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vendredi 3 septembre 2004, 17h20
Népal: critiqué pour les otages tués, le gouvernement va punir les émeutiers
KATMANDOU (AFP) - Le gouvernement népalais, qui a promis vendredi de punir les responsables d'attaques contre des cibles musulmanes après l'annonce de la mort de 12 Népalais tués en Irak, est de plus en plus critiqué pour son incompétence à gérer cette prise d'otages.
Le couvre-feu, imposé dans la capitale Katmandou mercredi après-midi, était toujours en vigueur et la situation était calme, deux jours après les émeutes déclenchées à l'annonce de l'assassinat des 12 otages népalais par des islamistes en Irak. Des forces de sécurité étaient déployées autour des bâtiments publics et mosquées en ce jour de prêche hebdomadaire pour les musulmans, a constaté le correspondant de l'AFP.
Le Premier ministre népalais, Sher Bahadur Deuba, qui s'est rendu vendredi à la principale mosquée de Katmandou, incendiée lors des émeutes, a promis aux dignitaires musulmans de punir les incendiaires. "Nous menons l'enquête et punirons ceux qui sont impliqués dans ce crime", a-t-il dit.
Dans la foulée, le gouvernement a annoncé la mise en place d'un comité chargé d'enquêter "sur les causes des attaques", a indiqué le ministre de l'Information, Mohammed Mohsin. Ce comité devra rendre ses conclusions d'ici un mois, a-t-il ajouté.
Mercredi, quelque 5.000 manifestants avaient attaqué des cibles musulmanes à Katmandou, incendiant la mosquée Jama Masjid, saccageant les bureaux de la Qatar Airways et marchant vers l'ambassade d'Egypte, qui représente les intérêts irakiens au Népal. Deux personnes sont mortes et une cinquantaine ont été blessées dans des affrontements avec les policiers. A Birtamod (sud-est), une petite mosquée et une école coranique ont également été incendiées ce jour-là.
Le gouvernement a aussi annoncé avoir pris des dispositions pour rapatrier un millier de Népalais en Irak ou sur le point d'y aller.
Si la vague de protestation a cessé, le sentiment d'abandon ressenti à l'annonce de la mort des 12 Népalais s'est accentué lorsque le Népal a appris la libération de trois otages indiens mercredi.
Et après la rue, c'est l'opposition népalaise qui a accusé vendredi le Premier ministre de n'avoir pas tout fait pour sauver la vie de ses concitoyens.
"Au lieu d'envoyer le ministre des Sports aux JO d'Athènes pour encourager un athlète de taekwondo, le gouvernement aurait dû dépêcher en Irak le ministre des Affaires étrangères ou le ministre de l'Information, seul ministre musulman du gouvernement", a déclaré un responsable du principal parti démocratique d'opposition, le Congrès népalais.
"Le gouvernement s'est reposé sur des ambassadeurs incompétents au Qatar ou en Arabie saoudite au lieu d'envoyer des ministres expliquer aux militants irakiens que les jeunes Népalais n'étaient pas employés par l'armée américaine", a poursuivi Ravindra Bahadur Thapa.
L'enlèvement avait été revendiqué le 20 août au nom d'un groupe inconnu, le "commandement militaire de l'Arméee d'Ansar al-Sunna", qui accusait les otages népalais d'aider "les forces croisées américaines à combattre l'islam". Le gouvernement népalais n'a cessé de répéter depuis que le Népal ne fait pas partie de la coalition internationale en Irak dirigée par les Etats-Unis.
Un représentant de la communauté musulmane, Mohammed Habibulah, avait déjà estimé jeudi que si le gouvernement avait "envoyé une délégation en Irak" pour prendre des contacts avec des dirigeants islamistes reconnus, "les militants irakiens auraient épargné la vie (des otages) comme ils l'ont fait avec les Indiens".
La guérilla maoïste, qui accuse, elle, le gouvernement d'avoir commis "une lourde faute", a ajouté à la pression en déclinant la dernière proposition de M. Deuba de reprendre des pourparlers de paix.
M. Deuba avait été limogé en octobre 2002 par le roi Gyanendra qui l'accusait d'"incompétence" face à la guérilla, avant d'être rappelé en juin dernier pour entamer des négociations.
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