MANAGUA (AFP) - Les manifestations violentes contre la hausse des prix de l'essence et des transports publics se poursuivaient mardi à Managua où les manifestants accentuaient leur pression sur le gouvernement du président Enrique Bolanos, agressé à coups de pierres devant le palais présidentiel.
Alors qu'il s'avançait vers des milliers de manifestants, en compagnie de membres du gouvernement, Bolanos a été conspué par la foule et s'est retrouvé pris sous une pluie de pierres et de sacs plastiques remplis d'eau. Il a dû regagner le palais présidentiel protégé par ses gardes du corps.
Des obus de mortier artisanaux ont également été tirés en l'air par des manifestants.
Au cours de l'incident, un des fils de Bolanos a été blessé à la tête par une pierre et évacué par une ambulance.
Le gouvernement a annoncé mardi en fin de journée être disposé à dialoguer pour trouver "une solution immédiate", à condition que les manifestations soient suspendues.
Lundi, les manifestations contre le pouvoir d'Enrique Bolanos ont dégénéré en affrontements violents faisant 22 blessés. Soixante-huit manifestants ont été arrêtés et deux policiers ont été grièvement blessés par des tirs de mortiers artisanaux.
Dans la nuit de lundi à mardi, les troubles ont continué dans des quartiers populaires de Managua, où des obus de mortier artisanaux ont été tirés et des pneus brûlés.
Managua était paralysée et sous tension mardi et les manifestations s'étendaient au nord et à l'est du pays. Aucun bus ne circulait dans la capitale, les écoles et les collèges n'ont pas ouvert leurs portes et de nombreux policiers étaient déployés dans les points stratégiques de la ville.
Le mouvement de protestation a débuté par des grèves dans les transports en commun pour réclamer des aides du gouvernement, puis les étudiants et les syndicats se sont joints au mouvement, auquel participent désormais les opposants au gouvernement. Ils demandent au gouvernement de renoncer aux augmentations dans les transports en commun.
Le gouvernement répond que la hausse des prix dans les transports est la conséquence de l'augmentation du prix du pétrole au niveau international, "c'est la loi du marché", dit Bolanos, ajoutant qu'il ne tolèrerait pas de nouveaux débordements cette semaine.
L'opposition profite des tensions pour demander la démission du président nicaraguayen Enrique Bolanos, contesté et affaibli par les principaux partis d'opposition: le Front sandiniste de libération nationale (FSLN, gauche) et le Parti libéral constitutionnel (PLC, droite) de l'ancien président Arnoldo Aleman, emprisonné pour corruption.
Dans un manifeste publié lundi, 96 des 152 maires du pays, issus du FSLN et du PLC, exigent qu'il renonce à la présidence.
Le Centre nicaraguayen des droits de l'Homme (CNDH) critique l'absence de réponse du gouvernement aux revendications des manifestants et la répression aveugle de la police.
"Cette situation stimule la population qui a commencé à sortir dans la rue, spontanément ou à l'appel de certains acteurs, pour soutenir la lutte contre la répression policière", relève le CNDH.
Bolanos accuse les manifestants de refuser le dialogue: "Ils ne veulent pas dialoguer, ils ne veulent pas de solution; ils veulent imposer le chaos, la crise, car ils veulent continuer de nager dans les eaux nauséabondes qu'ils affectionnent".
"Les leaders des manifestants se cachent sous les jupes de ceux qui sont à la manoeuvre", a-t-il dénoncé, mettant implicitement en cause les Sandinistes qu'il accuse d'être à l'origine du mouvement.
Le président nicaraguayen considère les manifestations comme le forfait de "quelques étudiants", mais reconnaît que "les choses peuvent encore se compliquer".