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dimanche 13 février 2005, 9h24
Le Népal en état d'alerte au premier jour d'un blocus maoïste
KATMANDOU (AFP) - L'armée népalaise était en état d'alerte maximale dimanche, au premier jour d'un blocus général décrété par la rébellion maoïste pour protester contre la prise des pleins pouvoirs par le roi Gyanendra le 1er février.
La date coïncide également avec le neuvième anniversaire de la rébellion destinée à abolir la monarchie dans le petit royaume himalayen. Plus de 11.000 personnes sont mortes depuis 1996.
Les forces de sécurité escortaient les poids-lourds qui osaient quitter dimanche la capitale Katmandou, couvrant également leur déplacement à l'aide d'hélicoptères. "Nous assurons la sécurité des véhicules empruntant l'autoroute", a indiqué un responsables des forces de sécurité sous couvert d'anonymat.
Les transports de personnes et de marchandises étaient "à l'arrêt" dans le sud-est et l'ouest du pays "mis à part quelques mini-bus", a indiqué Purna Shrestha, membre de la Fédération des entrepreneurs de transport.
En revanche, à Katmandou, les commerces et les transports fonctionnaient normalement. "Cela est peut-être dû au fait que personne dans les journaux, à la radio ou à la télévision n'a informé la population sur le blocus", déclare Narayan Neupane, gérant de magasin à Katmandou.
A Pokhara, à 200 kms à l'ouest de la capitale, tout était ouvert, à la grande différence du blocus de décembre dernier, qui avait alors été largement respecté.
"Ce n'est pas un fait de notre volonté mais par contrainte que nous devons rester ouverts", explique cependant un membre de la Chambre de commerce et d'industrie de Pokhara, qui affirme que, en décembre dernier, plusieurs gérants de magasin qui avaient oser fermer leurs rideaux avaient été "battus par les militaires".
"Il y a quelques jours, un responsable de l'armée a convoqué une réunion et dit aux entrepreneurs et à la Chambre de commerce qu'il fallait rester ouvert", ajoute-t-il.
Le gérant d'un magasin ajoute : "Ce matin (dimanche), la police est venue dire à tout le monde d'ouvrir son commerce". Un hôtelier renchérit: "Vendredi, un inspecteur général est venu et a dit: +si vous fermez, je vous tue+". "Mais les maoïstes disent: si vous ouvrez, nous pouvons vous faire exploser", ajoute-t-il.
La rébellion a précisé que le blocus se prolongerait aussi longtemps que le roi Gyanendra ne lèverait pas l'état d'urgence qu'il a décrété le 1er février. Le monarque avait alors limogé le gouvernement, accusé de n'avoir pas réussi à mater la rébellion maoïste, et aboli les libertés fondamentales.
De nombreux opposants ont été arrêtés ou assignés à résidence : un millier, selon un parti d'opposition, une centaine selon l'armée. Un nouveau gouvernement a été formé, essentiellement de fidèles au roi. Il est de plus directement dirigé par le monarque.
Samedi, un responsable des forces de sécurité avait affirmé que les rebelles se rassemblaient en grand nombre dans l'extrême ouest du royaume, près d'une prison qui avait été prise d'assaut mercredi par les maoïstes, libérant 150 détenus. 145 d'entre eux étaient encore en fuite. L'attaque avait fait cinq morts parmi l'armée et au moins un rebelle.
Le roi Gyanendra a récemment assuré être prêt à discuter paix, sans préalable, avec les maoïstes, qui n'ont pas encore répondu à cette offre. Leur leader, Prachanda, avait cependant récemment qualifié le monarque de "traître national" après son coup de force.
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