureaux de la Qatar Airways à Katmandou ont été saccagés, selon un employé de la compagnie aérienne. "Des dizaines de gens furieux ont envahi les bureaux et détruit le mobilier et les installations avant de mettre le feu", a raconté cet employé. Qatar Airways est la principale compagnie utilisée par les Népalais qui vont travailler au Moyen-Orient.
Auparavant, des centaines de jeunes avaient saccagé une dizaine de bureaux d'agences spécialisées dans le recrutement de travailleurs pour des emplois à l'étranger, a constaté le correspondant de l'AFP. Les manifestants accusent ces agences d'avoir envoyé travailler en Irak les douze Népalais enlevés il y a une dizaine de jours.
Des manifestations spontanées ont également eu lieu en province, dans les villes de Pokhara (ouest), Gorkha (centre) et Biratnagar (sud).
De premières manifestations avaient éclaté dès mardi soir à Katmandou, après l'annonce de la mort des otages.
Outre leur colère à l'encontre des preneurs d'otages, de nombreux manifestants ont demandé la démission du Premier ministre, Sher Bahadur Deuba qu'ils rendent responsable de l'échec à libérer les otages.
Le gouvernement népalais, qui fait face à une rébellion maoïste sanglante, avait répété désespérément que le Népal ne faisait pas partie de la coalition en Irak menée par les Etats-Unis.
"J'appelle tous les citoyens népalais à être patients", a dit M. Deuba dans une adresse télévisée à la nation. "Nous avons fait des efforts honnêtes pour sauver (les otages) mais les militants (islamistes) n'ont pas donné de condition" pour leur libération.
Les Népalais, qui travaillaient notamment comme cuisiniers et dans des laveries, ont été tués par un groupe islamiste, avait annoncé mardi le site internet du groupe "Ansar Al-Sunna", proche d'Al-Qaïda qui a publié des photographies et une vidéo très crues de leur exécution.
La minorité musulmane représente 3,8% des 27 millions d'habitants du Népal, un pays à majorité hindouiste.
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